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41. Sur le fil blanc du rasoir

- Julia -

Seuls les bruits secs de nos pas résonnent.

La démarche nerveuse d'Hannah, suivie par les petits pieds de Laurel. Ensuite le rythme las et trainant de Jonathan. Puis Zander, aux foulées géantes mais lentes, quelque part derrière. Et au fond, Aby, à côté de moi, dont une chaussure cogne régulièrement le trottoir, un caillou, ou son autre pied.

Enfin, mes propres jambes, aux genoux mous, à la stature maladroite.

Nous marchons en silence. Un silence artificiel, en complète opposition avec le vacarme qui règne mon esprit.

J'avais oublié. J'avais oublié la cacophonie des pensées qui m'entourent. C'est comme redécouvrir ce pouvoir à nouveau.

Des bruits parasites, jusque-là interrompus, emplissent mes tympans.

Telle une mouche bruyante, qui se tait un instant pour reprendre de plus belle, les pensées d'Abygaël vagabondent autant que son regard. Ses yeux, légèrement bouffis et rougis, passent d'un point à un autre. Ils s'éclairent soudain puis perdent aussitôt leur constance.

Je me tiens la main. La plaie est légèrement enflée, mais ce n'est pas la blessure qui me préoccupe. Je passe mes doigts sur mon poignet et mon coeur rate à nouveau un battement.

J'ai perdu un bracelet. Une amulette de Christian, un fil orange, qu'il appelle silentium. C'est le premier bijou qu'il m'avait offert, celui qui est censé bloquer toutes les mauvaises ondes. C'était le plus abimé de tous, et il vient de céder pendant l'incident.

Laurel se retourne. Malgré son sourire factice, je devine son besoin imminent de réconfort. Son sentiment de culpabilité semble grossir à chaque fois qu'elle me voit et que son regard bleu papillonne entre ma main et mon visage, un battement d'aile d'insecte rythme sa détresse.

- On est arrivé, annonce-t-elle d'une voix dénuée d'entrain. Mais c'est fermé.

Je reconnais le café où nous étions passées chercher Aby. Moi qui voulais y aller un jour, je n'aurais jamais cru que ce serait dans de telles circonstances que j'y mettrai les pieds pour la première fois.

Abygaël nous dépasse et contourne le bâtiment. Javannah s'empresse de la suivre avant que la première ne finisse par nous l'ordonner.

À l'ombre, entre le café et l'immeuble voisin, sur le côté droit du bâtiment, se cache sous l'enfoncement avec un écriteau aussi rustique que l'architecture, une porte.

Une cage d'escaliers assez banale s'ouvre à nous, une odeur de peinture qui n'a jamais pu sécher embaume l'enceinte de la copropriété.

Mes membres tremblants s'agrippent au bois de la structure qui pourrait céder n'importe quand sous le poids de six jeunes adultes, tous plus crispés les uns que les autres.

Nous montons les escaliers, toujours dans le silence le plus complet. Les bourdonnements cessent un instant dans ma tête, le subconscient de chacun intrigué par le nouveau lieu.

J'entends Aby qui ouvre une seconde porte et dévoile un petit appartement. Une odeur de linge et de parfum d'intérieur me vrille les narines.

- Euh... Je vais chercher quelqu'un. Vous n'avez qu'à vous installer.

Elle s'empare d'une pile de vêtements entassée sur le canapé, libérant une place suffisante pour le gabarit de Laurel, et s'en va. Cette dernière s'y glisse en essayant d'ignorer les sous-vêtements fraîchement lavés sur l'accoudoir.

Hannah contient un soupir d'indignation, mais suit avec une docilité surprenante, les sages paroles de son petit ami : obtempérer aux indications d'Abygaël en attendant son arrivée.

Aussitôt dit, Javannah reprend ses pensées sombres et crépitantes. À mes oreilles, le choc de la réaction de Christian au téléphone plus tôt ne semble pas s'estomper. Mais l'air froid qui l'entoure ne tarderait pas à déclencher un orage de frustration, comme en témoigne ce semblant de chant de criquet.

Zander, toujours dans à l'entrée, inspecte l'appartement. Il plisse le nez, ferme les yeux et pose enfin un pied à l'intérieur. Ses yeux, encore pourpres de fureur, me cherchent un moment pour mieux me fuir l'instant suivant.

- Rappelez-moi ce qu'on fait ici ?

Jonathan est le premier à s'exprimer, et ce n'est qu'une piètre tentative de détendre l'atmosphère lourde, seulement ouatée par des voix lointaines. Ses pensées sont embrumées, je décèle même un petit nuage noir de pensées corruptrices parmi un essaim de questions assourdissant.

Personne ne répond.

Hannah fixe le couloir d'où semble provenir la conversation étouffée.

Laurel inspecte l'état de sa manicure, les mains posées sur ses jambes croisées.

- Aby nous a promis un casse-croûte, dis-je avec un sourire machinal.

***

- On compte acheter une vingtaine de pizzas, pour être sûr de ne pas en manquer !

Je ris doucement.

- Et c'est assez pour vous ?

Zander sourit et ses yeux foncés croisent les miens.

- Je te réserverai des parts, promis. Enfin, si tu veux bien venir...

J'acquiesce en jetant un œil sur ma droite, ce que je n'aurais pas dû faire.

- Vous savez qu'on vous entend, les amoureux ?

Laurel, blottie dans les bras de son chéri à côté de nous, nous dévisage. Javannah n'a pas levé la tête de son livre, assise en sur la chaise d'en face.

- Quoi ? Maintenant que j'ai eu une vision, je suis privée de sortie ? répondé-je au silence lourd de sous-entendu de ma seconde amie.

Ce n'est qu'une fois que ces mots ont franchi mes lèvres, que j'ai senti à quel point je suis sur la défensive. Je m'efforce de ne pas regretter mon ton volontiers provocateur.

Asher vole à mon secours :

- Une fête d'anniversaire n'a rien de dangereux, les filles. Elle va s'amuser puis rentrer avant que la surveillante ne remarque son absence.

Je le remercie d'un sourire.

Depuis que nous sommes arrivés, je n'ai jamais vu la surintendante réellement remplir son rôle. Je ne risque rien.

- Cela devient dangereux lorsque la soirée en question se déroule en présence d'une douzaine de lycanthropes, qu'ils se nourrissent exclusivement de pizzas ou pas, intervient Hannah, toujours sans quitter ses formules de chimie des yeux.

Je sens les poils de Zander s'hérisser tout le long de ses bras tandis qu'Asher me fait une grimace silencieuse. Laurel, tout en jouant avec les boutons de chemise de ce dernier, me lance une nouvelle pique :

- Tu n'as qu'à y aller. Mais si quelque chose t'arrive...

Javannah ferme son manuel à force de tendre l'oreille.

Zander expire un grand coup :

- Je la protégerai.

Le regard de Laurel se met à flamboyer, son intonation monte et sa voix se fait de plus en plus aigüe :

- Contre quoi ? Les aléas du destin ? Je crois que t'as pas bien compris, Monsieur Muscles. C'est pas une question de force physique, tu t'en sortiras pas avec un cocard comme après ta bagarre entre copains. Et je parle en connaissance de cause.

Zander ne trouve rien à rétorquer. Il serre ses immenses poings sur son plateau gras d'huile douteuse.

- Vous semblez oublier un détail, dis-je avec le peu de calme qu'il me reste. Cette vision, elle vous concerne tous. Vous êtes tous autant vulnérables, fragiles et impuissants face à la fatalité dont je ne suis que le messager.

Dans l'excitation, je racle ma chaise un peu trop fort sur le sol en pierre.

Un grognement se fait entendre, frustré et fatigué.

- C'pas vrai ! Vous auriez pu me réveiller si vous vous engueuliez !

Abygaël se masse le cou, enfin sortie de sa sieste sur la table sale de la terrasse, un filet de bave coulant sur son menton.

***

En réalité, le logis de l'ami d'Abygaël offre une certaine sensation de confort - temporaire, certes. Le plafond est bas, les meubles croulent sous un bazar de vêtements, babioles et autres objets à l'utilisation inconnue, mais ce décor confus est quelque peu rassurant.

C'est comme si l'amour familial émanait de chaque objet de l'habitat.

- Tu sais quoi ? Je t'emmerde, Nao. Puisque tu ne veux pas bouger la masse graisseuse qui te sert de fessier, je m'en occupe moi-même.

Les échos de voix s'amplifient alors qu'un jeune homme, peut-être un adolescent, s'avance au centre du petit salon, les mains sur les hanches.

Javannah se lève, et fait tomber une télécommande qui devait tenir en équilibre sur un recoin de la pièce dans sa précipitation.

Je me penche pour ramasser au même moment que Zander. Je prends le boîtier dans ma main. Maladroite que je suis, il m'échappe lorsque la douleur de ma blessure refait surface.

Dans un petit vacarme bien trop amplifié par le silence ambiant, je me précipite au sol pour rattraper l'objet. Zander, bien plus réactif que moi, le ramasse puis me le tend. 

Je lève la tête, intimidée par cet accident imprévu et le récupère précieusement. Zander se recule instinctivement lorsque que mes doigts saisissent l'objet, ce qui me vaut un léger pincement au cœur.

Comme si le cutter qui m'avait entaillé la main s'était frayé un chemin jusque-là.

Je repose la télécommande à sa place, lorsque je croise mon reflet dans le miroir au dessus de la commode. Je me passe la main dans les cheveux, pour constater ma mine.

Mon coeur ne rate pas un, mais deux battements consécutifs.

Derrière les bijoux et les écharpes qui encadrent la glace, mon attention se porte inévitablement sur mon poignet, là où une amulette blanche s'effile à son tour.

Les émotions mêlées de ce Nicolas - et peut-être même ma propre panique - m'agressent les oreilles. La fatigue, le choc font monter une fièvre en moi et je commence à regretter de ne pas m'être assise à la place de Laurel.

La voix étouffée me parvient difficilement à travers les résonnances de toutes les âmes présentes dans la pièce :

- Salut, je suis Nicolas. Le seul et unique ami d'Abygaël. Il parait que vous avez une blessée ?

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