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36. Tout est une question de mémoire

- Christian -

Javannah appuie la paume de sa main contre ma bouche, m'empêchant de la faire taire d'un baiser.

- Combien de fois vas-tu me répéter la même chose, Christian ?

- Et toi, combien de fois comptes-tu me poser la même question ? riposté-je en déplaçant sa main.

Elle s'adosse contre le bord de la fenêtre entrouverte en soupirant. Sa chevelure raide s'élève par moment, suivant les vagues du zéphyr qui s'immisce dans la petite infirmerie.

Les bras croisés, Hannah plisse ses yeux gris.

- Je te demande juste des informations supplémentaires sur les Chasseurs.

Sa rencontre avec Amélia semble avoir réveillé la curiosité que j'avais difficilement enterrée il y a quelques années.

Je la rejoins près de la fenêtre. La douce brise balaie les dernières feuilles mortes de la saison, leur crépitement las et fatigué berce le soir. Un tourbillon brun s'éloigne en emportant les ultimes souvenirs des arbres aux feuillages rougis et la fin de l'automne.

- Je t'ai appris tout ce que je sais à propos d'eux, insisté-je en détournant la tête.

Je laisse mon regard se promener dans la forêt derrière laquelle disparaît l'astre solaire. Ce dernier court vers l'horizon, et sème des zébrures roses et dorées derrière lui.

- Alors dis-moi au moins à quoi ressemble mon aura. Je me rappelle qu'il s'agit d'un bon moyen d'analyser quelqu'un.

Evidemment, elle se souvient de tout. Surtout de mes paroles.

Les rares nuages colorés accompagnent le crépuscule dans sa parade céleste parmi les oiseaux qui rejoignent leurs nids.

- Je dois admettre que je te dois bien quelques explications sur ça.

Son visage s'illumine d'enthousiasme. Elle se place devant moi, presque en prenant la pose. La vitesse à laquelle son âme d'enfant reprend le dessus m'arrache toujours un sourire d'imbécile.

Je l'observe, ne sachant pas par quoi commencer. Il y a tellement de chose à dire.

- Elle est d'un rouge tendre et chaleureux. L'aura des Chasseurs est un réel paradoxe. Le rouge est sûrement la couleur la plus fascinante et ambiguë qui soit. Elle anime des passions en complète contradiction et c'est un parfait témoin de l'état émotionnel.

Cette teinte remue les sentiments, sans aucun doute. D'après les radiations qu'elle émet, Javannah est énergique, pénétrante et d'une certaine manière rassurante et enveloppante.

Mais je vais m'abstenir de lui dire tout ça, j'imagine assez bien la pression qu'elle risque de se mettre en entendant tous ces compliments.

- D'un autre côté, continué-je d'un ton professoral, on l'associe au sang, à l'enfer et à la luxure. Cette couleur chaude ne laisse donc pas indifférent et c'est là toute sa force. Comme toi.

À mes mots, son rayonnement s'intensifie et vire à l'écarlate. Toute émotion forte modifie l'aspect de l'aura. Je ne sais pas ce que j'ai provoqué, mais je pense que j'ai choisi les bons mots.

Les traits d'Hannah sont débarrassés du moindre rictus de stress. Plus aucune ride d'inquiétude ne barre son visage désormais paisible. Et ses yeux, ses yeux ne m'ont jamais paru si intenses. Sa petite bouche se courbe, inspire et chuchote :

- « Les Chasseurs ont des capacités d'endurance, de vitesse, de réactivité et d'analyse hors-normes. Jadis, ils existaient dans le but d'éradiquer tous les monstres démoniaques. De nos jours,on les assimile à une armée indépendante qui traque les personnes, humaines ou non, véhiculant de mauvaises intentions. »

Il y a des fois où la faculté de mémorisation d'Hannah m'inquiète, surtout lorsqu'il s'agit de connaître par cœur les premières pages du Manuel des Fondamentaux.

Mais ce qui me fascine le plus, c'est sa capacité à omettre les détails qui ne lui plaisent pas. Elle n'a pas fait référence à la fierté démesurée des Chasseurs, or l'encyclopédie dédie une partie entière à la psychologie de cette population.

- Je vois que vous avez bien appris votre leçon, Mlle Lecter, raillé-je tendrement.

Elle sourit à son tour en carressant mon menton piteusement barbu.

- Et vous, professeur Brahms, vous aviez visiblement encore des choses à m'apprendre...

Cette fois-ci, je réussis à la faire taire contre mes lèvres. Javannah se laisse faire, à peine intimidée par l'ardeur de mes baisers.

Ses doigts se perdent dans mes cheveux, tandis que les miens parcourent son dos.

Je l'attrape par la taille, tandis qu'elle s'accroche à ma nuque.

Nos deux corps se rapprochent, tandis que nos âmes se rencontrent.

Elle a oublié. Elle a oublié la vision de Julia, ses cours, ses pompes. Hannah n'a pas l'esprit ailleurs. Elle est là, dans mes bras et dans mon cœur.

Je quitte enfin ses lèvres délicieuses, haletant. Hannah pose sa tête sur mon épaule, et je sens son cœur tambouriner contre ma poitrine.

J'embrasse le haut de son crâne en murmurant :

- Je t'ai-

- Christian, as-tu eu le temps de discuter avec Abygaël ? Tu avais dit que son aura n'était plus la même et que ça t'intriguait.

Note à moi-même : ne jamais sous-estimer sa petite amie.

Elle n'a absolument rien oublié, et ses pensées sont tournées vers Abygaël. Retenant un juron, je reprends calmement :

- Je... Oui. C'était assez bizarre comme conversation, d'ailleurs.

Mais c'est un sujet qui mérite d'être abordé.

- J'ai l'impression que ce n'est plus tout à fait la même personne.

***

Une petite tête dépasse de l'encadrement de la porte. Je pose ma tasse de thé en souriant.

- Aby, je te vois.

Elle entre dans l'infirmerie, les bras en l'air.

- D'accord, je me rends, souffle-t-elle d'un air faussement désolé. Je passais juste voir mon infirmier préféré avant de rentrer. Et puis, je voulais vérifier si tu étais seul.

Je l'invite à s'asseoir sur un des cartons, chose qu'elle fait à contre cœur. Abygaël parcourt du regard la petite salle, horrifiée par le désordre qui y règne.

Maintenant que je le remarque, ses cheveux ont l'air plus clairs. Si elle devait chosir de se faire une teinture, ce n'est sûrement pas en brun qu'elle l'aurait fait.

- Excuse-moi, c'est un vrai chantier. Alors, comment va la vie depuis notre dernière rencontre ?

Premier choix, elle soupire. Deuxième choix, elle me hurle dessus. Troisième choix, elle me frappe.

- Nicolas a rejoint Patrick et a pris un poste de surveillance permanent par ici. Moi, je... vais bien, je suppose. C'est plutôt à toi de donner de tes nouvelles. Nick est furax, inquiet mais surtout furax.

J'écarquille les yeux, étonné par sa diplomatie inhabituelle. Pourquoi est-elle aussi indifférente ? Sa colère aurait dû être le double de celle de Nicolas.

Aby m'aurait sûrement déjà plaqué par terre pour m'administrer deux bonnes fessées bien méritées.

- Je suis désolé d'avoir tout laissé tomber, d'avoir disparu sans prévenir. C'est un comportement de couard, et tu sais bien que je suis extrêmement lache quand il s'agit des Grandes.

Ses yeux inexpressifs m'observent avec attention. Non, ce genre de discours bateau n'est pas censé fonctionner. Mais je n'ai rien d'autre à dire pour ma défense.

J'ai fui mes amis, ma maison, mon travail. J'ai fui ma vie du jour au lendemain. Et ils n'ont pas à me le pardonner.

- Eh bien. on s'est inquiété pour toi, confie-t-elle d'une voix sèche, et puis on s'est dit que tu avais sûrement recommencé ta vie, ailleurs. C'était assez blessant au départ, mais au final Nicolas a bien fini par prendre lui aussi sa route.

Ses mots résonnent avec tristesse et solitude. Une violente de culpabilité refait surface, sans pour autant me donner le courage de la rassurer. Aby n'a pas de raison d'être en colère, elle a passé le stade de l'acceptation.

Bien que je reconnaisse indéniablement certains tics comme son demi-sourire ou sa manie de bouger sa jambe, il y a quelque chose de particulier chez elle.

Je regarde mes mains, incapable de relever la tête.

- Je suis content pour vous, déclaré-je, la bouche pâteuse. Ça me rassure de voir que Nicolas ait fini par trouver un moyen de s'épanouir. Et toi sinon ?

Abygaël arque alors ses sourcils, son visage affiche une expression que je ne connais que trop bien. C'est un rictus moqueur, dont elle seule à le secret. Aussi amusant qu'énervant par moment, ce regard plein de sous-entendus me rappelle bien des souvenirs.

- C'est ma première mission en un an, et c'est bien trop suspect de te revoir ici. Je me demande si c'est pas un signal pour te dire qu'il serait temps de rentrer, Tian.

Les yeux toujours rivés vers mes paumes, je tente de rester impassible malgré le sourire nostalgique qui veut étirer mes joues. Que je l'aimais, ce surnom.

La poitrine gonflée de remords, j'annonce avec amertume :

- Non, c'est terminé pour moi cette histoire d'Organisation et de mission. Je sais qu'on me surveille et qu'on me suit, mais j'ai enfin une vie tranquille. J'ai des amis, un métier et même une copine.

Mon affirmation ne semble pas l'avoir convaincue, et je dois avouer que je n'en suis pas si persuadé non plus. Rien que le fait d'évoquer ma fugue me donne une terrible envie de me ronger les ongles.

Je croise et décroise mes doigts, les tripote et les craque. Je tente par dessus tout d'ignorer la cadence irrégulière de mon cœur troublé par la crainte et le sentiment d'appartenance.

- C'est plutôt elle qui a de la chance de t'avoir, s'esclaffe-t-elle. M'enfin, tu n'y échapperas pas, si ce n'est pas toi c'est un membre de ton entourage qui va être la cible de l'Organisation.

Mon rythme cardiaque s'emporte et mes doigts ne demandent qu'à être mordillés. Ce sont les mots que je ne voulais pas entendre. Julia et ses prémonitions représentent une menace considérable. Laurel est un danger imprévisible.

Je serre les poings et les dents, refoulant cette névrose sauvage qui commence à s'emparer de moi.

Aby a raison, il va bien falloir que je fasse face à tout ça. Et les autres vont sûrement être impliqués vu leur nature surnaturelle.

Je secoue la tête.

- On verra bien, hasardé-je à moitié confiant. J'y réfléchirai lorsque que le problème se présentera, comme je l'ai toujours fait.

La Mage m'inspecte, toujours avec sa célèbre expression moqueuse peinte sur le visage. Une lueur de malice dans les yeux, elle glousse :

- Tian, si tu as envie de te ronger les ongles à ce point, fais-toi plaisir. Au moins ça te fera toujours une clope de moins. Je suis persuadée que t'es à deux doigts de t'en griller une. Alors, t'en es à combien aujourd'hui ?

Je savais que quelque clochait.

Cette naïveté inconnue dans l'attitude d'Aby, ses propos évasifs, son manque de réactivité et maintenant ça.

Je coince mon pouce entre mes dents. Ma nervosité s'est frayé un chemin jusque dans mon inconscient, un chemin que j'ai barricadé il y a longtemps.

Cela fait bientôt huit ans que j'ai arrêté la cigarette, et Abygaël est celle qui m'a forcé à le faire.

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