Mémoire du temps / Chapitre unique
"Certes, face à l'immensité de l'univers,
Nous ne sommes que poussière,
Mais n'oublions jamais
Qu'elle nous vient
tout droit des étoiles..."
V.H. Scorp
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- Père.
La voix de Scorpius fit soudainement émerger Drago de ses pensées. Il regarda son fils mais ses yeux gris se posèrent assez rapidement sur la boîte métallique que l'enfant portait dans ses petites mains. L'air innocent, du haut de ses six ans, il fit timidement.
- C'est la boite à bêtises de mère.
- Où l'as tu trouvé ?
- Dans la commode de votre chambre, je vais être puni ?
- Non, bien sur que non Scorpius. Dit il en passant une main paternel dans la tignasse blonde de son fils. Il ouvrit la boite, presque curieux, en s'attendant à trouver toutes sortes d'objets et de farces que Astoria avait pu confisquer à son fils. Il en sourit d'avance.
- je présume que tu veux récupérer quelque chose.
- Oui...
Immédiatement une boule de lumière dorée jaillit de la boite ouverte, des petits ailes abîmées battaient furieusement l'air dans un sifflement discret. Le vif d'or de poche que Weasley venait mettre en vente dans sa boutique de farces et attrapes. Le vif d'or miniature était destiné aux enfants, il ne volait jamais très loin et se contentait de danser gaiement dans les airs. Drago le lui avait offert mais sa mère avait vite eut l'occasion de le lui confisquer après qu'il ait arraché quelques plumes blanches du paon familial. Le pauvre animal rôdait maintenant dans le jardin Malefoy, avec un éventail de plume mutilées. Beaucoup de ses plumes manquaient à l'appel, l'oiseau en avait perdu de sa splendeur.
Les yeux pleins d'innocence de Scorpius s'illuminèrent en une joie enfantine. Drago attrapa le vif d'or et le lui tendit, se rappelant qu'il faisait les mêmes bêtises à son âge et il se moquait bien de ce fichu oiseau, il était l'héritage empoisonné de son père. Puis ses yeux s'abaissèrent sur la boite et le choc le percuta de pleins fouet, lui ébranla le coeur et l'âme. Immobile, le dos courbé et frissonnant. Drago en oublia la présence de son fils.
Parmi quelques bibelots se trouvait une photographie. Que faisait-elle dans cette boîte ? Drago pensait l'avoir perdu il y a bien des années mais jamais il n'aurait pensé que sa femme possédait ce cliché. Ses pupilles parcouraient la photographie sans scier. Ses doigts tremblaient et se crispaient sur le bout de papier. Son fils désintéressé et heureux d'avoir retrouvé son jouet, s'était déjà éloigné en courant maladroitement hors de la pièce. La photo était partiellement déchirée dans un coin, Drago se disait qu'Astoria avait du hésiter longtemps avant de ne finalement pas se débarrasser de ce souvenir.
C'était un visage radieux, figé dans l'éternité.
Il ne pensait pas la revoir un jour.
Il n'entendit plus que ses battements de son coeur et sentit sa gorge se serrer, jusqu'a presque lui couper le souffle.
Il se revoyait plus jeune, les cheveux blonds en désordres, tombant sur son front pâle. Il était déjà grand et bien battit, cela faisait déjà quelques années que la grande bataille était passée et que Voldemort était mort. Tout cela n'était plus qu'un lointain passé. Il se trouvait dans l'un de ces grands pâturages, verdoyants de fleurs où les champs et les arbres s'étendaient à perte de vue. Le ciel au dessus de sa tête était d'un bleu azuré et éclairé d'un soleil brûlant. Un vent salutaire vint lui rafraîchir la peau, ce n'était pas assez pour lutter contre cette chaleur cuisante. Cependant ce jour la, Drago était habillé simplement, les pieds nus dans l'herbe sèche. Il avait cette allure presque trop modeste pour un Malefoy mais à cette époque , Drago avait bien changé... C'était un mois de juillet comme les autres. Mais se fut le premier été de sa vie ou il n'était pas seul.
- Aller granger, fais un sourire.
- Rends moi mon livre.
Il esquiva d'un geste rapide, la tentative désespérée de Hermione pour attraper son bouquin. Il riait avec frénésie en levant le bras au dessus de sa tête, l'a provoquant.
- Je te le rendrais si tu restes sage!
- Ce n'est pas drôle Malefoy.
Elle le fusillait du regard, la mâchoire serrée. Il venait de l'interrompre dans sa lecture de la manière la plus brutale. Il savait qu'elle ne supportait pas ses pulsions enfantines. Il le faisait exprès, très souvent, comme à cet instant, à cause d'un livre qui semblait être plus interessant que lui. Il avait aussi ce plaisir sadique de l'a voir en colère, elle avait cette manière de taper du pied par terre comme si les choses allaient changer et cela rendait Drago, complètement hilare.
Elle se ruait à nouveau sur la pointe des pieds pour tenter d'attraper son bouquin. Maugréant des injures en tapant des poings sur son torse mais visiblement, cela n'atteignait pas le jeune homme. La situation l'amusait plus qu'autre chose.
- Arrête, tu vas abimer ton propre appareil photo petite sotte. Fit-il naïvement, en reculant attrapant l'appareil photo moldus qu'il avait autour du cou
- Et remets immédiatement cet appareil dans mon sac, Drago, il est fragile! Dit-elle en fronçant les sourcils et baissant les finalement les bras. Elle lâcha un soupir, elle était à la fois amusée et fatiguée de ce Serpentard en manque d'attention. Elle finit par lui sourire en levant ses yeux vers le ciel. Sans lui donner de répit. Il lui fit signe de reculer, s'armant de l'appareil, prenant un angle pour ne pas être face au soleil.
- Pose pour moi Granger.
Elle glissa une main dans sa crinière brune, remettant une énièmes fois, ses cheveux en arrière, qui étaient sans cesse emportés par le vent. Elle s'exclaffa, penchant son visage lumineux sur le côté, taquine et l'observant de ses deux perles ambrées.
- Tu t'es découvert des talents de photographe, tu ne vas pas plutôt photographier des serpents morts ? Ironisa t-elle en tentant à nouveau de lui prendre l'appareil photo des mains.
- Loupé! S'exclama t-il en l'évitant encore. Aller Deviens mon modèle et je te rendrais ton bouquin. Dit-il en essayant d'être sérieux mais il se trahissait déjà, laissant trop apparaître le sourire de celui qui n'en aurai pas fini.
- Pas de chantage avec moi Drago.
- Ça te fait quoi ? C'est une photo, ça devrait te plaire pourtant, c'est un appareil moldu.
Elle rit et finalement elle baissa les yeux vers la robe noire qu'elle portait. Elle hésita un instant puis répondît.
- Très bien, mais n'abime pas mon bouquin ni mon appareil sinon je t'étripe Drago. Bon que dois-je faire ?
- Rester telle que tu es, après si tu veux retirer quelques vêtements je ne suis pas contre...
Elle lui donna une tape sur la tête , il éclata de rire.
- L'humour Granger. S'exclama drago, chantonnant presque. Puis il la vit défroisser sa robe et recoiffer ses cheveux. Elle croisa son regard, les joues rouges puis et fit avec précipitation.
- Je ne suis pas à l'aise pour ce genre de choses et si tu fais ça pour te moquer de moi...
Il la coupa immédiatement en se rapprochant d'elle. Relevant de ses doigts, son menton subitement. Il avait l'air plus sérieux.
- Ce n'est pas pour me moquer. J'ai simplement envie de prendre une photo de toi.
- Tu es insupportable quand tu t'y mets.
- Aller, on est rien qu'a deux, il te suffit de faire un sourire... Tu sais, le même qui te rend insupportable la.
Elle lui donna un coup dans les côtes, il fit semblant d'avoir mal. Mais cela ne la détendait pas vraiment, elle semblait plus gênée encore. Elle se mordit les lèvres, pensive.
- Je vais être affreuse. Je n'aime pas me voir en photo.
- Ne dis pas de sottises...
Dit-il avec nonchalance. Il s'approcha un peu plus d'elle, tenant toujours son menton et l'embrassa spontanément. Il la sentit sourire entre ses lèvres et il approfondit le baiser en fermant les yeux. Sa main quitta son menton pour se glisser vers sa joue puis sa nuque. Ils s'unissaient dans un baiser tendre et passionnée et Drago eut du mal à y mettre fin. Il devait avant tout, accomplir son objectif.
Quel beau jeu de mots... Sa main quitta sa nuque pour ébouriffer férocement la chevelure d'Hermione. Elle protesta en tentant de le faire arrêter le carnage. Mais elle se défendait à peine, trop secouée par ses rires. N'en n'aillant visiblement pas fini, il se mit à la chatouiller avant de la relâcher, à bout de souffle presque recroquevillée sur elle et riant à pleins poumons.
Ils étaient comme deux enfants, jouant avec insouciance.
Il se voyait reculer et porter l'objectif rapidement pour ne pas louper cet instant. Elle releva les yeux vers lui et entendit le cliquetis de l'appareil photo.
- C'etait le seul moyen de faire sourire naturellement.
Quelques secondes passèrent et la photo sortie de l'appareil. Il regarda le résultat de son travail en faisant un léger mou puis un sourire accompli se dessina sur ses lèvres. Elle s'approcha pour voir la photo à son tour mais Drago la dissimula dans son dos, l'air moqueur.
- Certainement pas, je pensais que ça ne t'intéressais pas. Cette photo m'appartient, à moi seul maintenant. Et de toute manière elle ne vaut pas le coup, tu avais raison.
Elle leva un sourcil en riant.
- Je suis si laide que ça ?
- Si tu savais... Se moquait t-il en regardant la photo, amusé et provocateur comme à son habitude. Elle riait encore, avant qu'il ne s'avance lentement vers elle. Il admirait sa beauté simple, naturelle et sans artifice. Ses lèvres étirées en un large sourire, sa chevelure emmêlée tombant en une indomptable cascade. Il sourit à son tour avant de prendre son menton pour l'attirer vers lui. Leur lèvres se percutant avec fougue.
Deux jours plus tard, Hermione fut retrouvée inconsciente sur le sol de sa chambre. Elle était morte. Partie, Sans un mot, sans un au revoir. Sans jamais lui dire tout ce qu'il aurai du lui dire.
Drago avait longtemps su qu'Hermione luttait contre les séquelles qu'elle avait depuis la fin de la guerre. Un sortilège que Bellatrix lestrange lui avait lancé sans aucun doute. Il lui arrivait d'avoir des convulsions et des malaises. Après plusieurs voyages à Saint Mangouste, les medicomages n'avaient jamais trouvé de remède à ses maux. Mais elle vivait malgré cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Elle était optimiste et lui aussi. Tout irait mieux avec le temps s'étaient-ils dit. Jusqu'au jour fatidique ou l'on vint l'a lui enlever sans crier gare.
Mais si il avait su un seul instant que c'était leur dernier jour ensemble. Peut être lui aurait-il dit la vérité, ce qu'elle aurai du entendre avant que la mort ne surgisse de nulle part.
Une larme coula sur sa joue. Quelle justice pouvait lui infliger tant de peine, quelle malédiction lui avait-on jeté pour n'avoir plus que ses souvenirs comme seules richesses.
Ses yeux gris se perdaient, contemplant tristement ce visage qu'il avait tant aimé. Comment pouvait-on s'effondrer dans un tel chagrin, rien qu'en observant une simple photo, un simple souvenir imprimé sur un bout de papier.
Et pourtant, tout semblait si vif, si vivant à travers ce portrait, comme si l'instant ne cessait jamais. Il revivait la scène avec intensité et chaleur dans son esprit, ses doigts en tremblèrent. Son seul bonheur en ce monde était encré en cette présence lointaine, ce bout d'histoire qui le changea à jamais. Revoyant cette bouche qu'il avait tant embrassé avec une passion enfantine mais sincère.
Il s'était forcé à l'éloigner dans un coin de son esprit, tel un fardeau dont il ne pouvait se défaire. Un tyran qu'il ne pouvait fuir. Il ne su jamais enterrer le son de sa voix douce et intelligente, lui disant qu'elle l'aimait. Oh oui... Lui aussi, il n'avait jamais ressenti pareil sentiment pour une personne.
Cet amour qu'il aurai voulu lui vouer de tout son être mais que le destin lui prit injustement. Tout ce monde caché, Drago l'avait douloureusement enfoui au fond de lui. C'était la seconde d'une vie qui semblait irréelle aujourd'hui tant elle ressemblait à un rêve. Ça l'était peut être bien. Un rêve , un doux rêve inachevé. Cette fille, il n'avait jamais cessé de l'aimer. Ce seul instant pour cette photo fut plus beau que trente années d'une vie ordinaire.
À sa mort, il s'était renfermé. Envahi par la douleur de l'avoir perdu, condamné à tout jamais à vivre sans elle.
Tout s'était brisé du jour au lendemain. Il avait imaginé l'avenir avec Hermione mais il n'avait jamais songé à la fin de tout...
Il s'était retrouvé égaré dans la solitude la plus profonde. Il se détestait encore d'avoir fait comme il avait fait toute sa vie. Fuir lâchement et se réfugier à nouveau vers sa famille toxique. Il eut à nouveau le droit a son héritage en se mariant avec Astoria. Il pensait ne rien avoir d'autre que cette solution. Il ne lui restait plus que cela, son nom, sa fortune, sa carrière. Peut être avait-il l'honneur de sa famille mais sa vie à lui, était teintée d'un voile gris, un tableau sans saveur et pâle. Il se le cachait souvent mais il savait, qu'elle ne le quitterait jamais.
Il s'était alors raccroché à son fils, conçu sans l'amour qu'il aurai voulu mais l'enfant le rappelait chaque jour lui-même. Il espérait lui assurer un avenir plus serein que le sien. Il était son nouveau but.
Sa femme Astoria le savait, depuis toujours. La mort de Hermione avait fait la une de la gazette du sorcier. Astoria avait tentée de se montrer à la hauteur mais personne ne pouvait remplacer la grace et la sagesse, la beauté et le courage de Hermione. Elle n'etait pas elle et ne le serait jamais.
Tout lui revenait telle une punition qu'il devait subir sans le vouloir, il n'arrivait pas à lutter. Tout était si dur.
Il posa la photographie contre son torse en fermant les yeux.
Et si il pouvait retenir encore une minute de cet impitoyable sablier du temps.
Changer le passé. Il voudrait manipuler l'espace un instant. Retourner sur ce présent avec elle. Ralentir ce temps fugace, suspendre ce présent. Tous les gestes seraient plus lents, tout comme les tissus de sa robe qui volaient au rythme du vent. La rivière cesserait de s'écouler entre les rochers, la prairie deviendrait silencieuse.
Tout cela, ne serait-ce qu'une seconde. Un clignement des yeux, un battement de coeur. Il se verrai lui sourire, effleurer sa peau douce du bout des doigts. Il sentirait à nouveau son parfum fruité, il en humerait délicieusement l'odeur en fermant les paupières. Il prendrait le temps de se noyer dans l'éclat ardent de ses beaux yeux noisettes, entourés de son visage mince et bien dessiné. Admirer avec fierté cette femme si grande d'esprit et pourtant si jeune, cette femme représentant sa souffrance mais dont il était heureux d'avoir le souvenir.
Quelle était une vie, sans étincelle de joie, de larmes et d'amour. Jamais il ne pourrait se résoudre à l'oublier, même avec un sortilège. Il le refusait. Et cette photo lui rappelait qu'il devait garder cette flamme. Cet amour qu'il avait vécu, cette preuve inéluctable que Drago avait aimé. Il se réjouissait d'avoir ce souvenir et de se rappeler qu'il ne s'était jamais sentit aussi vivant. Il avait existé comme jamais.
Il retiendrait cette parcelle de temps infime et savourerai son extraordinaire présence figée, une dernière fois. Il réfléchissait. Ses yeux de glaces s'éclaircirent, et il su ce qu'il aurai du lui dire ce jour-là. Lui dire cette vérité pure et belle qu'il avait décidé de garder pour lui, par fierté.
Oh par Merlin, qu'il s'en voulait qu'elle n'ait pas entendu ses mots. Il lâcha un sanglot qu'il retint tant bien que mal et inspira longuement avant de sourire faiblement.
- Si tu savais comme tu es belle ma Hermione.
Fin.
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Normalement, vous avez compris assez rapidement que je me suis inspirée d'une simple photographie d'Emma Watson pour construire une histoire. J'aime cette approche et vous ?
J'ai écrit ce petit OS en quelques heures et je viens a peine de publier un autre écrit sur Lucius et Hermione. Je me laisse peu de répit, cependant quand l'inspiration s'empare de nous, il ne vaut mieux pas la perdre. J'espère que cette histoire vous a touché. Je vous remercie pour votre lecture et n'oubliez pas un petit avis ou une étoile ⭐️ pour me donner de la visibilité sur Wattpad.
BIL
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