Et joyeux Noël chez la famille Guillot.

Je n'avais aucune envie de sortir de ma chambre. Ma mère s'en est doutée, je crois. J'avais un peu envie de disparaître alors je me suis cachée sous une robe pull immense. Elle n'a aucune forme, mais ça me va plutôt bien. De toute façon, si on veut voir à quoi je ressemble avec des vêtements cintrés, il n'y a qu'à regarder Louise.

Elle a mis une robe moulante ; elle l'avait déjà portée quelque fois, mais à chaque fois j'ai un pincement au coeur quand je la vois. J'ai l'impression de voir ce que je pourrais être. Et je me sens encore plus nulle et plus molle.

Evidemment, elle ne m'a pas parlé du réveillon. Elle a passé son temps avec notre cousine Savannah. Savannah est cool : elle a des tas de piercings aux oreilles, elle se fait appeler Anna - Charles l'appelle savane, elle est à la fac mais elle sèche la plupart de ses cours, elle sort en boîte et peut acheter de l'alcool légalement et je l'ai entendu glisser qu'elle avait un tatouage entre les seins. Forcément, Louise veut devenir comme elle. Louise est une mini Savannah.

Les deux sont parties se promener. Ma tante Odile m'a demandé pourquoi je n'étais pas partie avec les filles, avec son ton à la con. J'ai grogné que j'avais trop froid pour sortir.

Il fallait voir la vérité en face : Louise me détestait et je n'étais pas jugée comme assez cool pour sortir avec Savannah. Les deux sont revenues en gloussant bêtement. Mes parents n'ont pas relevé. J'ai relevé. Louise ne phasait pas souvent devant une bouteille de vin sans s'en servir un verre.

J'ai eu le besoin déséspéré d'une pilule. Je voulais oublier cette soirée catastrophe le plus vite possible, surtout que j'avais déjà bouloté nerveusement toutes les olives.

Ensuite, je ne me souviens pas vraiment de la soirée. Je crois que les pilules ne se mélangent pas très bien au vin blanc. Je me souviens vaguement m'être couchée et avoir pleuré jusqu'à m'endormir.