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7. Our souls they need


- Il y a encore une tâche, là.

Le petit doigt potelé de Jimin apparut soudainement devant mes yeux, me pointant une éclaboussure de peinture rouge sur la toile cirée alors que j'étais à genoux, une éponge dans une main, un spray dans l'autre. Je lançai un regard réprobateur au garçon au-dessus de moi qui soudainement, était passé en une nuit de petit ange à tyran mais je n'osai cependant pas le reprendre. Taehyung, à quelques mètres de moi, s'en chargea à ma place.

- Jimin tu casses les couilles ! Tu passes tes nuits à saloper ma chambre d'ami et j'te force pas à nettoyer le lendemain !

Taehyung s'était redressé, désormais assis sur ses mollets et fit rageusement tomber son éponge en grognant. Il passa une main dans ses cheveux bleu qui lui tombaient devant les yeux en soufflant avec agacement. Jimin ne sembla pas une seule seconde intimidé par son élan de colère. Il haussa un sourcil en croisant les bras, portant sa tisane encore bouillante contre son torse alors qu'il le toisait, emmitouflé dans un peignoir en soie.

- La sueur de mes ébats sexuels, aussi précieuse soit-elle, n'a certainement pas la même valeur que la peinture et les pinceaux dont se sert Yoongi pour vivre et gagner sa vie. Qu'en penses-tu, Tae ?

- T'abuses, bébé...

La voix bougonne et rauque de Yoongi, allongé sur le matelas derrière nous, fit longuement soupirer Jimin qui s'avança vers le tas qu'était son petit ami pour s'asseoir à côté de lui.

- Ils ont salopé notre chambre.

- Et on salopera encore plus chez Taehyung, c'est bon. Viens-là.

D'un faux air agacé, Jimin consentit à poser sa tisane à côté du matelas à même le sol pour rejoindre les bras ouverts de Yoongi qui se rendormait déjà.

Il était aux alentours de 10 heures du matin. Je n'avais plus de souvenir très clair de la veille au soir, si ce n'est que je m'étais endormis sur le canapé avec Hoseok, Namjoon et Taehyung sur celui d'en face et que nous nous étions fais réveiller aux aurores par un Jimin furax. Hoseok et Namjoon avaient déguerpi dans la seconde pour nous laisser seuls face à la colère de notre hôte. Visiblement, celui-ci n'avait pas oublié notre petite altercation de la veille et nous avaient traîné, Taehyung et moi, pour nettoyer sa chambre. Etant désormais sobre, je n'avais pu que constater les dégâts qui avaient été les nôtres et je m'étais donc attelé sans un mot au grand nettoyage.

Yoongi dormait quand nous nous y étions mis avec Taehyung, et avait à peine émergé alors que, défilant entre nous, Jimin devenait ce tyran insoupçonnable.

- J'vais certainement pas nettoyer pendant que vous vous câlinez sous mes yeux, soupira Taehyung en abandonnant définitivement sa tâche, désormais debout sur ses pieds.

Je l'imitai en frottant mes mains sur le chiffon humide pour faire disparaître les écailles de peintures sur ma peau.

- C'est plutôt propre maintenant, non... ? Essayais-je dans une grimace.

- Propre ? Ricana Taehyung. Cet endroit était un vrai chantier, j'pense que c'est encore plus immaculé que ça ne l'a jamais été.

Sur le matelas, le petit visage rond de Jimin, blottit contre le torse de Yoongi, se mua en une expression agacée et nous fit un signe de la main.

- Allez, barrez-vous maintenant.

- Ah ? Dit Taehyung en haussant un sourcil amusé. Tu me fous dehors ? Et que dirais-tu si je faisais la même chose chez moi, toutes ces fois où tu viens y passer la nuit ?

- Je suis ton meilleur client.

- Le pire ! Riait-il en s'approchant du matelas. Tu n'as pas payé un verre depuis des mois.

Jimin se contenta de lever les yeux au ciel, ne s'interposant même pas quand Taehyung vint s'allonger sur le lit, entre lui et Yoongi qu'il serra fort dans ses bras comme un doudou. J'étais surpris mais étonnamment attendri par cette scène alors que je voyais Jimin se dérider petit à petit, jusqu'à consentir à caresser les cheveux bleus de Taehyung dans un soupire.

- T'as de la chance que je t'aime, mon Tae.

- Je t'aime aussi Minie.

- Ouais ouais, tout le monde s'aime, génial. Mais laissez-moi dormir putain.

Dans les bras de Taehyung, Yoongi grommelait en se débâtant des deux étreintes autour de lui. Eclatant d'un rire magnifique, Taehyung lui colla un baiser sur la joue avant de lui tapoter les fesses puis de se lever, imité par Jimin.

- L'artiste a besoin de repos, nous glissa Jimin dans un clin d'œil.

- Et de décuver, non ? Fis-je avec un petit sourire.

Jimin acquiesça en riant puis il nous fit signe de quitter la chambre pour retourner au salon. La pièce n'était pas tant en désordre que ça, et je soupçonnais Namjoon et Hoseok, légèrement coupable, d'avoir rangé avant de partir pendant que Jimin nous martyrisait avec Taehyung.

Taehyung s'affala sur le canapé après être allé se servir une tisane. Pour ma part, mes pas m'entraînèrent à nouveau vers le coin où Yoongi avait exposé ses tableaux, et je fus tout aussi subjugué que la veille par la beauté de celui qui représentait Jimin. Ce dernier arriva d'ailleurs dans mon dos et sourit en regardant la toile.

- Il a du talent mon mec, hein ?

- Carrément. Le modèle n'est pas mal non plus...

Jimin pouffa en resserrant son peignoir autour de ses épaules.

- Je ne pensais jamais être un jour la muse de quelqu'un. C'est assez agréable, alors je fais de mon mieux pour être à la hauteur.

Je hochai la tête, en accord avec ses propos. Je ne m'étais jamais retrouvé devant ce cas de figure, mais j'imaginais aisément combien cela devait être salvateur de pouvoir inspirer quelqu'un au point de devenir une source de création et d'imagination, d'être regardé non plus seulement comme l'être aimé, mais aussi comme l'incarnation de la perfection, la réponse unique à un cheminement vers l'art, à un tout.

- Comment vous êtes-vous rencontré, d'ailleurs ? M'enquis-je, curieux.

Une drôle d'expression glissa dans le regard de Jimin, toujours tourné vers le tableau, et je ne sus la décrypter. Il sourit simplement puis pivota sur ses pieds pour aller s'installer dans le canapé face à Taehyung.

- Longue histoire. T'es sûr de vouloir la connaître ?

- J'adore les longues histoires.

Et avec eux, je savais qu'elle serait extraordinaire, comme tout ce qui les composait. Je vins donc le rejoindre, m'installant à ses côtés non sans remarquer le regard appuyé de Taehyung sur moi. J'en fis abstraction pour me concentrer sur Jimin qui soufflait doucement sur sa tisane pour se réchauffer.

- Ce n'est pas très amusant, ni romantique... On s'est connu à la soupe populaire. On a vite sympathisé, et on ne s'est plus lâché.

- La soupe populaire... ? Ne pus-je m'empêcher de répéter, les yeux écarquillés. Mais... Comment ça ?

Jimin lança un coup d'œil à Taehyung, très furtif, mais celui-ci ne m'échappa pas. Qu'est-ce que Taehyung venait-il faire là-dedans ?

- Yoongi travaillait là-bas, avec Namjoon d'ailleurs. Et moi... J'étais, mh... Un client, en quelque sorte.

Un petit sourire triste se dessina sur le visage de Jimin alors qu'il se blottit davantage contre le dossier du canapé, comme un enfant timide et rougissant. J'étais surpris par la tournure de cette conversation. Je n'aurais jamais pu, une seule seconde, imaginer un pareil scénario.

- Tu... Tu étais à la rue ?

- Pas exactement, répondit Jimin avec un air qui se voulait rassurant. Mais j'avais de gros problèmes d'argent à l'époque, je sortais d'une passade compliquée et joindre les deux bouts était un enfer pour moi. Je n'avais d'autres choix que de me rendre là-bas pour pouvoir manger.

- C'est bon Minie, lança Taehyung d'un air désinvolte. Tu peux lui raconter toute l'histoire.

Je jetai un œil curieux à Taehyung qui regardait avec attention son téléphone, comme s'il était extérieur à ce qu'il se passait. J'étais décontenancé. Pourquoi étais-ce lui qui donnait le droit à Jimin de raconter son histoire ? Pourtant, Jimin hocha la tête, comme s'il avait eu le feu vert dont il avait besoin, et se tourna à nouveau vers moi.

- Peut-être que tu ne veux pas tout entendre ?

- Si si ! M'exclamais-je très vite. Enfin, sauf si ça te met mal à l'aise, auquel cas je comprends...

Jimin balaya mes mots de la main en souriant.

- Non, ne t'inquiètes pas. Tu fais un peu partie du groupe, maintenant. Tu peux être au courant.

Cette remarque me fit chaud au cœur. Alors ils me considéraient – du moins, Jimin – comme l'un des leurs ? Comme une pièce à part entière de cette famille atypique ? Je l'encourageai d'un sourire, glissant une main sur son genou et Jimin sourit également avant de commencer.

- Avant de suivre une formation d'éducateur spécialisé, avant d'atterrir au Melancholic Paradise, avant même Yoongi et mes soucis d'argents, j'étais promis à un grand avenir. A 12 ans, j'ai intégré la SM Entertainment pour devenir une Idole.

Mes yeux s'ouvrirent grand comme des soucoupes. Je n'étais pas un féru de musique Kpop, loin de là mais la réputation de cette entreprise était connue pour tout le monde : c'était l'élite, et j'étais impressionné de savoir que Jimin avait fait parti de ce tourbillon de l'industrie. Il sourit en voyant ma réaction, mais un sourire triste, comme si cela n'augurait rien de bon.

- Oui, c'était dingue. Moi non plus je n'y croyais pas et, pourtant, j'étais bien parti pour débuter une carrière de chanteur dans un quelconque groupe. Ce n'était pas ma passion première, mais j'étais mignon, je dansais et chantais pas trop mal, j'étais mauvais à l'école et donc j'ai tenté ma chance. C'était une façon de rendre mes parents fiers autrement. J'y suis resté stagiaire pendant 8 ans. Mais, plus le temps passait, plus l'espoir de débuter un jour s'envolait loin de moi. Tu sais, dans ce genre d'industrie, même en temps que stagiaire, tu n'as pas le droit à l'erreur. J'ai commencé les régimes à 13 ans et pendant 8 ans, je n'ai pas mangé correctement une seule journée. Je pouvais passer des semaines sans rien avaler à part de l'eau et des épluchures d'oranges qui gavaient mon estomac et me donnaient la sensation de satiété. J'étais constamment épié, surveillé, analysé et réprimandé. Pas le droit de sortir, pas le droit de fréquenter des filles – et des garçons encore moins, tu imagines bien. Je n'avais même plus le droit de voir mes parents parce que je devais m'entraîner, jour et nuit. Là-bas, on est réparti en dortoir et la compétition est terrible. Des stagiaires tapaient dans les murs pour m'empêcher de dormir et être moins performant le lendemain, ou me poussaient volontairement dans les couloirs pour tenter de me blesser et redescendre dans la liste des précieux élites de l'agence. Et quand ce n'était pas les autres stagiaires qui me mettaient la pression, c'étaient les dirigeants. J'étais épuisé, critiqué et jugé pour mon physique constamment. En plus, quand tu vas dans ce genre d'agence, ça coûte une fortune. Mes parents ont fait un prêt puis, à mes 18 ans j'en ai fait un aussi pour pouvoir continuer à payer. Sauf que ça ne marchait pas. Je n'y arrivais plus. Alors... J'ai fait un burn out un jour. Je ne voulais plus vivre, j'étais épuisé. Je te passe les détails, mais je me suis retrouvé en grand besoin financier, je n'en voyais plus le bout. Je suis rentré à Daegu, honteux et mes parents m'ont plus ou moins laissé tomber. De fil en aiguille, je me suis retrouvé dans le besoin et c'est comme ça que j'ai rencontré Yoongi, à la soupe populaire, qui y travaillait avec Nam.

A l'évocation de son petit ami, les yeux de Jimin se mirent à briller alors que, j'en étais certain, les miens étaient plein de larmes.

- Il m'a sauvé la vie. Quand on s'est vu, c'était... J'en sais rien, mais c'était écrit, tu vois ? Yoongi ne le dira jamais car il est trop pudique, mais lui comme moi on a su, à ce moment-là, que nos vies avaient tous fait pour qu'un jour, nous puissions nous retrouver. Comme s'il m'attendait, tu vois ? C'est donc comme ça qu'on est tombé amoureux, que j'ai rencontré Namjoon et puis qu'ainsi, on a atterri au Melancholic Paradise. Des années de souffrance pour, finalement, trouver mon paradis. Et tu sais le plus drôle, dans tout ça ?

Son sourire s'était fait plus grand à la fin de sa tirade, même s'il essuya discrètement une petite larme qui avait échappé à sa vigilance. Je secouai la tête pour lui répondre et il me regarda avec un air amusé.

- J'ai toujours putain de détesté la Kpop et toutes ces conneries.

J'étais sans voix. Je m'étais attendu à quelque chose d'extraordinaire et, pour sûr, j'étais servi. Mais jamais je n'aurai pu imaginer que le passé de Jimin soit si sombre, lui qui était tout simplement l'être le plus doux et le plus aimant qu'il m'avait été donné de rencontrer. Je le voyais, plus jeune, travailler comme un forcené pour parvenir à rentrer dans le moule. Je le voyais plus vieux, à la rue, devant se rendre chez les miséreux avec le poids qu'il avait tout perdu et qu'il n'avait plus personne. Alors, ne sachant que dire, je me contentai de m'avancer doucement vers lui et de le prendre dans mes bras pour le serrer très fort contre moi.

- T'es merveilleux, Jimin.

Le rire un peu gêné mais ravi de Jimin résonna contre mon oreille et il me rendit mon étreint avec tendresse avant de doucement se reculer pour caresser ma joue.

- Je le sais, maintenant. J'ai des gens et surtout Yoongi qui sont là pour me le rappeler continuellement au quotidien. Mais j'ai mis du temps à y croire.

- Je te le rappellerai tous les jours aussi, si tu veux.

Un sourire sincère se dessina sur son visage.

- Tu es adorable, mon chat. Mais je suis heureux maintenant, donc tout va bien.

Satisfait, je me remis à ma place, non sans ressentir une drôle de sensation en moi. Jimin venait de s'ouvrir avec une telle sincérité que j'étais bouleversé. Je sentais que notre relation à lui et moi en était devenu plus forte.

- Et Yoongi et Nam ? Ne pus-je m'empêcher de demander. Comment ça se fait qu'ils travaillaient tous les deux là-bas ?

Et, à nouveau, Jimin lança un autre regard inquiet à Taehyung que j'avais presque oublié. Mais cette fois, celui-ci regardait Jimin dans les yeux et secoua doucement la tête comme pour répondre à sa question silencieuse. Jimin acquiesça doucement puis il me dit avec tendresse.

- C'est une autre histoire, ils te la raconteront eux-mêmes un jour, peut-être.

Je hochai la tête à ses paroles, décontenancé. Donc j'avais raison, c'était Taehyung qui décidait si Jimin avait le droit de parler ou non. Mais pourquoi cette autorité ? Pourquoi étais-ce lui qui décidait ainsi pour les autres, pour ce qui concernait leur vie, leur passé ? Perdu dans mes pensées, Jimin me secoua doucement la jambe en souriant.

- Et toi alors, c'est quoi ton histoire ?

- Je n'en ai pas. Du moins, pas une comme la tienne.

- Et ça ? Demanda-t-il, prudemment.

Sa main, précédemment sur mon genou venait de glisser le long de mon mollet, là où se trouvait ma cicatrice. Un long frisson d'horreur me parcouru dans l'instant, et je me forçai à cacher ces émotions en haussant les épaules.

- Un accident, rien de plus.

- Tu n'as pas envie d'en parler ?

- Mais allez, dit-lui Jungkook !

Je sursautai presque en entendant la voix de Taehyung à ma droite et le dévisageai avec des grands yeux surpris. Il avait un sourire princier sur son visage et me regardait par-dessus sa tasse qui fumait encore. Je fronçai les sourcils alors qu'il continua sur sa lancée en direction de Jimin.

- En fait, Jungkook faisait partie d'une secte très obscure à Busan depuis l'enfance. Il était un peu l'enfant roi, du genre l'élu ou une connerie de ce style. Mais un jour, voyant qu'il allait pas à pas vers une vie de misère et d'auto destruction, il a décidé de quitter la secte. Le gourou n'a pas accepté et l'a séquestré. Jungkook a tenté de s'échapper mais en croisant sa route, le gourou l'a attaqué avec un poignard. Ils se sont battus et Jungkook a réussi à s'en sortir, malgré un coup de couteau dans la jambe, d'où la cicatrice.

Je regardai Taehyung finir sa petite histoire, sans voix, avant de lentement tourner le visage vers Jimin pour m'empresser de dire qu'il racontait n'importe quoi. Mais en voyant la visage de celui-ci et son sourire rassurant à mon écart, je compris. Je compris qu'il savait que Taehyung inventait, tout comme moi je l'avais compris la veille. Pourtant, il ne rebondit pas là-dessus, se contenant de me bousculer gentiment en me lançant.

- Oh, tu es un héros alors mon chat !

Troublé, je hochai malgré tout la tête avant de jeter à nouveau un regard vers Taehyung. Celui-ci souriait avec mystère, comme fier de lui, avant de me dire simplement les yeux dans les yeux, comme s'il n'y avait que moi qui pouvait entendre :

- Règle numéro 7 : N'ai jamais peur de transformer l'ordinaire en extraordinaire.

*

Nous avions quitté l'appartement de Jimin et Yoongi sur les coups de 13 heures, Taehyung et moi. Jimin avait insisté pour que nous restions manger, et Yoongi avait fini par émerger avec une bouille adorable semi endormie. Il n'avait pas voulu se joindre à nous et à la place, il s'était installé sur le canapé, un crayon dans la main, un pétard dans l'autre, un carnet sur les genoux, et s'était amusé à nous dessiner pendant que nous déjeunions. Je lui avais timidement demandé si je pouvais garder le dessin, et celui-ci s'était fait un bonheur de me le foutre dans les mains en rétorquant qu'il en avait déjà un millier de ce genre. Il m'avait montré le reste du carnet et, en effet, celui-ci était rempli de dessin des garçons dans toutes les situations possibles. Ils étaient magnifiques, et j'avais dû me retenir de lui demander aussi le dessin de Taehyung, de profil, adossé au bar du Melancholic Paradise, un pétard au bout des doigts et l'air penseur. Je demanderai à Jimin de le subtiliser pour moi, peut-être...

Je l'avais d'ailleurs serré fort dans mes bras sur le pas de la porte. J'étais encore chamboulé par son histoire et plein d'amour pour l'incroyable personne qu'il était. J'en étais désormais persuadé, Jimin et son souvenir seraient à jamais ancré en moi.

Je n'avais pas vraiment envie de partir de chez eux car j'y étais bien, mais surtout parce qu'un tête à tête avec Taehyung m'intimidait légèrement. J'avais beau avoir oublié une partie de la soirée, le moment où j'avais presque failli – bordel, j'en avais encore le cœur qui battait – embrasser Taehyung était bien clair dans mon esprit. Je nous revoyais, couverts de peintures, s'ouvrant doucement l'un à l'autre sur nos cicatrices du passé à demi-mot, et jamais un moment ne m'avais paru plus opportun pour embrasser quelqu'un. Je ne savais pas ce qu'il m'arrivait avec lui. Pourquoi j'avais si peu confiance en moi alors qu'avant lui, avec Jimin ou même d'autres garçons, je n'avais aucun mal à être entreprenant et sûr de moi.

En arrivant sur le parking en bas de l'immeuble des garçons, nous nous sommes rendu compte que Namjoon, partit avant nous, avait également pris la voiture. Cela ne découragea pas Taehyung qui me dit simplement que nous n'avions qu'à marcher. Il y avait au moins trois quartes d'heures à pied jusqu'au Melancholic Paradise et soudain, ma cicatrice se mit à piquer à l'idée de devoir faire cet effort. Mais je n'avais rien dit, je m'étais tût et l'avais simplement suivi dans les rues animés des quartiers de Daegu.

C'était silencieux entre nous. Les mains dans les poches, je réfléchissais encore et encore à une façon de lancer la discussion. Ce n'était pas chose simple avec Taehyung car je réalisai que, depuis que je l'avais rencontré, rien n'avait été futile entre nous. Je n'avais jamais eu l'occasion de parler avec lui comme je l'avais fait avec le reste des garçons, de choses et d'autres. Tout avait toujours eu un double sens, une profondeur étrange que j'avais dû mal à envisager alors que nous marchions en plein jour. Cette sensation d'être à l'extérieure d'ailleurs me rendait étrange, comme si l'univers où évoluait Taehyung n'était jamais censé rencontrer celui du quotidien. Comme si la vie au Melancholic Paradise ne pouvait aller de paire avec le commun des mortels.

Puis, soudain, je me souvins de la conversation que j'avais eu avec Hoseok concernant les penchants politiques de Taehyung et je lançai alors :

- Donc... Tu es anarchiste libertaire ?

Taehyung se tourna vers moi, surpris mais aussi amusé. Il haussa un sourcil en rétorquant.

- Comment tu sais ça, toi ?

- Hoseok m'en a vaguement parlé.

Il leva les yeux au ciel en secouant la tête.

- Hoseok parle trop...

- Pourquoi ? C'est un sujet sensible ?

- Non, pas du tout. Mais ça t'intéresse vraiment ?

J'acquiesçai rapidement en levant le nez vers lui. Son regard ancré sur moi fit sursauter mon pauvre cœur fragile.

- Dire que je suis anarchiste libertaire, c'est un peu un raccourci. Commença-t-il en prenant un ton plus sérieux. Je m'intéresse beaucoup à la politique ainsi qu'à ce mouvement et certaines idées me parlent, c'est tout.

- Quelle genre d'idée ?

Je n'y connaissais foutrement en politique, le sujet ne m'avait même jamais intéressé mais, venant de Taehyung, j'y trouvais soudainement un certain intérêt.

- Pour faire simple, en gros, l'anarchisme libertaire c'est l'ordre sans le pouvoir. Souvent, quand les gens pensent à l'anarchisme, ils associent ça avec le chaos et le ni dieu ni maître. Or, c'est un peu plus compliqué que ça. L'individualisme a sa place, c'est indéniable mais ça tend surtout à exiger d'une société qu'elle ne soit pas à la merci des plus forts aux détriments des plus faibles. J'aime juste l'idée que l'humain ne soit pas obligé d'obéir à des lois et des ordres quasi divins pour s'épanouir et exister.

- Alors tu n'es pas vraiment anarchiste, non ? Tu as juste envie d'être libre ?

Taehyung reporta son attention sur moi, un éclat étincelant traversant son regard et je su que j'avais dit exactement ce qu'il fallait. Son sourire le confirma alors qu'il hochait la tête.

- Être libre... Ce n'est pas là la chose la plus importante ? Tu en penses quoi ?

Cette question presque philosophique me fit grimacer. Je n'étais pas très doué avec les mots ni pour exprimer mes idées, mais je pris malgré tout le temps de réfléchir avant de répondre.

- Je pense qu'on peut être libre de pleins de façons différentes. Par exemple, moi je vous trouve libres, toi et les garçons.

Il haussa un sourcil et prit le temps de me regarder en face alors que nous attentions à un passage piéton pour traverser.

- Ah oui ?

- Oui, acquiesçais-je. Vous faîtes comme bon vous semble, vous vous fichez des codes moraux et vous êtes très bien ainsi. Vous avez créé votre propre liberté, dans un sens.

- Mais pourtant, on est encore et toujours sous le courroux des règles et des lois. Nous ne sommes pas totalement libres. Regarde-nous.

Il indiqua du doigt la ligne blanche qui nous séparait de la route ainsi que la lumière rouge nous interdisant de la dépasser.

- Ça, c'est restrictif. Alors tu vas me dire que c'est pour notre sécurité, que c'est pour le bien commun, mais... Si tu retournes le truc : Si tu n'as plus envie que la couleur rouge soit la couleur de l'interdit, si tu as envie de traverser, qu'est-ce qui t'en empêche ? Pas cette pauvre ligne blanche, non. C'est ton conditionnement. C'est toi-même qui t'interdis de traverser, parce qu'on t'a appris les choses ainsi. Parce que le rouge, c'est non. Le vert, c'est oui. Mais dans mon monde...

Et, avant que je puisse faire quoi que ce soit, Taehyung s'élança sur la route comme une furie, traversant sans mal au milieu des voitures qui klaxonnaient sur son passage. Mon cœur n'arrêta pas de battre comme un fou furieux même une fois qu'il fut hors de danger, de l'autre côté de la route. Je le regardais, sidéré, une main sur le cœur alors qu'il levait les bras vers moi en me criant.

- Dans mon monde, toutes les couleurs veulent dire la même chose : Fonce !

Les gens autour de nous le regardait comme s'il était un martien. Moi, j'oscillais entre la peur et l'admiration. J'attendis pourtant que le petit bonhomme passe au vert pour traverser avec les autres piétons, sous l'œil presque déçu de Taehyung qui m'attendait.

- Pas encore courageux, notre Jungkook...

- Tu m'as fait peur ! Soupirais-je en lui donnant une petite tape sur le bras.

Il éclata de rire en reprenant notre marche.

- Rien n'est drôle sans une petite dose de peur. Si tu n'as pas peur un minimum, ça veut dire que tu ne fais rien qui en vaille la peine.

- Je ne crois pas, rétorquais-je. On peut très bien accomplir de belle chose en étant confiant et sûr de soi.

- Oui, mais ce n'est pas marrant. Regarde...

Il se mit face à moi pour marcher à reculons, me toisant avec un petit air malicieux.

- Tu allais m'embrasser hier soir. N'est-ce pas ?

Mon regard se figea alors que je me mis à balbutier.

- Je... Je sais pas, c'était... Non, enfin...

- Tu vois, tu as peur. Ton cœur s'emballe, ton souffle s'accélère et tes mains deviennent moites. Pourtant, au fond de toi, tu sais que je ne t'aurais pas repoussé, hein ? Tu savais que j'avais envie que tu m'embrasses, moi aussi. Alors, on peut se demander pourquoi avoir peur, n'est-ce pas ? Pourquoi appréhender quelque chose quand on sait que ça finira par une issue positive, hein ?

Je n'arrivais pas à répondre, pris à son jeu. Je pense que c'était ce qu'il voulait, me mettre dans tous mes états. Merde, il me disait qu'il voulait m'embrasser aussi et il utilise ça pour me démontrer ses théories à la con ? Tout en continuant de marcher, sa main se glissa sur ma joue alors qu'il continuait :

- Parce que tu sais que, si on s'embrasse, ça sera extraordinaire. Et ça rejoint ce que j'ai dit tout à l'heure : quand tu as peur, ça veut dire que tu fais quelque chose qui en vaut la peine. Que tu t'apprêtes à accomplir quelque chose de grand. Car si on s'embrasse, Jungkook, je te le garantis...

Nos deux corps s'étaient arrêtés en même temps pour se faire face, sur ce trottoir bondé de monde en plein centre de Daegu. Je ne l'avais même pas contrôlé, je n'avais même plus la notion du temps ou de l'espace. Tout ce qui comptait, c'était les deux yeux de Taehyung et leur façon de littéralement me dévorer tout entier.

- On n'oubliera jamais ça, toi et moi.

Une voiture aurait pu me percuter, un avion nous lâcher une bombe dessus, un tremblement de terre détruire tout ce qui se trouvait autour de nous, je n'aurais pas bronché. Je n'aurais pas arrêté un instant de m'avancer vers lui, comme un automate, pour venir chercher cette chose extraordinaire qu'il me promettait. Pourtant, la main de Taehyung vint se poser doucement sur mon torse, arrêtant ma course folle jusqu'à lui en me soufflant.

- Enfin, Jungkook, pas ici. Je mérite mieux, non ?

- Quand ? Dis-je avec une voix d'enfant que je ne me connaissais pas.

Son sourire s'agrandit et il tapota avec douceur mon torse avant de se détacher de moi.

- Règle numéro 8...

- J'en ai marre de tes règles ! Bougonnais-je en reprenant la route.

Il éclata de rire dans mon dos et vint me rejoindre à petit pas en passant sa main dans mon dos.

- Elle va te plaire, celle-là. Règle numéro 8 : Quand tu t'apprêtes à faire quelque chose qui va changer ta vie, prend le temps de rendre ça inoubliable. Parce que crois-moi... ça, dit-il en pointant tour à tour nos deux visages. Ça, ça va changer ta vie.

J'aurais pu lui dire d'aller se faire foutre, de lui lancer qu'il était bien impertinent de croire que sa personne entière allait changer ma vie. J'aurais pu rire en disant qu'on ne se connaissait qu'à peine et que je ne croyais pas à toutes ces conneries. Pourtant, je n'en fis rien. Parce que je savais au fond de moi qu'il n'avait pas tort. Taehyung l'avait peut-être compris avant, et je n'avais aucune idée de ce sur quoi ces certitudes étaient fondées mais j'en étais sûr désormais. Oui, ce garçon allait changer ma vie. Et Dieu, que je me mis à aimer avoir peur désormais.


Je commence à aimer cette histoire du plus profond de mon coeur. J'espère réussir à vous faire passer les émotions du mieux possible. <3

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