20. To let it go just now
J’imaginais que mon cerveau ressemblait actuellement à un immense sous-sol composé de plusieurs portes.
Certaines étaient encore fermées à double tour, demeurant inaccessibles et je ne trouvais aucun moyen de les ouvrir. D’autres portes, elles, s’étaient entrouvertes depuis le début de mon aventure au Melancholic Paradise, des portes qui laissaient passer des rayons de lumières, et avec eux, les fragments de conversations ou indices que m’avait laissé Taehyung.
Âme sœur.
Parcours de vie difficile.
Tous liés.
Passé, présent, futur.
Mémoires akashiques.
Et toutes ces choses que j’avais apprises et intégrées depuis mon arrivée.
Mais ce soir, une nouvelle porte que je ne connaissais pas, que je n’avais jamais remarqué, s’était ouverte. C’était pourtant l’une des portes les plus imposantes, la plus sécurisée et elle s’était offerte à moi, s’entrouvrant à peine pour laisser passer un filer de lumière, tandis que j’avais regardé les tableaux de Yoongi, et m’avait enfin laissé accès à tout son savoir.
Il y en avait encore d’autres imposantes à côté d’elles, signe que certainement, je n’avais pas tout découvert mais mon cerveau, lui, savait qu’il restait encore des mystères latents qui m’attendaient. J’avais conscience désormais que tout était là, depuis le début, en moi, mais qu’il fallait que je débloque des éléments pour y avoir accès, comme n’importe quel bon jeu vidéo qui se respect et moi, déambulant dans ce game play improbable en route pour le boss final.
Mais quel était-il, ce boss final ?
En vérité, je n’avais pas réellement le temps de me poser la question à cet instant, j’étais bien trop intrigué et curieux de cette nouvelle porte entrouverte qui, sans effort, m’accueilli alors que je la poussais.
Et, comme si Taehyung pouvait lire en moi, il articula d’une voix douce à mon oreille alors que j’entrais dans cette pièce imaginaire :
- Tu te souviens de ce que je t’ai dit, le premier soir où tu es arrivé ? Je t’ai assuré que dans la vie, il n’y avait pas de hasard. Je t’ai dit que quelque chose nous rassemblait et nous avait destiné à être ensemble. A l’époque, tu as cru que c’était notre marginalité. Après tout, Namjoon a fait de la prison, Yoongi et Jimin sont un couple hors système, Hoseok est une drag queen, même Seokjin s’est finalement révélé être l’un des nôtres. Tu es un accidenté de la route, et je suis… Je suis spécial.
Ta drag queen, ton idole déchue, ton ex-clochard et ton dépressif, récitais-je mentalement en me remémorant les mots de Seokjin à Namjoon lors de la soirée que nous avions passé chez lui. Hoseok, Jimin, Yoongi et Taehyung. Je pouvais désormais rajouter sans problème à la liste l’ancien taulard, le fils de mafieux et la victime de harcèlement. Namjoon, Seokjin et moi. Tous singulièrement originaux, malheureux et esseulés. Tous marginaux. Et en effet, à une époque, j’eu crû que c’était cela, ce qui nous rassemblait.
Comme j’étais loin du compte.
- C’était cela qui te sautais aux yeux, non ? Continua Taehyung. Nos dissemblances étaient nos ressemblances. Mais en fait, Jungkook… Ce n’est pas ça, la vraie raison. Tu connais la grande originalité de chacun, ce qui fait de nous des êtres à part, mais ce n’est pas cela notre point commun. Ce qui l’est, en revanche, c’est la conséquence de cette originalité, de cette différence avec le monde extérieur. Tu ne vois pas ?
Si. Bien sûr que je le voyais. Mais mon moi imaginaire voguant dans la pièce que je venais de découvrir à l’intérieur de mon esprit n’était pas encore disponible pour répondre. J’avais été fasciné par le passé de cette capacité qu’avait Taehyung d’entretenir le mystère sur ce qu’il disait mais je me rendais compte maintenant qu’il n’y avait jamais eu de mystère, juste une mémoire trop défaillante de ma part et une tendance à ne pas réussir à comprendre assez vite ce qu’il me disait, à ne pas voir l’évidence.
- Quelle est cette conséquence, Jungkook ? Pourquoi sommes-nous là ?
La voix de Taehyung était désormais légèrement tremblante, comme s’il redoutait ma réponse. Comme si tout se jouait là, maintenant. Comme si le futur dépendrait de ce que j’aurais réellement compris.
- Réfléchis, m’implora-t-il presque.
Mais sa peur ne se justifiait en rien. J’avais eu tout le temps de réfléchir. Et surtout, j’avais vu ce que j’avais besoin de voir. Là, sous mes yeux, depuis le départ.
Les cicatrices sur l’avant-bras de Namjoon. La peur panique des hauteurs de Hoseok. Jimin, et sa carrière avortée pour d’obscures raisons. Yoongi, et ses médicaments contre l’anxiété. Le retour de Seokjin…
- Réfléchis, Jungkook.
Réfléchis.
Mais je n’avais plus besoin de réfléchir. J’avais tout compris.
Namjoon n’avait pas supporté la prison. Hoseok n’avait pas réussi à accepter la mort de son âme sœur. Jimin avait abandonné face à la pression pour devenir une Idole. Yoongi était encore hanté par son enfance en foyer et son désespoir dans la rue. Et j’avais vu de mes propres yeux ce qui était arrivé à Seokjin.
Taehyung avait raison. Ce n’étaient pas leurs différences qui les rassemblaient.
C’était leur tentative de suicide.
La porte de mon esprit s’était refermée brutalement une fois que cette information fit sens et je me retrouvais éjecté, projeté dans la réalité qui m’apparut avec violence devant les yeux. Comme possédé, je me tournais pour regarder les garçons, encore tous assis sur les canapés, qui me regardaient avec terreur et impatience.
- Vous avez essayé de mourir, dis-je comme une annonce funeste.
- Mais nous sommes revenus à la vie.
Je pivotai la tête pour regarder Yoongi qui avait un sourire sur le visage, comme s’il souhaitait me rassurer. Mais en avais-je réellement besoin ?
Je me tournai alors vers Taehyung car, si les dessins de Yoongi m’avaient indiqué aussi clairement que de l’eau de roche chaque tentative de suicide de ceux qui étaient désormais ma famille, pour Taehyung, le doute subsistait. Un cercle, rien d’autre. Cela ne voulait rien dire. Cela n’expliquait en rien comment son histoire avait pu, lui aussi, l’amener à commettre un tel acte.
- Et toi… ? ais-je à peine réussi à souffler.
Taehyung avait souri.
- Et toi, Jungkook ?
Il s’était approché de moi et en posant sa mains sur mon bras, je remarquai seulement que je tremblais.
- Cet accident de la route… Ce n’était pas réellement un accident, n’est-ce pas ? Toi aussi, tu as eu envie de mourir. Tout comme nous. Toi aussi, tu as tenté de te tuer ce soir-là. Je me trompe ?
Ma bouche, scellée par je ne savais quoi, n’arrivait tout bonnement pas à répondre. Je ne trouvais rien à dire, englué dans une angoisse sans nom qui retournait tout dans ma tête.
Je n’avais pas été honnête, alors que j’avais raconté mon histoire. J’avais évincé ce détail, et me revins les paroles de Taehyung un peu plus tôt, m’assurant qu’il y avait une différence incroyable entre penser à quelque chose et l’exprimer à haute voix.
Oui, l’histoire que j’avais voulu leur raconter n’était pas la même que celle que j’avais vécu.
Je n’avais pas voulu leur dire que, ce soir de printemps 2012, j’avais tenté de me tuer.
Je n’avais pas voulu leur dire que, dans mon geste désespéré et peut-être égoïste, j’avais embarqué avec moi un innocent qui, alors que moi je vivais, était peut-être mort aujourd’hui. Par ma faute.
Je n’avais pas voulu qu’ils sachent combien j’avais été lâche.
Mais ils le savaient déjà. Ils connaissaient déjà mon histoire, sans que je ne sache encore pourquoi ni comment.
Et, surtout… Même si je n’avais pas voulu qu’ils voient le lâche en moi, je comprenais maintenant qu’ensemble, nous ne l’étions plus, car unis d’une douleur et d’un désespoir innommable, nous étions vivants.
Comme l’avait si bien dit Taehyung, au Melancholic Paradise, nous avons tous le droit à une seconde chance.
- On dit souvent qu’avant la mort, il y avait la vie, glissa Taehyung dans mon dos. Mais cette fois, à moi de rajouter : à l’inverse aussi. Il faut parfois mourir pour commencer à vivre. A vivre une nouvelle histoire, celle où plus jamais nous ne serons seuls et sans toi.
*
Je regardai le plafond blanc d’un œil vitreux, comme si je tentais de me fondre dans son immaculé et de me laisser porter jusqu’à ce qu’il m’engloutisse.
J’étais venu m’allonger dans une des chambres du Melancholic Paradise car la phrase de Taehyung avait provoqué un tel écho sensationnel en moi que j’avais ressenti le besoin de prendre mes distances.
« Avant la mort, il y avait la vie. Mais cette fois, à l’inverse aussi. »
J’entendais évidement ce qu’il sous-entendait par-là : unis par un passé douloureux ayant mené à notre perte, nous avions tous fini par vivre à nouveau. Mais, pourtant… Il me semblait que ce n’était pas tout. Que cette phrase me revenait de plus loin encore et tambourinant bruyamment derrière une porte blindée tout au fond de mon cerveau. Mais il s’agissait-là d’une porte importante que, seul, je ne pouvais ouvrir et ce qu’elle renfermait m’était pour l’instant encore inaccessible.
A vrai dire, je n’étais pas tant perturbé que cela. Taehyung et les garçons, leur travail depuis des semaines et mon éveil spirituel m’avaient sans doute préparé à ce que je venais d’entendre. Je me sentais simplement épuisé, comme si une charge immense s’était enfin détachée de moi et que je pouvais me montrer tel que je l’étais, avec ceux que je qualifiais désormais sans honte les personnes les plus importantes de ma vie.
Une heure était passée, peut-être deux. Personne n’était venu troubler ma solitude. J’entendais parfois leurs voix me parvenir jusqu’à l’étage mais je ne captais rien de leurs conversations. Je pensais qu’ils comprenaient car, après tout, eux aussi étaient passés par là.
Pourtant, enfin, une silhouette se manifesta. La porte de la chambre s’entrouvrit et un visage rassurant me fit face, la joue posée contre l’embrasure de la porte, un sourire à la fois doux et inquiet sur les lèvres.
- Jungkook ? Je peux entrer ?
J’acquiesçai sans mot et le corps léger de Jimin vint s’affaler à côté de moi, sur le lit. Je tournai mon visage vers la gauche pour le regarder et tombai sans surprise dans ses yeux qui me fixaient déjà.
- Ca va ?
Je ris sans joie à sa question et haussai les épaules.
- Je n’en sais rien.
- Je comprends.
Il ne rajouta rien de plus et je ne trouvai rien à rétorquer non plus. Nous nous regardions simplement comme deux idiots, silencieux, les yeux perdus dans ceux de l’autre.
Depuis le premier jour, Jimin avait une place toute particulière dans mon cœur. Il avait été le premier à manifester de la sympathie à mon égard, d’abord physique puis plus personnelle par la suite. De tous les garçons, en dehors de Taehyung, c’était sans doute celui dont j’étais le plus proche et sa présence m’apaisait. Je ne disais pas que ce n’était pas le cas pour le reste du groupe, mais… Hoseok avait un côté très exubérant, Yoongi m’intimait légèrement parfois, Namjoon semblait être une armure impénétrable tandis que Seokjin était son contraire, très -trop- maternel. Quand à Taehyung… Bien sûr qu’il m’apaisait. J’étais complet avec lui. Mais toutes ces histoires, ces révélations, et lui à la tête de cela… Ce n’était pas rien et Jimin m’apparaissait alors comme mon havre de paix. Drôle, tendre, doux, mais toujours réconfortant et à l’écoute.
Je réfléchissais silencieusement à tout ça tandis que mes yeux le regardait sans le voir. Pourtant, un détail me ramena à la réalité : deux larmes qui perlaient aux coins des siens. Inquiet, je fronçai immédiatement les sourcils.
- Jimin ? Dis-je d’une voix douce. Qu’est-ce qu’il se passe ?
Je remarquai alors que, si je ne faisais que l’observer, lui me fixait d’un regard pénétrant, profond, comme s’il essayait de me faire comprendre quelque chose. Il renifla d’un coup sec de son petit nez empâté et se pinça les lèvres avant de me répondre à voix basse :
- Qu’est ce que tu ressens pour moi ?
Dire que je fus surpris par cette question aurait été un euphémisme. Je restai d’abord silencieux, attendant de voir si Jimin avait correctement choisi ses mots mais quand je compris que c’était le cas, je pris le temps pour choisir les miens.
- Ce que je ressens pour toi… C’est un lien exceptionnellement fort, Jimin. J’admire la personne que tu es et je suis fier de pouvoir dire que tu es mon ami, et certainement le meilleur. J’adore passer du temps avec toi, tu me fais toujours rire, tu me fais penser à autre chose, tu me fais oublier et… Ouais, je t’aime, Jim.
Ma réponse sembla le satisfaire en demi-teinte. Il m’adressa un sourire, toujours légèrement terni de tristesse puis enchaîna sur une autre question sans que j’eu le temps de comprendre.
- Pourquoi as-tu essayé de mourir, Jungkook ?
Celle-ci me pris encore plus au dépourvu. Elle était brutale, piquante, tranchante comme du rasoir mais je savais que derrière il n’y avait aucune intention malsaine. Jimin, comme le reste des garçons, étaient libérés de tous préjugés alors je m’attelai à y répondre avec la plus grande des sincérités.
- Parce que je n’avais plus ma place, soufflais-je dans un murmure, mes yeux ancrés dans les siens. Parce que toute ma vie j’ai essayé d’être quelqu’un et que je n’ai réussi qu’à détruire cette idée. Parce que j’avais cru avoir la possibilité de vivre ma grande histoire mais que j’ai tout foutu en l’air et qu’on me la rendu de la pire des façons. Je crois que je voulais mourir pour avoir une seconde chance de la vivre…
- Ta grande histoire ?
- Oui. Et je pense que, aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai réussi. Je vis ma grande histoire.
- Avec Taehyung.
Je hochai la tête, un sentiment doux et chaud traversant mon corps à l’évocation de celui que j’aimais. Pourtant, alors que Jimin avait toujours été un fervent partisan de notre relation, il sembla déçu de mon approbation.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Insistais-je finalement.
- Tu ne te rappelles pas, Jungkook ?
- Quoi ?
- Notre histoire.
Il y avait des trémolos dans sa voix et je pouvais deviner que l’émotion lui barrait la gorge. Pourtant, j’étais complètement perdu. Notre histoire ? Mais de quelle histoire parlait-il ? Un vent de panique me submérga en voyant mon ami dans une telle détresse et je tentais une approche en posant ma main sur son poignet.
- Jim, mais… De quoi tu parles ?
Il renifla bruyemment, secouant la tête en dégageant doucement ma main et il se redressa en passant ses doigts dans ses cheveux pour les plaquer en arrière, comme s’il tentait de se remettre de quelque chose. Mon cœur battait à tout rompre sans que je ne comprenne pourquoi.
- J’ai cru… Commença-t-il en fixant le vide. J’ai cru que tu avais tout compris, et ça avec… Que ça te serait revenu, comme ça la été immédiatement pour moi lorsque je t’ai vu…
Je regardais son dos bouger au rythme de ses grandes respirations tandis que des portes closes dans ma tête commençaient à vrombrir. Je le sentais. La réponse était là. Mais je ne pouvais y accéder. La solution était toute proche mais… Il me manquait encore une petite chose, un détail, un coup de pouce…
- Taehyung me tuerait s’il savait que je t’en parle, continua-t-il sans me regarder. De tous les garçons, nous sommes les deux seuls à qui nos souvenirs nous sont revenus sans aide extérieur. Les autres… Taehyung a dû les aider. Mais toi… Tu es le centre de tout, Jungkook. Tu es le centre de la grande aventure de nos vies à tous alors j’ai cru que… Merde, j’ai été stupide.
Jimin essuya rageusement des larmes qui continuaient à couler silencieusement le long de ses joues et se redressa. De mon côté, ma tête bouillonnait.
- Quels souvenirs ? Et comment ça, Taehyung a aidé les garçons a retrouver les leurs ? Jimin, mais putain de quoi est-ce que tu parles ?!
Jimin accepta enfin de se tourner vers moi et de me regarder. Alors, toute la sympathie, l’adoration et l’admiration que je ressentais pour ce garçon me revint en pleine face. Jimin n’était pas n’importe qui pour moi. Je le sentais, je le savais, depuis le premier jour. Taehyung était mon âme sœur, cela était évident et je commençais à croire a sa théorie disant que dans des vies alternatives, nous étions liés. Mais Jimin… Se pourrait-il que… Pour lui aussi ?
- Je veux voir Taehyung, décidais-je d’un seul coup en me levant d’un bond.
Le regard paniqué de Jimin me suivi alors que je me dirigeai vers la porte.
- Kook, attend ! m’interpella-t-il. Tu devrais te reposer, j’ai dis n’importe quoi et…
- Non, le coupais-je soudainement en me retournant vers lui. Il y a des questions sans réponsses que je ne supporte plus de ressasser. Il y a des portes dans ma tête qui ne demandent qu’à être ouvertes. Si Taehyung sait comment faire, il doit m’aider.
- Mais c’est trop tôt, tu…
Je n’écoutais pas la suite de sa phrase, je m’étais déjà engouffré dans les escaliers pour rejoindre le salon.
Dans la pièce ne se trouvait plus que Taehyung et Namjoon. Je ne savais pas où étaient partis Hoseok, Yoongi et Seokjin mais je ne m’en formalisai guère pour le moment. Immédiatement, mon regard trouva celui de Taehyung qui était penché sur la table aux côtés de Namjoon, un plan sous les yeux, sûrement pour les travaux. Il ne dit rien en me voyant, attendant simplement que je parle mais je lisais en lui son appréhension et son cœur qui me hurlait : « tu vas bien ? ».
- Je veux retrouver mes souvenirs, lâchais-je.
- Tes souvenirs ? Répéta-t-il en fronçant les sourcils.
L’espace d’un instant, son air véritablement perdu me fit me sentir idiot mais, quand son visage pivota vers Jimin encore derrière moi et qu’il se mua en une expression sévère, je compris. J’avais bon. Et je ne me mis même pas à plaindre ce pauvre Jimin qui se prendrait certainement une rouste après cela car j’étais trop heureux d’avoir pu enfin avancer.
La mâchoire de Taehyung se serra sans quitter Jimin des yeux. A côté de lui, Namjoon eut l’air embêté et recula instinctivement, comme s’il se préparait à un éventuel combat. J’avais l’impression de voir un mâle alpha face à un pauvre oméga.
- Jimin, siffla Taehyung d’une voix sèche. Pourquoi ?
- Je… Je voulais être sûr. Je croyais qu’il… Qu’il s’était peut-être souvenu et que ça pourrait lui faire du bien de…
- Du bien à lui, ou du bien à toi ? Le coupa-t-il avec fermeté.
Je ne comprenais pas trop le discours insidieux se déroulant devant moi et je n’en avais même que faire. Les portes dans ma tête continuaient à tambouriner et je savais que mon cerveau, en pleine ébullition, était prêt, qu’importe ce que j’allais découvrir.
- Comment puis-je retrouver mes souvenirs ? Lançais-je à Taehyung, coupant leur petite querelle.
En posant ses yeux sur moi, le visage de Taehyung s’adoucit immédiatement et l’inquiétude remplaça la colère.
- Mon ange… Je ne pense pas que ce soit le moment de parler de ça, tu devrais te reposer.
- Mon cerveau tourne à mille kilomètres heures. Je sens que ça doit être là. Maintenant.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles.
- Je m’en fiche, rétorquais-je. Je le sais, c’est tout.
Taehyung resta un instant silencieux, pensif, puis il se tourna vers Namjoon pour le questionner sans mot. Ils échangèrent un regard que je ne pu intérpreter avant que Taehyung revienne à moi et, las, me réponde.
- D’accord, mon ange. Suis-moi.
Taehyung me dépassa, dépassa également Jimin pour monter à l’étage. Je revins alors sur mes pas pour le suivre tandis qu’il se dirigeait vers la chambre où nous dormions généralement lui et moi. J’y entrai et fermai derrière moi alors que Taehyung sortie un livre de la bibliothèque sommaire qu’il avait construire.
- Est-ce que tu sais ce qu’est la thérapie régressive ?
Comme une habitude, un peu las, je secouai la tête alors que Taehyung m’invitai à m’installer sur le lit.
- Cette fois, continua-t-il, pas d’explications. Je vais te laisser le découvrir par toi-même. En revanche Jungkook, je te préviens : si ce qui suit fonctionne, si tu m’écoutes et que tu suis mes conseils et ma voix, si tu prends ça sérieusement… Ca risque de te bouleverser. Est-ce que tu es prêt à ça ?
- Je crois, oui.
- Bien. Alors allonge toi confortablement.
Je m’excécutai, un peu curieux, un peu excité, un peu appeuré aussi. Taehyung dû le sentir et il s’installa près de moi, assis, le livre dans une main, et il posa l’autre sur mon ventre en me dédiant un doux sourire.
- Tout va bien se passer, mon ange. Je suis là, et rien ne peut t’arriver, d’accord ?
Je hochai la tête, laissant mes poumons se remplir d’air à fond avant d’expirer, comme si je savais d’avance ce que je devais faire.
- Et souviens toi d’une chose : quoi que tu vois, quoi que tu ressentes, souviens-toi de la règle numéro 12 : Je t’aime, Jungkook. Je t’aime sans raison et sans lendemain, depuis toujours.
Et c’est ainsi que Taehyung me fit voyager dans le passé, lors de ma précédente vie. Celle qui débutait un beau soir d’Août sur l’île de Jeju, un bruit de feu d’artifice en fond, avec un visage bien connu et ruisselant de larmes au-dessus de moi, me répétant qu'il me jurait, lui aussi, qu’il m’aimerait pour toute sa vie.
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