CLÉMENT
Partie II/II
Le mois de novembre est arrivé si rapidement que j'ai pratiquement l'impression d'avoir hiberné dans ma chambre. Heureusement qu'on sort parfois pour observer ce qui se déroule à l'extérieur de la maison, mais mon cerveau est en surcharge. Trop d'informations à la minute et trop de pensées parasites.
Notamment ce superbe baiser qui...
J'enfourne une poignée de curly dans ma bouche et fixe l'écran devant moi d'un regard noir. Ma conscience est toujours là pour me rappeler que je dérape. Et ce baiser... j'en ai des frissons rien que d'y repenser.
— T'as froid ? me demande Nathan qui m'a sentit trembler contre son épaule.
Je rougis légèrement et remercie mentalement Léonore pour avoir éteint la lumière du salon, nous laissant dans une presque obscurité. De quoi cacher mes rougeurs. Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il dépose un plaid sur mes épaules avant de se pelotonner contre moi pour récupérer ma chaleur. Je souris, attendris par ses gestes du quotidien dont je ne me passeraient sûrement jamais, et reporte mon attention sur la télévision.
Ce samedi soir, c'est apéro-dînatoire devant The Voice. Ma mère, Kate, est venue tôt dans la soirée pour tout préparer et une fois que mon père a accueillit la baby-sitter pour la nuit, il nous a rejoint. Autant dire qu'on s'est fait virer du canapé pour occuper l'espace devant la table du salon, le jonchant de nos oreillers afin que ce soit plus confortable. On pourrait protester, mais je crois que je préfère cette ambiance.
— Allez, retournez-vous ! s'insurge mon paternel en critiquant les coachs vocals. De toute façon, ils ne savent pas ce que c'est le vrai talent.
Je pouffe, moqueur, et me reçoit une petite tape à l'arrière du crâne. Nathan échange un sourire espiègle avec moi et me défend aussitôt en disant que si on ose lever la main sur moi, il appellera S.O.S. enfant battu.
— Mon cœur, fait Léonore en sirotant son panaché, vous avez dix-huit ans. Vous n'êtes plus des enfants.
— Bah, S.O.S. jeunes adultes battus, riposte aussitôt mon meilleur ami.
— Tu ne t'arrêtes donc jamais ? rigole ma génitrice en poussant le dos du châtain du bout de son pied.
— Le jour où je m'arrêterais, il neigera en plein été, rétorque-t-il, rieur.
Nos parents lèvent les yeux au ciel et recommencent à critiquer les performances, s'attardant surtout sur les coachs qui ne trouvent, malheureusement pour eux, pas grâce à leurs yeux. Nathan se lèche les doigts pour faire partir les miettes puis se les essuie à l'aise d'une feuille en papier. Il pousse un soupir et s'avachit un peu plus contre moi, sa main se posant négligemment sur ma cuisse. Un frisson secoue mon corps et je me mords la lèvre inférieure pour me faire violence. Ce n'est qu'un geste habituel. Nathan en a des tonnes comme celui-ci !
La soirée passe rapidement et, alors que nous avons le droit à une énième pub, je secoue mon meilleur ami qui s'est finalement endormit, épuisé par les révisions. Léonore rit et me demande si je veux remonter tout de suite. J'opine du chef, sentant moi-même mon corps réclamer un sommeil réparateur et leur avoue ne pas être certain de pouvoir porter le châtain jusqu'à l'étage. J'aurais peur de perdre l'équilibre à cause du sommeil qui toque à ma porte.
Mon père décide donc de s'en occuper et je le suis en silence, baillant à m'en décrocher la mâchoire. Il le dépose du côté de son lit, m'embrasse en guise de bonne nuit et referme la porte derrière lui. Aussitôt, je me glisse dans les draps et me pelotonne vers la seule source de chaleur du lit : Nathan. Je le fixe en silence sans vraiment le voir, imaginant les traits de son visage et sa bouche tentatrice.
Il remue soudainement, puis se fige, silencieux. Je fronce les sourcils en entendant sa respiration se couper et sursaute lorsque sa main tombe sur mon épaule. Flippant, putain ! je songe en sommant mon cœur de reprendre une course normale.
— Clem ? dit-il d'une voix tremblante.
— Tu veux que ce soit qui d'autre ? je réplique en faisant mine d'être blasé.
Je le sens sourire à défaut de les voir et ses doigts se raffermissent sur sa prise.
— La veilleuse, murmure-t-il telle une supplique.
Ah merde ! Je lui caresse le dos de la main en le rassurant et saute du lit pour tâtonner dans le noir, à la recherche de la seule source de lumière susceptible de le rassurer. Quand je pense qu'il agit encore comme un enfant malgré les années qui passent... Quelque part, je trouve ça mignon, je dois bien l'avouer. Lorsque je met enfin la main sur l'objet de ses désirs, je m'empresse de le brancher et j'entends son soupir soulagé s'élever dans la pièce.
Je retourne rapidement à l'intérieur des draps et frissonne, trouvant que les nuits se sont rafraîchies depuis peu. Rapidement, Nathan vient me coller et je souris bien que l'envie de lever les yeux au ciel me prends.
— T'as conscience qu'un jour il faudra t'en séparer ?
— Même pas en rêve, grogne-t-il en agrippant mon tee-shirt.
Une de mes mains passe dans son dos et je le caresse en silence avant de me rendre compte que j'ai sur le bout de la langue une vérité qui me pétrifie. L'espace de quelques secondes, je me suis demandé ce que ferait sa future femme de cette manie et si elle l'accepterait, avant de me rendre compte que cette pensée était dérangeante. Gênante. Insupportable.
Parce que... ?
Parce que.... rien du tout !
...
Je comprends parfaitement que ma conscience est même débranchée à ce rythme. Je soupire et me tourne vers le châtain pour le serrer contre moi, posant mon menton sur le sommet de son crâne. Je ne peux pas avoir ce genre de pensée. C'est Nathan ! Mon meilleur ami.
Je ne veux rien gâcher entre nous.
Assis derrière mon bureau, je visualise la feuille que j'ai sous les yeux, ingérant un maximum d'informations afin d'avancer. Le sanctuaire de Nathan est recouvert de fiches en tout genre. Seules les photos de nous deux n'ont pas été retirées des murs. Pour le reste : guirlandes, posters, dessins, tout à été mis dans un coin de la chambre afin de nous permettre de décorer les murs à notre guise. Maintenant, en rentrant dans cette chambre, je me sens assaillit par les connaissances. Cela n'a plus rien de reposant. Même les toilettes et la douche commence à être envahit. Le châtain a eu la bonne idée de recouvrir nos cartons de feuilles plastifiées avant de les coller contre la paroi. Remarque, ça fait bien son job, mais je n'arrive plus à décrocher.
Où donc s'est envolée ma vie de lycéen qui n'avait rien d'autre à s'inquiéter que de la future soirée de Sissy et du possiblement contrôle en philo que j'aurais sûrement raté ? Disparut. Pouf ! Poussière.
J'adore passer du temps avec Nathan, alors je ne vais pas me plaindre, mais là, c'est trop. Je dois décompresser ! Et surtout, sortir de cette chambre. De cette maison. Je vais devenir fou. Alors que je prends cette décision, le smartphone de mon meilleur ami résonne dans la pièce et l'arrache à ses propres révisions. Je l'observe prendre l'appareil, lire le message et froncer les sourcils avant de se redresser.
Je n'ai même pas le temps de demander ce qu'il se passe, qu'il se poste devant la fenêtre afin de regarder à travers. Il jure et fouille dans son armoire avant de passer rapidement un jean et de s'ordonner les cheveux.
— Tu fais quoi ? je demande, hébété.
— Je reviens !
Rapide comme l'éclair, il disparaît, emportant l'objet de sa précipitation avec lui. Perdu, je délaisse ma feuille pour jeter un coup d'œil à travers le carreau afin de savoir ce qui l'agite autant. Devant les pavés de la maison se trouve une moto d'un noir brillant sur lequel s'est adossé Jacques, casque à la main. Une pointe de jalousie sert mon cœur avant que la colère ne déforme mon visage. Pourquoi ce type est tout le temps dans les parages ?! je songe avec hargne.
J'aperçois Nathan trottiner jusqu'à lui, le brun affichant un franc sourire sur son visage. Ce qui m'agace fortement. Souris pas comme ça, putain ! je songe en serrant les poings. Il s'arrête à quelques centimètres de lui et lui parle alors que ce dernier lui ébouriffe les cheveux, se penchant vers le visage de mon meilleur ami. Je sens ma mâchoire se crisper et une envie presque violente de me ruer sur lui me saisit à la gorge. Je n'ai jamais été du genre jaloux avant.
Avant Nathan ?
— Grmph.
Quand j'étais avec mes copines, j'avais aveuglément confiance en elles et je ne me suis jamais dit qu'elles iraient voir ailleurs tant qu'on serait en couple. Et puis, de toute façon, je n'avais pas vraiment le temps de développer de jalousie puisqu'elles s'emportaient rapidement par rapport à notre amitié fusionnel pour finalement me quitter. Peut-être que ça devait juste se passer comme ça, qui sait ?
En attendant, j'ai été le pire avec Lisa. Elle était parfaite : gentille, mignonne, conciliante et intéressante. Ok, parfois trop collante et trop demandeuse une fois le pas sauté, mais elle est de ces filles innocentes qui ne méritent pas d'être blessé. Je sais que ma rupture lui a fait du mal, mais sûrement moins que si elle avait su pour moi et Nathan. Soyons honnêtes deux secondes, c'était carrément de la tromperie. Je suis le pire des connards.
Continuons sur le chemin de l'honnêteté, veux-tu, me souffle cette maudite voix. Tu as des choses à t'avouer et il serait tant, non ? Y mettre un nom ne va pas te tuer.
Au contraire. Je m'étrangle presque en voyant le motard enrouler son bras autour de la taille de mon ami et le ramener contre lui, son visage se perdant derrière la tête du châtain. Est-ce qu'ils s'embrassent ? Nathan le laisse vraiment faire ? Ma nervosité grimpe en flèche et je ne sais pas ce qui me retiens de me jeter sur le gazon pour ramener ce qui me revient de droit. Putain... j'ai cru que c'était un objet ou quoi ? je pense en posant mon front contre le carreaux, fusillant le couple au loin.
Nathan finit par se dégager en haussant les épaules, un sourire en coin sur les lèvres. Et rien que ce détail m'agace. N'y tenant plus, j'ouvre la fenêtre et m'y penche, frissonnant à cause du froid.
— Nath ! je crie, sourcils froncés.
Il se tourne, surpris de me voir penché par-dessus le rebord de sa fenêtre et lève un sourcil afin de me demander de continuer.
— Révisions. Maintenant.
Mon ton est sec, autoritaire et déplaît suffisamment au brun pour qu'il me lance un regard perplexe. Nathan soupire, balaye ses cheveux et salue le motard d'un mouvement de la main. Ouf ! Pas de bisous, je songe en guettant son retour, fusillant le motard qui s'équipe à nouveau, prêt à partir. Non, mais sérieusement !
Je suis la moto qui vrombit avant de disparaître au coin de la rue et ferme la fenêtre dans un geste rageur. Je suis tellement énervé que ce dernier se comporte ainsi avec Nathan. Et je ne pensais pas qu'ils se voyaient à nouveau. Est-ce à cause d'Halloween ? Pourtant, deux semaines sont passées et j'ai bien cru comprendre que mon meilleur ami ne voulait pas aller plus loin. Après tout, il ignore les textos du brun.
Nathan pénètre dans la chambre et je lui envoie un regard noir qui le stoppe dans sa marche. Je suis furieux, mais pourquoi ? Peut-être parce qu'il a prit la décence d'enfiler un bas avant de le retrouver ? Sois réaliste deux minutes Clem, il n'allait pas sortir en caleçon. Peut-être parce que ça m'irrite qu'il se soit recoiffé avant d'aller voir le motard. Oui, c'est ça. Comme s'il voulait faire bonne impression.
— Quoi ?
— Je croyais que t'étais pas gay.
Le châtain fronce les sourcils avant de m'envoyer une moue incompréhensive, croisant les bras sur sa poitrine.
— Et ? Je dois arrêter de voir Jacques parce qu'il aime les mecs ? T'es chelou, Clem.
— J'ai pas dis ça.
— Alors pourquoi tu t'énerves ? soupire-t-il en se laissant tomber sur son lit, récupérant ses fiches.
Je sens mes ongles rentrer dans ma paume et je m'oblige à conserver mon calme. Je suis ridicule de m'énerver pour si peu. En fait, je n'ai même pas le droit d'être jaloux. Et puis, jaloux de quoi ? Nathan a toujours été libre de fréquenter qui il voulait. Ouais, mais s'il s'intéresse à un garçon, pourquoi pas moi ? je songe avec douleur avant de rapidement chasser cette pensée.
— Tu t'es fait tout beau pour aller le voir.
Excédé, Nathan abandonne ses révisions pour s'asseoir sur le lit, m'envoyant une regard lasse.
— Je me suis habillé.
— Tu t'es recoiffé, je réplique, contrarié.
— Clem, je ressemblais à un savant fou ! s'exclame-t-il en roulant des yeux. Estime-toi heureux que je me sois pas lavé les dents puis parfumer.
Son ton est sarcastique, je le sens, et je sonde son regard en fronçant les yeux. Il me fixe sans sourciller, imperméable. Putain ! je jure mentalement. Je déteste ce qu'il fait. Je n'arrive pas à savoir ce qui traverse son esprit et ce constat m'effraye.
Ce n'est pas plutôt que tu évite volontairement de voir ce qui se cache au fond de ses prunelles ?
— Ça t'as pas empêché de l'embrasser.
Il arque un sourcil et semble confus pendant quelques secondes avant de rétorquer :
— Euh... où t'as vu qu'on s'est embrassés ?
— Bah... vous... je..., je bredouille, pris de court.
N'est-ce pas ce qu'ils ont fait quand Jacques l'a attiré par la taille ? Il ne va pas me faire croire qu'ils se sont employés à un jeu de regard, je ne le croirais pas.
— Ouais, voilà, s'exclame-t-il en soupirant, exaspéré. Tu n'as aucune preuve et t'avances des choses ridicules.
— Excuse-moi, mais ça en donnait l'impression !
— Tout en haut de ton perchoir ? Bien à l'abri pour nous espionner ? réplique Nathan, ironique.
Je sens mes joues rougir, mélange de colère et d'embarras. Oui, je n'ai pas pu m'en empêcher, mais je ne peux tout simplement pas accepter la présence de Jacques dans les parages. Il m'insupporte.
Surtout parce qu'il a l'audace de faire une chose que tu évite consciemment : assumer.
— Arrête donc d'agir comme ça et retourne bosser.
— Nath...
— Non, coupe le châtain en me jetant un regard sans appel. Je vais pas non plus te donner toutes les cartes en main et attendre que tu avances sur le plateau. T'es chiant. Arrête de me prendre la tête avec ça. À chaque fois que j'ose prononcer son nom, ô malheur !, tu te braque plus vite que s'il s'agissait d'Enzo. Merde ! En quoi ça te gave qu'il ait un crush sur moi ? Hein ?
Ses yeux noisettes sont farouches et n'en démordent pas. Je sens mon palpitant s'emballer alors que la vérité s'imprime dans mon crâne sans que je ne le veuille. Je déteste voir ce motard lui tourner autour parce que Nathan m'appartient. Parce que je suis...
Stop ! je fronce les sourcils et tourne les talons en venant m'asseoir à mon bureau. Pour les révélations choques, on repassera. Je dois me concentrer sur les études. Et rien que là-dessus. Les questionnements encombrants seront pour plus tard.
Sans un mot, on se remet au travail, une tension bien présente dans la pièce. Je sens que la fin de journée sera longue...
Après la dispute, j'ai décidé de faire un petit break chez mes parents. J'avais besoin de décrocher un instant des révisions, de toutes ses salles constellées de fiches et de Nathan. Non pas parce que son comportement avec ce Jacques m'agace, mais parce que je deviens beaucoup trop conscient de sa présence. Et cela n'a pas que des effets positifs sur mon morale. Lorsque je suis avec lui, mes pensées convergent toujours dans sa direction - bien plus que d'habitude - et je me remets à questionner notre amitié.
Le doute fait partit intégrante de ma vie. Bleu ou rose ? Chocolat au lait ou chocolat noir ? Tennis ou ping-pong ? Mathématique ou anglais ? Céréales ou biscottes ? Amis ou non ? Pour tous les choix que j'ai pris dans ma vie, il y avait Nathan. Nathan et sa bonne humeur, son sourire, sa confiance, son humour, son énergie et surtout sa joie de vivre. Une hésitation et je n'avais qu'à me tourner vers mon meilleur ami. Il est capable de me lister chaque avantage et défaut tout en m'encourageant à suivre mon cœur. Et même si le choix est déjà fait au fond de moi, j'ai besoin qu'il me pousse pour oser franchir une ligne et m'imposer.
Sauf que là, il n'y a personne pour me rattraper si je chute. Qui sera là en guise de mauvais choix ? Qui sera présent si j'ose poser un mot sur tout ce que je ressens dernièrement ? Qui me rassurera ? Qui restera auprès de moi ? Sûrement pas le concerné. Ou peut-être que si. Mais encore là, le doute subsiste. On ne peut pas prédire l'avenir ni le contrôler, je le sais depuis que j'ai dix ans. La maladie du père de mon meilleur ami me l'a prouvé. Un jour, tout vas bien, puis le lendemain, le monde s'effondre. Et pourtant, ce n'est pas comme si on avait fait quelque chose pour précipiter cette chute. Alors comment choisir sans savoir ce qui va suivre ?
J'ai peur. Je suis terrifié.
Tout ce qui me ronge dernièrement n'a rien de merveilleux. Je sais que c'est là, tapis dans l'ombre, n'attendant qu'à sortir, et que ça se nourrit des miettes de ce que je peux m'octroyer. Mais le baiser à tout changé. Ou pas, finalement. Parce qu'au fond, mon cœur et mon âme sont toujours aussi chamboulés et je n'ai toujours pas de réponse.
Si, j'en ai une, je songe en sentant les larmes monter.
L'angoisse de me faire rejeter par la seule personne qui me connaît par cœur, qui m'aime inconditionnellement, qui représente l'entièreté de mon univers, me fait rester derrière les remparts de sécurité, ronger mon frein, et souffrir en silence. Je le vois. Je le sens. Mon cœur s'émiette parfois, il bondit à d'autres et tout mon corps réagit à la chaleur de Nathan avant d'exprimer son manque quand cette dernière disparaît.
Je suis dépassé.
Un sanglot m'échappe au moment où ma mère passe devant ma chambre. Elle se stoppe et pose la bassine de linges propres à côté de ma commode avant de s'assoir sur mon lit, caressant mes cheveux dans un geste affectueux. Je chasse rapidement mes larmes, n'aimant pas exprimer ainsi mon désarroi.
La majorité du temps, je suis contrôle. Quand Nathan n'est que tempête et indomptable, je suis logique et calme. Mes émotions sont verrouillées sous clés et ne débordent que lorsque je le commande. C'est inutile de pleurer pour rien, il y aura toujours quelque chose de pire. Le seul avec qui je ne peux rien contrôler, c'est toujours et encore ce châtain. Le seul de ma vie.
Cependant, ma mère n'est pas dupe et même si cela fait tellement d'année qu'elle ne m'a pas vu pleurer, elle me prend dans ses bras afin de me réconforter. Sa main échoue dans mon dos et je me blottis contre elle, respirant l'odeur de citron qu'elle dégage. Je n'ai jamais aimé son gel douche, mais en ce moment, son parfum me fait le plus grand bien.
— Oh mon cœur, qu'est-ce que tu as ?
Je ne réponds pas tout de suite, laissant des larmes silencieuses dévalées mes joues, ma tête enfouie contre le pull en laine de noël affreux que mon père lui avait offert l'année dernière. Des fois, ils s'offrent vraiment des horreurs ! Je me calme même si je me sens prêt à ouvrir les vannes d'une minute à l'autre et sèche rapidement mes joues, embarrassé.
— Tu t'es disputé avec Nathan ?
Si ce n'était que ça... Je suis partis sur une légère tension comme si nous étions incapable d'enterrer la hache de guerre à cause de ce stupide mec qui ne mérite même pas que j'enclenche le conflit avec mon meilleur ami. Je hausse les épaules avant de secouer la tête de gauche à droite.
— C'est un tout, je mens.
Elle caresse ma joue avant d'embrasser mon front et me prend délicatement les feuilles qui gisent autour de moi pour les rassembler et les poser sur ma table de chevet.
— Il te faut une pause.
— Je peux pas, c'est le PACES, c...
— Je sais, mon bébé, me coupe-t-elle en essuyant une larme traîtresse. Mais à ce rythme, tu ne vas jamais tenir. Un ou deux jours de break te ferait du bien. Si tu ne veux pas rester à la maison à cause du bruit, je le comprends. Tu peux aller chez Nath ou si tu veux, je te loue une chambre dans un hôtel pour que tu souffles. Juste un peu. Sors, va voir tes amis, va boire un verre, fait-toi un McDo... pourquoi tu n'irais pas en boîte ?
— T'incites ton fils à la débauche ? je rétorque avec un mince sourire.
Le sien est plus grand, sûrement soulagé que je parvienne encore à faire de l'humour.
— Je préfère que tu reviennes soûl et heureux plutôt que tu t'enfermes dans cette chambre pour ruminer. N'en fait pas une habitude quand même.
Je hoche la tête et médite ses paroles en silence, me mordillant la lèvre inférieure. Je ne compte clairement pas lui faire dépenser de l'argent, alors on oublie l'hôtel. Mais une sortie boîte ne me ferait pas de mal. Juste l'espace de quelques heures. De la musique, un peu d'alcool et des corps en mouvement. Oui, c'est une bonne idée.
— Rien d'autre ne te tracasse ?
Ah... les mamans et leur fameux sixième sens ! Je hausse les épaules et détourne le regard quand elle reprend :
— C'est parce que Nathan part à Paris l'année prochaine ?
Mon estomac se tord brusquement et ma gorge se noue à nouveau. Je l'avais complètement oublié celle-là. Foutu test académique ! En nous enfermant dans la chambre du châtain, j'ai totalement fait abstraction du monde extérieur et de cette réalité qui me rattrape bien trop vite. Je chérie ma bulle avec Nathan et je ne la vois pas éclater avant longtemps. Alors ce départ me fous carrément le cafard. Comme si elle percevait mon changement d'humeur, ma mère dépose un baiser sur mon front et se lève.
— Pour aujourd'hui, terminé les révisions ! Je te laisse trente minutes pour te remettre de tes émotions et ensuite, je veux te voir sortir de cette chambre et profiter un peu. D'accord ?
— D'accord..., je murmure.
Elle récupère sa bassine et je la suis du regard alors qu'elle s'attarde sur le pas de ma porte, se demandant si elle doit vraiment me laisser seul. J'esquisse un petit sourire et lui souffle :
— Merci.
Elle m'offre un regard plein d'amour avant de retourner à son occupation première. Je pousse un profond soupir et me laisse tomber contre l'oreiller.
Sortir.
Ouais... je vais appeler Aïdan. Ou Alex. Alex sera plus enclin à bouger son mec pour une boîte.
~~~
J'ai failli oublié de vous poster ce chapitre !!! 😱 Je suis en pleins préparatifs donc je ne pense pas que demain vous aurez un chapitre 😕 Je dois tout préparer pour ma semaine de vacances 😔 mais ne vous inquiétez pas, je ne vous oublie pas !
Clément ne s'avoue pas totalement les sentiments qu'il ressent, mais il y a du progrès ! Dans un sens... 😂
Je suis désolée, mais vous allez en baver du Jacques dans les prochains chapitres 😂 Il fait partie de leur histoire que vous le vouliez ou non 😜
J'ai mal au crâne alors je vous laisse là ! Bisous 😘
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro