Notre bonne humeur générale s'estompe rapidement, à mesure que nous nous approchons des studios. La foule s'amasse dangereusement à l'extérieur, venant s'écraser contre les vitres de notre voiture. Clairement, la situation dépasse tout le monde, y compris notre chauffeur qui hurle en espagnol dans son oreillette. L'incompréhension et l'inquiétude m'envahissent et je ne lâche plus un mot, priant pour qu'il n'arrive pas d'accident.

Dehors, des filles crient, d'autres pleurent, et je ne sais pas si c'est parce qu'elles se retrouvent tout près de leurs idoles, ou plutôt parce qu'elles sont étouffées par la foule. Alors que je fixe les visages plaquées contre les vitres, je sens une main se poser sur la mienne. Celle de Zayn.

« Ne t'inquiète pas Emma, glisse-t-il en esquissant un faible sourire. La voiture est immobilisée, il ne peut rien leur arriver.
-Mais regarde-les ! Pourquoi se mettent-elles dans des états pareils ? C'est inhum... »

Un cri d'effroi m'interrompt. Je fais volte-face et découvre un petite se faire bousculer dans tous les sens, jusqu'à se faire plaquer contre la vitre de notre voiture. Les larmes roulent sur ses petites joues rouges.

« Regarde Zayn, elle doit avoir l'âge de mes sœurs à peine ! »

Ma voix se brise et Louis entoure mes épaules de son bras pour que je me blottisse contre lui. Je ferme les yeux et me concentre sur sa respiration pour ne pas entendre les cris, les hurlements ou les pleurs. Cette impuissance est tellement frustrante.

Et soudain, un cri aigu retentit. Je me redresse d'un sursaut et ne distingue plus la petite fille.

« Où est-elle ? Je m'écrie.
-On ne sait pas, soupire Harry. Elle a dû ... »

Je ne laisse pas finir sa phrase et déverrouille la portière avant de m'élancer à l'extérieur. Au loin, j'entends la voix de Liam hurler :

« EMMA, NON ! »

Mais il est trop tard. A peine ai-je refermé la portière que e suis happée par le flot de gens. J'ai l'impression d'être une feuille morte prise dans un ouragan. Je ne contrôle absolument pas mes mouvements et lutte pour ne pas me retrouver au sol. Pourtant, je ne perds pas de vue ce qui m'a poussée à sortir de la voiture : retrouver la petite fille.

Je regarde partout autour de moi et ne distingue que des visages affolés. Je ne vois même plus la voiture. Mon cœur bat la chamade alors que j'essaie de ne pas laisser la panique m'envahir.

Et je l'aperçois. Elle est recroquevillée sur elle-même, assise par terre, la tête plongée dans les bras. Je suis obligée de repousser violemment les gens pour l'atteindre et m'abaisse vers elle lorsque j'arrive à sa hauteur. Elle relève la tête et plonge ses yeux embués de larmes dans les miens. Elle est effrayée.

Je ne parle pas un mot d'espagnol, alors je suis obligée de lui demander en anglais :

« Est-ce que tu vas bien ?
-Je ne comprends pas, sanglote-t-elle en français.
Un française ! Je remercie le hasard et m'adresse à elle en français.
-Comment tu t'appelles ma grande ?
-Léonie.
-Alors Léonie, viens avec moi. On va aller à l'intérieur et on va retrouver tes parents, d'accord ? »

Elle hoche simplement la tête et j'attrape sa main dans la mienne pour la relever.

« Je ne te lâche pas la main Léonie ! Je hurle en m'efforçant de lui sourire. »

Je sens sa main se refermer plus fort sur la mienne alors que je commence en essayer de nous frayer un chemin. Je ne sais même pas où je vais. Je veux juste nous éloigner de ce cauchemar. Mais cette marée humaine semble de ne pas avoir de fin.

« EMMA ! EMMA ! »

Je reconnais immédiatement la voix de Niall. Je pivote sur moi-même, sans parvenir à l'apercevoir.

« NIALL ! Je hurle comme dernier recours. NIALL, JE SUIS LA ! »

Mes espoirs s'envolent doucement lorsque je n'entends plus aucune réponse. J'ai l'impression que les cris autour de moi s'intensifient, que les secousses deviennent plus violentes. Et la petite Léonie semble se raccrocher à moi comme une bouée de sauvetage.

Et quand j'ai perdu tout espoir de retrouver Niall, une main se pose sur mon épaule, me forçant me tourner. Un poids gigantesque s'envole de mon estomac lorsque j'aperçois les yeux bleus de Niall. Ses sourcils sont froncés, sa casquette est retournée sur sa tête, il terriblement inquiet.

Je fonds dans ses bras et le serre contre moi de toutes mes forces.

« Ne me fais plus jamais ça Emma, fait-il à mon oreille. J'ai eu la peur de ma vie quand tu es sortie de la voiture.
-Pardon Niall. Je suis tellement désolée.
-On n'est pas très loin des studios. On va y aller à pieds. Les gars sont aussi ta recherche, je vais les prévenir que je t'ai retrouvée. Allez !
-Attends, il faut qu'on emmène Léonie. Elle est perdue. »

Niall jette un coup d'œil à la petite fille et sans réfléchir, se baisse vers elle pour la prendre dans ses bras. Cette dernière s'accroche à son cou et Niall me fait signe de le suivre.

« Ne me quitte pas des yeux, m'ordonne-t-il. »

Difficilement donc, Niall nous fraie un passage à travers la foule qui ne le reconnait même pas tant elle est hystérique. Et finalement, nous parvenons à rejoindre les studios où les vigiles nous laissent entrer tus les trois. Niall repose Léonie au sol dans un soupir et j'entends des voix m'appeler :

« EMMA ! »

En me retournant, je découvre Liam, Louis, Zayn et Harry qui courent vers nous, les visages souriants. Ils me serrent tous les quatre dans leurs bras.

« Stanfield, je ne sais pas ce qui me retient de t'en coller une ! S'exclame Harry en s'écartant de moi.
-Pardon les gars. Vraiment, je ne voulais mettre personne en danger. C'est juste que ... j'ai eu tellement peur pour cette petite fille.
-On a eu tellement peur qu'il t'arrive quelque chose, fait Zayn. Il y a des gens malveillants partout ...
-Et qu'est-ce qu'on serait devenus sans notre Emma, me sourit Louis.
-Et moi, qu'est-ce que j'aurais fait sans vous ? Merci d'être venus m'aider les gars. »

La tension accumulée redescend doucement et Léonie et moi parvenons à retrouver nos esprits. La petite fille m'apprend qu'elle se promenait avec ses parents lorsqu'ils avaient été séparés par cette marée humaine. Harry achète de quoi manger à un distributeur pour lui offrir et tous les cinq s'assoient avec nous sur les sofas du hall d'entrée.

« Et votre interview les gars ! Allez-y, je reste avec Léonie moi.
-Hors de question, répond Zayn, déterminé.
-On t'a déjà dit qu'on ne te laisse pas seule, ajoute Louis.
-Et puis on peut bien reporter cette interview à demain, fait Liam. »

Je leur souris simplement, reconnaissante, tandis qu'eux on l'air de penser que cette solution était parfaitement naturelle.

« Merci, je glisse alors. »

Après une bonne heure d'attente, on retrouve enfin, les parents de Léonie. Tous les deux accourent vers elles dès qu'ils franchissent l'entrée du hall et la serrent dans leurs bras en embrassant ses petites joues rouges. Ces retrouvailles sonnent comme la fin du cauchemar pour eux.

« Je ne sais pas comment on pourrait vous remercier, souffle le père en se retournant vers nous.
-C'est surtout Emma qu'il faut remercier, lance Louis. C'est elle qui s'est jetée dans cette foule pour aller aider Léonie.
-Merci infiniment Emma ! On n'oubliera jamais ce que vous avez fait pour nous, gémit la maman de Léonie en prenant mes mains dans les siennes.
-C'est normal, je réponds en lui souriant, un peu gênée. »

Les parents de Léonie nous remercient au moins une bonne dizaine de fois avant de nous quitter. Nous décidons donc tous les six de rentrer à l'hôtel et passons la soirée tranquillement, à regarder des films dans la chambre de Louis.

Epuisée, je sens mes yeux se fermer dans que je puisse y faire quoique ce soit, et je tombe dans un profond sommeil sur le lit de Louis.