Et le rideau se baisse.
Et les cœurs se déchirent.

Je déteste les lendemains de soirée. C’est sans doute la chose que je redoute le plus au monde. Alors que je me relève difficilement, je jette un coup d’œil autour de moi. Niall et Liam sont couchés à même le sol, une fille est étendue de tout son long sur le bar, des dizaines de gobelets jonchent le plancher, et Louis, qui dort blotti contre Eleanor sur un canapé, porte une couronne de princesse ridicule. Je glousse en apercevant les lunettes dessinées au marqueur sur le visage de Perrie, sans doute une idée de Zayn … La salle est dans un état abominable et c’est à ce moment que je comprends qu’être riche et célèbre peut avoir de bons côtés : Louis a probablement engagé plusieurs personnes pour nettoyer tout le bâtiment ce qui nous évitera de trimer. Je me dirige vers la sortie en essayant de ne pas marcher sur les personnes encore endormies. Par miracle, je réussis à trouver mon manteau au milieu d’une gigantesque pile de vêtements et l’enfile pour aller m’asseoir à l’extérieur. Je me laisse tomber sur les marches des escaliers et savoure les quelques rayons de soleil qui percent les gros nuages de Décembre.

J’essaie de faire un bilan de mes souvenirs : Niall et Zayn se sont emparés du micro du DJ en prétendant vouloir dédier un rap à Louis, Liam a renversé une dizaine de verres en voulant jouer les serveurs, j’ai sauté sur le dos d’une inconnue en pensant avoir à faire à Eleanor … Un sourire se dessine sur mon visage alors que je me remémore tous ces évènements, parfois amusants, parfois affreusement embarrassants. Mais mon sourire s’efface vite lorsque l’image de Zélie dansant langoureusement avec Harry me revient. Je crois que je l’ai prise à part pour la mettre en garde et je ne me rappelle pas l’avoir revue ensuite … Inconsciemment, je me mords la lèvre. Pourvu qu’elle n’ait rien fait qu’elle regrettera …

Soudain, j’aperçois Harry qui se dirige vers sa voiture, les mains fourrées au fond de ses poches, ses lunettes de soleil enfoncées sur son visage.

« Eh ! Harry ! Je hurle en lui adressant de grands signes. »

Il porte son regard vers moi, ses sourcils sont froncés. Il secoue la tête et s’empresse de grimper dans sa voiture pour démarrer au quart de tour. Maintenant c’est clair : ils ont merdé. J’attrape mon portable et compose le numéro de Zélie. Elle répond à la première sonnerie.

« Emma, je suis devant l’appartement de Melvin, souffle-t-elle. J’ai fait une connerie Emma …
Sa voix se brise et je l’entends sangloter.
-Calme-toi Zélie. Réfléchis avant d’aller le voir. Tu ne peux pas tout lui balancer comme ça !
-Je n’ai pas le choix, gémit-elle.
-Attends Zélie ! Surtout attends ! Je te rejoins.
-C’est trop tard, il arrive pour m’ouvrir. Je vais lui dire Emma, je dois lui dire …
-Non Zélie attends ! Je … »

Elle a raccroché. Je cours à l’intérieur de la salle pour secouer Niall.

« Niall ! Niall s’il te plaît ! Il faut que tu me conduises chez Melvin. Fissa !
Il cligne des yeux, peinant sans doute à mettre un nom sur mon visage.
-Que … Pourquoi ? Bredouille-t-il.
-C’est Zélie, elle a un problème … »

Niall se redresse rapidement, attrape son manteau et me prend la main pour m‘entraîner au pas de course vers sa voiture. Durant le trajet, je lui raconte toute l’histoire et lorsque nous arrivons enfin devant chez Melvin, Zélie est là, assise sur un banc, la tête plongée entre les mains.

« Tu veux que je t’accompagne ? Me demande Niall.
-Non, je pense que ça ira. Merci Niall …
Il m’embrasse en laissant ses lèvres traîner sur les miennes et me glisse
-Bon courage … »

Je descends de la voiture et me dirige vers elle. Zélie relève ses yeux rougis vers moi et entre deux sanglots m’annonce :

« C’est … C’est fini … »

Je la prends dans mes bras et la serre contre moi. Je ne peux rien faire de plus. Je ne peux que lui montrer que je suis présente, quoiqu’il arrive. Lorsque ses pleurs se calment, nous décidons d’aller chercher mes sœurs. Je remercie chaudement Johannah de s’en être occupé et nous rentrons toutes les quatre à ma maison. Personne n’y est. Comme d’habitude. J’insiste pour que Zélie passe la fin des vacances à ma maison et tandis qu’elle monte à l’étage prendre un bain, je cuisine aux jumelles des œufs brouillés.

« Pourquoi Zélie est triste ? Me demande Sarah en s’asseyant à la table de la cuisine.
-C’est parce que Melvin n’est plus son amoureux. Alors ça la rend malheureuse …
-Pfiou ! Moi non plus Nathan n’est plus mon amoureux, soupire Hannah. Mais je n’ai pas pleuré pour ça. On peut avoir plein d’autres amoureux de toute façon !
Je rigole en lui déposant son assiette.
-Tu as raison. Garde toujours cette idée en tête trésor.
Hannah me sourit, satisfaite en dévore ses œufs.
-Papa et maman vont bientôt rentrer à la maison ? Lance Hannah en posant sa tête entre ses mains.
-Ils doivent arriver après-demain, le jour où je repars.
-Tu sais, moi j’en ai marre. Même quand ils sont là, on dirait qu’ils ne sont pas là, grogne Hannah.
-Ils aiment plus leurs ordinateurs que nous, bougonne Sarah.
-C’est faux, je glisse en m’asseyant entre elles. Ils vous aiment très, très fort.
-Fort comment ?
-Fort jusqu’aux étoiles ! Je m’écris en chatouillant mes sœurs. »

Elles éclatent de rire en essayant de se défendre et finissent par détaler en courant. Combien de fois je me suis posé les mêmes questions qu’elles. J’en veux à mes parents de leur faire subir le même sort qu’à moi.

Nous passons l’après-midi à grignoter du pop-corn devant des Disney, enfouies sous de vieilles couvertures et nous nous couchons toutes les quatre très tôt dans la soirée, fatiguées par cette journée riche en émotion.

~.~.~.~.~.~.~.~

« IL A NEIGÉ ! IL A NEIGÉ ! »

Hannah et Sarah bondissent sur le lit que je partage avec Zélie en chantonnant à plein poumon. Zélie sourit doucement en faisant asseoir Hannah sur ses genoux.

« Vraiment ? Je m’étonne. Montrez-nous ça ! »

Elles nous entraînent vers le salon et je découvre effectivement le jardin recouvert d’une épaisse couche de neige. Mes yeux brillent face à ce paysage blanc et apaisant. Je retrouve toujours mon âme d’enfant devant ce spectacle hivernal.

« Emma ! On ouvre les cadeaux maintenant ? S’impatiente Sarah.
-Si tu veux trésor, souris-je. »

Les cadeaux emballés par mes soins sont disposés autour du sapin improvisé que nous avons monté hier. Fêter Noël le 26 décembre peut paraître atypique, c’est vrai. Mais je n’avais pas envie de précipiter cette cérémonie qui me tient à cœur, et la journée d’hier avait été trop bousculée pour organiser une remise de cadeau digne de ce nom. De toute façon, mes sœurs n’ont jamais cru au père noël. Mes parents ne s’embarrassent pas avec cette tradition plus naïve qu’autre chose à leurs yeux. Elles savent donc depuis toujours qui achète réellement les cadeaux …

Alors que les jumelles se jettent vers le sapin, la sonnette de l’entrée retentit.

« Qui ça peut bien être ? Me demande Zélie.
-Je vais ouvrir ! S’écrie Hannah. »

Ma sœur accourt vers l’entrée et un gigantesque sourire se dessine sur mon visage quand je vois apparaître Niall, Zayn et Perrie. Tous les trois ont les bras chargés de paquets.

« Vous êtes venus ! Je m‘exclame.
-On avait des colis à livrer, rigole Zayn en déposant ses cadeaux sous le sapin. »

Les filles sont aux anges alors qu’elles déballent chacun de leurs cadeaux. Elles hurlent en découvrant les justaucorps que je leur ai achetés, les peluches que Zayn et Perrie leur ont offerts, les jouets que Niall a emballés … Nous passons la journée tous les sept et Niall, Zayn et Perrie se joignent à nous pour partager le déjeuner que j’ai fait livrer par un traiteur.

L’après-midi, Niall et Zayn décident d’emmener Hannah et Sarah faire de la luge à l’extérieur de Londres tandis que je débarrasse la table avec Zélie et Perrie. Je m’aperçois que Zélie peine à masquer sa tristesse. Elle essaie de sourire mais les larmes lui montent aux yeux dès que quelqu’un fait une allusion à l’anniversaire de Louis. Perrie s’attache tout de même à lui remettre du baume au cœur grâce à son éternel sourire. Sans doute est-elle au courant de la situation.

Vers 17h, les gars nous rejoignent et nous ramènent les jumelles trempées par la neige, malgré leurs combinaisons. Je les envoie immédiatement prendre un bain.

« Bon, on va vous laisser, annonce Zayn.
-Merci de nous avoir invités Emma, me sourit Perrie en enfilant son manteau. C’était super.
-Merci à vous d’être venus, ça me touche vraiment …
-Avec plaisir, me susurre Niall en déposant ses lèvres sur les miennes. On passe te chercher demain après-midi, direction le Canada ! »

Je glousse en renfonçant son bonnet sur ses oreilles et tous les trois quittent la maison. Quelques minutes plus tard, alors que je prépare ma valise pour repartir en tournée, mon portable sonne.

« Allô ?
-Emma ? C’est papa.
-Salut papa ! Vous allez bien ?
-Oui, tout va bien. Je t’appelle parce-que nous allons avoir un petit contretemps avec maman. Tu sais … nous sommes sur un gros contrat avec des clients coréens depuis plusieurs semaines. Ils devaient nous donner leur accord pour devenir actionnaires de notre journal. Malheureusement, ils ne nous ont toujours pas délivré leur feu vert, et … on va devoir rester un peu plus que prévu ici …
-Combien de temps ?
-C’est une question de jours … peut-être trois, ou quatre …
-Attends papa, tu plaisantes là ? Donc tu veux que Sarah et Hannah se gardent toutes seules ? Tu sais pourtant que je repars en tournée demain !
-Oui, je sais. C’est pour cela que j’ai demandé à ma mère de venir s’en occuper. Elle doit arriver demain.
Je sens des larmes de colère monter en moi.
-Mais papa ! Vous n’accordez donc aucun intérêt à vos propres filles ?! C’est Noel ! On est censé passer ces vacances en famille ! Pas avec ses collègues de bureau !
-C’est compliqué pour nous Emma. Comprends-le …
-NON ! Je ne comprends pas que vous puissiez mettre les jumelles de côté encore une fois. Vous leur aviez promis …
J’entends mon père soupirer.
-Je vais devoir raccrocher Emma.
-Comme d’habitude … Sinon, si ça t’intéresse, les filles vont bien. Elles ont passé un très joyeux noël, même si elles étaient malheureuses de ne pas pouvoir le partager avec vous. »

Et je mets fin à cette conversation qui ressemble davantage à un dialogue de sourds qu’à autre chose. J’essuie les larmes qui perlent sur ma joue en jetant mon portable sur mon lit.

« Emma ? Fait une petite voix derrière-moi. »

Je me retourne et découvre Hannah et Sarah, vêtues de leurs pyjamas roses et violets, les cheveux encore mouillés par l’eau du bain.

« C’était papa ? Il rentre demain pas vrai ? Glisse Sarah, l’air inquiet.
-Ils ont eu un empêchement Sarah, je réponds en m’accroupissant près d’elles.
-Qu’est-ce que c’est un empêchement ? Me demande Hannah.
-Ils auront un peu de retard …
-Oh non … gémit Sarah. »

Les yeux d’Hannah s’assombrissent, elle serre les poings et court s’enfermer dans sa chambre.

« Emma … je suis malheureuse, comme Zélie, sanglote Sarah.
Je la prends dans mes bras et caresse ses cheveux doucement.
-Je suis désolée Sarah, je lui chuchote. Je suis tellement désolée. »

Je ne sais pas quoi dire de plus. Je suis atrocement en colère contre mes parents, mais je m’efforce de ne pas le montrer à mes sœurs.

« Tu vas rester plus longtemps avec nous alors ? M’interroge Sarah avec une lueur d’espoir.
-Je ne peux pas, je dois repartir en tournée … C’est mamie Claudia qui va venir passer quelques jours à la maison. »

Les pleurs de ma sœur redoublent et je la prends dans mes bras pour la calmer. Tout en la berçant, je me dirige vers leur chambre et frappe à la porte.

« Hannah, je peux entrer ?
-NON ! »

Je brave l’interdiction de ma sœur et ouvre la porte. Hannah est blottie dans son lit et s’est entourée de toutes ses peluches. Elle fait toujours ça lorsque quelque chose l’effraie. Je m’assois sur l’autre lit et dépose Sarah sur mes genoux.

« Hannah, trésor, ce n’est que pour quelques jours …
-Ils disent toujours ça ! Crie Hannah, la tête enfouie sous un ourson.
-Je sais que ça te fait de la peine. Mais je t’assure qu’ils ne voulaient pas te rendre malheureuse …
-J’en ai marre d’être toute seule, sanglote-t-elle.
-Hannah, viens-là, je glisse en lui tendant mon bras libre. »

Elle relève prudemment la tête et après quelques secondes d’hésitation, vient se blottir contre moi. Je serre mes deux sœurs du plus fort que je peux et m’allonge sur le lit de Sarah en leur caressant les cheveux.

« Ça va aller les filles. Vous ne serez jamais seules parce que moi, je vous aime de tout mon cœur. Et jusqu’aux étoiles. »

Les lourds sanglots de mes sœurs se calment et elles finissent par s’endormir, l’une contre l’autre. Je rabats la couverture de Sarah sur elles et quitte leur chambre pour regagner la mienne. Zélie est là, blottie dans mon lit, face au le mur. Elle essaie de dissimuler ses sanglots en toussotant. Je m’approche d’elle et l’entoure de mon bras.

« Zélie …
-Je l’ai tellement blessé, gémit-elle. Si tu avais vu comment il m’a regardée quand je lui ai tout avoué. Je le dégoute. D’ailleurs je me dégoute moi-même …
-Tu as commis une erreur. C’est humain. Je t’en prie, pardonne-toi-le, tu ne peux pas t’en vouloir indéfiniment.
-Je … je n’arrive pas à passer à autre chose Emma. Je n’arrive pas à croire que nous ne sommes plus ensemble … »

J’essaie tant bien que mal de la réconforter alors que la culpabilité l’envahit. Et lorsqu’elle s’endort enfin, je reste incapable de trouve le sommeil. Mes sœurs et Zélie sont cruellement malheureuses et leur douleur m’accable. Alors lorsque je me lève le lendemain matin, ma décision est prise. Je me saisis de mon portable et adresse un message à Niall.

« On doit parler, rejoins-moi au parc de mon lotissement dès que tu peux. »

Quelques minutes après, je reçois :

« Je suis en route. »

Je m’habille rapidement et quand je m’apprête à partir, j’aperçois Zélie, encore en pyjama, en haut des escaliers.

« Tu t’en vas ? Me demande-t-elle.
-Oui, je vais prendre l’air. Je n’en ai pas pour longtemps. »

Je referme la porte derrière-moi et avance à reculons pour aller annoncer à Niall cette décision qui m’a tenue éveillée toute la nuit.

Le parc est désert, recouvert d’une lourde pellicule de neige. Niall est là, adossé contre un arbre, soufflant dans ses mains pour les réchauffer. Il me sourit en m’apercevant et se précipite vers moi.

« Emma, tout va bien ?
-Oui, je … Il faut que je te dise quelque chose.
-Est-ce que c’est par rapport à tes sœurs ? Je suis désolé si elles ont attrapé froid ! On ne voulait pas…
-Non, non ! Ça n’a aucun rapport avec ça …
-Ah. Alors que t’arrive-t-il ?
-Voilà. J’ai beaucoup réfléchi et j’ai dû prendre une décision. Il faut que tu saches que ça n’a pas été facile pour moi, j’y ai pensé toute la nuit et je ..
-Emma, viens-en aux fait ! Que se passe-t-il ?! »

Je soupire en passant une main dans mes cheveux. Courage Emma. Dis-lui ! Ses yeux bleus me fixent avec inquiétude et je m’entends lui annoncer :

« Je … je ne vais pas continuer la tournée.
Niall semble prendre une claque monumentale à cet instant.
-Que … quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ? Enfin, tu sais bien que notre avion part dans 4h ! On va au Canada, tu l’as oublié ? Rigole-t-il nerveusement.
-Je ne viendrai pas Niall …
-Mais je … pourquoi ?!
-Je ne peux pas laisser mes sœurs. Elles n’ont personne à part moi. Mes parents se soucient plus de leurs prochains clients Coréens que de savoir si elles sont heureuses dans leur école. Je ne peux plus faire semblant de ne pas savoir ! J’ai vécu la même situation qu’elles. Je refuse de les entendre pleurer le soir dans leurs lits parce qu’elles se sentent délaissées. Et je ne peux pas non plus laisser Zélie seule alors qu’elle est affreusement malheureuse. Je … je suis désolée Niall.
Son visage se durcit  alors qu’il me répond
-Sûrement pas autant que moi. Etre en couple c’est faire des compromis Emma.
-Tu ne peux pas me demander de choisir entre elles et toi …
-Pourtant tu l’as déjà fait il me semble.
-Je ne peux pas tout envoyer valser Niall !
-ET MOI QU’EST-CE QUE JE FAIS ? Hurle-t-il. J’ai laissé ma famille pour passer Noel avec toi. Mon neveu est en train de grandir sans que je puisse être présent ! Et tout ça pour toi !
-Je ne t’avais rien demandé.
Je regrette ces paroles aussitôt qu’elles sont sorties de ma bouche. Niall a un mouvement de recul.
-Tu n’as vraiment rien compris, siffle-t-il. Tout ce que je t’ai dit depuis le début, tu ne l’as pas compris … Si j’ai fait tous ces sacrifices, c’est parce que je t’aime Emma. Je suis amoureux de toi, putain ! Je sais pertinemment que tu ne m’as rien demandé, et c’est pour ça que je le faisais. Et ça va bien au-delà de ma famille, j’ai pris des risques !
-J’en ai pris aussi ...
-Ça n’a rien à voir.
-Ça a tout à voir.
-Non ! Tu ne comprends pas !
-Alors explique-moi. J’ai tout mon temps.
Niall soupire et me balance
-J’ai pris des risques en m’affichant avec toi. C’est difficile d’assumer une relation lorsque l’on est célèbre.
Mon souffle se coupe à cet instant. Il ne m’aurait pas fait plus mal s’il m’avait giflée.
-Qu … quoi ?! Je m’étrangle.
-Se mettre en couple, ça signifie une prise de distance avec nos fans. Du moins avec certaines d’entre elles. C’est dangereux pour notre image. Ça peut compromettre ce qu’on représente.
-C’est impossible … ce n’est pas toi qui est train de me dire ça …
Niall s’approche de moi pour prendre ma main dans la sienne. Je la retire aussitôt.
-Non Niall ! Je ne veux pas être un fardeau pour l’industrie des One Direction. Après tout, tu pourrais perdre de l’argent à cause de moi. Combien d’ailleurs ? 2 millions ? 3 millions ?
-Arrête Emma, c’est stupide…
-Peut-être que tu as raison. Peut-être qu’on se tire vers le bas tous les deux. Et je ne voudrais pas être le boulet qui t’empêches de vivre ton rêve.
-Ce n’est pas ce que je voulais dire.
-Ah oui ? Mais c’est ce que tu as dit.
-N’en rajoute pas ! Tu compliques toujours tout.
-Je n’arrive pas à croire ce que je suis en train d’entendre. Alors depuis tout ce temps tout ce qui t’intéressait dans notre relation c’était « Comment mes fans vont le prendre ? ». Au final, nous deux c’était superficiel ? Et dire que quand moi je pensais simplement marcher avec toi dans la rue, toi tu pensais au nombre de dollars que tu étais en train de perdre …
-Je te mentirais si je te disais que je n’y pensais pas. Mais c’est normal ! Je ne peux pas me voiler la face sous prétexte que ça fait mieux.
-On ne voit pas les choses de la même façon à l’évidence. Finalement tu as peut-être raison : je ne te comprends pas. Et puisqu’on en est arrivés là je … Je pense qu’il vaut mieux qu’on arrête de se voir.
Niall me fixe mais il m’est impossible de le regarder dans les yeux. Il se passe plusieurs secondes avant qu’il ne me chuchote
-Emma, regarde-moi dans les yeux et dis-moi que c’est vraiment ce que tu veux. Que tu ne veux plus me voir.
Je vais craquer, je le sens. Alors je m’efforce de lever les yeux vers lui pour lui glisser
-Au revoir Niall. »

Et je tourne les talons pour quitter le square. Les larmes s’échappent instantanément de mes yeux et je ne sais grâce à quel miracle mes jambes me portent hors de parc. Qu’est-ce que je suis en train de faire ? Suis-je vraiment en train de quitter l’homme de ma vie ? Le seul qui me comprenne sans que je n’aie besoin de parler ? Le seul qui fasse battre mon cœur à la chamade rien qu’en me souriant ?

J’aurais tout donné pour qu’il me courre après et me rassure. Je t’en supplie Niall, prends ma main et serre la dans la tienne, dis-moi que tu m’aimes plus que tout et qu’on ne laissera personne nous séparer. Serre-moi contre toi et promets-moi que tu ne peux pas vivre sans moi, qu’il n’y aura jamais de toi sans moi et de moi sans toi. Dis-moi que tout ce que tu m’as dit jusqu’à présent, ce n’était pas des paroles en l’air. Dis-moi tout ça parce que je te jure que moi je le pense de tout mon cœur.

Mais la réalité en décide autrement. Mes pas s’enfoncent à travers la neige, dans un bruit sourd et feutré. Les flocons viennent se déposer sur mon visage rougi par le froid et les larmes et je rentre seule chez moi.

Ne me laisse pas partir. Fais-moi un signe. N’importe quoi.

 Et alors que je passe le portail du parc, une douleur atroce me tord l’estomac. Je l’ai perdu. J’ai tout perdu.