Chapitre 38 : Stay (Point de vue de Louis)
Partie 3 : Point de vue de Louis.
La vie est cynique, les circonstances n’en sont que plus mesquines.
« LOUIS, LOUIS ! Si vous m’entendez pressez-moi la main ! »
Cette voix résonne dans mes oreilles comme une musique des plus désagréables. Je n’ai aucune envie de faire l’effort de contracter ma main pour serrer la sienne mais je m’exécute tout de même pour qu’elle cesse de me hurler dessus. La personne parut s’en satisfaire puisque je l’entendis bredouiller quelques mots avant que sa voix ne disparaisse. Où suis-je ? J’essaie de rassembler mes esprits pour me concentrer mais en vain. Il faut que j’ouvre les yeux. Avec une difficulté surhumaine, je bats légèrement des paupières et parviens à entrouvrir mes yeux. La forte lumière m’éblouit, j’entends des murmures. Tout autour de moi est blanc : les murs, le plafond, ma couverture, mes perfusions … Mes perfusions ? Je ne comprends pas.
J’examine la pièce et me rends compte que je ne suis pas seul : Harry est à mes côtés, ses boucles foncées plongées dans ses mains. Il a l’air terrassé. Pourquoi ? J’aurais envie de lui poser des dizaines de questions mais au lieu de cela, je me contente de murmurer :
« Harry … »
Mon ami trésaille en entendant ma voix et relève brutalement la tête. Un léger sourire éclaire son visage et la porte de ma chambre s’ouvre au même moment. Liam et Zayn entrent en trombe et fondent vers mon lit.
« Louis ! S’exclame Zayn. Putain on est tellement content de te voir … »
Ses yeux sont rougis et sa peau basanée a viré au blanc cassé. Pourquoi est-il content de me voir ? Il y a quelques minutes à peine nous répétions ensemble …
« Les gars je … qu’est-ce qu’on fait là ? Je bafouille. »
Tous les trois se jettent alors des regards embarrassés, presque interdits. Jamais je n’avais vu mes amis comme cela. Habituellement, il n’y a aucune pudeur entre nous. Nous n’avons jamais hésité à nous confier quoi que ce soit, qu’il s’agisse de nos copines, de nos familles ou de notre carrière. Quand l’un d’entre nous a quelque chose sur le cœur, il crève l’abcès illico. C’est notre principal point commun à tous les cinq. D’ailleurs …
« Où est Niall ? Je demande en me redressant.
Harry soupire puis prend les devants.
-On a eu un accident Louis. Il y a une bonne heure maintenant. Tu as été projeté hors de la voiture et tu as perdu connaissance. Niall n’a pas été touché, il est dans la chambre d’Emma … »
Les souvenirs me reviennent petit à petit en mémoire. Oui, je me souviens de la rue dans laquelle nous étions garés. Je me souviens du sourire de Niall et de la robe fleurie d’Emma. Je me souviens du cri de Preston et de ce camion qui arrivait à toute allure sans qu’Emma ne l’aperçoive. Je me souviens avoir voulu plonger vers elle pour la retirer vers moi. Ses yeux m’avaient supplié de lui venir en aide, mais je n’avais rien pu faire, ne pouvant que constater mon impuissance. Et puis plus rien. Son visage terrifié est la dernière chose que je puisse me remémorer.
« Où est-elle ? Je m’inquiète.
Personne ne daigne me répondre.
-OU EST-ELLE ?! J’éclate.
-Elle est dans la chambre face à la tienne, glisse Liam.
-Il faut que je la voie, je décrète en me levant.
-Non Louis, tu ne dois pas te lever, s’exclame Liam en venant vers moi. »
Il essaie de m'en convaincre mais cède finalement, sachant pertinemment que je suis aussi têtu que chacun des membres de notre groupe. Quand on a quelque chose en tête, rien ni personne ne peut nous faire changer d'avis.
J’ôte les perfusions de mon bras, me hisse sur mes pieds tant bien que mal et me dirige vers la porte qui fait face à la mienne. Mon souffle devient difficile et je sens mes jambes fléchir à mesure que j’approche de cette porte qui me sépare de ce que je redoute le plus au monde. Je jette un coup d’œil aux gars qui me suivent à la trace, Zayn pose sa main sur mon épaule en signe de compassion ; je me rends compte que leur présence me rassure. J’actionne la poignée et mon souffle se coupe lorsque j’ouvre la porte.
Ma meilleure amie, celle à qui je dois tout, celle dont la seule présence me redonne le sourire, celle qui me fait rire comme personne, celle qui s’est toujours battue contre mes craintes … elle est là : étendue, inanimée, reliée à des dizaines de machines, comme une vulgaire patiente.
« C’est impossible, je gémis imperceptiblement. »
Allez Em’, lève-toi ! Viens dans mes bras, coller ta joue contre mienne, passer ta main dans mes cheveux. Dis-moi que tout ceci n’était qu’une gigantesque mascarade. Une mascarade de très mauvais goût. Rassure-moi, fais-moi rire, parle-moi, énerve-toi contre moi mais ne reste pas allongée comme ça. Tout sauf ça. Dire que c’est moi qui ai proposé l’idée de se rendre en ville pour acheter à manger. La culpabilité me ronge de façon inévitable. Quel abruti putain !
Niall est assis à ses côtés, il lui tient la main. Son sourire coutumier a déserté son visage, évincé par un torrent de larmes. Machinalement, je me dirige vers lui et le serre contre moi de toutes mes forces. Il pleure dans mes bras et j’en fais autant. Tout son corps est secoué par de violents sanglots alors qu’il geint mon prénom sur un ton implorant. J’aimerais l’aider, j’aimerais apaiser ses souffrances. J’ai toujours refusé que Niall soit exposé à un quelconque tourment, malheureusement aujourd’hui j’en suis incapable. Je suis impuissant. Fatalement impuissant.
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