Le bruit de la porte qui claque résonna dans ma tête jusqu’à ce que Zayn ne brise le silence.

« On ferait bien de rentrer, glissa-t-il. Je vais essayer de lui parler… »

J’hochai la tête en le fixant. Je devais avoir l’air perdue puisqu’Harry vint passer un bras autour de mes épaules pour me serrer contre lui.

« Ça va aller Em’. Tout va rentrer dans l’ordre, me susurra-t-il. »

Sentir que Liam était malheureux me blessait infiniment, mais la voix roque et rassurante d’Harry m’apaisa. Il laissa son bras autour de moi et nous partîmes vers la voiture. Dans le couloir, tous les membres de l’équipe que nous croisions semblaient mal à l’aise, hébétés. Rob et Caroline me sourirent faiblement. Sourire auquel je ne trouvai pas le courage de répondre, le cœur n’y était pas. Preston nous apprit que Liam avait pris un taxi pour rentrer. Nous montâmes donc tous les cinq en voiture pour nous rendre à l’hôtel. C’était étrange de constater à quel point la présence de Liam était nécessaire. Il nous faisait défaut, c’était indéniable et nous le ressentions au plus profond de nous-mêmes. Je jetai un coup d’œil aux gars : Niall et Zayn avaient tous les deux le visage appuyé contre la vitre, Harry faisait rouler sa bague autour de son doigt et Louis fixait ses pieds. Aussi inhabituel que cela ne puisse paraitre, aucun de nous ne décocha un mot du trajet.

Preston nous déposa à l’hôtel et nous montâmes immédiatement dans notre suite. J’attrapai la main de Niall en entrant et la serrai fort. Zayn partit en direction de la chambre de Liam tandis que nous restâmes dans le salon. Il revint quelques secondes après et nous lança :

« Liam n’est pas dans sa chambre.
Je serrai plus fort la main de Niall.
-Je vais essayer de l’appeler, fit Louis. »

Il porta son téléphone à son oreille et nous entendîmes au même moment une sonnerie s’échapper de la cuisine. Niall s’y précipita et en ressortit avec le portable de Liam dans les mains.

« Ok, là ça devient inquiétant, s’exclama Niall en retournant sa casquette.
-Il est 23h30 ! Où peut-il bien être ? S’inquiet Harry.
-On se sépare et on le cherche, proposai-je.
-On ne peut faire que ça de toute façon, acquiesça Zayn. »

Nous décidâmes donc de partir chacun de notre côté. Harry et Zayn se dirigèrent vers les alentours de l’hôtel, Niall partit en direction des terrasses, Louis décida d’inspecter le restaurant et je n’avais aucune idée de l’endroit où aller.

« Réfléchis, pensai-je. Où Liam pourrait-il bien aller pour y voir plus clair … »

Soudain, je me souvins d’une discussion que nous avions eue un jour où nous nous étions tous rendus à Holmes Chapel, chez la maman d’Harry. Avec Liam, un matin où nous nous étions réveillés avant tout le monde, nous avions profité de la température douce pour aller courir. Nos pas nous avaient menés jusqu’à un espèce d’étang au bord duquel nous nous étions assis. Tous les deux à bout de souffle, nous profitions de l’air frais, n’écoutant que le seul bruit du vent dans les arbres. Liam m’avait alors confié :

« C’est fou comme les plans d’eau de ce style peuvent m’apaiser. L’eau immobile comme ça, ça me permet de réfléchir. C’est stupide hein ? Mais je trouve ça hyper rassurant en fait. Il y a des trucs comme ça, tous cons, mais dont on ne peut pas se passer ! »

Je ne me souviens plus de ce que j’avais répondu. J’avais probablement dû lui donner raison. Ça n’était peut-être que des paroles en l’air mais j’avais l’intime conviction que Liam m’avait alors parlé de façon sincère. Je n’avais pas grand-chose à perdre quoi qu’il advienne.

Je me dirigeai donc vers l’accueil et demandai à l’hôtesse :

« Excusez-moi, est-ce que vous savez s’il y a un plan d’eau dans les environs ? Un lac, un étang ou quelque chose dans ce genre …
La jeune femme parut réfléchir.
-Hum, non je suis désolée, je ne vois pas …
-Oh. Tant pis … ce n’est pas grave … merci quand même.
J’allais partir lorsqu’une femme âgée posa sa main sur mon épaule et me glissa
-Mademoiselle, en fait il y a bien un étang à deux pas d’ici. Longez l’hôtel puis prenez à gauche et continuez tout droit. Vous y tomberez dessus.
-Merci Madame, vraiment ! Est-ce qu’il y a quelque chose que je puisse faire pour vous remercier ?
-Eh bien … à vrai dire je cherche des adversaires pour m’affronter à la belote. Peut-être pourriez-vous me rendre visite dans ma chambre … C’est la 320.
-Ça sera avec plaisir. Je viendrai demain, promis-je.
-Et prenez le jeune frisé avec vous. Il sera mon partenaire… »

Je rigolai en lui assurant qu’Harry m’accompagnerait. Elle me lança un doux sourire et je me mis à courir en dehors de l’hôtel. Je suivis le chemin indiqué par la vieille femme et arrivai face à ce petit étang. Il faisait nuit noire mais la lumière d’un réverbère venait en éclairer une partie. Et c’est à cet endroit que je le vis. Il était assis sur une palissade en bois qui bordait la rivière, la tête baissée, les pieds dans le vide. J’envoyai un message aux garçons pour les prévenir que je l’avais trouvé puis m’avançai doucement dans sa direction.

« Il faut que je te parle de quelque chose, lâchai-je.
Liam tressaillit en entendant ma voix mais ne décolla pas son regard du sol. Je me hissai à ses côtés sur la balustrade et continuai
-En fait non, c’est plutôt de quelqu’un en particulier dont il faut que je te parle. Il y a un moment, six mois maintenant je crois, j’ai fait la connaissance d’un garçon. On s’est tombé dessus par hasard et l’impact qu’il a eu sur ma vie a été énorme. Pire qu’une météorite. Alors tu dois sans doute te dire « Ce mec est gonflé pour s’imposer comme ça dans la vie de quelqu’un ! ». C’est vrai. Ce gars-là a un cran pas possible, il n’en démord jamais. Il n’est pas du genre à lâcher l’affaire, non. C’est plutôt un obstiné à vrai dire. Et je l’ai toujours admiré pour ça. Donc on a appris à se connaitre jusqu’à tout savoir l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’il me devienne indispensable. D’ailleurs, un jour il m’a dit « Il y a des trucs comme ça, tous cons, mais dont on ne peut pas se passer ». Moi c’est de lui dont je ne peux pas me passer. Peut-être parce qu’il me parait intouchable. C’est ce que les gens pensent de lui en fait. Mais le truc, c’est qu’il est comme tout le monde. Il prend des coups. Il est peut-être moins habitué à en recevoir alors il se demande comment réagir. Il n’a pas envie de faillir à son image d’homme intouchable. Donc il garde tout pour lui. Ah ! Et je me souviens aussi du jour où il m’a parlé du proverbe « Tu tombes, je tombe » (Voir Tome I chapitre 52 : Say the word, but don’t say no). Tu sais ce qu’il m’a dit à propos de ça ? Il m’a dit que c’était une phrase de faibles et qu’entre nous deux c’était « Tu tombes, je te relève ». Je n’oublierai jamais ce jour où il a été là pour moi. Aujourd’hui je veux lui rendre la pareille. Mais pour ça j’ai besoin qu’il me fasse confiance. Et je sais qu’il en est capable. Tu en es capable Liam. »

Liam releva ses yeux embués de larmes vers moi et je posai ma main sur la sienne. Ce fut comme un déclic pour lui. Il plongea son visage humide dans mon cou tandis que je glissai mes mains autour du sien. Il craquait. Il sanglotait bruyamment, sa respiration était haletante alors qu’il se laissait aller dans mes bras. Je passai ma main dans ses cheveux en faisant de petits gestes circulaires.

« Pleure Liam, murmurai-je. Tu peux te l’accorder. »

Les larmes roulaient sur ses joues, s’écrasant sur mon tee-shirt. Son cœur était déchiré, ça ne faisait aucun doute. Ses sanglots s’espacèrent petit à petit et Liam parvint à se calmer. Il essuya ses yeux rouges du revers de sa main et me glissa :

« Je … je suis désolé pour ton tee-shirt. Je l’ai fichu en l’air …
Je lui souris en posant ma main sur sa joue. J’avais bien retrouvé mon Liam, un de mes cinq meilleurs amis. Le garçon le plus attentionné qu’il m’ait été donné de voir.
-Je me fiche complètement de ce tee-shirt. »

Liam me sourit faiblement et reporta son regard vers l’étang. Je posai ma tête sur son épaule et il passa son bras autour de ma taille en m’embrassant dans les cheveux. Il hésitait, je le voyais mais il finit par rompre le silence en se lançant :

« Elle m’a quitté.
Je retins mon souffle.
-Aujourd’hui. Quand nous étions dans l’avion, elle m’a dit qu’elle avait besoin de me parler et je savais ce qu’elle voulait me dire. Alors je l’ai appelée quand vous êtes allés à la salle de sport. Ça fait un moment que je me pose des questions sur nous deux tu sais, je ne savais pas trop où notre histoire nous mènerait. Moi sur les routes autour du monde, elle étudiante à Londres. Malgré tout, j’avais envie d’y croire, je voulais nous donner une chance. Mais la retenir aurait été égoïste, elle ne pouvait pas m’attendre indéfiniment. Je n’ai pas le droit de lui imposer ça, tu comprends ? Alors je l’ai laissée partir. Pourtant je l’aime Emma. Si tu savais comme je l’aime. Je remuerai ciel et terre pour la voir sourire. Je me sens vide sans elle. Je me sens perdu.
Un sanglot l’empêcha de continuer. Je pris sa main dans la mienne et me blottis plus fort dans ses bras.
-La décision que tu as prise est la plus courageuse qu’il m’ait été donné de voir. Je sais Liam. Je sais combien ça t’a déchiré de lui lâcher la main. Je sais que tu as peur d’être seul sans elle. Mais je te promets que tu trouveras le moyen de relever la tête. Et sois sûr que jamais tu ne seras seul parce que je serai derrière toi quoiqu’il arrive. Aujourd’hui tu t’es conduit comme un homme courageux. Sophia n’était peut-être pas la bonne. Mais il y a une fille qui t’attend quelque part et qui ne demande qu’à t’aimer. Ça me tuera sans doute de te laisser partir avec elle, mais je t’assure que tu la trouveras. Et je serai là pour lui casser la figure si elle essaie de jouer avec toi !
Liam rigola doucement
-Tu ne sais même pas te battre, me glissa-t-il.
-J’apprendrai ! Ou tu m’apprendras sinon ! Toi tu sais te battre au vu du coup de poing que tu as envoyé à Alex il y a plusieurs mois (Voir Tome II, Chapitre 13 : Behind you).
-Ce connard l’avait bien cherché…
-Et ben j’aimerais te défendre aussi bien que ce que tu as fait ce jour-là…
Liam plongea son regard dans le mien et me répondit avec toute la sincérité du monde
-Tu l’as déjà fait. Tu te bats contre nos craintes depuis le jour où on s’est rencontrés.
-Et je ne cesserai jamais Liam. Je t’en fais la promesse.
Mes paroles semblèrent le soulager
-On ferait bien de rentrer, fit-il. Je crois qu’il y a des gens auprès de qui je dois m’excuser. »

Nous descendîmes de la barrière et reprîmes le chemin de l’hôtel. Avant d’arriver, Liam s’exclama :

« Attends Em’, je … Merci. Je sais, c’est ridicule de juste te dire merci. Mais je ne sais pas quoi dire qui pourrait te montrer à quel point je te suis reconnaissant.
Je posai ma main sur son torse solide et levai les yeux vers lui.
-Tu n’as rien à me prouver Liam. Je sais déjà tout, souris-je
Il me renvoya mon sourire
-Et puis j’ai toujours une longueur d’avance, tu devrais le savoir ! Lançai-je en entrant dans l’hôtel. »

Liam éclata de rire avant de me suivre. Parfois dans la vie on se tord la cheville et on lève les yeux pour trouver du soutien. Je ferai toujours tout mon possible pour être présente à ce moment-là dans les vies de Zayn, Louis, Niall, Harry et Liam.

~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.~.

Bon j'ai décidé de vous posez des petites questions maintenant pour connaitre votre avis !
Qu'est-ce que vous avez pensé de cette confrontation Liam/Emma ?
Comment vous avez trouvé le discours d'Emma quand elle a vu Liam ?

Dites-moi tout ! ;)