Le bruit d'une tondeuse à gazon provenant d'une maison aux alentour voisine vient nous réveiller et a l'effet d'un marteau piqueur sur mon crâne. Niall émet un râle et retire doucement le bras qu'il avait posé autour de moi. Je me redresse difficilement et me frotte les yeux. Evidement, je constate que mes mains sont toutes noires à cause du maquillage que je viens de frotter. Je ressemble probablement à un panda.

« Qui a eu l'idée de dormir sur du carrelage ? Je grogne.
-Il me semble que c'était toi, rétorque Louis, toujours allongé.
Je soupire en portant une main à ma tempe qui me lance.
-Je ne boirai plus jamais d'alcool, je gémis
-Tu sais pourtant qu'il ne faut jamais dire « Fontaine, plus jamais je ne boirai de ton eau », raille Harry.
-D'autant que ce serait regrettable, s'esclaffe Liam. Après le spectacle que tu nous as fait hier au restaurant.
L'image de moi en train de pousser le majordome par l'index me revient en mémoire.
-Mon dieu ... Dites-moi que je n'ai pas ... Oh non, ne me dites rien. Je préfère ne rien savoir.
-Moi je me souviens de tout, et j'ai rarement autant rigolé que lorsque tu as insulté tous les clients, fait Zayn hilare. Ah, sacrée Emma !
-Non, ce n'est plus Emma, rectifie Niall. C'est Em' maintenant !
-Oh, c'est vrai. Pardon Em', se corrige Harry. »

Je gémis encore plus fort à l'évocation de ce surnom ridicule, tandis que les garçons rient à cœur joie en se remémorant mes frasques de la veille. Nous rentrons tous les six à l'intérieur prendre le petit-déjeuner ensemble et Niall et Zayn me ramènent chez mes parents.

Les jours passent et les projets de la tournée se concrétisent plus rapidement que je ne l'aurais voulu. Les gars sont sans arrêt en rendez-vous avec leur management pour mettre en place les dates de concerts, les jours off, et construire le planning de leur tournée. La tournée aura lieu sur 5 mois, avec deux pauses d'une semaine : une à Noël et une en Février. Et ils feront littéralement le tour du Monde. Australie, Japon, Indonésie, Afrique du Sud, Finlande, Etats-Unis, Brésil ... J'essaie de me montrer le plus enthousiaste possible, mais il devient de plus en plus difficile de dissimuler mon mal-être. Je ne les verrai que deux semaines en cinq mois ...

Alors, je m'efforce de me concentrer sur mes études. Mon corps commence à se sentir fatigué par toutes ces heures de sport intensives mais je me dois de ne montrer aucun signe de faiblesse à mes professeurs. Zélie et moi nous accrochons pour ne pas abandonner comme beaucoup d'autres le font.

J'accompagne les gars quand je le peux, lors des répétitions vocales durant desquelles ils font les derniers arrangements pour chacune des chansons. Je monte parfois avec eux sur la petite scène pour chanter quand je connais les paroles, espérant détendre cette atmosphère assez lourde. Mais je vois bien qu'ils ne se réjouissent pas complètement de cette tournée à venir. Il évite même de m'en parler autant qu'ils peuvent.

Mais fatalement, le jour du départ s'approche. Les gars doivent prendre l'avion demain matin et Niall vient passer la dernière soirée dans mon appartement. J'ai préparé avec amour un repas que j'aime à qualifier de mexicain, même s'il ne ressemble pas à grand-chose, il faut bien le reconnaitre. A la fin du dîner, Niall m'aide à débarrasser et m'assure :

« Tu as fait de l'excellent travail Emma !
-Tu mens, c'était dégueu. Si je devais me mettre une note sur une échelle de 0 à 10, je me mettrais -10 !
-Je te donnerais un 7 d'encouragement ! »

Je m'esclaffe tandis qu'il s'accoude au bar en me souriant. Je me penche vers lui pour l'embrasser quand soudain, je me souviens.

« Eh, je t'ai acheté un cadeau, ça m'étais sorti de la tête !
Je me précipite vers la commode de l'entrée et en sors un petit écrin noir que je tends à Niall.
-Qu'est-ce que c'est ?
-Ton cadeau de départ.
-Tu n'étais pas obligée de ...
-J'en avais envie. Vas-y ouvre-le ! »

Je retiens mon souffle tandis qu'il déballa son cadeau. Il en sort un morceau de fer noir incurvé ; ce n'est pas une pierre comme les autres. Je me demande s'il avait compris de quoi il s'agit. Il la regard et la fait rouler dans sa main.

« C'est une météorite. Elle vient de Colombie, je dis. Les papiers d'authentification sont dans la commode.
Il me dévisage, stupéfait.
-Je la reconnais j'en ai vu dans des livres mais ... je n'en avais jamais touché.
Il en examine tous les recoins parcourant du doigt chaque fissure, chaque courbe.
-Je n'arrive pas à y croire, souffle-t-il. C'est irréel, tu te rends compte ? Cette pierre vient de l'espace ! Je ... Wow ! Ça a dû te coûter une fortune ! Je te supplierais bien te récupérer ton argent mais je n'ai aucune envie de m'en séparer.
-Ne t'inquiète pas Niall.
-C'est le plus beau cadeau qu'on ne m'ait jamais fait.
-Mission accomplie alors !
-Pas encore ... »

Il dépose délicatement la météorite dans sa boîte et m'embrasse passionnément au point que je sens mon corps fondre. J'en ai le souffle coupé, priant pour que ce moment ne cesse jamais. Alors, je pris sa main et glisse mes doigts entre les siens.

« J'ai un autre cadeau pour toi.
-Qu'est-ce que c'est ? Demande-t-il.
Je me penche à son oreille pour lui susurrer.
-Moi.
Niall hausse un sourcil en me souriant et me répond
-Je pensais que tu ne pourrais pas me faire de plus beau cadeau que la météorite. Je me trompais ... »

Je l'entraîne avec moi dans ma chambre. Niall s'approche des photos affichée à mon mur et commence à les inspecter. Alors qu'il est retourné, je détache lentement ma robe.

« Regarde cette photo, me lance-t-il en pointant celle que nous avions prise le jour du départ de leur première tournée. Je faisais le beau gosse !
-Tu es un beau gosse Niall.
-Non, je ...
Il se tait en se retournant vers moi tandis que je fais délicatement retomber le tissus de ma robe au sol.
-Tu disais ?
-J'ai oublié. »

Son regard descend le long de mes courbes. Je ferme les yeux, désireuse de sentir ses doigts effleurer mes épaules avant de faire descendre les bretelles de mon soutien-gorge. Puis ses lèvres remplacent ses doigts et embrassent mon épaule pour remonter jusqu'à mes lèvres. Ma dernière nuit avec Niall. Mais je ne veux pas y penser. Je veux profiter du moment jusqu'à la dernière seconde, ivre de ses mains sur moi...

Le lendemain matin, je me réveille dans les bras de copain, et nous sommes bien obligés de nous lever. Niall file à la douche tandis que je prépare un semblant de déjeuner. Nous le partageons rapidement avant de rejoindre les autres en face, main dans la main. Dans leur maison, tout le monde s'active. Une bonne quinzaine de sacs et de valises sont dans l'entrée, les volets sont tous rabattus et les garçons courent chacun dans tous les sens.

« Ah Niall, tu es là ! Lance Liam. Il faudrait que tu descendes toutes tes valises dans l'entrée, le management passera les chercher, et ne garde avec toi que ce dont tu as besoin pour le trajet. »

Niall dépose un baiser sur mes lèvres et se hâte d'aller à l'étage pour s'exécuter. Harry s'approche de moi et appuie son coude au-dessus de ma tête sur l'entrebâillure de la porte.

« On dirait que l'heure a sonné, fait-il en m'adressant un léger sourire.
-Il semblerait oui ...
-Eh bien pour l'heure, nous ne sommes pas encore partis alors tu vas me faire le plaisir de m'aider à porter mes affaires ! S'exclame-t-il en me refourguant un sac de toile dans les bras. »

Je rigole en emportant son sac dans la voiture. Zayn prend le volant et nous conduit à l'aéroport où je retrouve Melvin qui a insisté pour venir me ramener. Melvin salue les gars qu'il a déjà croisés à quelques occasions, et nous nous rendons tous en salle d'embarcation. Niall, Louis, Zayn, Harry et Liam font passer leurs bagages et se tournent vers moi, les regards éteins.

Je lutte de toutes mes forces pour ne pas laisser cette boule de tristesse me submerger. Hors de question de les laisses partir tracassés par quoique ce soit. Alors je ravale mon amertume et esquisse le sourire le plus convaincant possible.

« Et c'est à ce moment que les atteignant s'atteignirent, je glisse.
-Je n'ai jamais aimé cette expression, marmonne Louis.
-Moi non plus à vrai dire, j'avoue. Mais j'aime tellement la placer quand l'occasion se présente.
Zayn rigole doucement en passant une main dans ses cheveux.
-Je ne veux pas être celui qui dira au revoir en premier, fait Harry.
-Dans ce cas je me lance, déclare Liam en s'approchant de moi. »

Ses bras puissants qui m'enveloppent sont une douloureuse piqûre de rappel. C'est la dernière fois que je pourrai profiter de son côté protecteur pendant longtemps. Alors je me blottis contre lui et ferme les yeux pour ne pas lâcher une larme. Il m'embrasse dans les cheveux plusieurs fois puis finit par s'écarter de moi.

« Ses yeux là vont terriblement me manquer, chuchote-t-il dans un sourire. »

J'essaie tant bien que mal de lui renvoyer son sourire et Louis vient vers moi. Il pose sa main sur sa nuque, hésitant, les yeux rivés vers ses chaussures.

« Bon ... eh bien ... je ... »

Je ne le laisse pas finir sa phrase et l'encercle de mes bras pour le serrer contre moi. S'il est d'abord surpris, il resserre rapidement sont étreinte autour de moi et enfouit son visage dans mes cheveux.

« Ne joue pas les mecs nonchalants avec moi Louis, je glisse en levant les yeux vers lui. Tout sauf ça.
Il me fixe de son regard si intense. Cette fois il ne joue pas.
-Tu vas me manquer Em'. Genre, jusqu'aux étoiles. »

C'est ensuite au tour d'Harry. Il avance vers moi d'un pas trainard.

« Je n'arrive toujours pas à croire qu'on se dit au revoir, fait-t-il. Qu'est-ce qu'on est cons de partir sans toi. »

Ses bras se glissent autour de ma taille et me soulèvent du sol. J'éclate de rire tandis qu'il me serrait contre lui pour me faire virevolter. Puis il me laisse doucement glisser au sol et saisis entre mon pouce et mon index, sa joue rondelette.

« Harry, tes petites fossettes vont me manquer.
-Elles font toujours un malheur, répond-il en m'adressant un clin d'œil. Tu m'appelleras, d'accord ?
Une lueur d'inquiétude traverse son regard lorsqu'il prononce ces mots.
-C'est promis. »

Il plaque un bisou sur mon front avant de laisser passer Zayn. Ses yeux ébène sont vissés vers le sol, il n'ose même pas me regarder. Zayn a toujours tendance à fuir les regards quand il est mal à l'aise. Ou malheureux. Il s'est donné pour objectif de ne jamais rien laisser transparaitre. Mais avec moi ça ne fonctionne pas.

« Zayn regarde-moi, je dis en posant ma main sur son menton pour qu'il relève la tête. Tout va bien se passer, je te le promets. Et si tu as besoin de quoique ce soit, appelle-moi. Je suis sérieuse. Tu ne réfléchis pas, tu m'appelles. »

Il se mord la lèvre inférieure et s'approche de moi pour me prendre dans ses bras.

« Je crois que j'ai un peu peur de partir, chuchote-t-il à mon oreille.
-C'est faux. Tu n'as peur de rien, Zayn. Plus maintenant.
Il me serre plus fort encore, comme pour s'imprégner de mes mots.
-Merci, glisse-t-il en s'écartant de moi. »

Il dépose un baiser sur ma main et se retourne vers les autres. Niall, à son tour, vient vers moi. Ses mains encadrent doucement mon visage et son pouce caresse ma joue.

« Promets-moi que tout se passera bien ici. Que tu ne seras pas imprudente, me susurre-t-il.
-Seulement si tu me promets que toi tu ne perdras jamais ton sourire pendant de votre tournée.
-C'est promis.
-Dans ce cas c'est promis pour moi aussi. »

Niall réduit l'écart entre nous pour déposer enfin ses lèvres sur les miennes avec une douceur incroyable. Chacun de ses baisers me fait fondre, mais celui-ci a ce goût amer d'au revoir.

« Dis-moi de rester, supplie-t-il contre mes lèvres. »

Je ne veux pas qu'il cesse de m'embrasser, je ne veux pas qu'il parte faire la fête tous les soirs sur scènes à des milliers de kilomètres de moi. Mais dans la vie, on doit parfois se résoudre à lâcher prise. Son regard azur se plonge tristement dans les mien, en attente d'une réponse. Et je suis obligée de faire non de la tête. Je crève d'envie de lui dire de rester, mais ce serait purement égoïste.

« Tu vas me manquer à chaque seconde Niall. Mais tu dois y aller.
Il baisse les yeux, déçu. Je lui relève la tête.
-Je t'aime. On va y arriver, je lui assure.
-Je t'aime. »

Il m'embrasse à nouveau puis me serre du plus fort qu'il peut contre lui. Mon visage échoue contre son torse et j'en profite pour inspirer une dernière fois son odeur si rassurante.

Il s'écarte finalement de moi et je regarde mes doigts filer dans les siens. Le regard affligé de Niall me déchire le cœur, mais je ne lâche pas une larme. Je me l'interdis formellement. Je sais que me voir pleurer le ferais rester. Ils partent tous les cinq dans un long couloir et avant de me perdre de vue, ils se retournent vers moi une dernière fois.

« Em', sois aussi forte que lorsque tu joues au foot ! S'écrie Liam.
-Tu nous manques déjà ! Ajoute Louis. »

Je leur adresse un dernier signe de la main, m'efforçant de leur sourire. La lutte à l'intérieur de moi est rude pour m'empêcher de pleure. Ma gorge est serrée à l'extrême lorsqu'ils m'envoient des baisers avant de tourner, loin de mon champ de vision.

Et le coup que je reçois en plein dans la poitrine est très profond, douloureux. Je tombe contre Melvin, secouée par les torrents de larmes que j'ai retenus depuis des jours. Il me caresse doucement les cheveux pour me consoler. Au loin j'entends quelques flashs de paparazzi qui se délectent sans doute de me voir éplorée, mais je n'ai même pas le courage d'éprouver de la colère.

La tristesse ravage tout.