Le lendemain, je retourne à mon entrainement de football, plus motivée que jamais. Je veux à tout prix effacer ma prestation médiocre de la veille en jouant à mon meilleur niveau. Je mène chaque attaque, chaque relance ... et cela semble porter ses fruits puisqu'en fin d'entrainement, mon coach nous appelle, Zélie et moi.

« Stanfield, Helgard, venez me voir !
Zélie et moi nous dirigeons vers lui, le souffle encore haletant.
-J'ai quelque chose à vous proposer à toutes les deux. Vous êtes au courant que Samedi aura lieu la finale du championnat universitaire. Cette Coupe, c'est un peu le plus haut prestige en compétition universitaire. Malheureusement, notre avant centre et notre milieu offensif ont eu un accident de voiture hier soir. Rien de grave, mais elles seront forfait samedi. J'ai pensé à vous deux pour les remplacer. Vous avez une très bonne vision du jeu, vous avez déjà beaucoup joué ensemble et je connais vos capacités techniques. L'équipe de L'Imperial Academy a besoin de vous dans son équipe les filles. Je peux compter sur vous ?
Zélie et moi nous jetons un regard, stupéfaites.
-Mais ... c'est qu'on n'a jamais joué à un tel niveau, je dis, hésitante.
-Je sais que vous en êtes capables.
-Bon, dans ce cas ... c'est entendu, fait Zélie.
-Oui, tu peux compter sur nous coach.
-Génial. Passez à l'entrainement Samedi matin, on vous y donnera votre équipement. Et soyez en forme pour ce week-end ! »

Il nous adresse un clin d'œil et nous tourne le dos pour aller ramasser les plots. Zélie et moi passons aux vestiaires et ne tardons pas à quitter l'université.

« Dans quoi s'est-on embarquées ? Gémit Zélie sur le chemin du retour.
-On va être ridicule, j'ajoute. Ces filles sont des machines à tuer. Elles sont surentraînées.
-Je suis stressée rien qu'à l'idée d'enfiler le maillot, alors jouer devant tous ces gens ... Enfin, ce qui est promis est promis.
-C'est vrai. Je passe chez les gars en rentrant, tu veux venir ?
-C'est gentil, mais j'ai dit à Melvin que je le rejoindrai en sortant de cours. Je vais dormir chez lui ce soir. Passe-leurs le bonjour de ma part.
-D'accord, bonne soirée alors !
-A demain Emma. »

Elle dépose un bisou sur ma joue et nous nous séparons. Je rentre dans la maison des gars sans frapper et trouve Liam et Louis en train de grignoter dans la cuisine.

« Je vois que votre voyage aux USA ne vous a pas changés. Toujours de la nourriture pas loin de vous !
-Tu sais que pour nous le goûter c'est sacré, lance Louis en levant l'index. C'est bon de te revoir Stanfield.
Je les serre tous les deux dans mes bras avant de m'asseoir à leurs côtés.
-Comment va Zayn ? Je demande.
-On lui a tout raconté hier et il est parti voir Perrie très tôt ce matin. Il nous a dit qu'il fallait qu'il mette les choses au clair avec elle et depuis plus de nouvelles.
-Pourvu qu'il garde son sang-froid...
-Je pense que ce sera le cas, m'affirme Liam. Il avait l'air de savoir où il en était ce matin lorsqu'il est parti.
-Et où sont Niall et Harry ?
-Niall est parti rendre visite à Josh et Dan, dit Louis. Et Harry ... il est dans sa chambre. Il ne l'a pas quittée depuis notre retour des USA.
-Niall m'a dit qu'il n'allait pas bien ...
-Hum, il ne va pas bien, et il est tellement têtu qu'il n'y a aucun moyen de savoir ce qui lui arrive, soupire Liam.
-Quand est-ce que ça a commencé ? Je demande, inquiète.
-On ne sait pas trop ... Il a eu cette soirée là-bas où on est tous sortis faire la fête, fait Louis. Je crois qu'Harry avait rencontré une jeune fille. Ils ont passé la soirée à discuter ...
-C'est vrai, acquiesce Liam. Ils avaient l'air de bien accrocher. Puis à un moment dans la soirée, Harry est venu me voir pour dire qu'il rentrait à l'hôtel. Et il avait l'air ... énervé.
-Et depuis, c'est un zombie, conclut Louis. En fait, on comptait un peu sur toi pour ... »

Louis est interrompu par le bruit de la porte d'entrée. Quelques secondes plus tard, Zayn fait son apparition dans la cuisine. Je perçois immédiatement ce quelque chose qui a changé chez lui : le visage plus clair, l'air plus apaisé, et ce petit sourire en coin qui le caractérisait est réapparu.

« Zayn ! Je m'exclame en fondant vers lui.
Il me serre dans ses bras et dépose un baiser dans mes cheveux.
-Tu m'avais manqué Emma, glisse-t-il.
-Et toi encore plus, je rétorque en m'écartant de lui pour regarder à nouveau son visage souriant.
-Comment ça s'est passé ? Demande Liam en s'approchant.
-Ça va mieux je crois, répond timidement Zayn. Avec Perrie, on a beaucoup parlé pendant toute la journée. Elle a beaucoup pleuré et on a mis les choses à plat. Je crois qu'on ... qu'on va se revoir.
-C'est une super nouvelle, sourit Louis en posant sa main sur l'épaule de Zayn. »

Nous nous asseyons tous à la table de la cuisine et Zayn nous explique que le jugement durera des mois mais que Perrie est rassurée de savoir qu'il est derrière les barreaux. Et je crois comprendre que cette histoire l'a bouleversé au moins autant que Perrie.

La nuit est déjà tombée quand je décide de rentrer chez moi. Je fais un bisou à Zayn, Louis et Liam et avant de quitter la maison, monte à l'étage prendre des nouvelles d'Harry.

« Harry ? Je glisse en repoussant doucement la porte de sa chambre. »

La pièce est plongée dans l'obscurité et je distingue la silhouette d'Harry, roulé en boule dans son lit. Son visage est éclairé par la lumière bleue de son téléphone portable. Je crois l'entendre marmonner quelques mots incompréhensibles.

« Harry, est-ce que tu vas bien ? Je demande en m'approchant de son lit.
Un long râle s'échappe de sa bouche.
-Mais qu'est-ce que vous avez à tous me demander ça ? Je vais bien ! Je veux juste qu'on me foute la paix. C'est trop demander ?
-Tu joues vraiment mal le rôle du méchant, tu sais ?
-Ne me donne pas de raison de devenir meilleur dans ce rôle, réplique-t-il sèchement.
-Pas mal la répartie, je souligne en m'accroupissant près de son lit. Laisse-moi essayer d'en trouver une à ta hauteur : tu te trompes de rôle, Harry. Ce n'est pas toi le méchant de l'histoire. Le souci, c'est que je ne parviens pas à comprendre qui est le méchant dans ton histoire. Et j'ai besoin de ton aide pour résoudre cette enquête. Qu'est-ce qui t'arrive à la fin ?
-Je n'ai ni le temps, ni l'envie d'en parler.
-Oui tu as l'air débordé... Et ce n'est pas l'odeur de renfermé dans ta chambre qui dira le contraire.
-Je sais très bien ce que tu cherches à faire, siffle-t-il.
-Qu'est-ce que je cherche à faire ?
-Tu essaies de me bousculer. Tu veux me faire sortir de mes gongs pour que je craque et te dise toute la vérité. Mais tu n'es pas ma psy Emma.
-Non, c'est vrai. En fait je suis juste ton amie.
-Tu veux être une vraie amie ? Me demande-t-il en se redressant soudainement. Alors laisse-moi. S'il te plait. »

Il soutient mon regard en s'appliquant à afficher le masque le plus froid possible. Mais je perçois, même dans le noir, cette lueur de tristesse et d'amertume dans son regard. Il est blessé, ça ne fait aucun doute. Alors je me relève simplement et me dirige vers la porte.

« Crois-moi Harry, que je reviendrai demain, et après-demain, et même tous les jours d'après jusqu'à ce que tu sortes de cette foutue chambre. Et tu peux me parler aussi mal que tu veux, je ne te laisserai pas tomber. Je ne te laisserai pas tomber Harry. »

Et sur ces mots, je referme la porte derrière moi pour regagner ma maison. Je passe la soirée tranquillement, et vais me coucher tôt, épuisée par mon entrainement de football.

Dans la nuit, je suis brusquement tirée de mon sommeil par le bruit de la sonnette. Je jette un œil à mon réveil : 4h25. Qui peut bien venir chez moi à une heure pareille ?

Je descends les escaliers alors que le bruit de la sonnette m'arrache les tympans et je jette un œil à travers l'œilleton de la porte. Pour ma plus grande surprise, c'est Harry que j'aperçois, la tête posée sur son coude, comme s'il s'était endormi contre la sonnette. Je m'empresse de lui ouvrir.

« Harry ? Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas réveiller tout l'immeuble !
-Oup's ... pardon messieurs et mesdames les voisins d'Emma. Je vous ferai un gâteau pour m'excuser. Ou peut-être une tarde aux pommes. J'adore les tartes aux pommes !
Sa voix est à la voix enjouée et tremblotante. Et il empeste l'alcool.
-Tu es complètement soûl, je constate en soupirant.
-J'ai fait la fête Emma ! Hurle-t-il en levant un poing au ciel.
Je le fais rentrer dans mon appartement avant qu'il ne finisse de réveiller tout le monde.
-Harry ! Harry ! Harry ! Chantonne-t-il à tue-tête. Tout le monde criait ça dans la boite de nuit. Tu aurais vu ça Emma. J'étais vraiment le ... »

Il ne parvient pas à finir sa phrase et se met à vaciller. Je me précipite vers lui, passe un bras autour de sa taille pour le soutenir et l'asseoir sur mon canapé. Puis je me dirige derrière le bar et lui remplis un verre d'eau pour le lui apporter. Il s'en saisit, le vide d'une traite et le repose sur la table.

« Regarde dans quel état tu es, je glisse en tapotant son front imbibé de sueur. »

Il me regarde, mais c'est comme s'il ne me voyait pas. Son regard un peu affolé est ailleurs.

« Tu sais qui c'est le méchant de l'histoire ? Me demande-t-il.
Je secoue la tête.
-Ce sont toutes les filles de la Terre. Et surtout Valentina. Oui, elle c'est la pire.
J'en déduis que Valentina est la fille dont m'ont parlé Liam et Louis.
-Est-ce qu'on déteste cette Valentina ?
-Oh oui, on la déteste, approuve Harry.
-Pourquoi ça ?
-On la déteste parce que c'est le genre de fille qui écrit tous ses messages en majuscule. On la déteste parce qu'elle met un « OMG » à chacune de ses phrases quand elle parle. Non mais sérieusement, qui dit encore ça aujourd'hui ? On la déteste parce qu'elle a visité tous les pays du monde, même le Guatemala. On la déteste parce qu'elle met beaucoup trop de hashtags sur instagram. Et surtout, surtout, on la déteste parce qu'elle a cru que sortir avec moi ferait d'elle une personne célèbre.
Et voilà le fond du problème.
-Tu penses que les gens ne te côtoient que parce que tu es Harry Styles des One Direction ?
-Bien sûr que oui.
-C'est la plus belle connerie que je n'ai jamais entendu. Celui qui ne voit pas à quel point tu es une personne exceptionnelle est un abruti. Mais moi je le sais. Et c'est sans doute pour ça que tu fais parti de mes meilleurs amis. Allez Harry, laisse tomber cette Valentina. Elle doit avoir le QI d'une huitre. Tu vaux tellement plus qu'elle.
-C'est faux ! S'écrie-t-il. La preuve, je suis le seul célibataire du groupe, les filles viennent me voir pour être connues ou coucher avec moi. C'est toujours comme ça ... je ... ça va, ça vient ...
Il fait de grands gestes vagues avec ses bras tout en parlant.
-Tu dis n'importe quoi, tu es ivre mort et fatigué. Tu ferais mieux de te reposer ...
-Je me sens tellement inutile, murmure-t-il en tournant la tête pour que je ne vois pas la larme qui roule sur sa joue.
-Regarde-moi Harry.
Il s'efforce de pivoter vers moi, avec son regard perdu.
-Moi j'ai besoin de toi, je lui assure. »

Et soudain, j'ai la sensation qu'il me voit vraiment. Il me fixe, et son regard est posé sur moi avec intensité.

« Vraiment ? Fait-il, plein d'espoir.
-Bien sûr, mais c'est tellement évident que ça me paraît ridicule de te le rappeler. Tu cherches toujours à me redonner le sourire quand je le perds et tu es bienveillant avec moi. Tu sais me rassurer comme personne quand les médias m'effraient. Comme cette fois à Barcelone où tu avais pris ma défense devant médias, tu te souviens ? [Voir Tome I, Chapitre 42 : Gotta be you]
-On était allé au restaurant le lendemain, se remémore-il dans un sourire.
-Et je me rappelle encore de ce que je t'avais dit à la fin du repas : notre tour vient toujours. Tu trouveras une fille qui te mérite Harry. Je te le promets. »

Harry se pince les lèvres sans me lâcher du regard. Son souffle est toujours saccadé mais son regard est toujours vissé vers moi. Indéchiffrable. Puis, au bout de quelques instants, il murmure de sa voix roque :

« Pourquoi tu es comme ça avec moi, Emma ? Si gentille ... Je n'aurais pas dû venir.
-Bien sûr que si, tu as bien fait, tu ...
-NON ! Parce que je ... je vais ... »

Brusquement, ses mains encadrent mon visage et avant que je n'aie eu le temps de réagir, ses lèvres sont déjà sur les miennes.