Δ 6. I can kick some ass Δ
Sean au volant, nous sillonnons les rues de la ville la plus proche qui semble désertée de toute vie. Il faut dire que cette attaque n'a pas dû passer inaperçue et en a effrayé plus d'un. Nous décidons de nous arrêter devant la maison la plus spacieuse et planquons notre van derrière un énorme buisson avant de sortir promptement et d'entrer dans la demeure. Les meubles sont toujours là, tout semble avoir été délaissé à la va-vite, or il n'y a plus âme qui vive.
Alex, Hayley et Bea vont vérifier l'étage, tandis que je checke le rez-de-chaussée. Le trio redescend quelques secondes plus tard.
- RAS, assure Alex. Il n'y a personne ici.
- Choisissez une chambre, on va s'installer ici le temps de trouver comment rejoindre ma sœur et le frère d'Hayley.
Tout le monde acquiesce hormis Tristan qui hésite un instant.
- Et toi, tu comptes faire quoi ? lui demandé-je.
Il hausse les épaules et je lève les yeux au ciel avant de rejoindre Bea et Hayley dans la chambre située au premier étage.
- Il n'y a que trois chambres, explique l'Electrokinésiste. Deux petites et une grande.
- Faisons des binômes, suggère Beatrice.
Nous nous jetons un regard et je lui souris.
- Eh les filles.
Nous nous retournons toutes trois vers Tristan qui est adossé à l'embrasure de la porte. Il fuit notre regard, visiblement mal à l'aise.
- Je veux bien rester avec vous pour quelques nuits. Je n'ai nulle part où aller et vous avez de la nourriture et tout ça...
- Et nous, qu'est-ce qu'on y gagne ? demandé-je.
Il hésite un instant, réfléchit, puis relève ses yeux chocolats sur moi.
- Un Rouge de plus à vos côtés, une tête et une paire de bras supplémentaires et... je sais faire la cuisine.
Hayley, Bea et moi nous lançons un regard entendu.
- C'est d'accord, accepte Bea.
Malgré son air arrogant et fermé, Tristan ne peut s'empêcher de sourire.
- Sean, Alex et toi vous prendrez cette chambre, expliqué-je. Lindy et Hayley prendront la première du haut et Bea et moi la seconde.
Tout le monde acquiesce et nous déménageons nos maigres affaires dans nos chambres respectives. Bea et moi avons la chance de tomber sur la chambre de la jeune fille qui habitait ici. Elle a un double lit et des meubles pratiquement vides qui nous permettent de ranger nos habits. En furetant un peu, nous trouvons les vêtements qu'elle a délaissé et découvrons avec joie qu'ils nous taillent presque juste aux filles et à moi. Nous échangeons nos trouvailles tandis qu'Hayley et Lindy descendent les vêtements du petit garçon en bas. Sean, Alex et Tristan se partagent les vêtements du père et nous récupérons ceux de la mère. Même s'ils ne sont pas à notre goût, tout est bon à récupérer.
Après une heure de visite, nous trouvons les boîtes de conserve et les gâteaux laissés par la famille, découvrons la salle de bains dans laquelle coule l'eau chaude et délestée de quelques produits d'hygiène, et nous pouvons faire la cuisine sans problème.
- C'est la caverne d'Ali Baba ! s'exclame Lindy en sortant des toilettes, un PQ à la main.
Nous éclatons de rire et Tristan se met aux fourneaux, comme promis. Avec l'aide de Bea, il nous prépare de la purée et de la viande séchée qu'il arrive à marier avec des condiments abandonnés là. Comme Lindy l'a si bien dit, c'est la caverne d'Ali Baba, tout a été abandonné à notre plus grand bonheur. La moitié du congélateur est rempli et seules quelques denrées semblent périmées. Nous allons enfin pouvoir manger correctement et surtout, nous doucher, chose que nous n'avons pas faite depuis des jours.
Quand c'est mon tour, l'eau chaude détend chacun de mes muscles et je fais au moins deux shampoings pour enlever la crasse de ma tignasse brune. J'enfile un pyjama emprunté à l'adolescente qui demeurait ici et brosse mes cheveux devant le miroir. Je ne me suis pas regardée depuis un bout de temps ; les cernes creusent mes paupières et j'ai une tête de déterrée. Il va falloir remédier à ça, je dois être en forme pour aller chercher June.
Quand je rejoins le salon, les cheveux encore humides, tout le monde est assis autour de la table et discute avec entrain. Hayley et Lindy se moquent de Tristan qui vient sûrement de raconter une anecdote gênante et je m'installe aux côtés d'Alex pour me joindre à leurs rires. Celui-ci me lance un regard brillant et je souris avant de reporter mon attention sur Sean qui s'amuse à raconter un fait scientifique sur le fer et comment il est fabriqué en usine. Seule Beatrice est pendue à ses lèvres, tandis que Hayley fait semblant de ronfler.
J'en profite pour me rendre dans la cuisine et me servir un verre d'eau. Tristan me rejoint sans un mot, il se sert un verre à son tour et se contente de me dévisager en le sirotant.
- Je me posais une question.
- Je t'écoute Tristan, dis-je sans relever mon regard de la vaisselle que j'essuie rapidement.
- Est-ce qu'un petit ami t'attend quelque part ?
Je jette un regard effaré à Tristan, très surprise par sa question. Il m'offre un sourire charmeur que je ne lui avais jamais vu jusqu'ici et repose délicatement le verre avant de s'avancer.
- Parce que sinon...
Mes yeux virent au bleu et une assiette s'élève entre Tristan et moi, le stoppant dans sa course.
- Je t'arrête tout de suite.
Le sourire du brun retombe et il pose rageusement le verre dans l'évier.
- Tant pis pour toi Alia, dit-il en détournant les talons.
Je pourrais très bien me mettre en colère et décider de ne plus parler à ce goujat, mais en fait, je ris. Tristan est un séducteur, je l'ai remarqué à la seconde où je l'ai rencontré. Avec Lindy, nous avons fait les paris sur celle sur qui il jetterait son dévolu en premier. D'ailleurs, la blonde me jette un regard interrogateur et je murmure entre mes lèvres, articulant bien pour qu'elle comprenne :
- Tu me dois un gâteau au chocolat.
Elle s'esclaffe à son tour et je retourne m'asseoir comme si de rien n'était. Tristan fuit mon regard, mais ça ne me fait que sourire de plus belle. Ce qu'il peut être bête. Ça lui donne également un air adorable, mais je n'ai pas la tête à ça. Une relation amoureuse en plein milieu de cette guerre ? Je ne pense plus aux garçons depuis que j'ai découvert mes pouvoirs et que j'ai abandonné mes parents pour ce fameux camp miracle. Avant ça, j'étais une étudiante normale, je venais juste d'entrer à la fac et de fêter mes dix-neuf ans. J'étais en pleine fleur de l'âge et profitais un maximum de ce que la vie pouvait m'offrir. Notamment les garçons, même si je ne suis sortie qu'avec très peu d'entre eux. Ensuite, tout est allé très vite et je n'ai plus du tout repensé à l'amour depuis ce jour-là.
Prétendre que ça ne me manque pas serait mentir. Je repense souvent à mes amis, à ma vie d'avant qui est désormais un lointain souvenir. L'époque durant laquelle je ne me souciais que de l'amour et de mes études est révolue depuis longtemps.
De toute façon, tant que je ne retrouverai pas June et un endroit stable où refaire ma vie, je laisserai tout ça de côté. Je dois rester concentrée sur une seule chose et rien ne doit m'en détourner : pas même les beaux yeux chocolats de Tristan. Par ailleurs, ce n'est pas mon genre. Dans mon ancienne vie, je ne suis même pas sûre que je lui aurais accordé ce genre d'attention.
Il est très gentil et malgré ses airs de gros durs, je sais qu'il ne demande que de l'amitié et de l'affection, mais ce n'est tout simplement pas mon genre.
Après une heure de discussion intensive et ponctuée d'éclats de rire, nous allons tous nous coucher. Bea et moi nous glissons dans les draps froids et très vite, je sens ma meilleure amie s'endormir. Or, je garde les yeux grands ouverts. Les plans sur une façon de retrouver ma sœur tournent en boucle dans mon esprit sans jamais aboutir à quelque chose de concret. J'aimerais tellement que la solution m'apparaisse clairement, comme pour les Verts, mais je n'ai pas leur intellect et mes émotions m'embrouillent. Bientôt, je sens mes yeux s'éclairer et la commode que je fixe sans relâche se met à trembler. Un tiroir s'ouvre, me ramenant à la réalité. Je me redresse dans le lit, repousse les couvertures et sors de la chambre sans faire un bruit.
Je descends les escaliers silencieusement et rabats mes cheveux sur mon épaule droite avant de pénétrer la cuisine. Je sursaute en apercevant une silhouette près du frigo. Je fais venir une lampe dans ma main et la brandis, prête à assommer cet inconnu. Soudain, celui-ci se retourne et deux yeux or illuminent la pénombre.
- Alia ? C'est toi ?
Je soupire de soulagement en reconnaissant le timbre grave d'Alex et repose la lampe sur la table avant de le rejoindre.
- Tu allais vraiment m'assommer avec cette lampe ? se moque-t-il.
- J'ai fait avec les moyens du bord.
Je sors un yaourt périmé de quelques jours du frigo et vais m'installer sur la table pour le déguster.
- Tu fais également des insomnies ? demande Alex en s'asseyant face à moi.
Je hausse les épaules puis regarde le plafond un instant.
- Je réfléchis trop.
- Tu penses à ta sœur ?
- Je cherche un moyen de la localiser.
- On trouvera, sois patiente.
- Je ne peux pas être patiente, sifflé-je entre mes dents pour ne pas hausser la voix. June est peut-être déjà morte.
- Ne dis pas ça, ils ne la tueront pas si facilement. C'est une Orange et puis, si elle est comme toi, ils risquent d'en découdre un moment avant de la faire ployer.
J'accepte le compliment avec un sourire et mes traits se détendent. Alex a toujours le mot qui rassure. Depuis le début, depuis notre rencontre, c'est un véritable pilier. Il ne doute jamais, me soutient dans toutes mes décisions, accepte mes crises, aide tout le monde à se sentir bien.
- Comment tu fais ?
- Quoi donc ?
- Relativiser, positiver sur tout ce qui nous arrive. Comme si rien n'avait d'importance ou de conséquences.
- Ça en a, assure-t-il. Seulement... quand mon père est mort, je me suis senti le plus dévasté au monde. Après ça, je me suis dit que rien n'était insurmontable, qu'il y avait toujours un moyen de s'en sortir.
- Désolée..., exprimé-je en baissant les yeux.
- C'était il y a longtemps, beaucoup de choses ont changé depuis ce temps-là.
- Et ta mère ?
- Ma sœur et elle ont essayé de me cacher le plus possible, mais quand des policiers ont toqué à notre porte, je me suis enfui. J'ai rencontré Sean en route, il était dans ma classe il y a longtemps et grâce à ses méninges, nous avons trouvé le camp de Clancy.
- Je ne t'y avais jamais vu avant.
- Moi si, la Bleue que rien n'arrête. Inséparable avec sa sœur Orange et son amie Verte. Un Trio de choc.
Je ris doucement, trouvant ce nom absurde.
- Tu aurais dû venir me parler, on se serait bien entendu.
Il me semble voir les joues d'Alex rosir tandis qu'il me sourit.
- J'ai été bête, répond-il simplement.
Je lui souris à mon tour puis termine mon yaourt en silence. Finalement, je vais jeter tout ça à la poubelle et rejoins le bas des escaliers. Je me tourne vers Alex avec un demi-sourire.
- Merci pour cette conversation. Bonne nuit Alex.
- Bonne nuit Alia.
Je remonte les escaliers toujours sans un bruit et retourne dans ma chambre pour me glisser sous les draps et, cette fois, m'endormir pour de bon.
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Voilà pour le sixième chapitre (j'en ai prévu 10). Dites-moi ce que vous en pensez ! Tristan ? Alia et Alex ? June ? Comment vont-ils la retrouver ? Quelles sont vos prédictions pour la suite ?
Ecrit le 16 Juillet 2019 et 17 Juillet 2019, corrigé le 12 Octobre 2019 et publié le 12 Octobre 2019
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