Chapitre 2
CHAPITRE 2
La sonnerie venait de retentir, la salle se remplissait petit à petit, les élèves prenaient place tout en discutant alors que leur professeur était accroupi au sol. Il regardait sous son bureau, aux quatre coins de la pièce, mais rien. Ses élèves n'y prêtaient même pas attention, ils étaient habitués au comportement étrange de leur professeur. Soudainement, ce dernier se releva, exaspéré.
– Ahah. Très drôle. Qui a volé les craies ?
Un long silence combla la pièce, le coupable ne pouvait pas se dénoncer, il n'était pas présent.Voyant l'absence de réponses, Hyunjin soupira en s'asseyant. Il posa brusquement sa tête sur le bureau en bois, la cognant au passage. Il n'en pouvait plus. Il ne comprenait pas pourquoi ces fichues craies disparaissaient chaque Jeudi, il n'avait toujours pas trouvé le voleur et cette histoire l'énervait au plus haut point.
– Vous savez quelle classe est dans cette salle le mercredi ?
Les élèves se regardèrent tour à tour, et c'est avec une grande joie que Henry, un élève de cette classe, lui répondit.
– Monsieur Han a cette salle toute la journée du mercredi. Et il a toujours des craies.
Hyunjin souffla, il avait sa réponse. Ce malfrat lui avait encore fait une crasse, et le professeur de littérature ne pouvait s'empêcher de détester sa façon de se venger. Jisung savait parfaitement ce qui l'énervait au plus haut point, et l'empêcher d'enseigner l'art de la littérature était sans aucune doute la pire chose qu'on pouvait lui faire.
– Ce n'est pas grave. Nous n'avons pas besoin de craies pour comprendre le génie de Rimbaud. Il souffla de sérénité. Jean Nicolas Arthur Rimbaud, notre grand seigneur de la poésie. Il rit. Vous ne pourrez jamais comprendre pourquoi c'est le poète par excellence. Il nous faudrait une vie entière pour comprendre le génie d'un écrivain. Soyez heureux d'avoir un professeur aussi passionné par son travail, ce n'est pas le cas de la totalité de mes collègues.
Et ce fut à ce moment que le cours commença. Un réel bon cours de monsieur Hwang ne commençait jamais sans sa petite pique à monsieur Han, ses élèves l'avaient bien compris. Ces derniers, tout comme le reste du lycée, ne savaient vraiment s'ils se détestaient vraiment ou si c'était une sorte de running gag afin de les divertir, mais ça fonctionnait. Ils adoraient les piques que l'un faisait à l'autre, ça ajoutait du piment aux cours monotones qu'ils avaient habituellement.
Le cours s'était déroulé assez rapidement, l'ébène ne voyait plus le temps passer lorsqu'il commençait.
— Et n'oubliez pas...
— Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Le professeur avait souri avant de féliciter ses élèves. Il avait attendu qu'ils sortent tous avant de ranger ses affaires pour se diriger en salle des profs.
— Dépêche-toi mes élèves attendent.
La voix presque glaciale de Jisung l'avait surpris. Il reprenait toujours cette salle le jeudi, lorsque Hyunjin terminait son cours. Ils faisaient toujours en sorte de ne jamais se croiser, cependant des accidents arrivaient lorsque Hyunjin, passionné par son cours, dépassait de quelques minutes l'horaire de fin.
— Vous aviez mon coeur, moi j'avais le vôtre... Commença Hyunjin assez faiblement, il n'était même pas certain que Jisung ait entendu.
– Un cœur pour un cœur, bonheur pour bonheur. Continue automatiquement Jisung sans s'en rendre compte. Il regretta de suite.
– Le vôtre est rendu, je n'en ai plus d'autres. Soupira l'ébène.
– Le vôtre est rendu, le mien est perdu. Conclu Jisung en entrant dans la salle, mettant fin à leur petite pièce de théâtre.
Ce poème avait procuré un profond sentiment de dégoût mélangé à la nostalgie du moment passé. Jisung connaissait pas mal de poèmes par cœur, son ex-petit ami lui en récitait souvent, passionné. Cependant, il ne pensait pas que ça lui resterait. "Qu'en avez-vous fait ?" de Marceline Desbordes-valmore est un poème qui parle de l'abandon, la trahison d'un amour. Hyunjin ne l'avait pas choisi par hasard.
Jisung passa outre, il n'avait pas le temps pour ces bêtises bien qu'en réalité son cœur continuait de souffrir. Ses élèves s'installèrent un à un dans la salle,laissant le blond commencer son cours. Ses élèves étaient particulièrement déconcentrés aujourd'hui, il fallait dire que son cours était plutôt intéressant, mais lourd.
— Vous allez nous faire croire qu'il s'est passé tant de choses en simplement dix ans ?
Jisung commençait à fatiguer. Ce n'était pourtant pas difficile à croire, si ? En dix ans beaucoup de choses avaient le temps de se passer, en dix ans tout pouvait changer.
– Tu faisais quoi il y a dix ans, Ethan ?
Le lycéen avait réfléchi un instant avant de donner sa réponse. Il ne faisait rien de concret ayant au maximum sept ans.
Un brouhaha immense s'installa dans la salle de classe. Tous se remémoraient leurs moments d'il y a dix ans sans prendre la peine de chuchoter jusqu'à ce qu'une question se fit entendre.
— Et vous monsieur, vous faisiez quoi il y a dix ans ?
— Oui c'est vrai, c'est vous qui avez vécu le plus d'expériences ici, vous pouvez nous raconter !
Jisung avait répondu que ce n'était pas leurs affaires et qu'ils dérivaient du sujet principal, mais une petite partie de la classe avait insisté pour connaître une anecdote. Après tout, ce n'était pas la première fois que Jisung se permettait de prendre une pause pour raconter ses souvenirs, mais celui-ci semblait bien différent.
– Il y a dix ans ? Les élèves avaient arrêté de parler, heureux de voir que le professeur répondait enfin à leur question. J'avais dans les seize ans, par là. Un petit sourire triste se plaça sur son visage. C'est l'année où j'ai rencontré une personne en particulier.
– Votre femme ?
Loin de là. Certes, Hyunjin aurait pu devenir son homme, mais la vie en avait décidé autrement.
– Hélas non, je ne suis pas marié et encore célibataire depuis ! Il avait ri.
— Oh... Et vous avez déjà croisé cette personne depuis ?
— À vrai dire je la croise assez souvent, mais je crois qu'elle ne m'apprécie guère. Un petit silence se fit de nouveau entendre. Enfin bref, reprenons notre cours !
— C'est monsieur Hwang en fait ! Ricana un élève dans un coin de la classe.
Jisung connaissait parfaitement la réputation d'ennemis qu'ils s'étaient créés dans le bâtiment et que c'était pour cela que l'élève évoquait son nom, mais la panique qu'ils découvrent la vérité avait envahi Jisung le temps d'un instant.
– Non, fort heureusement. Il avait rit une dernière fois pour détendre l'atmosphère avant de se remettre à écrire sur le tableau ardoise.
Il s'était passé tellement de choses en dix ans, le simple fait d'y repenser alourdissait son cœur. Il ferma les yeux un instant, essayant de se concentrer un maximum afin de ne pas se laisser emporter sous l'émotion.Pourtant, ses mains tremblaient. Il avait arrêté d'écrire en plein milieu d'une phrase et ses larmes manquaient de tomber.
– Monsieur, vous allez bien ?
Non, rien n'allait. Il avait tellement donné d'amour pour un seul Homme alors que désormais se dernier riait de lui. Il ne le supportait pas. Il savait que ce n'était que des histoire d'adolescents, qu'il devait mûrir et passer à autre chose désormais, mais la douleur que Hyunjin lui infligeait dès que son regard destructeur se posait sur lui était tout bonnement atroce.
Il n'avait jamais autant aimé que pour lui.
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