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Chapitre 5


Demain est un autre jour, en effet.

Elle se réveille en forme malgré le pied douloureux, de bonne humeur sans trop savoir pourquoi. Enfin si, elle sait. C'est vendredi, dernier jour de cette longue semaine, et demain, ce sera samedi, le week-end. Tim sera là, et elle a des projets pour la soirée, qui incluent des potes et un bon dîner. Elle se sent si bien, qu'elle aurait presque envie de faire du sport, dommage qu'elle n'aime pas ça et qu'elle ait l'orteil en miettes.

Dehors, c'est la tempête. Il pleut à verse, et le vent projette des trombes d'eau sur les carreaux des baies vitrées. Le spectacle est trop triste, alors elle allume la télé et déjeune devant un épisode de Friends, puis un second, va prendre sa douche et nettoie la salle de bains où son cousin sème de courts poils blonds et bouclés qui ne laissent pas de place au mystère quant à leur provenance. Il va vraiment falloir qu'ils aient une conversation tous les deux, elle n'imagine pas ce que sera la salle de bains si un jour le troisième colocataire décide de prendre plus qu'une douche tous les quatre jours.

Il y a bien une salle de douche privative dans la chambre de son oncle et sa tante, mais la pièce est fermée à clef. Ça aurait été parfait pour elle, une petite salle d'eau où elle pourrait laisser traîner ses produits au lieu de les rassembler dans un coin comme dans un dortoir étudiant, ou étendre sa serviette pour la faire sécher sans craindre qu'un des autres habitants ne l'utilise pour s'essuyer avec.

Il est plus de midi quand elle termine, elle se dirige vers la cuisine pour préparer du chili con carne qu'elle partagerait bien avec l'Ours, enthousiasmée par leurs discussions de la veille. Elle s'était imaginée qu'il sortirait aujourd'hui, qu'elle avait réussi à fissurer un peu la carapace, mais soit elle s'est trompée, soit il dort encore. Quoi qu'il en soit, elle n'ose pas aller frapper à sa porte.

Elle finit par trouver la solution idéale, un peu plus tard, pendant que le chili mijote. Elle lui écrit un petit mot, qu'elle glisse sous sa porte. C'est une super idée. Elle ne le réveille pas, le laisse libre et s'évite une confrontation désagréable en cas de mauvaise humeur, avec lui, on ne peut jamais savoir.

Elle retourne ensuite dans la cuisine, patiente, puis met la table pour deux tandis que le riz cuit. Se résout ensuite à ne servir qu'une assiette, puisque l'Ours ne semble pas décidé à sortir de sa tanière.

Il arrive pourtant, au bout de quelques minutes, en pantalon de jogging et tee-shirt douteux, mais avec ce qui ressemble presque à un sourire sur le visage.

— C'est un rendez-vous ?

— Salut, déjà. Mais qu'est-ce que tu racontes ?

— « Coucou, j'ai cuisiné un bon repas, si ça te dit, rejoins-moi dans la cuisine vers treize heures. » lit-il. C'est quoi ce dessin ?

— Un bol de chili fumant.

— Oh ! En effet... J'avais pas reconnu.

— Bon, tu manges ou pas ?

Sans répondre, Manuel s'approche de la cocotte qui se maintient au chaud sur la plaque. Il soulève le couvercle et hume les effluves qui s'en échappent.

— Tu fais du Chili à un Mexicain, tu es courageuse, ou folle.

— Probablement les deux.

— Il sent bon en tout cas.

Il se sert une cuillère à soupe de riz, à peine plus de chili et va s'assoir face à elle.

— Merci. Comment va ton pied ?

— Eh bien, si je n'essaie pas de mettre de chaussures, si je n'y touche pas, si je ne marche pas, si je ne me cogne pas voire si je n'y pense pas, c'est très supportable. Enfin, plus douloureux qu'un orteil en bon état, mais supportable quand même.

Il hoche la tête en la regardant, l'air un peu perdu, et enfourne une petite bouchée.

— C'est très bon. Ça manque un peu d'épices à mon goût, et surtout de piment, mais c'est très bon. Tu cuisines souvent ?

— Assez oui, répond Maya en terminant son assiette. Je suis très gourmande, mais toujours fauchée, alors si je veux bien manger, j'ai intérêt à cuisiner moi-même. D'ailleurs en parlant de dîner... J'ai deux choses à te demander. Demain soir, Olivia sera là, et j'en ai profité pour inviter mon amie Astrid et Ruben, son mari. Tim est d'accord bien sûr, il les connaît bien. Je me demandais si tu avais envie de te joindre à nous.

— Oh... je ne sais pas trop...

— Allez, sois sympa ! ça te fera du bien de sortir un peu de ta chambre, tu n'auras qu'à aller jusqu'à la salle à manger, c'est tout ! Et si tu en as marre, tu peux rentrer chez toi. Enfin, dans ta chambre, quoi. Mais essaie, au moins. Allez, s'il te plaît.

— Qu'est-ce que ça peut te faire, que je sois là ou pas ?

Pour le coup, elle reste muette un instant, un peu blessée par la question et le ton sec.

— Rien, je m'en fiche, répond-elle de même. Je pensais que ça te ferait du bien, mais après tout, tu es assez grand pour faire ce que tu veux. Si tu préfères te terrer dans ton trou tout seul plutôt que de passer un bon moment avec des gens sympas, je t'en prie.

Elle se lève et débarrasse son assiette sans plus s'intéresser à lui. Elle ne le voit pas soupirer, réfléchir et se ne se retourne que quand il annonce :

— Tu as raison, c'est stupide. Je pense... je crois que je serai là.

— Super, réplique-t-elle en mimant l'indifférence alors qu'elle jubile de l'avoir fait plier.

— Et la deuxième chose que tu voulais ?

— Eh bien, tu pourrais peut-être t'occuper du dessert...

— Pardon ?

— Du dessert pour le dîner.

— Tim ne t'a pas dit ce que je faisais ?

— Si, justement. Tout le temps où tu étais en Angleterre...

— En Irlande.

— Enfin quoi, l'Irlande fait partie de l'Angleterre, non ?

Manu la dévisage pour savoir si elle plaisante. Ce n'est pas le cas.

— Non, articule-t-il. L'Irlande du Nord fait partie du Royaume-Uni, comme l'Angleterre. L'Irlande, celle où j'étais, est un pays à part entière.

Maya plisse les yeux, puis renonce à comprendre pourquoi deux pays qui sont au même endroit et qui portent le même nom sont en réalité deux pays différents ; la géographie ne l'a jamais intéressée plus que ça. Son truc, c'était le français, et c'était déjà bien assez.

— Ok, si tu veux. Donc, je disais, tout le temps où tu étais là-bas, Tim n'a jamais cessé de nous parler de toi, de nous raconter ton parcours. Quand tu as été élu pâtissier le plus prometteur de 2021, il était tellement fier, si tu savais, il montrait l'article à tout le monde.

— Sauf qu'aujourd'hui je ne suis plus pâtissier.

— Mais si, avec ton CV et ton prestige, tu pourras retrouver du boulot n'importe où.

— Non, je ne veux plus être pâtissier.

— Ah, fait Maya, interloquée.

Il se tait, et termine son assiettée de chili froid, puis se lève pour débarrasser à son tour.

— Tu veux un café ? propose Maya.

— Oui, volontiers.

— Un Nes ou une capsule ?

— La peste ou le cholera... marmonne-t-il. Capsule. Merci.

Elle se lève et allume la machine.

— Dis, pour ton boulot...

— Non, s'il te plaît. Je n'ai pas envie d'en parler, pas maintenant.

— C'est vrai qu'on a déjà largement dépassé le quota, se moque-t-elle alors qu'il la considère, l'air ahuri. Bon, tu veux pas faire le dessert, alors ?

— Maya, je ne sais pas comment te faire comprendre... Je ne peux pas. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, ou un caprice. Vraiment, c'est au-delà de mes forces.

— Même un petit truc ? Une mousse au chocolat, une panna cotta ?

Il secoue la tête, et Maya l'observe sans surenchérir. Sa mâchoire s'est contractée, un pli barre son front. Il semble perdu, malheureux, presque en colère contre lui-même, elle voit bien que ce serait stupide d'insister.

Elle fait couler son café en silence et lui tend la tasse dans laquelle il ajoute un sucre. Il remue nerveusement la cuillère puis, tasse à la main, quitte la pièce pour retourner dans sa chambre.

— Attends !

Il se retourne, et lève un sourcil interrogateur.

— Attends, ne pars pas... Puisque tu es là, on pourrait peut-être... faire un truc ?

— Un truc ? Comme quoi ?

— Eh bien, on pourrait aller se promener.

Il la considère une seconde et son visage se détend. Il passe la langue sur ses lèvres, amusé.

— Se promener ? Avec ton orteil cassé et la tempête qui sévit dehors, c'est probablement la meilleure activité à proposer.

— Oui, bon, d'accord, c'est pas une super idée. Mais on pourrait discuter, parler d'autre chose, de ce que tu veux. Ou regarder un film, faire un jeu de société, un puzzle...

Il regarde autour de lui, comme à la recherche d'une échappatoire, puis consent finalement, à la grande surprise de Maya.

— D'accord.

— D'accord pour quoi ?

— On peut regarder un film, si tu veux.

— Ouiiii.

Elle en fait un peu trop, surtout qu'elle aurait préféré parler, ou jouer en parlant, mais un film, c'est mieux que rien, et si c'est pour qu'il ne sorte pas trois mots et qu'elle se retrouve à monologuer, merci bien.

Elle passe trois fois le catalogue Netflix entier. Il est plutôt sciences fiction, dystopies et horreur, elle préfère les polars ou les comédies romantiques, ce n'est pas une mince affaire. Puis ils finissent par se mettent d'accord sur un film français assez récent quoique Maya le soupçonne d'avoir cédé par paresse. Ils s'installent sur le canapé, elle lovée sous un plaid, lui étalé dans son jogging pourri.

Le film ne lui arrache pas l'ombre d'un sourire, alors qu'objectivement, c'était quand même assez drôle, mais il tient jusqu'au bout, et lui sourit même avant de retourner dans sa chambre. Maya est un peu déçue. Elle avait envie de lui faire plaisir, de lui changer les idées, de partager un moment sympa avec lui, et c'est tout le contraire qui s'est passé. Il n'a eu l'air que de subir le film, et c'est plutôt lui qui lui a fait plaisir, même si c'est peut-être plus par lâcheté, pour éviter discussions et négociations.

Elle tourne en rond dans la pièce, et entreprend, au bord du désespoir, de nettoyer les deux plantes vertes qui ornent le salon. Ça n'a pas été fait depuis longtemps, Tim n'est pas une fée du logis. Elle commence par dépoussiérer les feuilles, puis passe ensuite dessus un chiffon imprégné de bière, parce qu'elle se souvient que sa mère faisait cela, paraît-il que ça nourrit les plantes, ou un truc du genre. C'est dégoûtant, ça colle, ça sent bizarre. Un ratage. Finalement, elle garde la bière pour elle, et pêche une vieille BD de Lucky Luke dans la bibliothèque du salon dans laquelle elle se plonge jusqu'à ce que, dans l'entrée, elle entende tourner la clef dans la serrure. Tim, enfin !

Son cousin entre, épuisé de sa semaine, mais heureux, et content d'être en week-end. Maya saute sur l'occasion :

— On sort boire un verre ce soir ? propose-t-elle.

— Même pas en rêve ! Je suis crevé. Et comme on sort déjà demain soir...

— Demain soir on ne sort pas, on dîne ici. Allez...

— Non, franchement, j'ai juste envie d'être peinard. Le prends pas mal, mais si tu bossais, tu comprendrais.

— Le prends pas mal, mais garde tes réflexions à la con.

— Ok. Sympa l'humeur. Bon, on mange quoi ce soir ?

— Je sais pas. Peut-être ce que t'auras préparé, pour une fois ?

Tim ouvre la bouche pour répliquer mais il est interrompu par la voix calme de Manuel qui s'est glissé dans le salon sans faire de bruit.

— Maya a fait du chili, et il en reste pas mal. Je peux l'accommoder, si vous voulez.

Les deux autres hochent la tête en silence, autant surpris de la proposition que de le voir débouler de cette manière. Manuel esquisse une drôle de grimace qui pourrait être une sorte de sourire et quitte la pièce pour se rendre dans la cuisine, juste après que Maya lui a crié « Mets pas trop de piment, hein », froissée qu'il veuille arranger son plat qui n'était quand même pas si mal.

— C'est la première fois qu'il sort vraiment de lui-même de sa chambre, chuchote Maya à son cousin.

— Oui, super, fait Tim, les yeux déjà sur son téléphone.

— Mais t'es pas content pour ton pote ?

— Si, super.

— Et il fait la bouffe ! C'est dingue ! Tu sais s'il cuisine bien ? Enfin, il ne fait qu' « accommoder » mon repas, après tout. Il ne veut pas préparer de dessert par contre, tu sais pourquoi ? Il m'a dit qu'il ne voulait plus être pâtissier.

— Je sais.

— Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

— Écoute Maya, lâche Tim, en se tournant vers sa cousine. Laisse-le tranquille, d'accord ? Manuel, c'est pas une de tes copines, il ne fonctionne pas comme ça. Il a été élevé à la dure, lui et la communication, ça fait huit, et je pense que ce qui s'est passé dans sa vie dernièrement n'a rien arrangé. Il sort s'il veut, il mange s'il veut, il passe du temps avec nous s'il veut. Moi, je suis là pour lui s'il en a besoin, et il le sait. En attendant, je lui fous la paix, et ce serait bien que tu fasses de même.

— Il t'a dit quelque chose ? Il s'est plaint de moi ? réplique Maya, vexée jusqu'à l'os.

— Non, mais je le connais. T'as un crush sur lui ?

— Mais non, enfin, quelle idée ! C'est juste que je vois qu'il va mal et ...

— Je sais que tu veux être gentille, mais on dirait une gamine qui ramasse les oiseaux blessés pour les soigner. Manu n'est pas un pauvre petit animal, c'est un humain. Il se gère. Alors lâche-le, d'accord ?

Elle reste silencieuse le temps d'assimiler les paroles de Tim, qui ne lui conviennent pas du tout, et finalement conclut la discussion d'un sonnant « Tu me saoules » qui n'émeut pas son cousin. Elle se lève et va rejoindre Manuel dans la cuisine. Il a mis de la musique, les Stones. Elle l'observe de dos, occupé à couper des trucs. Elle voudrait s'approcher, lui proposer son aide, s'assoir à la table avec un verre de vin et entamer la conversation mais elle se sent freinée dans son élan, un peu triste sans savoir pourquoi et d'un coup, Bertrand lui manque. Elle se détourne sans bruit, et va finalement dans sa chambre, comme s'il fallait rétablir un certain équilibre.

Elle reste sur son lit, à écouter de la musique en relisant les messages de Bertrand archivés dans son téléphone. Il les lui envoyait d'un autre numéro, un second portable qu'il cachait à sa femme. Elle n'a même pas une photo d'eux ensemble, rien. Rien qui aurait pu le compromettre. En y réfléchissant, c'est fou qu'ils se soient fait prendre de cette manière. Presque, on pourrait penser que c'était voulu, comme un acte manqué. Ce soir-là, il lui avait dit qu'il était prêt à partir, peut-être aurait-elle dû insister davantage après la rupture. D'un coup, sans réfléchir, elle pose l'index sur l'écran, en haut à droite, sur la petite icône qui représente un téléphone. Son cœur bat à mille à l'heure. Pour rien : répondeur. Bien sûr. Une voix automatisée, qui énonce le numéro appelé. Elle raccroche sans laisser de message, vaguement honteuse.

Elle étend ses jambes devant elle et soupire. Elle entend les garçons parler, et même rire depuis la cuisine, alors qu'elle est toute seule ici, toujours à contre-temps. Il faut qu'elle prenne sur elle, classe les réflexions de Tim qui l'ont blessée et profite du moment présent. Elle se lève, s'étire et plaque un sourire sur ses lèvres avant de rejoindre les garçons.

— Maya l'abeille, l'accueille Tim avec un grand sourire.

Il se lève pour passer son bras autour du cou de sa cousine et pose un gros baiser humide sur sa joue.

— Ah, t'es chiant, râle-t-elle en s'essuyant, mais elle est aux anges.

— Tiens, un verre de blanc pour me faire pardonner. Manu, tu as eu l'occasion de croiser Maya depuis que tu es arrivé ?

— Un peu, sourit-il. Notamment aux urgences.

Maya rougit et glousse mais il n'ajoute rien.

— Ah oui, bien sûr. Elle est maladroite, ma cousine, mais c'est comme ça qu'on l'aime.

— Je vais mettre la table, élude-t-elle, un peu gênée.

— Excuse-moi, pour tout à l'heure, chuchote son cousin alors que Manuel s'en est retourné à ses fourneaux. Je manque de tact quand je suis fatigué, j'ai pas été sympa.

— T'en fais pas, je crois que j'avais juste besoin de l'entendre. Tu as raison, je vais le laisser tranquille.

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