Ce matin-là, Hermione se réveilla avec une étrange sensation. Elle avait l'impression d'avoir la gueule de bois, alors qu'elle ne souvenait pas d'avoir bu quoi que ce soit la veille, du moins, pas à outrance, car elle savait qu'elle ne tenait pas l'alcool...
Quittant son lit avec l'impression que tout tournait, la jeune sorcière contourna le baldaquin en enfilant sa robe de chambre et se dirigea vers la porte de la chambre. En passant devant la Psyché, elle se figea et recula de deux pas.

— Qu'est-ce que... ?

Repoussant sa robe de chambre en satin, Hermione sentit son visage se décomposer quand elle découvrit, sous son pyjama de satin beige... qu'elle était enceinte ! Aussitôt, la tête lui tourna et elle s'écroula sur le tapis dans un bruit sourd.

Hermione s'assit brutalement dans son lit en poussant un cri. Elle regarda autour d'elle, le jour se levait à peine et les réminiscences de son cauchemar lui revinrent aussitôt. Elle plaqua alors ses mains sur son ventre et soupira de soulagement en le découvrant toujours bien plat.

— Lucius, je vous retiens ! siffla la jeune femme entre ses dents.

Elle repoussa les couvertures et sortit ses jambes du lit en marmonnant. Elle enfila sa robe de chambre et quitta la pièce en se frottant le visage. Elle heurta alors quelqu'un dans le couloir et maugréa.

— Ouh, quelqu'un aurait-il mal dormi ? susurra une voix.

La Gryffondor ferma les yeux et pivota. Lucius la regarda avec surprise en rentrant le menton. Enroulé dans une robe de chambre verte en velours, les cheveux noués en catogan sur la nuque, il faisait comme n'importe quel quidam le dimanche matin : il traînait en pyjama.

— Ais-je déjà fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? demanda-t-il alors, hésitant.

Hermione soupira par le nez en secouant la tête.

— Non, dit-elle. Désolée... J'ai juste fait quelques... rêves, étranges...

Lucius haussa un sourcil.

— Non, pas ce genre de rêve... répondit Hermione en levant les yeux au ciel. Pour tout vous dire, j'ai cru me réveiller ce matin... en étant enceinte.
— Je vous demande pardon ?
— C'était un rêve... Vous avez parlé hier, que je ferais une bonne mère, j'imagine que cela m'a travaillée toute la nuit... Merci.

La jeune femme haussa les épaules puis Lucius posa une main sur son bras et elle le regarda.

— Je suis navré, mon amie, dit-il. J'ignorais que cela vous perturberait à ce point, je ne le referai plus...
— Ce n'est pas ça, c'est juste que je n'avais jamais songé, pas un seul instant, que je vivrais assez longtemps pour avoir un jour des enfants. De plus, après l'année que je viens de passer, cette option avait été mise définitivement de côté...

Lucius soupira brièvement puis passa son bras autour de ses épaules et l'entraîna jusqu'à la cuisine. Il demanda à Sedia un petit-déjeuner copieux et ils s'installèrent de part et d'autre de la lourde table en bois.

— Craignez-vous donc à ce point de... continuer à vivre ?

Hermione baissa le nez sur ses mains et secoua la tête.

— Ce n'est pas ça, répondit-elle. Je suis parfaitement consciente qu'avec la fin du Lord, les rues sont de nouveau sûres, mais je n'ai rien à offrir à un enfant... Je suis une prostituée, Lucius, quel enfant voudrait d'une mère pareille ?
— Eh bien, nous ne choisissons pas notre famille, ni nos parents, il est vrai, répondit l'homme blond. Mais un enfant reste un enfant. Drago est mon fils, et malgré tout ce que j'ai fait, il ne s'est pas détourné de moi... Je comprends votre réticence, ajouta-t-il. Néanmoins, dites-vous une chose, Hermione.
— Laquelle ?
— Vous n'avez que vingt-et-un ans. Vous avez encore bien des années pour vous pardonner d'avoir toucher le fond à un moment de votre vie.

Hermione esquissa un sourire. Lucius lui prit la main et serra ses doigts.

— Malgré mon séjour en prison, j'ai encore des contacts au Ministère, reprit-il en se redressant. Dès demain, je vais tâcher de tirer quelques ficelles pour qu'enfin, le Ministre reconnaisse que ce ne sont pas les Aurors qui ont tué le Lord, mais bel et bien trois adolescents prêts à tout pour sauver les leurs. Une fois que vous aurez recouvré un statut, croyez-moi, ma chère, la vie sera plus ensoleillée que jamais.

Hermione sourit et secoua lentement la tête.

— Vous voyez que vous savez être gentil, dit-elle alors. Je suis d'ascendance Moldue, et pourtant, vous m'avez prise sous votre aile, et vous voilà en train de me suivre dans une entreprise aussi folle qu'intéressante qu'est la création d'une Maison d'Hôtes pour sorciers ! Et pour couronner le tout, vous allez vous plier en quatre pour que je retrouve un statut que je ne suis même pas sûre de mériter.
— J'admets que sans Potter, vous n'y seriez pas arrivés, mais si Potter remonte sur le podium, vous serrez obligatoirement près de lui, répondit Lucius. Le Ministre ne veut pas le reconnaitre, il n'admet pas que des enfants aient pu être plus persévérants et efficaces que des Aurors entrainés toute leur vie pour une telle chose. C'est de l'orgueil mal placé et, j'ai honte à l'avouer, mais je suis le premier à jouer à ce jeu...
— Les hommes sont ainsi, dit Hermione avec un sourire. Ne touchez pas à l'orgueil d'un homme ou il vous en cuira !

Elle rigola et Lucius lui décocha un sourire qu'il avait rarement. La jeune femme secoua alors la tête puis Sedia déposa le petit-déjeuner sur la table avant d'aller s'occuper ailleurs dans la maison.

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— Alors, nous aurons besoin de refaire les lambris, les peintures et les parquets des chambres du deuxième et du troisième étage. Les seize. Ainsi que les escaliers, car ils n'ont pas servi depuis très longtemps et qu'ils ne sont plus aux normes de sécurité actuelles.
— Bien, Madame.
— Ensuite, les quatre chambres du premier, dans l'aile Est, sont également à refaire, mais les travaux sont moindres, le parquet est encore en bon état et les lambris sont à rafraichir. Les peintures aussi, mais je m'en occuperai.
— Entendu. Quoi d'autre ?
— Je ne sais pas s'il faut installer la climatisation dans chaque chambre ou pas, répondit Hermione. Elles possèdent chacun une cheminée, donc pour l'hiver, aucun problème, mais pour l'été... J'ai peur que le coût soit bien trop important, même pour moi, car il faudrait faire installer l'électricité partout...
— Je vois. Puis-je inspecter l'une des chambres ?
— Bien entendu.

L'Entrepreneur sorcier et Hermione se trouvaient dans le bureau de Lucius depuis environ une heure, à étudier les plans de chacun des trois étages habitables du Manoir. Vingt chambres étaient à refaire en quasi-totalité, Lucius ayant tenu à ne pas toucher aux trois chambres qu'ils occupaient actuellement, ainsi que la chambre de Narcissa qui serait transformée ultérieurement en chambre d'amis.

— Nous y sommes, dit Hermione en arrivant en haut du premier palier. Les chambres à refaire commencent ici. Les quatre qui sont là sont en bon état...

Elle ouvrit une porte et l'homme inspecta parquet et lambris.

— Oui, dit-il. C'est correct. Le plafond est en bon état, je pense tout de même que l'électricité n'est plus aux normes, mais je verrais cela avec mon électricien.

La Gryffondor opina et ils montèrent à l'étage supérieur.

— L'escalier n'est pas en bon état, nota l'entrepreneur. Il n'est pas vermoulu, donc un bon coup de ponçage et un vernis devraient lui redonner une jeunesse, mais si j'ai un conseil à vous donner, c'est d'utiliser cet espace vide ici pour installer un monte-charge. Les sorciers voyagent léger, mais je pense que ce serait un plus pour l'établissement, surtout si vous prévoyez d'accueillir des Moldus.
— En effet... J'en parlerai avec Monsieur Malefoy.

L'homme hocha la tête et ils continuèrent de visiter le second, puis le troisième étage. Ils redescendirent ensuite et l'homme reprit le carnet où sa Plume à Papote avait noté tout ce qu'il disait. Il énuméra les points un par un pour qu'Hermione confirme, puis il lui souhaita une bonne journée et la laissa. Drago transplana au même moment dans le hall d'entrée.

— Ah, te voilà, tu te souviens que tu vis ici ? dit la jeune femme, étonnée.
— Oh, je t'en prie, j'ai juste passé la journée avec Potter...
— Et la nuit, dit la Gryffondor, amusée. Je ne te juge pas du tout, Malefoy, tu fais ce que tu veux, hein. Je suis même contente que Harry et toi ça marche. Ça l'aide beaucoup.
— Il t'en a parlé ?

Hermione opina. Malefoy soupira et posa ses mains sur ses hanches. Il agita ensuite la main et la Gryffondor comprit qu'il ne voulait pas en parler. Elle regarda sa montre et l'invita à aller boire le thé dehors.

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— Et ça va nous coûter combien ?
— Pour l'instant, je l'ignore, mais nous ne ferons pas tout d'un coup, répondit Hermione. Chaque chambre, l'une après l'autre. L'idéal est d'en avoir au moins trois prêtes pour ouvrir, ensuite avec l'argent des locations, nous pourrons en redécorer une autre, puis une autre, etc.

Lucius hocha la tête. Hermione à son bras, ils se promenaient sur les chemins qui sillonnaient le domaine Malefoy et, alors qu'ils faisaient une pause sous un gros chêne, Hermione esquissa un sourire.

— À quoi venez-vous de penser ? lui demanda l'homme blonde.
— Juste au fait qu'une partie du jardin pourrait être aménagée pour les clients, et une partie pourrait nous être réservée.
— Cela apportait-il du prestige à la maison ?
— Certainement. En général, un espace clos, arboré, avec de quoi se détendre en famille, une piscine aussi, et des jeux pour les enfants, c'est idéal pour une maison d'hôtes. C'est de l'entretien, c'est une évidence, mais avec la magie et quelques serviteurs, ce serait parfait.
— Dans ce cas, nous en discuterons avec le jardinier de la maison, c'est un Cracmol qui travail pour moi depuis près de vingt ans, il connait le jardin comme sa poche, répondit Lucius en hochant la tête.

Hermione sourit puis proposa qu'ils rentrent. Ils reprirent donc la direction du manoir que l'on voyait au loin, sur sa bute d'herbe un peu jaunie par le soleil. La Gryffondor songea alors au manoir Rogue, dans leur dos, de l'autre côté du bois qui fermait la propriété des Malefoy. La bâtisse tombait en ruines, le professeur ne l'avait jamais entretenue, vivant exclusivement à Poudlard et de temps en temps dans sa maison de famille de l'Impasse du Tisseur. Sans doute que l'endroit lui était cher, car il lui rappelait Lily, la future mère de Harry, sans doute.

— Tout va bien ? demanda soudain Lucius.
— Oui, oui, ce n'est rien, j'étais juste perdue dans mes pensées, sourit Hermione. Allez, rentrons, je commence à avoir trop chaud.

Lucius opina et observa le ciel bleu. Le mois d'aout était bien entamé et la chaleur bien présente, ils passaient donc beaucoup de temps à l'intérieur, au frais entre les épais murs de pierre du vieux manoir.