Chapitre 21
Hermione repoussa ses couvertures et s'assit au bord de son lit. Elle soupira et repoussa ses épaisses mèches brunes pour déchiffrer le réveil. Il indiquait huit heures et demi. Elle pourrait dormir encore, mais aujourd'hui, elle avait à faire. En effet, elle s'était mise en tête d'aider Monsieur Malefoy à trier toutes les vieilleries que ce Manoir avait amassé pendant près de deux cent ans.
Cela faisait plusieurs jours déjà qu'ils y étaient et ils avaient déjà vendu de nombreux objets de collection à des salles des ventes, ce qui avait fait rentrer un peu d'argent, mais selon Lucius, ce n'était pas suffisant.
Soufflant par le nez, Hermione enfila sa robe de chambre et alla s'asseoir devant sa coiffeuse. Elle prit son peigne à grosses dents et tenta de discipliner ses mèches brunes, mais elle aurait surtout besoin d'aller chez le coiffeur...
Après une toilette de chat, la jeune femme quitta sa chambre et descendit dans la cuisine. Il faisait un froid de canard dans le manoir, seules les pièces occupées étant chauffées, et en ce mois de juin, alors que dehors le soleil brillait déjà, il ne parvenait pas à réchauffer la vieille bâtisse.
— Déjà levée ?
Hermione sursauta et pivota en resserrant son gilet autour d'elle.
— Monsieur Malefoy... ? Je vous retourne la question, dit-elle.
L'homme blond sourit. Il déposa son manteau et le rangea dans la penderie.
— Je suis allé voir mes chevaux, dit-il. Et j'en ai profité pour aller jusqu'au manoir Rogue.
— Ah...
Hermione pinça les lèvres puis fit un signe de tête et ils se dirigèrent vers la cuisine. Sedia n'était pas là, partie faire des courses, et avait laissé un mot.
— Monsieur Malefoy, j'ai quelque chose à vous demander, dit la jeune femme en s'approchant de la cafetière.
Lucius haussa un sourcil puis sortit d'un placard deux grandes tasses et deux assiettes. Sedia avait préparé le petit-déjeuner avant de partir et il n'y avait plus qu'à réchauffer les œufs brouillés.
— Vous avez l'air bien sérieuse, Miss, dit l'homme en déposant des couverts sur la table.
— En fait, ce n'est pas facile à dire et je suis quasiment sûre que vous allez refuser, mais il faut que je vous le propose.
La jeune femme déposa la cafetière sur la table puis se glissa sur le banc en soupirant.
— La semaine dernière, quand Drago et moi nous vous avons rejoint dans le grenier, vous avez mentionné les finances du manoir...
— Oui, en effet... Mais ne vous en faites pas, je ne suis pas prêt à déménager et je ne vous demanderai jamais de loyer.
— Merci, mais ce n'est pas ça qui m'inquiète. Tous ces objets vont vous permettre de ramener un peu d'argent, mais sans doute pas suffisamment pour entretenir le manoir encore longtemps, si ?
Lucius plissa le nez et se détourna pour aller chercher les toasts qui venaient de sauter du grille-pain.
— Bon, parlez, Miss Granger, dit-il alors. Que voulez-vous ?
— Moi ? Rien... En fait, si.
— Mais encore ?
Malefoy père se retourna et Hermione l'observa un moment.
— J'aimerais vous aider à entretenir le manoir, dit alors la Gryffondor.
— Hors de question.
Hermione ferma les yeux. Elle s'était bien entendu attendue à cette réponse, mais elle avait réfléchi toute la semaine.
— Écoutez, je... J'ai mis une option sur le Manoir Rogue et je...
Lucius se retourna brusquement.
— Quoi ? Mais quand ?
— Il y a un mois, il était à vingt mille Galions, mais j'ai reçu un message du Notaire il y a deux jours, il a baissé le prix après que le toit se soit effondré, il ne vaut plus que douze mille Galions. C'est une ruine et ce sera un gouffre financier de le faire remettre en état, mais je compte bien le faire et m'y installer. Dès que le Ministère aura reconnu publiquement que c'est grâce à Harry, Ron et moi que Voldemort a été défait, j'aurais une rente à vie de trente mille Gallions par an, cela couvrira amplement les frais de maintenance d'un manoir en piteux état. Mais d'ici là...
Lucius serra les mâchoires, la surprise passée, puis secoua la tête et s'assit en face de la jeune femme.
— Non, dit-il. Je ne peux pas vous laisser faire ça. Pas acheter le manoir Rogue, mais vous demander de m'aider à entretenir ma maison.
— Pourquoi... ? demanda Hermione, presque en suppliant. Parce que mon argent est sale ? C'est pour ça que vous n'en voulez pas ?
Lucius baissa le nez. Hermione se redressa alors avec un sourire tendu. Elle hocha la tête et quitta la table.
— Non, Hermione, attendez... !
La jeune femme se figea. Malefoy père pivota alors sur son banc et la regarda.
— L'argent qui sert à entretenir cette demeure est encore plus sale que le vôtre, dit-il. Votre offre est terriblement tentante, ce manoir est un gouffre financier, il me coûte des milliers de Gallions par mois rien qu'en chauffage, mais je ne peux pas vous laisser me donner de l'argent.
— Par fierté, j'imagine ? grimaça la Gryffondor. C'est votre fierté de « sang-pur » vous empêche d'accepter l'aide d'une femme, pire encore d'une fille de Moldus, c'est ça ?
Le ton était âpre. Lucius secoua la tête et se leva alors. Il fit face à la jeune femme qui leva la tête pour le regarder.
— Non, dit-il doucement. J'ai compris depuis longtemps que vous n'étiez pas une... une Née-Moldue, du moins pas suivant la définition des Mangemorts... Vos parents sont des Moldus, oui d'accord, mais vous êtes une sorcière, une sorcière puissante, intelligente et très belle...
Hermione haussa un sourcil sous le compliment et esquissa un sourire.
— Me feriez-vous du charme, Monsieur Malefoy ? demanda-t-elle alors, amusée.
— Je n'oserais pas...
Hermione sourit et renifla avec un peu de dédain.
— S'il vous plaît, dit-elle alors en reprenant son sérieux. Acceptez mon argent... Le toit a besoin d'être recouvert, certains tapis sont si élimés qu'on s'accroche les pieds dedans... Toutes les vieilleries qu'il y a au grenier suffiront à payer les frais pendant encore quoi, un an, deux ? Et après ? Vous allez vendre le Manoir à un cousin et aller vivre en ville ?
Lucius resta silencieux puis il soupira bruyamment. Hermione pencha la tête.
— J'ai suffisamment d'argent pour vivre le reste de ma vie sans jamais travailler, dit-elle doucement. Je sais que c'est de l'argent sale, mais vous m'avez invitée à venir vivre ici pour que je puisse quitter la rue, personne d'autre ne l'aurait fait.
— Je suis sûre que si Potter et Weasley étaient au courant, ils se seraient mis en quatre pour vous aider.
— Sans doute, mais j'aurais refusé.
— Alors pourquoi avoir accepté ma proposition ?
Hermione se mordit la joue et repensa soudain aux paroles de la vendeuse de sous-vêtements, une semaine en arrière.
— Parce que... commença la jeune femme. Parce qu'une fille comme moi a besoin de quelqu'un qui la protège quand elle quitte la rue, dit-elle finalement en se détournant.
Elle retourna s'asseoir à table et se servit du café. Malefoy senior pivota, étonné par la réponse, et se rassit à table.
— Vous vous sentez... menacée ? demanda-t-il après un silence.
— Non, mais j'ai peur, parfois, quand je vais sur le Chemin de Traverse, qu'on me reconnaisse. Je ne ressemble plus à Jean, bien entendu, j'ai repris mon ancienne apparence sage, mais le visage ne se change pas, Monsieur Malefoy...
Elle marqua une pause puis souffla par le nez.
— Mes... clients n'auront aucun mal à me reconnaître si je tombe nez à nez avec eux, ajouta-t-elle.
— C'est la raison pour laquelle vous n'êtes pas beaucoup sortie du manoir depuis deux mois ?
— J'imagine... Je me cachais, je pense.
— Et maintenant ?
Hermione renifla dédaigneusement.
— Maintenant, je continue à me cacher, dans un an je me cacherai encore, dans dix ans...
— Dans dix ans, j'espère que votre triste année ne vous perturbera plus autant, la coupa Lucius avec un sourire en coin. Pour en revenir à votre demande, je dois y réfléchir, en parler avec Drago et... aviser ce que cela va générer entre vous et moi.
Hermione le regarda et pinça les lèvres. Elle opina ensuite puis poussa la cafetière vers l'homme qui lui adressa un sourire avant de se servir.
.
— Tu as du culot, tu sais ?
— Oui, je sais...
Allongée sur une couverture, sur l'herbe du jardin du manoir, Hermione releva ses lunettes de soleil et sourit à Malefoy fils. Elle se releva sur les coudes et haussa un sourcil.
— T'as fini de mater ? dit-elle avec un sourire.
— Oh, je profite de la vue, nuance, répondit le Serpentard en lui tirant la langue.
— Qu'est-ce que dirait Harry s'il savait...
— Sans doute rien.
Les deux jeunes gens se regardèrent, surpris, puis tournèrent la tête vers le manoir et Harry sortit des ombres en souriant. Lucius le suivait.
— Je l'ai trouvé sur le palier, dit-il. Quel dommage que nous n'ayons pas de piscine... soupira-t-il ensuite en regardant le soleil.
Il se détourna presque aussitôt et Hermione le regarda avant de reporter son attention sur Harry qui vint s'agenouiller près de Malefoy. Quand les deux garçons se sourirent, la jeune femme se mordit la lèvre.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda alors Malefoy.
— J'ai décidé de venir voir ce manoir dont tu vantais les richesses pendant que nous étions à Poudlard, répondit le brun en s'asseyant sur la couverture.
Il embrassa Hermione sur la joue en passant, puis soupira en regardant la bâtisse.
— Elle a besoin d'un coup de neuf, dit-il. Le toit semble partir en morceaux et toutes ces fenêtres barricadées, ça ne donne pas envie.
— Tu devrais voir le Manoir Rogue, soupira alors Hermione. Ma maison est un taudis qui risque de tomber au premier coup de vent...
— Ta maison ? répéta Harry. Tu l'as acheté ?
— Non... Pas encore, mais j'ai mis une option dessus. Avant, je dois régler quelques petites choses avec son cher papounet...
Elle indiqua Malefoy de l'index et celui-ci haussa un sourcil.
— Traduction ? demanda Harry en regardant son compagnon.
Malefoy croisa les bras.
— Granger s'est mis en tête de participer aux frais du Manoir Malefoy, dit-il. Mais mon père n'est pas vraiment d'accord, Hermione est son invitée et aux dernières nouvelles, les invités ne sont pas censés payer quoi que ce soit.
— Okay... Donc tu veux mettre du fric dans cette bicoque-là... et dans l'autre ? demanda Harry.
— Précisément. Mais pour rénover le Manoir Rogue, je vais sagement attendre que le Ministère de la Magie reconnaisse publiquement nous avoir abandonnés, Ron, toi et moi, et nous fasse des excuses en nous versant une rente annuelle fixée par nos soins.
Harry blêmit.
— Tu es sérieuse ? dit-il en jetant un coup d'œil à Malefoy.
— Moi, je n'y suis pour rien, hein, elle s'est collé ça dans la tête toute seule...
Hermione soupira et s'assit. Elle ramena son paréo sur ses cuisses et remonta ses lunettes de soleil sur sa tête.
— Écoute Harry, dit-elle. Sans nous, nous trois, et uniquement nous trois, Voldemort serait encore en vie et nous ne serions certainement plus là pour en parler. C'est grâce à nous seuls que nous avons réussi à ce que toi tu puisses le tuer. Nous avons passé un an à risquer nos vies pour détruire ces putains d'Horcruxes, nous y avons laissé une partie de notre innocence, et ça, personne ne s'en est inquiété ! Aujourd'hui, Ron est claquemuré chez lui, toi tu as été si près du fond que tu l'as presque touché du doigt, quant à moi...
Elle serra les mâchoires et tourna la tête. Elle ferma les yeux un moment puis regarda de nouveau Harry.
— Tu sais quoi ? dit-elle. Tu vas aller voir Shacklebolt.
— Quoi, maintenant ? Mais...
— Maintenant, demain, la semaine prochaine ! Peu importe, Harry, mais moi j'en ai assez d'avoir peur dès que je mets le nez dehors !
— Peur ? dit Malefoy. Pourtant tu es sortie plusieurs fois depuis que tu vis ici et...
— En deux mois, Drago, je suis sortie que trois fois... ! dit la Gryffondor. Je suis terrifiée à l'idée qu'un homme puisse me reconnaitre sur le Chemin de Traverse ! En une année, j'ai eu des centaines de clients ! N'importe quel homme que je vais croiser peut me reconnaitre et jeter la honte sur ma famille !
Elle secoua la tête puis soudain se leva et rentra dans la maison. Elle tomba sur Lucius dans la salle à manger et l'homme n'eut qu'à tendre les bras pour qu'elle se blottisse contre lui. Il lui caressa alors le dos en posant son menton sur sa tête, et regarda dehors. Son fils et Harry regardaient dans la direction de la maison, mais ne pouvaient pas les voir à cause de la luminosité extérieure. Quand ils se tournèrent l'un vers l'autre et que Malefoy posa sa main sur le genou de son compagnon, Lucius baissa les yeux.
Hermione recula alors et il lui caressa la joue.
— Venez, dit-il. Vous avez besoin d'un petit remontant, on dirait...
La jeune femme ne répondit rien et il passa son bras autour de ses épaules pour l'entraîner dans l'ancien boudoir de Narcissa, reconverti en fumoir.
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