Chapitre 20
— Jean ! Bon sang ! Je n'en reviens pas !
Hermione regarda la jeune femme de l'autre côté du comptoir et sourit. Elle déposa ses achats sur le plateau et la vendeuse retira les étiquettes en les déposant dans un panier. Le prix s'afficha aussitôt sur la vieille caisse enregistreuse Moldue des années vingt.
— C'est Miss Granger, maintenant, dit alors Hermione. J'ai quitté le métier.
— Ah oui, c'est vrai. Mais comment allez-vous ? Il y a longtemps qu'on ne vous a pas vue, où étiez-vous passée ?
— Qu'est-ce qui se dit, dans le quartier ?
Hermione glissa ses achats dans son sac sans fond et la jeune femme en face d'elle lui sourit mystérieusement.
— Eh bien, étant donné que « Jean » n'est plus sur le trottoir et que sa chambre a été nettoyée, tout le monde pense qu'elle a été achetée par un riche... Ou qu'elle est tombée enceinte, dit-elle en posant un coude sur le comptoir.
— Merlin, merci non ! s'exclama Hermione en rigolant. J'ai encore quelques années avant de penser à cette partie de ma vie !
La jeune vendeuse lui décocha un large sourire. Malgré sa réputation, Hermione avait tenu à revenir dans la même boutique où, deux mois en arrière, elle achetait encore sa lingerie en tant que Jean la Prostituée.
— Vous allez bien, sinon ? demanda alors la vendeuse en ouvrant sa caisse enregistreuse. Treize Gallions et onze Noises, s'il vous plait, dit-elle ensuite.
— Oui. Beaucoup mieux qu'avant, comme vous le voyez, répondit Hermione en tapotant sa hanche. D'où ma venue ici...
— Oh, vous avez encore de la marge avant de devoir vraiment tout changer, mais si votre vie s'arrange, alors je suis contente pour vous. Il est gentil avec vous ?
— Oui, très, un peu trop parfois, mais j'imagine que c'est parce qu'il sort d'Azkaban et qu'il veut faire amende honorable.
— Sorti d'Azkaban ? Mais comment est-ce possible ? Allons, qui est cet homme, dites-le-moi, s'il vous plaît...
Hermione serra les lèvres, amusée. Durant toute l'année écoulée qu'elle avait passé dans les bas-fonds du chemin de Traverse, cette fille avait été sa seule véritable amie. La seule personne qui discutait librement avec elle sans jamais la juger sur son travail.
— C'est Lucius Malefoy, répondit alors Hermione. Il m'a croisée un jour dans le parc, et en me reconnaissant, il a cherché à me retrouver... Quand je suis partie de la rue, je me suis installée chez lui...
— Alors vous vivez chez lui depuis que vous êtes partie d'ici... répéta la vendeuse, surprise. Oh là, là ! Mais il n'est pas riche, lui, il est... ultra riche !
— Oui, enfin bon, ce n'est pas non plus ce qui m'a poussée à accepter sa demande, hein... répondit la brunette en plissant le nez. Je n'ai pas à me plaindre non plus, concernant les finances...
— Oui, non, d'accord, mais...
Hermione haussa les épaules.
— Combien je vous dois ? demanda-t-elle alors. Je suis désolée, je discuterais bien encore, mais j'ai d'autres achats à faire avant le déjeuner...
— Ah... Euh, treize Gallions et onze Noises, s'il vous plaît... Miss Granger.
Hermione hocha la tête puis tendit les pièces et recula d'un pas en prenant son paquet.
— Bonne journée, dit-elle.
— À vous aussi.
Hermione quitta la boutique et transplana dès qu'elle fut dans la rue, à distance raisonnable des autres personnes. Elle reparut au bout du Chemin de Traverse, du côté de l'Église, et soupira profondément en regardant le bâtiment. Elle avait voulu retourner dans cette boutique qu'elle aimait bien à l'époque, mais ça n'avait pas été une bonne idée. Beaucoup de souvenirs avaient ressurgi, des souvenirs qu'elle avait eut du mal à refouler au fond de sa mémoire et...
— Granger ?
La Gryffondor fit volte-face et ferma les yeux en reconnaissant le fils Malefoy.
— Je ne voulais pas te faire peur, désolé, répondit le blond. Qu'est-ce que tu fais là ?
— Un peu de shopping, répondit la jeune femme en souriant. Je ne suis pas sortie depuis plusieurs jours, j'avais besoin de voir du monde.
Malefoy hocha la tête.
— Je peux me joindre à toi ? demanda-t-il.
— Que fais-tu ici, toi ? Je te croyais avec Harry aujourd'hui...
— Je l'étais, mais il a trouvé un travail dans le monde Moldu, alors...
Hermione haussa un sourcil.
— Un travail chez les Moldus ? Mais... Il ne veut plus être Auror ?
— Je crois que ça lui a passé depuis très longtemps, tu sais ? dit le blond en proposant son bras à la brunette.
— Comment ça ?
— Oh, tu sais, Voldemort a été tué, les Mangemorts ne sont plus beaucoup à courir encore dans la nature, alors...
Le Serpentard haussa les épaules et esquissa un sourire.
— Mais moi ça me va, dit-il. Si notre amitié s'étoffe, ma foi, ce sera moins prenant d'avoir un copain serveur dans un bar Moldu plutôt qu'Auror qui court dans le monde entier dès qu'une alerte retenti quelque part... Les horaires seront moins prenants et je saurais toujours où il est.
Hermione rigola. Elle tapota le bras du blond puis passa son bras au creux de son coude et ils reprirent leur chemin en silence.
— On va manger quelque chose ? demanda-t-elle.
— Il est dix heures...
— Et alors ?
Malefoy haussa un sourcil puis hocha la tête. Une odeur de chocolat chaud vint soudain leur chatouiller les narines et ils se regardèrent d'un air entendu avant de se diriger vers la boutique de Florian Fortarôme où déjà, plusieurs personnes convergeaient d'un air gourmand.
.
Au Manoir Malefoy, pendant ce temps, Lucius profitait de l'absence des deux jeunes gens pour faire du tri, avec Sedia, dans les affaires que Narcissa avait entassées au grenier depuis qu'il avait été emprisonné.
— Ce costume est tout mangé... dit Sedia d'un air triste.
— Poubelle alors, répondit Malefoy père. Je doute retourner à l'Opéra un jour, de toute façon.
— Miss Granger n'aime pas cela ?
Lucius regarda l'Elfe d'un air surpris.
— Je... l'ignore, dit-il, soudain pensif.
Il s'assit alors sur ses talons – il était en train de fouiller dans une caisse en bois – et posa ses mains sur ses hanches.
— Dis donc, toi, tu n'aurais pas en tête de me la coller dans les bras, par hasard ? dit-il. Ce n'est pas parce que Narcissa...
— Oh, non, Monsieur, loin de moi cette idée, mais reconnaissez que vous vous entendez bien, tous les deux, non ? D'accord, elle est beaucoup plus jeune que vous, pas que vous soyez vieux, hein, mais...
— Oui, bon, abrège...
Sedia esquissa un sourire et ses oreilles remuèrent.
— Moi ce que j'en dis, c'est qu'elle n'est plus une jeune fille et qu'après ce qu'elle a vécu, elle a sans doute besoin de souffler, que quelqu'un puisse la protéger pour qu'elle puisse oublier cette horrible année qui vient de s'écouler...
— Et tu crois vraiment que cette personne pourrait être moi ?
— Pourquoi pas ?
Debout sur un tabouret, Sedia se retourna et regarda son Maître presque dans les yeux. Elle haussa alors les épaules puis sauta du tabouret.
— Vous n'allez pas rester seul, si ? dit-elle en ouvrant un coffre. Maître Drago est adulte maintenant, il va peut-être vouloir vivre avec Harry Potter bientôt, et si Miss Granger s'en va, vous vous retrouverez seul...
Lucius grimaça. Il renifla soudain et se releva en grimaçant.
— Assez bavassé, dit-il. Continuons à trier ces vieilles affaires, que je sache ce que je dois racheter.
— Oui, Maître, soupira Sedia.
.
Hermione et Drago rentrèrent au Manoir vers le milieu de l'après-midi et furent très surpris en découvrant tout un tas de cartons dans le hall d'entrée.
— Bon sang, mais qui emménage ? demanda Drago. Père ! appela-t-il ensuite.
— Au grenier ! répondit le portrait de Lucius sur un ton impérieux.
— Qu'est-ce que... ? dit Hermione en regardant le tableau redevenu immobile.
— C'est un truc de mon père, t'inquiète, répondit le blond. Viens, allons voir ce qu'il fabrique là-haut, d'habitude, il n'y va jamais.
Un carton apparut brusquement dans un nuage de fumée et se posa sur une pile instable. Hermione leva la main, surprise, puis les deux jeunes sorciers montèrent au premier pour déposer leurs affaires avant de gagner le tout dernier étage du manoir, trois étages encore au-dessus d'eux.
— Toutes ces chambres ont été utilisées un jour ? demanda Hermione en passant devant un couloir sombre.
— Oui, fut un temps où beaucoup de Malefoy vivaient dans ce manoir, mais avec les années noires, il s'est vidé et bientôt, nous n'avons plus été que nous trois à vivre ici...
— Tu crois que Harry viendrait s'installer ici, si vous officialisez votre relation ?
Malefoy regarda le Gryffondor et Hermione leva les mains.
— Je n'ai rien dit, dit-elle. Mais pose-lui la question quand même, on ne sait jamais... Surtout si moi, je m'installe ici...
Le blond haussa un sourcil puis secoua la tête et s'approcha d'une porte en bois un peu fatiguée, et surtout, entrouverte.
— Père ? demanda-t-il.
— Montez.
Malefoy laissa passer Hermione devant lui dans le raide escalier en bois aux marches couvertes de poussière, et quand ils arrivèrent en haut, ils trouvèrent l'homme blond en bras de chemise, les cheveux noués en un chignon grossier, des mèches blondes éparpillées sur le front.
— Mais qu'est-ce que vous fichez ? demanda Malefoy en posant le pied sur le plancher grinçant.
— Nous trions toutes ces vieilleries, dit Sedia en sortant d'une penderie. Regardez, Maître, de vieilles robes de Madame...
— De ma mère ? demanda Drago.
— Non... De Madame...
— Oh Merlin, dit Lucius en s'approchant. Des robes ayant appartenu à ma mère...
Intriguée, Hermione s'approcha.
— Elle est belle, celle-ci... dit-elle en prenant une chemise de nuit en satin blanc.
— Cadeau, lâcha Lucius en la lui donnant.
— Quoi ? Mais non, enfin... !
— Ce sont de vieilles nippes qui vont partir à la friperie, répondit l'homme blond en se détournant. Prenez ce qui vous plaît, toi aussi, fils.
— Papa...
— Arrêtez, gronda Lucius en les regardant. Ces malles ont presque un siècle et leur contenu, peut-être plus, et nous avons besoin d'argent, fils. Personne n'était monté dans ce grenier depuis des dizaines d'années, à part ta mère quand elle a monté mes affaires.
Il montra des cartons empilés dans un coin.
— Tout le reste va partir à la friperie ou à la salle des ventes, reprit Lucius. Je ne pourrais pas continuer longtemps à entretenir ce manoir si...
Il se tut brusquement et se détourna en grognant. Hermione le regarda s'éloigner et se mordit la joue. Elle regarda la robe de nuit dans ses mains et la jeta sur son épaule avant de continuer à fouiller dans la penderie. Elle venait d'avoir une idée, mais elle allait devoir réfléchir à la bonne formulation pour que son hôte ne refuse pas avant même de l'avoir écoutée.
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