Chapitre 17
— On va rester plantés là longtemps ?
Hermione, Harry et Drago étaient à Pré-au-Lard, sur le quai du train. Harry regardait le château comme s'il allait lui sauter au visage.
— Allez, Harry, remue-toi, dit Hermione, un peu agacée. Il est déjà tard...
Le brun soupira soudain et se détourna.
— Vas-y, dit alors Malefoy. On arrive.
Hermione grimaça puis soupira et haussa les épaules.
— Très bien, je dirais à McGonagall que vous êtes là, mais ne me faites pas mentir, pour une fois !
Malefoy hocha la tête brièvement puis la Gryffondor s'éloigna et s'engagea le long de la longue montée qui menait au château.
Le chemin fut difficile, la jeune femme n'avait pas marché ainsi depuis très longtemps et elle songea, en voyant le portail fermé du domaine, qu'elle devrait sans doute faire un peu plus de sport. Elle est restée oisive pendant plus d'un an et elle s'en est rendu compte en voulant remettre sa robe de sorcière, pis encore quand elle avait été dans ce magasin avec Lucius...
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En bas, près du quai désert du Poudlard Express, Malefoy était silencieux, les mains dans les poches. Harry était planté au bord du quai, à regarder les rails et le paysage.
— Tu vas rester là longtemps ? demanda le blond au bout d'un moment. Non parce que j'ai légèrement froid et que je n'ai pas envie qu'on monte au château alors qu'il fait nuit...
— Alors vas-y, je ne te retiens pas...
— Potter...
Malefoy leva les yeux et ciel et le rejoignit. Il s'assit au bord du quai et Harry soupira en l'imitant. Le blond lui prit alors la main. Ce geste n'avait rien de nouveau entre eux et Harry se laissa faire.
— Écoute, je sais que c'est difficile pour toi de revenir ici, dit alors le Serpentard. Mais Poudlard a été ta maison pendant six ans, comme moi... Tu vas vraiment tout abandonner comme ça ? Je sais que tu as perdu beaucoup de personnes dans le Grande Bataille, mais moi aussi et tu le sais, non ?
— Oui, mais leur souvenir hante ces lieux, Drago... répondit Harry. Comment supporter de voir Lupin, Tonks, Fred et les autres, hanter le château alors qu'ils sont morts, que je les ai vus morts ?
— Ils ne sont pas là, Harry... dit Malefoy en serrant ses doigts. Poudlard n'a pas d'autres fantômes que ceux que nous avons toujours connus... Les fantômes sont des réminiscences de personnes décédées qui n'avaient pas terminé leurs affaires dans ce bas monde.
Harry serra les mâchoires.
— Parce que tu crois, toi, que Lupin et Tonks, qui venaient d'avoir un bébé, avaient terminé leurs affaires ? Et Fred ? Il avait à peine dix-neuf ans !
— Je sais, ne crie pas, répondit Malefoy. Mais leurs fantômes ne sont pas à Poudlard, et j'ignore s'ils sont restés ici, mais si c'est le cas, ils hantent sans doute leurs proches pour s'assurer qu'ils continuent bien de vivre, même sans eux.
— Alors Lupin et Tonks hanteraient leur fils, et Fred, son frère ?
Malefoy haussa les épaules. Il n'avait aucune raison de ne pas le penser, et encore moins de le penser, mais si cela pouvait aider son ancienne Némésis à monter à Poudlard avec lui, alors il était prêt à tout tenter.
Pivotant vers le château, le Serpentard pinça la bouche.
— On y va ? demanda-t-il. Si tu n'affrontes pas tes souvenirs, tu en auras peur toute ta vie, tu le sais, n'est-ce pas ? Tu crois vraiment que tes enfants vont comprendre pourquoi leur père les largue sur le quai de la gare et ne vient jamais les chercher au château ?
Harry haussa un sourcil.
— Pourquoi ferais-je ça, d'abord ?
— Tu es Harry Potter, voilà pourquoi, répondit Malefoy avec un soupir. Tu es dans tous les livres d'histoire, Potter...
Malefoy plissa le nez et lâcha la main du brun. Il se leva ensuite et s'éloigna. Harry le suivit du regard, intrigué.
— On y va ? demanda alors le blond en tendant la main.
Le Gryffondor considéra la main tendue puis regarda le château. Il se mordit la lèvre et hésita.
— Harry, s'il te plaît... insista Malefoy. Je suis aussi terrifié que toi à l'idée de retourner là-bas, alors viens, s'il te plaît, et tremblons de peur ensemble, comme nous nous sommes lamentés ensemble sur notre sort par le passé.
Harry esquissa un sourire puis secoua la tête. Il se leva finalement et prit la main du Serpentard qui lui sourit.
— À la bonne heure ! dit-il. Allez, en avant !
Harry rigola. Malefoy le regarda du coin de l'œil et cela le fit sourire de le sentir détendu. Sedia avait peut-être raison, après tout. Les choses avaient changé depuis la fin de la guerre, ils avaient changé, eux aussi, alors pourquoi leur relation ne changerait-elle pas ?
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À Poudlard, cependant, Hermione faisait face aux grandes portes du château. Le portail l'avait laissée entrer en la reconnaissant, mais la jeune femme n'avait pas encore pu franchir les portes fermées.
— Je rêve ! s'exclama soudain une grosse voix.
Hermione bondit et pivota. Un large sourire étira sa bouche quand elle reconnut Hagrid, et se précipita sur le géant qui la serra contre lui à lui briser le dos.
— Bon sang ! dit-il en la repoussant. Regardez-moi ça ! T'es devenue une vraie femme, Hermione !
— Merci, Hagrid. Je suis contente de vous revoir, vous n'avez pas changé.
— Oh, si, un peu, mes vieux os commencent à me faire mal, mais je fais avec ! Tu es toute seule ? demanda alors Hagrid.
— Non, Harry et Drago sont venus avec moi, ils sont en chemin, j'espère, parce que je les ai laissés à Pré-au-Lard, le temps que Harry se décide...
Hagrid hocha la tête.
— Viens, dit-il alors. Allons prévenir la Directrice. Elle sera très contente de te revoir.
Hermione opina puis ils se dirigèrent vers les grandes portes et quand la jeune femme franchit le seuil, elle eut un violent frisson. Des images lui revinrent à l'esprit et la main d'Hagrid se serra sur son épaule.
— Ça va aller ? demanda-t-il.
— Oui... Oui, ça va aller... Il le faut bien de toute façon, répondit la Gryffondor. Je vais y aller toute seule, dit-elle ensuite. Allez attendre les garçons, ça sera sans doute encore plus dur pour Harry d'entrer ici...
Hagrid hocha la tête puis ressortit et Hermione regarda autour d'elle. À cette heure, le hall était vide, tous les élèves étaient en cours, mais dans quelques minutes, ce sera la débandade et elle n'avait aucune envie de se trouver là à ce moment-là. Elle jeta donc un bref coup d'œil aux gigantesques soldats de pierre qui semblaient monter la garde au sommet de l'immense hall d'entrée puis, avec un frisson, elle s'engagea dans le grand escalier de marbre et prit son courage à deux mains alors que de nouvelles visions apparaissaient derrière ses paupières et que des sons qu'elle avait oubliés, sifflaient à ses oreilles...
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— Entrez ?
Hermione poussa la porte du bureau de la Directrice de Poudlard et la vieille femme sourit en la voyant.
— Vous saviez que j'étais là, n'est-ce pas ? demanda celle-ci avec un sourire en retour.
— J'ai su que vous étiez là dès que vous avez passé le portail, Hermione, répondit la vieille femme en quittant son bureau. Je suis contente de vous revoir... !
Hermione accepta avec plaisir l'accolade de son ancienne Directrice, puis elles s'assirent dans un canapé proche et McGonagall invoqua un service à thé.
— J'ai appris que vous viviez chez les Malefoy, alors ? demanda la Directrice.
— Oui, depuis quelques semaines, maintenant, répondit la jeune femme en souriant légèrement. J'ai... J'ai perdu mon travail, sur le Chemin de Traverse, et l'appartement qui allait avec, et comme vous le savez, je n'ai plus de parents, alors...
— Oui, j'ai appris ce que vous aviez fait pour les protéger, c'est terrible, répondit McGonagall en secouant la tête. Vous n'avez pas donné de nouvelles pendant un an, Miss, je me suis inquiétée, mais...
— Je sais, tout le monde s'est inquiété, apparemment, enfin sauf Harry et Ron, visiblement...
— Ah bon ? D'ailleurs, vous êtes venue seule ?
Elle se redressa soudain et regarda ensuite la Gryffondor.
— On dirait que non, répondit-elle en se levant. Monsieur Potter et Monsieur Malefoy...
Hermione haussa les sourcils.
— Comment savez-vous... ?
— Oh, le Château et moi sommes liés, Miss Granger, répondit la vieille sorcière avec un sourire. En que Directrice, je suis en mesure de vous dire précisément qui est où sur la totalité du domaine.
— Intéressant... Tous les Directeurs sont concernés ?
— Oui. Dès l'instant où ils ont été désignés par leur prédécesseur, ils commencent à percevoir la magie du Château. J'ai toujours été pressentie par le professeur Dumbledore pour devenir Directrice de Poudlard à sa suite, mais les circonstances ont fait que le professeur Rogue m'a usurpé la place pendant une année, du coup, je ressentais tout ce que le Château ressentait, mais pas Severus.
— C'est pour ça qu'il a été un si mauvais Directeur ?
— Oh, ça et bien d'autres choses, mais ne parlons pas du passé, dit McGonagall en servant le thé. Racontez-moi, qu'avez-vous fait pendant toute cette année ? Vous avez dit avoir trouvé un travail sur le Chemin de Traverse, mais je n'ai pas souvenir de vous y avoir croisé une fois...
Hermione baissa le nez en se mordant la lèvre.
— Je... commença-t-elle. Ce n'était pas un travail honnête, dit-elle ensuite. Je travaillais dans un bar de basse réputation et je... j'arrondissais les fins de mois... en nature.
McGonagall plissa les yeux. La jeune femme qu'elle avait en face d'elle n'avait plus rien à voir avec la Hermione Granger qu'elle avait connue depuis qu'elle avait onze ans, mais en même temps, la guerre change les gens, et même si les paroles de la jeune femme sonnaient faux aux oreilles de la Directrice, étrangement, elle sentait qu'il y avait un peu de vérité, au milieu.
— Je vois, dit alors la vieille sorcière. J'imagine que vous avez fait de votre mieux pour oublier votre septième année ici... Cela a-t-il fonctionné ?
— Pas comme je l'espérais, mais aujourd'hui, j'ai plus d'espoir qu'hier, répondit Hermione avec un haussement d'épaules.
— Vous vivez donc réellement chez les Malefoy...
— Oui, Monsieur Malefoy m'a offert le gîte pour le temps que je désirerais... Il a changé depuis qu'il a été emprisonné et jamais je n'aurais dit une telle chose il y a un an, mais il est devenu agréable à vivre.
— Quand bien même Narcissa ait quitté la maison ?
— J'imagine que si elle avait encore été là, l'ambiance ne serait sans aucun doute pas la même, répondit Hermione.
McGonagall tourna soudain la tête vers la porte du bureau. Elle s'ouvrit une seconde plus tard sur Hagrid qui entra en baissant la tête, avant de se décaler. Malefoy apparut alors et sourit à Hermione en hochant la tête.
Ce qui se passa ensuite, dépassa l'entendement pour qui connait le professeur Minerva McGonagall, et Harry Potter...
— Potter...
McGonagall se leva lentement du canapé et Harry entra dans le bureau, presque penaud. Il regarda autour de lui un moment, les bras croisés, et soudain, vit la Directrice. Sans prévenir, il fondit en larmes et vacilla. McGonagall se précipita sur lui et l'enlaça comme une grand-mère enlacerait son petit-fils qu'elle n'avait pas vu depuis des mois.
— Harry... !
Le Gryffondor s'agrippa à la robe de sorcière de la femme et ses sanglots firent mal au cœur des trois autres sorciers présents.
Sans un mot, Hermione se leva alors, prit la main de Malefoy, puis ils sortirent sur le palier, suivis d'Hagrid.
— Venez chez moi, les enfants, dit alors le demi-géant. Laissons-les un moment, j'imagine qu'ils ont beaucoup à se dire...
Hermione opina. Sa main dans celle du blond se serra et elle croisa le regard du Serpentard. Il sourit légèrement puis ils suivirent Hagrid à travers le Château jusqu'à sa cabane démesurée, au fond du parc.
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