Il y avait un silence plat autour de moi. L'ambiance de l'immeuble était lourde. J'avais un mauvais pressentiment. Immobile depuis quelques secondes devant la porte de Jack, je pris mon courage à deux mains, puis je poussai la porte qui se mit à grincer. L'intérieur était froid et une odeur désagréable venait du fond de la pièce. Cette odeur, je la connaissais bien. C'était l'odeur du sang, l'odeur de la mort. Paniqué, j'avançai vers le corps inerte de Jack allongé sur le sol et décoré par le rouge, le rouge sang. Il me regardait, du moins il avait son regard pointé vers le ciel. Sa bouche dansait comme s'il voulait me transmettre un dernier message qui peinait à sortir. Il m'attrapa la main, la serra très fortement avant de lâcher ses derniers mots :

- J'ai... j'ai découvert qui est l'assassin derrière le meurtre de ta famille, me dit-il d'une voix tremblante.
- C'est la même personne qui t'a poignardé ? répondis-je brusquement au vu de la blessure qu'il avait.

Le sang coulait de sa bouche. Il était sur le point de rendre l'âme.
- Oui... J'ai découvert son identité et pour couvrir ses arrières, cette personne a décidé de me faire taire et a pris la fuite avec le couteau du crime.
- Qui est-ce ? Dis-moi qui est-ce Jack !

Le pauvre Jack était déjà à bout de forces. Sa bouche s'était scotchée, mais sa volonté de me donner une réponse était plus forte encore. Il utilisa son doigt qui baignait dans son sang pour dessiner un numéro au sol, on aurait dit le 96. Que signifiait cela ? Une piste à creuser ? Plus la peine de demander une réponse à Jack, car ses yeux s'étaient déjà fermés. Il venait à l'instant même de nous quitter.

Le silence plat autour de moi m'écrasait. L'ambiance de l'immeuble était lourde. Mon mauvais pressentiment venait d'être confirmé. Jack était mort et moi, je ne trouvais rien à faire d'autre que de m'asseoir à côté de sa dépouille. Je regardais ses yeux, je regardais ce numéro. Je ne pouvais plus bouger. J'étais juste là, figé, tétanisé. Soudain, je sentis une ombre s'approcher, sans que cela ne m'effraie. Je ne sentais plus la peur. Une main glacée me toucha les épaules. Je sentais un doux parfum qui se répandait dans la pièce. Un parfum que j'avais offert à l'élue de mon cœur il y a deux ans quand on avait eu notre premier rencard. Sa main glissa jusqu'à mon visage. Elle tenait mon visage dans le creux de ses mains, puis m'offrit un baiser sur la bouche comme pour me ramener dans ce monde de turpitude.

- Jack, il est mort assassiné, dis-je dès que nos deux lèvres se séparèrent d'avantage.
- Il t'a révélé qui est l'assassin ? répondit-elle.
- Malheureusement non. Il m'a juste laissé un numéro, le 96.

Elle lâcha ma tête, puis m'enlaça quelques secondes.
- Tu sais Jordan, c'est pas de ta faute.

Nous savions tous les deux que si Jack n'avait pas été recruté pour ses services d'enquêteurs, il serait encore en vie à l'heure actuelle.
- Si, c'est ma faute. C'est moi qui l'ai embarqué dans cette affaire de meurtre et il vient de payer le prix fort. Je dois appeler la police mais je sais plus où j'ai rangé mon téléphone.

Elle glissa ses doigts dans la poche de mon pantalon, puis se saisit de mon téléphone qu'elle mit aussitôt dans son sac à main.
- On n'est pas obligé de faire ça Jordan. Dès que la police sera là, tu sera incarcéré comme principal suspect. Laisse-les découvrir le corps et profitons du moment qu'il nous reste pour trouver l'assassin ; me lança-t-elle d'un regard terrifié.

Cyndie avait toujours été une fille très belle, gentille, attentionnée et surtout très intelligente promue à un brillant avenir. Elle avait toujours voulu devenir avocate pour sauver des vies. J'avais su dès lors que c'était à moi de la protéger. Elle ne devait pas payer pour les erreurs que j'avais commises. Sa réputation ne devait pas être ternie. C'est toujours l'idée que je me suis faite d'elle. Mais maintenant, son regard n'était plus le même. Je ne l'avais jamais vue comme ça. Elle était encore plus terrifiée que moi, mais gardais un calme imperturbable.

- Dépêchons-nous de quitter les lieux.

Elle me prit par les bras et m'aida à me relever, sortit ensuite de son sac mon pull qu'elle me demanda d'enfiler pour masquer le sang sur mes vêtements. Nous nous dirigeâmes vers la sortie pour prendre un taxi afin de regagner notre maison.