ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 32
Son corps ondulait contre le sien, torride, doux. Encore, s'entendit-il penser, en savourant chaque caresse qui effleurait sa nudité. En plissant les yeux, Vernon pouvait contempler ce visage si près du sien. Son pelage délicat et pâle aussi duveteux qu'un plaid neuf ; ce regard dépareillé qui le déshabillait entre deux clignements de paupières ; cette bouche entre-ouverte qui capturaient de temps à autre la chaire de son cou pour y marquer les empreintes de ses canines... Angel, s'entendit-il murmurer, tandis que leurs corps brûlants se balançaient sur le côté dans le but d'inverser les rôles. Dorénavant, Vernon se tenait au-dessus d'Angel, au-dessus de son corps cambré, de sorte à effleurer le membre masculin contre son point le plus sensible. Putain, aurait-il voulu gémir lorsque les mains habiles du sujet de ses fantasmes se posèrent sur ses hanches afin de faciliter ses ondulations. Angel, Angel, Angel, furent sa dernière pensée avant qu'une musique ne l'extirpe brutalement de ce rêve érotique...
... le propulsant brutalement dans la vraie vie.
– Putain, grogna Vernon en se frottant les yeux d'une main, l'autre refusant l'appel qui était notifié sur l'écran de son téléphone, sans même regarder qui était à l'origine de ce réveil.
Il se redressa sur son lit, se sentant tout engourdi, et bailla longuement. L'espace de quelques instants, ses pensées du matin se heurtaient à celles de sa journée, tandis qu'il songeait à comment il allait passer son samedi. Et puis, tout à coup, les détails de son rêve le frappèrent de plein fouet, le faisant rougir violemment.
Il avait l'impression que ces songes devenaient de plus en plus fréquents. Depuis que lui et Angel avaient failli s'embrasser il y a quelques jours – enfin, Vernon n'était pas certain que ce soit les intentions d'Angel mais il avait ses raisons de croire que l'idée lui avait effleuré l'esprit sur le moment. Et donc, depuis ce « presque baiser », ses fantasmes ne faisaient que croître et il lui était de plus en plus difficile d'échapper à la tentation. Lui qui, de son vivant, ne se privait pas des plaisirs charnels que lui procuraient son corps ; lui qui, depuis qu'il était en Enfer, n'avait osé pratiquer cette activité par peur de... Il ne savait même pas. Que quelqu'un me voit faire et me viole ? Que mon corps démoniaque ne me procure pas autant de plaisir que de mon vivant ? Bien que ses réflexions soient tout à fait légitimes, il devait bien admettre qu'elles étaient infondées. Des tas de gens couchent ensemble en Enfer, en quoi me masturber serait-il mal ?
Son téléphone sonna à nouveau. Il planta son regard agacé sur son portable, lequel était posé juste à côté de son dragon en pomme de pin en forme de vagin avec une antenne parabolique du chapitre 16 d'une fanfiction Wattpad que vous connaissez bien. Il reconnut le numéro de son patron.
Il soupira.
– Allô ?
Des insultes et une théorie longue comme le bras sur la nécessité de ne pas refuser l'appel de son supérieur hiérarchique, des heures supplémentaires pour la semaine prochaine (l'origine de son appel) et bien sûr pour celle d'après (pour se venger), des jurons par-ci, par-là, encore, et toujours. Nouveau soupir.
– Entendu. À lundi.
Il raccrocha.
Il détestait ce job. Il détestait son patron. Mais par-dessus tout, il détestait ses rêves tordus.
══════
– Ciao, Vernon, salua Angel en italien en s'accoudant au bar contre lequel se tenait le jeune démon.
Vernon se contenta d'un bref « salut » embarrassé avant de siroter son café matinal. Derrière lui, il entendit la porte « STAFF ONLY » grincer, signe que Husk sortait de l'arrière-boutique. Il grommela une salutation aux deux autres, avant de s'arrêter sur Vernon.
– Ça fait longtemps que je ne t'ai plus vu boire le café ici, releva-t-il, sincèrement étonné. Le weekend tu ne sors pratiquement pas de ta chambre.
Vernon fit mine de prolonger sa gorgée pour se laisser le temps de réfléchir à quoi répondre. Heureusement pour lui, Angel répondit à sa place.
– Il a dû se lever de bonne heure pour se masturber mais il était en manque de papier toilette.
Il faillit recracher tout son café sur Angel, qui l'aurait sincèrement mérité, soit dit en passant. Il aurait voulu corriger que non, en temps que détenteur de partie génitale féminine, il n'avait pas vraiment besoin de papier toilette, puis il se souvint que ce n'était pas le problème principal de ces propos.
– J'ai oublié d'éteindre mon téléphone, et j'arrivais pas à me rendormir, contra-t-il, omettant sciemment de préciser que l'idée de se masturber lui avait effectivement effleuré l'esprit.
Juste un peu.
– Hm'ouais, j'te crois pas, se moqua Angel avec un sourire espiègle.
Ses joues devinrent écarlates. Il essaya de se convaincre qu'Angel bluffait mais, le connaissant, il serait parfaitement capable de détecter l'odeur du sexe. En était-il capable ? Oui, je pense qu'il peut parfaitement le sentir, et deviner les idées pervers aussi. Oh mon Dieu, je ne vais plus jamais pouvoir penser tranquillement.
– Ça fait plaisir de voir que tu recommences à sortir de ta tanière, laissa simplement entendre le chat ailé anthropomorphe en contournant le bar. Bref. J'vais couler un bronze, touchez pas à la marchandise.
Vernon le remercia intérieurement d'avoir coupé cours à ses réflexions, puis paniqua à l'idée de se retrouver seul avec Angel. Leurs regards se croisèrent alors.
Depuis leur « presque baiser », le sujet n'avait jamais été remis sur le tapis. C'était mieux ainsi, mais un certain embarras persistait depuis. Plus du côté de Vernon que d'Angel toutefois, il fallait l'admettre, à croire que rien ne s'était passé du côté du démon arachnide.
Vernon soupira intérieurement, son cœur battant plus fort à chaque seconde supplémentaire en la présence d'Angel. Embarrassé par le silence, le plus jeune chercha désespérément un sujet de conversation pour briser cette tension palpable.
– Alors, euh, tu as des plans pour aujourd'hui ? demanda-t-il maladroitement avant de reprendre une gorgée de son café pour cacher son tremblement de mains.
Angel leva un sourcil, un sourire en coin sur ses lèvres.
– Ça dépend, répondit-il sur un ton charmeur. Tu veux qu'on fasse quelque chose ensemble ?
Vernon sentit une vague de chaleur envahir son visage. Était-ce une invitation sérieuse ou une plaisanterie ? Il avait du mal à lire les intentions d'Angel, surtout avec ce regard espiègle qui semblait toujours le taquiner. Il était objectivement très amoureux du félin, alors pourquoi agissait-il ainsi avec Vernon ? Avait-il l'espoir d'en faire son plan-cul, comme il avait été suggéré dès ses débuts en Enfer ? Est-ce que leur amitié ne reposait que sur l'idée de faire de lui une de ses conquêtes ?
– C'était surtout pour faire la conversation, affirma Vernon en posant sa tasse vide, prêt à déguerpir. Ah tiens, Charlie, je dois parler avec Charlie, répéta-t-il avant de s'éloigner. Bonne journée Angel.
Et il disparut de l'autre côté de la salle, rattrapant tant bien que mal le sujet de sa diversion.
══════
Angel remarqua l'air soudainement agité de Vernon, aussi, il ne le retint pas lorsque celui-ci prit la poudre d'escampette en prétextant devoir parler avec Charlie, ce qui était étrange car depuis le "J'ai aidé Alastor à contacté ton père mort, oups" il l'évitait comme la peste.
Il soupira faiblement en s'accoudant au bar, se prenant la tête entre les mains. Il ne savait pas du tout ce qu'il était en train de fabriquer mais ce n'était pas prévu. Il n'avait vraiment pas envie de tout gâcher avec le gars sur lequel il avait jeté son dévolu amical.
Et dire que tout avait failli déraper il y a quelques jours.
– Tu penses à quoi ? entendit-il dans son dos, ce qui le motiva à remettre son masque jovial.
– À ta mère en slip, pourquoi ? répondit-il à Husk. T'as fait vite. Les toilettes étaient bouchées quand tu es arrivé ?
– J'y suis pas encore allé, j'ai oublié mes clefs, expliqua-t-il en récupérant un trousseau posé à quelques centimètres d'Angel.
Il n'avait même pas remarqué ce trousseau de clefs. Ses pensées étaient trop pêle-mêle pour faire attention au reste du monde.
– T'as l'air au bout du rouleau, insista son meilleur ami en s'accoudant à côté de lui. Eh, tu peux me dire, quand même.
Angel soupira.
– Je sais... C'est juste que...
Il hésita, puis passa nerveusement une main dans ses cheveux, un tic qui trahissait toujours son anxiété.
– Je crois que Vernon m'évite.
Husk haussa un sourcil pour l'inviter à poursuivre. Sauf qu'Angel ne savait pas du tout comment amener le sujet. Eh, Husky, tu as probablement deviné que je suis romantiquement attiré par toi. Même si on ne se le dit pas vraiment et qu'officiellement on n'est pas du tout ensemble. Mais voilà : je suis sexuellement attiré par des gens, des tas de gens, ce qui n'est pas nouveau en soit, mais je suis sexuellement attiré par Vernon et ça c'est problématique pour la simple et bonne raison qu'il me respecte et que je ne veux pas gâcher ça. Et aussi peut-être que je suis prêt à coucher avec lui sans contrepartie financière, ce qui peut prêter à confusion autant pour lui que pour toi. Ah, et je crois que je lui fais peur, par la même occasion, comme si je n'étais pas capable de calmer mes ardeurs. Ce que je peux comprendre dans le fond, mais quand même ! Tu comprends où je veux en venir ?
– Pourquoi ? insista Husk, faisant remarquer à Angel qu'il n'avait toujours pas répondu.
– Je ne sais pas, mentit-il, se maudissant de ne pas être capable de déclarer tout ce qu'il avait pensé jusqu'à présent. Mais depuis quelques jours il évite de rester seul avec moi. Tu crois qu'il a peur que je lui morde le clito ?
– Je crois aussi, plaisanta sans rire Husk en plantant son regard dans ceux de son meilleur ami.
Angel soupira de nouveau, évitant le regard perçant de son camarade. Ce n'était pas un sujet facile à aborder, même avec son meilleur ami.
– Je sais que je déconne souvent, Husky, mais ça me fait vraiment chier. J'veux pas que Vernon se sente mal à l'aise en ma présence. Il était pas comme ça avant, du coup j'arrive plus à être moi-même quand je suis avec lui.
Le surnommé Husky hocha la tête, son expression adoucie par une compréhension sincère.
– Peut-être que tu devrais lui parler, lui dire ce que tu ressens, tes émotions. Pas besoin de tout déballer, mais juste assez pour débloquer la situation.
– Tu m'as pris pour un sentimental ? râla-t-il en se désignant avec un geste dégoûté. Tu crois quand même pas que je vais parler de mes « émotions » !
– Tu sais, parler de ce que tu ressens ne fait pas de toi un sentimental, répliqua Husk calmement. Ça fait de toi quelqu'un de mature. Et je pense que Vernon apprécierait ton honnêteté.
Angel grogna en réponse, puis se redressa, prêt à s'en aller.
– Ouais, nan, oublie. J'suis pas doué pour parler de ce que je « ressens », moi, sauf si c'est pour décrire ce que ça fait que de se faire sucer la bite par un client qui se masturbe en même temps avec un ballon de baudruche, ou tout autres paraphilies possibles et plus ou moins douteux.
Angel sortit son téléphone portable, l'ayant senti vibrer, et soupira en voyant apparaître le nom de Valentino sur son écran.
– On a besoin de moi au travail.
– Tu ne veux pas qu'on trouve une solution avant ? rappela son meilleur ami en le retenant par le bras.
Ce contact doux le fit frissonner d'une façon qui le calma instantanément. En jetant un coup d'œil vers Charlie et Vernon, il remarqua que ces derniers étaient partis – sûrement discuter dans un endroit plus discrets.
– Angel...
Angel ferma les yeux un instant, prenant une profonde inspiration.
– Je dois bosser...
– C'est une affaire de quelques minutes, promit-il.
Vaincu, il se laissa emmener de l'autre côté de la porte « STAFF ONLY ». Husk verrouilla la porte de l'intérieur. Ici, entre ces quatre murs, il pouvait se sentir libre de s'exprimer, mais il ignorait réellement comment amener la situation sans que cela ne soit mal interprété par l'homme qui faisait battre son cœur.
– J'vois bien que ça te met mal, cette histoire, argumenta Husk en s'appuyant contre la table, les bras croisés. Tu fais même plus de blague sexuellement douteuse à Vernon en sa présence, pour ainsi dire. C'est presque trop soft pour que ça te ressemble.
Angel dut bien avouer qu'il avait visé juste.
– Ouais, c'est vrai, avoua-t-il en se laissant tomber sur une chaise. Mais tu comprends pas, c'est compliqué. Vernon, il... Il me respecte, tu vois ? Et ça, c'est rare. C'est comme avec toi ; je veux pas tout gâcher en disant ou en faisant une connerie.
– C'est pour ça que t'oses pas m'en parler ? supposa Husk, trop calmement au goût d'Angel. T'as peur de dire une connerie et que je me mette à te détester ?
– C'est con, je sais.
– Ouais.
La réponse parvint à lui arracher un maigre sourire.
– Raconte. Qu'est-ce que tu lui as fait à ce pauvre gamin ?
– Je crois qu'il me voit comme un prédateur sexuel, avoua-t-il enfin, sans donner plus de détails.
– ... Oh.
– Tu comprends maintenant ? apostropha-t-il sur un ton plus acerbe qu'il ne l'aurait voulu.
– Ouais, j'imagine le tableau, déclara Husk en essayant de maintenir le contact visuel qu'Angel évitait à tout prix. Donc il a vraiment peur que tu lui mordes le clitoris.
La blague aurait dû détendre l'atmosphère, mais elle ne fit que l'alourdir. Angel esquissa un sourire forcé, quand bien même son cœur n'y était pas.
– T'es pas obligé d'essayer de me faire rire, tu sais, marmonna-t-il en fixant la cafetière pourrie sur la table, échappant ainsi au regard de son meilleur ami.
Le corps de Husk se rapprocha d'Angel afin qu'il puisse poser sa main sur son épaule, lui envoyant une décharge chaude de réconfort.
– Je suis sérieux. Au risque de me répéter : parler de ce que tu ressens ne fait pas de toi un sentimental. Ça fait de toi quelqu'un de mature. Et tu sais quoi ? Ça fait de toi quelqu'un de courageux aussi.
Angel leva enfin les yeux vers Husk, captivé par ses paroles.
– Ouais, peut-être, mais ça fait peur, avoua-t-il dans un souffle. J'ai peur de tout gâcher avec mes amis. Et avec toi aussi.
Husk haussa un sourcil, visiblement intrigué.
– Avec moi ? répéta-t-il doucement, étonné.
L'acteur soupira en passant nerveusement sa main dans ses cheveux.
– Husky, je...
Ne dis rien. Non, dis-le. Et s'il répond un truc qui te déplait ? Tu peux pas tout gâcher maintenant, Angel.
– Tu... ? insista le démon félin en affichant un air trop détendu au goût d'Angel.
Ce dernier soupira, se sentant coincé.
– Toi et moi, c'est compliqué aussi. Je t'apprécie beaucoup, tu le sais, et je crois que... que... je suis attiré par toi, romantiquement je veux dire, se rattrapa-il en devinant la confusion flagrante de son meilleur ami. Ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps.
Enfin, c'était dit.
– J'ai des sentiments amoureux pour toi depuis que je t'ai rencontré, il y a un an, dans ce putain d'hôtel, affirma-t-il en se sentant débarrassé d'un poids énorme. Je le ressens vraiment et sincèrement, et ça me fait d'autant plus culpabiliser de savoir que t'es mon meilleur ami parce que j'ai vraiment pas envie que ça change quelque chose entre nous deux. T'es la raison pour laquelle j'ai vraiment pas envie de tout faire foirer.
Husk garda le silence pendant un moment, digérant les paroles d'Angel. Angel qui ferma les yeux en appréhendant la manière dont il allait déguster le râteau.
Comme rien ne venait, il accepta de plisser une paupière, juste pour voir sa réaction. Au même moment, son meilleur ami se pencha en avant, prenant délicatement le visage d'Angel entre ses mains, le forçant à le regarder droit dans les yeux. Le plus grand de taille s'immobilisa, redoutant ce qu'il allait suivre.
Husk ouvrit la bouche, pour dire quelque chose sans doute, mais aucun son ne sortit. Comme s'il ne savait pas par où commencer.
Alors, comme il ne parvenait pas à le verbaliser, Husk se pencha davantage et écrasa ses lèvres contre celles d'Angel.
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