ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 5
─ J'ai arrêté de tabasser les gens qui ne me prenaient pas au sérieux. Au lieu de ça, je parviens à engager une discussion mature pour comprendre leur point de vue.
Tous applaudirent et la personne qui venait de prendre la parole se laissa tomber sur sa chaise, l'air satisfait. Vernon était pourtant persuadé avoir vu ce résidant donner des coups de pieds à un autre confrère pas plus tard que ce matin, mais il préféra ne pas se manifester.
─ Bien, est-ce que quelqu'un aurait envie de nous partager son expérience ? Ah, Vernon, venez vous présenter !
Le jeune homme sembla réticent mais comme tout le monde le dévisageait, il préféra obtempérer. Il regarda un instant les cinq personnes présentes afin d'essayer de remettre les noms sur les visages : Charlie, Maggie... C'était tout. Les autres, il ne les connaissait pas plus que ça.
─ Bonjour... Je m'appelle Vernon.
Il sentait l'angoisse grimper en flèche dans son abdomen. Du coin de l'œil, il constata que la princesse l'encourageait d'un pouce en l'air.
─ Je suis arrivé en Enfer hier. Et dans cet hôtel aussi, par la même occasion.
Une main se leva parmi les gens qu'ils ne connaissait pas.
─ Pour quel acte tu aimerais te faire pardonner ?
─ Je...
Il ne savait pas quoi répondre. Rien du tout, aurait-il aimer rétorquer, mais ce n'était pas comme ça que cela fonctionnait. Il ne voulait pas passer pour un coupable qui niait ses actions, mais d'un autre côté, que répondre à cette question légitime ?
─ J'ai fait quelque chose de mal... De mon vivant, inventa-t-il nerveusement.
─ Oui, mais quoi ? demanda un autre résidant, une pointe de curiosité perceptible dans l'intonnation de sa voix.
─ Un truc trop horrible pour que je puisse vous en parler, répondit-il un peu trop rapidement.
Cela posa un froid à la discussion.
─ Merci pour votre attention, bredouilla Vernon après avoir pris une profonde inspiration.
Il se rassit à sa place, son angoisse à son paroxysme. Il n'osait même pas regarder Charlie ni même Maggie tellement il avait honte de sa prestation.
─ Bon, eh bien, merci à vous Vernon, s'exclama joyeusement la démone pour changer de sujet. Quelqu'un veut nous partager son expérience ? ... Personne ? ... Bon, nous pouvons donc chanter une petite chanson pour terminer !
Elle prit une profonde inspiration mais tout le monde l'arrêta avant qu'elle n'entame la première note.
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Il froissa la feuille de papier et la jeta au pied du lit.
─ Non, ça ne peut pas être ça !
Vernon se prit la tête entre les mains en hurlant contre son duvet.
Comment savoir ce que j'ai fait de mal ?!
Il se dressa, reprit son stylo, et recommença. Il dressa une liste de ses actions marquantes de sa vie, des souvenirs potentiellement négatifs...
─ On ne peut pas punir à ce point un enfant d'avoir volé le jouet d'un copain !
Il traça une des notes.
À ce moment-là, quelqu'un frappa à la porte, ce qui le fit sursauter. Il ignorait de qui il s'agissait, peut-être Charlie ? Mais que pouvait-elle bien lui vouloir à cette heure avancée du soir ?
Il se leva, méfiant, et ouvrit la porte...
─ Salut babe. ~
Vernon dévisagea son voisin d'étage, incapable de se souvenir de son prénom : Etienne ? Marlène ? Geoffray ? Quoi qu'il en soit, sa présence l'étonna.
─ Bonjour, répondit-il, perturbé par l'intonation aguicheuse qu'avait adoptée le démon aux quatre bras. Je peux vous aider ?...
Son voisin sourit, même s'il paraissait surpris que Vernon ne réagisse pas plus que tant à sa manière de le saluer.
─ J'ai appris qu'il y avait une nouvelle tête par ici, généralement ce n'est pas l'étage que Charlie remplit en priorité, tu vois ? expliqua-t-il avant de lui gratifier d'un clin d'œil séducteur. Je voulais juste te faire savoir que si, à l'occasion, tu avais besoin d'un plombier... J'habite au numéro 202, là-bas. ~
Vernon fronça des sourcils, suspicieux.
─ Vous travaillez dans le sanitaire ? Il y a souvent des fuites, ici ? On ne m'avait pas dit...
Le démon se mordit l'intérieur des joues, comme s'il voulait étouffer un rire. Vernon ne sut dire si ce qu'il disait était véridique ou non.
─ Je m'appelle Angel Dust, déclara-t-il alors sur un ton plus posé.
Ah, oui, Angel.
─ Mais toi, tu peux m'appeler ce soir... ~
Le jeune homme tiqua de l'œil. Il ne parle pas du tout des problèmes de siphon, le con.
─ Écoutez, si c'est votre façon de me remercier pour hier soir, c'est gentil d'avoir pensé que ça puisse me faire plaisir, mais ça ira, je n'ai pas besoin d'une escorte. Bonne journée à vous.
Il fut sur le point de fermer la porte lorsqu'il remarqua les yeux d'Angel descendre un peu trop bas. Son réflexe fut de se cacher derrière la porte, embarrassé à l'idée qu'il soit en train de lui mater l'entre-jambe, mais ce n'était pas cela du tout ; Angel désigna le bordel qui jonchaient le sol.
─ Ah ouais, je vois, votre truc c'est plus les boules de papier.
─ Comment ça ? demanda Vernon en plissant des yeux dans la direction de son doigt.
Il ne remarqua qu'à présent qu'Angel était passé au vouvoiement.
─ J'ai rencontré un looner une fois. Une fois que je l'ai eu au lit, il a vite jeté ses ballons, croyez-moi haha !
─ De quoi vous parlez ? insista Vernon en laissant tomber ses bras le long du corps, le dévisageant à nouveau.
─ Bah, de votre fétichisme pour les boulettes de papier, voyons, chéri.
─ Je n'ai pas de fétichisme avec les boulettes de papier ! vociféra-t-il en s'empourprant. J'écrivais des trucs, c'est tout !
─ Des écrits érotiques... Kinky... ~
─ Je n'écris rien de tout ça ! Sortez de chez moi !
─ Eh, hola, faut te détendre un peu mon pote, se défendit-il, tout à coup très sérieux. J'ai compris, je m'en vais, pas la peine de t'énerver.
Le démon - Vernon nota qu'il avait des allures d'araignée - opéra un demi-tour et sembla quitter la chambre... Mais s'arrêta sur le seuil. Vernon remarqua également qu'il avait abandonné le vouvoyement d'un seul coup.
─ Merci pour hier, au fait.
─ Vous saviez que c'était moi ? s'étonna-t-il alors.
─ Non, ricana Angel en lui faisant face, un éclat de malice traversant ses yeux. C'est toi qui l'as dit avant de me mettre à la porte.
Son regard est tellement doux.
─ Allez, ciao babe. ~
Et il s'en alla pour de bon.
Vernon ferma la porte et s'y adossa comme s'il voulait l'empêcher de revenir. Ou pour l'empêcher d'être davantage exposé à ses rougissements. Ou pour l'empêcher d'entendre son cœur qui battait trop vite tellement il se sentait angoissé par l'échange qu'il venait de vivre avec un type en manque de cul.
Que des tarés. On est bien en Enfer.
Il se réinstalla sur son matelas et relut sa feuille, bien décidé à penser à ses priorités.
─ Je n'ai tellement aucune idée de ce que j'ai fait qui justifierait ma place ici, pensa-t-il à voix haute. S'il vous plait, il me faut un signe ! implora-t-il ensuite en levant les bras de façon désespérée.
─ Je pourrais peut-être vous donnez un coup de main.
Vernon s'époumona d'une voix exagérément aiguë en tombant du lit dans un semblant de réflexe de survie. Il se releva d'un seul coup et le désigna du doigt.
─ Q-Qui êtes-vous ?! Comment êtes-vous entrés dans ma chambre ?!!
L'être maléfique souriait de toutes ses dents, pas le moins du monde impressionné par le doigt de Vernon. Il le chassa d'un bref geste de la main.
─ Vous avez besoin d'aide, j'ai peut-être une solution... Alastor, ravi de faire votre connaissance ! s'exclama-t-il en passant de « mystérieux » à « je veux devenir votre meilleur ami » qui troubla un tantinet Vernon.
Ce dernier resta tétanisé lorsque le susnommé Alastor posa sa main sur son épaule.
C'est qui ce psychopate encore ?!!
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À vendredi les poulets ~
- Hell's greatest Ano
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