PARTIE II : chapitre 1
Voilà cinq ans que l'accident est arrivé mais j'ai l'impression que c'était hier. Matthieu est parti en prison magique sous haute sécurité, donc je pense qu'il ne risque pas de sortir de sitôt. Je n'ai aucune raison de m'inquiéter et pourtant... Le vent se lève ce qui me fait froncer les sourcils. Le vent n'est pas naturel pour la saison, il y a quelque chose de magique dans l'air. Je suis tellement perdue dans mes pensées que je n'entends pas Hope me parler.
- Téa, tu m'écoutes ?
Je balaye du regard l'endroit où je suis. Je suis encore dans le parc avec mes amies, notre endroit préféré après les cours. Il y a ma meilleure amie, Hope. Elle a les cheveux rouges claquant et des yeux bleu ciel ; elle a quelque chose de différent dans le regard qui m'a tout de suite convaincue de lui faire confiance. Hope est dans les bras de son petit ami, Steven. Il est plutôt mignon, blond aux yeux verts : l'amour se sent quand ils se regardent, c'est un amour pur et sans discorde. Il y a deux amis à Steven et Nino, Charles et Zack. Normalement, Il y a Mike et Mistral mais ils sont malades tous les deux. Avec eux deux la bande est au complet. Nous sommes quelques jours après les vacances d'été, il fait super beau ! Mais j'ai toujours eu l'impression que quelqu'un manque à l'appel.
- Ça va, mon ange ? me questionne Nino.
Je me tourne vers mon petit ami et aborde un sourire peu convaincant. Je prends une fleur dans ma main et m'amuse à la faire faner et la faire revivre en boucle. Nino fronce les sourcils et m'attrape le poing pour m'empêcher de continuer ce que je fais.
- Oui ne t'en fais pas mon cœur, ça va, je réponds en tournant la tête vers l'herbe.
Malheureusement, personne ne me croit. Ils commencent à hocher la tête ou à hausser les sourcils.
- Ne joue pas à ça avec nous Mathéa Morel, plaisante Charles, dis-nous.
Je les adore mais je décide de rester réservée quand même. Je suis de plus en plus à l'écart en ce moment, ce qui ne fait pas parti de ma personnalité normalement. Mais mon changement de comportement a à voir avec quelque chose qui se prépare.
- Non, franchement. Je ne veux pas vous embêter avec mes problèmes.
Ils abandonnent tous sauf Nino, bien sûr. Il me tire vers lui et je me retrouve sur ses genoux. Il me caresse l'épaule et pose sa tête dans mon cou.
- Dis-moi, mon bébé, je te connais par cœur, et je sais quand ça ne va pas, me chuchote dans le creux de l'oreille.
Je ne peux vraiment rien lui cacher. Après cinq ans ensemble, il peut dénicher un sentiment en moi avant moi-même. Je le regarde dans les yeux ; il s'est passé tellement de choses depuis cinq ans. Je le sens revivre depuis qu'il m'a avoué son secret, même si les jours de pleine lune sont assez douloureux à vivre pour lui. J'ai réussi à créer un endroit où il peut se transformer sans pouvoir sortir d'un périmètre prédéfini. Comme ça il est sûr de ne faire de mal à personne. Il est tellement craquant à me regarder dans les yeux que je cède.
- D'accord, je soupire, je repense à ce qui s'est passé il y a cinq ans. Je n'ai pas l'impression d'être totalement en sécurité. J'ai une impression bizarre depuis quelques jours. Je me mets à faire des choses bizarres.
- Comme torturer cette pauvre petite fleur dans ta main ?
Je le regarde en souriant. J'ouvre le poing et vois la pâquerette toute écrasée.
- Vitae, je chuchote en regardant ma main.
- Je vois que mes cours ont porté ses fruits, me sourit Hope.
Je regarde mon amie et lui rend son sourire. C'est la première sorcière du clan à m'avoir accueilli à Sherbrooke : j'ai entendu parler d'un clan de sorcières et de sorciers qui s'était réunis au Canada car ça serait ici que notre magie serait la plus puissante. Il est vrai que je n'ai jamais fait autant de progrès depuis que je suis ici. Après notre déménagement au Canada, j'ai décidé de prendre un nouveau départ. Mon frère aussi a déménagé aux Etats-Unis pour continuer ses études. J'ai suivi ses traces comme on dit. Mes parents sont restés à Menton. Je les appelle de temps en temps et leur dis que tout va bien même s'ils me manquent beaucoup.
- Ne t'en fais pas, mon ange, tant que tu restes avec moi il ne t'arrivera rien.
Je lui fais mon plus beau sourire. Je baille et manque de m'endormir dans ses bras, presque positionnée en position fœtale ; j'effectue des recherches en ce moment pour Nino en plus de travailler sur mes cours, donc le sommeil commence à se faire sentir. Une voix retentit derrière nous.
- Je ne voudrais pas vous déranger mais on recommence les cours dans 30 minutes, nous apprit Zack avec un sourire charmeur.
Zack est le garçon qui change de petite amie comme de chemise mais il est super gentil ! Charles est le clown de service, Mistral est la petite intello mais celle-ci n'a pas sa langue dans sa poche. Une belle bande de dégénéré mais je les adore. Nous nous dirigeons vers l'université. Je suis en deuxième année de master d'ésotérisme avec Hope et Mistral. C'est fou comme cette ville accepte les créatures surnaturelles comme si cela faisait partie de la nature. Nino et Steven sont en psychologie et le reste de la bande, en droit. Nous nous séparons des garçons et entrons dans le bâtiment. Je dois passer par mon casier pour prendre mes cahiers.
- Vas-y, j'arrive, dis-je à Hope.
Elle hoche la tête et se dirige vers notre amphithéâtre. J'ouvre mon casier et remarque un bout de papier. Une odeur qui ne m'est pas étrangère envahit le hall. Du monoï. C'est mon parfum préféré. Ça doit être Nino. Je prends le papier et le lis.
"Je ne suis jamais parti ". Je regarde le bout de papier pendant un moment, qu'est-ce que ça signifie ? Qui me l'a donné ? Toutes ses questions se bousculent dans ma tête mais sont arrêtées quand je regarde ma montre.
- Merde !
Voilà que je vais arriver en retard. Je ferme vite fait mon casier et monte au deuxième étage. Je frappe à la porte de l'amphithéâtre et rentre. Le professeur me regarde avec un regard sévère. Dans un cours magistral à la fac, si un enseignant est interrompu dans son inlassable monologue, on a le droit à des regards noirs de la part du professeur et des autres élèves. Je l'ignore royalement et me dirige en vitesse vers ma place habituelle. Hope me regarde attentivement, même quand le professeur recommence son cours, je sens encore son regard posé sur moi. Je me tourne vers elle et demande.
- Quoi ?
- Tu m'as dit que tu arrivais mais tu ne m'as pas précisé "en retard", elle me dit en mimant des guillemets.
- Ahah, très drôle, je grogne ce qui la fait rire. J'ai trouvé ça dans mon casier si tu veux vraiment savoir pourquoi je suis arrivée en retard.
Je lui tends le papier et elle le plisse soigneusement entre ses mains pour pouvoir le lire. Elle fronce les sourcils et se tourne vers moi.
- C'est à cause de ça que tu es arrivée cinq minutes en retard ? Un bout de papier griffonné ?
Je secoue la tête pour lui faire comprendre qu'elle dit n'importe quoi. Elle est super mais elle prend trop les trucs à la légère. Ce sera peut-être le moment de lui expliquer ce qui s'est passé il y a cinq ans à Menton. Elle sait que je suis une sorcière et Nino un loup-garou, mais elle ne sait pas pour Matthieu. J'aimerais qu'elle ne soit jamais au courant mais je ne peux pas enlever l'hypothèse que Matthieu ait pu sortir de prison. Et j'aurais besoin d'elle Je lui dis que je lui expliquerai après et essaye de me recentrer sur le cours de littérature antique.
Une fois le long cours terminé, nous sortons de la salle et nous nous dirigeons vers n coin tranquille du parc du campus. Une fois assisses sur un banc à l'abri du soleil et des oreilles indiscrètes, je lui explique absolument tout. Elle savait déjà l'histoire d'il y a cinq ans, forcément puisque ça à fait le tour de la planète. Quand je lui parle de Matthieu Claver, son visage change d'un coup et elle prend peur.
- Tu connais Matthieu Claver ?
- Oui, enfin... Vite fait. Et quand il a essayé de me tuer je peux t'assurer que je n'ai plus eu envie d'apprendre à le connaître, t'inquiète. Pourquoi tu me demandes ça, tu le connais ?
- La famille Claver habitait et habite encore au SherBrooke.
Je reste sans voix. Comme par hasard, il faut que je tombe sur la ville où la famille de mon pire ennemi habite. Mais de toute façon cela n'a aucune importance puisque qu'il est derrière les barreaux pour un bout de temps. Des bras entourent ma taille et je devine tout de suite qui c'est. Je vois Steven faire de même avec Hope. Charles et Zack ferment la marche en descendant rapidement les marches du grand hall. Je vois que deux personnes ont très faim.
- Ça vous dit de manger un truc avant de rentrer ? Propose Steven.
- Allez, nous répondons en chœur.
Nous nous dirigeons vers la sortie quand un détail me revient en tête. Le papier. Est-ce que j'en parle à Nino ou pas ? J'hésite un instant. Je lui dis tout d'habitude, mais soupçonner que Matthieu ait pu s'échapper serait inconcevable. Nous allons donc dans notre petit café habituel tout près du bahut. Nous nous installons à une table et prenons notre commande. Le serveur se tourne vers moi.
- Non merci, je ne veux rien, je dis en réprimant une grimace de dégoût.
Il me sourit et tourne les talons. Depuis quelques jours, la nourriture m'écœure de plus en plus. Tout le monde me regarde d'une façon très bizarre. Je suis même venue à me demander si je n'avais pas un truc sur le visage.
- Je rêve ou tu viens de dire non à de la nourriture, me taquine Zack.
Je lui tire la langue ce qui le fait rire. Je regarde mon téléphone. Il est seize heures trente, il me reste une demi-heure pour me préparer. Je me lève, ce qui m'attire le regard de toute la bande.
- Je vais y aller, je dois passer par la maison pour prendre mes affaires avant d'aller à la boxe je dis à l'adresse de Nino.
Mais il me retient le bras et se lève à son tour. Je hoche la tête et le regarde dans les yeux.
- Nino...
- Non. Je ne te laisse pas partir toute seule.
Mais je suis beaucoup plus têtue que lui et le force à s'asseoir. Une fois que je suis bien sûre qu'il restera ici, je l'embrasse, dis au revoir à mes amis et me dirige vers la maison.
Durant le trajet, je repense à la réaction de Nino. Il a eu une lueur argentée dans son regard qui indique que son instinct de loup s'est activé. Mais il m'en aurait parlé s'il avait senti quelque chose. Je suis un peu mal placé pour parler en sachant que je lui ai caché le papier dans mon casier et mes craintes du retour de Matthieu dans nos vies. Je percute quelqu'un sans m'en rendre compte.
- C'est comme ça que tu m'accueilles après tout ce temps, ma beauté.
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