Point critique
https://youtu.be/acb8UtWwj_g
C'était une grange en bois qui avait vécu. Le bois sec était devenu sombre et les éléments extérieurs l'avaient fait travailler au point que des jour se créaient entre les planches. Le soleil levant pénétrait par ces ouvertures dans des raies de lumière qui découpaient le lieu en tranche dans la poussière ambiante. Tout ici n'était que nuance de noirs, d'orange, de jaune et de rouge. Les box étaient vides et ouverts.
Seuls les sanglots d'une jeune femme assise sur un ballot de paille résonnaient doucement dans le local fermé. En face d'elle, tel un destrier moderne, une moto.
Un modèle d'époque de l'entre-deux guerre parfaitement conservé et en parfait état de fonctionnement. Sa place aurait pu être dans un musée, mais elle n'aurait fait qu'y mourir.
L'engin, sur sa béquille, restait inerte.
Pour le commun des mortels, il s'agissait là d'une machine de collection. Un élément d'histoire que le l'on ne mets pas à la portée du premier venu. Il fallait des fonds pour l'acheter, et les fonds pour l'entretenir.
Pour l'initié, c'était bien plus que cela. Sous cette apparence anodine se cachait la plus terrible des créatures. Et totalement dévouée à sa maîtresse. Si « Christine » de Stephen King avait été un deux-roues, ç'aurait été cet engin. Mais « Christine » n'était jamais sortie de la pellicule ou du livre dans lequel elle avait été décrite.
La moto était là. Bien réelle. Horriblement même.
La jeune femme assise à coté ne pouvait contenir ses sanglots.
Cela durait depuis des heures.
Elle était jeune, un visage qui sortait de l'enfance et pas encore adulte. Ses cheveux frisés, noirs, lui arrivaient au niveau des épaules comme des broussailles. Sa peau était d'un brun chargé de soleil du Maghreb et ses yeux noirs confirmaient que c'était plus lié à la génétique qu'un abonnement aux salons UV.
Sa tenue exprimait clairement qu'elle était la conductrice de la machine en face d'elle. Le blousons de cuir brun renforcé qu'elle avait eut tant de mal à enfiler, le jean doublé de kevlar et les bottes tout-temps lui donnaient un aspect en total accord avec le monstre mécanique à ses cotés. Seul le casque intégral argent semblait anachronique, mais bien plus sécuritaire.
La luminosité augmenta légèrement avec un grincement discret.
Elle tourna les yeux chargés de larmes vers l'entrée.
Un homme se tenait là.
Droit comme un i. Élégant tel un gentleman. Maigre comme un clou. Blanc comme un cadavre. Aussi expressif qu'une pierre posée sur un piédestal et bien plus sinistre qu'un croque-mort.
Elle savait que cette créature n'avait d'homme que le nom et l'apparence. Son cœur était vide de toute émotion si ce n'était un peu de luxure passagère pour ceux de son sexe.
Le majordome la regardait avec un mépris flagrant. Tant pour son genre que pour ses origines. Mais il finit par tourner la tête à l'entrée des deux autres.
Le chien, un beauceron, s'assit à coté du majordome qui l'observa en levant un sourcil d'étonnement. C'était une bête massive et musclée, entraînée à défendre des lieux avec acharnement. L'animal ignora proprement le serviteur pour poser son regard vide sur elle.
L'homme qui entra ensuite aurait eut toute sa place dans un roman à l'eau de rose. Mal rasé, les cheveux courts et bruns, et des yeux noisettes cachaient difficilement la tristesse qui le caractérisait. Si le majordome quittait rarement sa livrée, lui, ne quittait jamais ses salopettes de travail et ses bottes de sécurité. Visuellement, ses proportions étaient normales, mais elle savait désormais que ce n'était pas le travail au haras qui avait développé la force physique de cet individu au point de faire peur aux paysans du coin. Sa tenue verte à double fermeture sentait le foin, la poussière, le crottin et l'urine de cheval. Loin, très loin des romances filmographiques ou littéraires.
Tout les trois, alignés à coté de porte entrouverte attendaient en silence une réponse à une question posée la veille. Le temps passait lentement et le soleil d'été montait de plus en plus rapidement dans le ciel.
« - Je vais le faire. » Fit la jeune femme en se prenant la tête entre les mains.
Le chien fut le premier à partir, rapidement suivi par le majordome. Aucun des deux n'avait vraiment d'empathie pour elle. L'homme resta quelques instants, s'interrogeant sur ce qu'il devait faire tout en conservant son air triste.
« - Sors s'il te plaît. »
A l'ordre, son regard mélancolique se perdit dans la paille avant de prendre la direction de la sortie lui aussi.
A peine fut-il à l'extérieur, que la jeune femme hurla contre la fatalité.
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