Chapitre 18
Je marche dans le sillage de Cerise, déterminée à en apprendre plus sur cette nouvelle créature. Je reste en retrait, persuadée que la métamorphe me renverrait au village si elle s'apercevait que je la suis. Cerise aurait pu me remarquer depuis longtemps grâce à ses facultés surnaturelles, mais l'esprit préoccupé par le danger qui rôde, je doute qu'elle m'entende.
Lorsque Cerise s'arrête net à la sortie du village, escortée par les deux énormes loups, je me cache derrière un mur de roche et me résigne à observer la scène de loin.
En me penchant sur le côté, j'aperçois une petite silhouette encapuchonnée faire face au trio. Les yeux plissés, je tente de discerner le personnage. Celui-ci retire sa capuche, dévoilant un visage de poupin aux traits délicats. J'écarquille les yeux, stupéfaite de m'apercevoir qu'une toute petite gamine est la cause d'une telle agitation.
La petite femme est de toute évidence jeune, âgée d'environ seize ans, peut-être un peu moins. Ses cheveux bruns sont tressés sur le côté, dégageant son visage parsemé de taches de rousseur. D'un doigt maladroit, elle redresse une paire de lunette noire sur le haut de son nez.
La jeune fille semble à moitié effrayée et admirative devant les grands canidés qui la dévisagent avec méfiance. Elle resserre les pans de son minuscule manteau autour de son corps bien trop chétif.
De dos, je n'arrive pas à voir l'expression de Cerise. En fait, je suis dans l'incapacité de comprendre quoique ce soit à cette confrontation, bien trop loin pour capter le moindre son.
—Raaah, je n'entends rien, râlè-je doucement.
—Tu veux un coup de main ? me souffle-t-on à l'oreille.
Je sursaute violemment, poussant un cri très vite étouffé par une main sortant de nulle part. Le visage d'Amos apparait bientôt dans mon champ de vision, et je me détends en m'apercevant que ses yeux sont toujours aussi sombres.
Je dégage la main sur ma bouche.
—Tu es fou ? J'ai failli avoir une attaque ! je chuchote furieusement.
Amos me répond par un rictus amusé.
Tiens, il sait rire !
—Tu peux entendre ce qu'ils se disent ? je lui demande après m'être calmée.
Il hoche la tête.
—Alors ? Ils parlent de quoi ?
Il jette un coup d'œil au trio à la sortie de la caverne.
—La petite a perdu sa famille lors d'un tragique évènement. Elle dit qu'elle n'a nulle part où aller, alors elle demande l'asile à la meute de Cerise, me raconte t-il.
Je croise les bras contre mon torse, attristée par cette nouvelle. C'est une jeune orpheline, torturée par la vie, sans toit sous la tête, étrangement très différente de l'image que je m'étais faite de l'intrus.
—Et qu'est-ce qu'elle est ?
Amos me jette un regard perplexe.
—Comme créature.
Je soupire.
—Théo et moi avons beau être humains, nous ne sommes pas stupides pour autant. Un être simple n'aurait pas effrayé les métamorphes comme ça. Alors, elle est quoi ?
Il lève la tête et se met à renifler l'air.
—Sorcière.
Je cligne des yeux, surprise.
C'est dingue ce qu'on peut savoir avec un bon odorat.
—Une vraie sorcière ? Genre, baguette magique et balais volants ?
Amos se met à me dévisager, une expression presque comique sur le visage.
—Quoi ? T'as jamais vu Harry Potter ?
Il secoue la tête.
—Je ne sais pas qui est ce Harry, mais si ce que tu dis est exact, ce doit être un sorcier pitoyable.
Je me retiens de rire, amusée par son ignorance. Amos a beau être âgé de bientôt trois mille ans, il ne sait pas vivre avec son temps. Ou alors, il est resté cloitré sur cette montagne depuis des décennies.
J'enfouis cette interrogation dans un coin de ma tête, prête à lui poser la question lorsque le moment sera plus opportun.
—Ils reviennent. Dépêchons-nous de rentrer au village avant qu'ils nous découvrent, dit Amos.
En effet, Cerise s'est tournée dans notre direction, un bras autour de l'épaule de la frêle jeune fille. Je suis le conseil d'Amos et nous marchons rapidement jusqu'au village, rejoignant notre logement.
Théo y est déjà. Assis sur le canapé, il se ronge les ongles tout en fixant l'écran noir de la télévision. Il se lève précipitamment lorsqu'il nous aperçoit.
—Alors ? Qu'est-ce que c'est ? C'est dangereux ? Est-ce que la meute est en danger ? nous assaille-t-il de question.
Je lève les yeux au ciel.
Il doit songer à la sécurité de sa jolie Julie.
—Détends-toi, l'intrus n'est qu'une pauvre et innocente jeune fille, lui réponds-je.
—Innocente, ça on n'en sait rien, rétorque Amos.
Je me tourne vers celui-ci, les mains sur les hanches.
—Enfin, tu l'as vu ? Ce n'est qu'une gamine !
—C'est une sorcière.
Je fais rouler mes yeux, exaspérée.
—Et alors, les gentilles sorcières n'existent pas dans votre monde ? je râle.
—Vous avez bien dit sorcière ? s'exclame Théo.
—Dois-je te rappeler la personne qui est à l'origine de mes métamorphoses ? réplique Amos en ignorant Théo.
—Tu peux te transformer !? s'étonne ce dernier.
Me le rappeler ? Pas besoin, cette histoire est gravée au fer rouge dans ma mémoire. Cassiphonée, l'amante cocue qui a désespérément mis fin à ses jours, vengée par Circé, sa mère, mais aussi une puissante sorcière de l'antiquité grecque. Il est normal qu'après trois millénaires de malédiction, Amos soit un peu réticent à l'idée de côtoyer une autre sorcière.
—Ce n'est qu'une gosse, elle ne peut pas être aussi méchante et cruelle que l'a été Circé. Et puis, beaucoup de choses ont changé en trois mille ans, j'argumente.
—Ok, là, vous m'avez définitivement perdu. Vous savez quoi ? Je vais m'asseoir sur ce canapé, quant à vous, vous n'avez qu'à faire comme si je n'existais pas - ce que vous faites déjà d'ailleurs, poursuit Théo.
Amos doit se tromper sur le compte de cette jeune fille. Tout ça parce qu'elle est une sorcière, paf ! il la range dans la case des méchants. Il l'a jugé bien trop vite, sans même la connaitre. Mais moi, je pense qu'une orpheline aussi jeune et à l'air aussi innocent ne peut pas avoir un mauvais fond.
—Tu penses que je me méfie d'elle à cause de mon passif avec la mère de mon ex-femme ?
Je hausse les épaules.
—Je dis simplement que ça peut avoir un rôle sur ton jugement.
Amos me fixe un instant, puis baisse la tête en soupirant.
—Tu n'as pas autant d'expérience que moi sur ce monde.
—Je sais.
Mais même un homme âgé de trois mille ans peut se tromper.
Nous sommes interrompus par trois petits coups donnés contre la porte. Cerise entre une seconde plus tard, accompagnée de près par la jeune sorcière.
Celle-ci parait encore plus maigre vue de près. Elle nage dans des vêtements deux fois trop grands pour elle - et bien trop fins pour une montagne enneigée telle que le Mont Blanc.
—J'espère que je ne vous dérange pas. Je voulais vous présenter notre nouvel hôte, Mélissandre.
Théo se tire du canapé et s'approche de nous, observant la nouvelle venue par-dessus mon épaule.
—Nous n'avons pas d'autres maisons inhabitées, elle va donc devoir partager l'espace avec vous, si cela ne vous dérange pas.
Je hoche la tête.
—Ça ne devrait pas poser de problème. Amos préfère dormir par terre de toute façon, me moquè-je de l'intéressé.
Amos ne dit rien, son attention rivée sur la jeune Mélissandre. Il continue de la voir comme une menace, bien que j'aie tenté de le persuader du contraire.
—Bien. Alors, je vais vous laisser. Si vous avez besoin de quoique ce soit, demandez-moi.
Cerise sort. Une fois la porte refermée, un silence des plus gênants s'installe. Amos observe le vide tandis que Théo et moi réfléchissons à la bonne manière d'accueillir Mélissandre au sein de notre petit groupe. Il faut dire que nous n'avons plus l'habitude de côtoyer des adolescents.
Et encore moins des sorcières.
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Salut les loulous !
Fiou, encore un nouveau personnage, on perd vite le compte. M'enfin, que pensez-vous de cette nouvelle arrivante ? Amie, ennemie ? Qui a raison, qui a tort ? Haha, vous le saurez bien assez vite !
Ceci dit, la motivation se fait de moins en moins présente ces jours-ci, difficile d'écrire plus de cinq lignes par jour :( On espère que celle-ci reviendra très bientôt, personnellement j'en ai marre d'avancer à la vitesse d'un escargot desséché XD
A très bientôt,
PicMacBook
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