Prologue
Je me souvenais comme si c'était hier de la toute première fois où mon père m'avait emmené couper un sapin dans la forêt non loin de notre village, le jour du solstice d'hiver.
J'étais âgé de 6 ans et je venais de passer la journée à jouer avec mon cousin dans la neige. Nous nous prenions pour de grands guerriers et en rentrant chez moi dans l'après-midi, j'étais fourbu mais j'avais un large sourire sur le visage.
– Sig ? Est-ce que tu as bien appris ta leçon ?
Mon regard s'était tourné vers ma mère, Astrithr, et elle m'avait fait signe signe de venir vers elle. Je m'étais délaissé de mon épée en bois pour venir me réfugier dans ses bras pour m'y pelotonner. Ma petite sœur était déjà assise sur l'un de ses genoux, tétant la tête de sa poupée de chiffon.
– Je t'écoute dans ce cas. Explique à ta petite sœur comment a été créé le monde.
Je l'avais fixée un instant et j'avais montré avec fierté mon sourire édenté.
– Au commencement du monde était le Ginnungagap. C'était un espace si profond et si vide qu'un homme pouvait y être gelé, en quelques instants. Tout au nord se trouvait l'Yggdrasil le grand arbre du monde qui puisait son eau dans le puits, Hvergelmir. Quand l'arbre monde ne buvait pas toute son eau, elle se gelait et c'est ainsi qu'est né le Royaume de Glace, Nifelheim. Au Sud, se trouvait le Royaume du feu, Muspelheim. La chaleur du royaume de feu commença à atteindre le Royaume de glace et l'eau tomba au fond du Ginunngagap. La chaleur et le feu commencèrent à réchauffer l'abîme et c'est ainsi que naquit Ymir, le premier des méchants géants de glace, puis Audhumla, la vache qui nourrit Ymir,. C'est bien ça Maman ?
– Absolument. Audhumla se nourrissait de glace et grâce à elle naquit Bor, père de Odin, Villi, et Ve. Tu peux nous en dire un peu plus sur Odin, Sig ?
– Odin est le plus puissant de tous les dieux et c'est lui qui a créé le monde des hommes sur le cadavre du géant Ymir qu'il a tué avec ses frères. Et il a utilisé le pays de Muspelheim pour faire le soleil et les étoiles.
– Mais Maman, où sont les géants maintenant ? avait demandé ma petite sœur inquiète.
–Ils ont été placé par les fils de Bor sur leur propre terre Jötunheim et une forteresse a été créée, Midgård, pour protéger les hommes, l'avais-je rassurée.
– Et peux-tu nous expliquer comment les hommes ont été créé ?
J'avais opiné du chef et mes cheveux étaient retombés sur le devant de mes yeux.
– Les hommes sont nés grâce aux fils de Bor à partir d'arbres. Le premier homme s'appelle Ask et sa femme Embla.
Ma mère m'avait caressé tendrement la joue et nous avait embrassé tous les deux sur le dessus du crâne.
– C'est très bien Sig. Je suis fière de toi. J'espère que tu raconteras toutes ces histoires à votre futur petit frère.
Elle avait relevé les yeux au moment où mon père Søren était entré chez nous. Il était emmitouflé dans sa cape en peau de bête. Sa barbe couleur miel était encore fournie et il s'était penché pour que je cours vers lui comme à son habitude. Il m'avait soulevé dans ses bras, tourné sur lui-même et je n'avais pas pu m'empêcher de rire.
– Est-ce que tu t'es entrainé à l'épée ?
– Oui ! J'ai même réussi à faire tomber Ragnar par terre !
J'étais plus jeune que mon cousin Ragnar de deux ans et loin d'être en colère, ce dernier m'avait félicité, avec une grande fierté.
– C'est très bien ! J'aimerais beaucoup voir ça.
Mon père m'avait posé au sol et ma mère s'était approchée de nous pour l'embrasser tendrement sur les lèvres.
–Veux-tu venir avec moi couper notre arbre ? Ragnar vient avec son père.
J'avais hâte de rejoindre mon cousin. La fête de Jøl était l'une de mes favorites. Elle célébrait le solstice d'hiver et continuait durant 12 jours. Chaque année, mon père allait chercher un sapin, y gravait des runes en suppliant les dieux d'amener la prospérité au sein de notre foyer, puis il coupait un tronçon, la bûche de Jøl, symbole de la renaissance du soleil.
Je m'étais habillé un peu plus chaudement et j'étais sorti de notre foyer. Mon cousin Ragnar et mon oncle Sigurd nous attendaient déjà. J'adorais mon oncle. Il m'avait ébouriffé les cheveux et s'était penché vers moi.
– Alors, il parait que tu as mis la pâtée à mon fils tout à l'heure. C'est bien ! Si tu continues comme ça, tu seras un grand guerrier comme notre ancêtre Ivar !
– Oui, oncle Sigurd !
Mon père était arrivé derrière moi et nous avions filé en forêt. J'adorais être en pleine nature à l'époque. C'était calme et nous pouvions à la fois entendre le bruit du village au loin, mais aussi les murmures des animaux. Rag' disait souvent que les dieux tentaient de nous passer des messages.
– Sigmund ? Trouve notre arbre !
– Je peux vraiment ?
Mon père s'était mis à rire dans sa barbe et j'avais fini par le trouver. Il était magnifique et en posant ma main sur la cime j'avais eu l'impression d'entendre un murmure au fond de mon cœur.
– C'est celui-ci !
Mon père l'avait abattu et nous l'avions ramené à la maison. J'aimais regarder mon père inscrire des runes sur les arbres qu'il ramenait avant la fête de Jøl. Cette odeur de sapin s'installait durablement dans notre cahute. Il marmonnait dans sa barbe, priant alors que son couteau s'enfonçait dans la cime.
– Sigmund, viens par ici !
Je m'étais assis à ses côtés sur un coussin à même le sol, mais mon père m'avait soulevé pour me placer sur ses genoux. Il avait placé ma main autour de son couteau et il m'avait expliqué la raison de tous ses gestes, de toutes ces paroles. Et il m'avait demandé, pour la première fois, de l'aider.
– Je peux souhaiter ce que je veux ?
– Oui.
– J'aimerais que nous vivions éternellement. Toi, Mère, Sølvi et le petit bébé. Que ce soit dans ce monde ou au Valhalla.
Mon père avait souri et m'avait embrassé sur le front avant de continuer sa prière.
Si j'avais su à cette époque comment ça finirait... Je n'aurais sûrement jamais fait ce putain de vœu à la con.
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