Chapitre 4
La fête de fin d'abstinence de mon frère était absolument grandiose. Je pensais qu'il allait se contenter de nous concocter un petit plat, mais c'était que la première partie de soirée. La seconde avait lieu dans un lieu emblématique de Milan, le Castello Sforzesco, le château de la famille Sforza. Maria n'avait pas voulu nous accompagner, mais comme une mère avec ses enfants, elle nous avait fait des recommandations : « faites attention à la boisson de votre sœur, n'importe quel taré peut mettre quelque chose dedans » « ne prenez pas le volant si vous avez trop bu » « je garde mon téléphone à côté de moi si vous avez un problème. ». Sølvi l'avait serrée contre elle et souhaiter une bonne soirée, tandis que mon frère nous faisait entrer dans sa voiture.
– Tu as graissé la patte de qui pour avoir le droit de faire une fête là-bas ?
– Je suis un mec très persuasif ! Et j'ai promis de lever des fonds pour une association. C'est le but officiel de la fête.
– Donc en plus de pomper leur sang, on pompe leur fric ? Je te reconnais bien là, ris-je. On va sauver quoi cette fois ? Des dauphins ?
– Non ! La soirée est pour aider les familles en difficulté. à l'approche des fêtes, je deviens sentimental, que veux-tu !
Il se gara dans le parking prévu à cet effet, et tout de suite, je compris pourquoi il avait insisté pour que nous mettions des costumes et qu'il avait offert une belle robe pour notre princesse de sœur. L'endroit était magnifique et il me lança un regard nostalgique. Nous en avions passé du temps ici, dans le palais ducal. Pendant que notre sœur batifolait avec Borgia, mon frère s'était introduit dans le cœur du pouvoir milanais, tandis que j'avais Florence.
La décoration intérieure était absolument splendide et du monde était déjà présent. Mon frère salua certaines personnes et j'en vis plus d'une se détourner sur nous trois. Nous étions devenus une race supérieure suite à ma malédiction et au fond d'eux, les humains savaient qu'on ne tapait dans la même catégorie qu'eux.
Je me tournai vers mon frère.
– C'est où qu'on dépose la promesse de don ?
– Dans l'urne là-bas.
Il me désigna une urne transparente gardée par une hôtesse au physique avantageux. Je m'approchai d'elle, attrapai un papier avant de le déposer dedans. Plus cette soirée serait un succès, plus le pouvoir de mon frère augmenterait. Le mécénat était une grande partie de notre vie. À quoi bon accumuler des richesses si c'était pour dormir dessus comme un dragon sur son trésor ? Ce n'était pas ainsi que nous avions été élevés et ça nous avait sauvé la vie, plus d'une fois. Comment des mécènes aussi généreux pouvaient-ils être des émanations du diable ?
Je sentis qu'on me tapait dedans et je me retournai.
– Excusez-moi ! me lança en italien une femme aux lèvres pulpeuses et au décolleté plongeant.
– Je vous en prie, ce n'est pas grave.
Elle plissa ses yeux et me scruta.
– Qui êtes-vous ? Vous ressemblez vraiment énormément à...
– Monica ! Tu as pu faire la connaissance de mon frère aîné ! Mark ? Je te présente Monica, intervint mon frère en me tapant dans le dos avec force.
La belle italienne s'approcha de moi et posa sa main sur mon avant-bras. Je ne savais pas si elle avait eu une liaison avec mon frère, mais elle voulait en avoir une avec moi, c'était certain. Elle était mon style de femmes... du moins, si elle n'était pas aussi bavarde. Elle parlait énormément et je finis par poser mon doigt sur ses lèvres pour lui intimer de se taire.
– Suis-moi et tais-toi.
Je l'entrainai vers la piste de danse. J'avais besoin de me défouler. Je posai mes mains sur ses hanches et je laissai la musique m'emporter. Je comptais bien profiter de la fête qui battait son plein. Je dansai avec elle plusieurs minutes avant de me rapprocher d'une autre femme. J'avais trop bridé mon pouvoir de vampire et je comptais le libérer pour une fois. Je laissai tous mes sens se mettre en éveil et j'entendis le moindre petit battement de cœur de la femme devant moi. Je ne voyais plus son physique, je sentais son sang pulsant dans ses veines. J'approchai mes mains de son visage pour le relever et je me rapprochai dangereusement d'elle avant de poser mes lèvres dans son cou. Mes canines sortirent et frôlèrent son cou pour la goûter mais je me retins. Il y avait beaucoup trop de monde.
J'entrainais ma proie dans un recoin beaucoup plus sombre du palais ducal et je plongeai vers sa carotide. Mes yeux roulèrent dans leurs orbites. C'est si bon. J'attrapai la femme par les cuisses et elle s'enroula autour de moi. Je finis par me détacher d'elle et je la ramenai vers la fête après l'avoir soignée. Je lui apportai de quoi manger avant de siffler une flûte de champagne et de partir m'asseoir sur un canapé un peu à l'écart.
Mon frère s'assit auprès de moi, une fille sur ses genoux et il lui dévora le poignet avant de me le tendre, un filet de sang dégoulinant de ses lèvres. Son regard exultait.
– Putain qu'est-ce que c'est bon !
Il s'essuya le visage et déplaça sa proie entre nous. Je m'approchai du cou de la fille pour y planter mes crocs. tandis qu'il continuait à pomper le sang de son poignet. Elle poussait des gémissements ravis et je finis par m'arrêter. Je la soignai et j'interpellai un serveur pour qu'il lui apporte de quoi se nourrir. La fille semblait parfaitement affamée et elle dévora son plateau. J'entrainai Asmund avec moi avant que ne lui prenne l'idée de continuer à lui pomper le sang.
– Encore meilleur que le sexe.
– Et encore, c'est quand la dernière fois que tu as fait les deux en même temps ?
Mon frère ouvrit la bouche et son regard gourmand me fit éclater de rire.
– Je veux mettre ça en pratique. Le plus vite possible. Tu fais ce genre de choses ?
Je hochai la tête et mon frère scruta les alentours jusqu'à ce qu'un petit sourire apparaisse sur son visage. Il venait de trouver la femme avec qui il allait partager sa couche, ce soir.
–Si tu as envie de rentrer, donne mon nom pour récupérer mes clefs de voiture.
– Je ne repartirai pas sans notre sœur. Mais, merci !
Je sortis dans le parc pour me retrouver un peu seul et j'inspirai longuement l'air glacé. Je fouillai dans mes poches pour sortir une cigarette. Je l'allumai et en inspirait une grande bouffée. Je n'avais pas fumer depuis longtemps, mais là, j'en ressentais le besoin. Je voulais voir la beauté de la fumée s'élevant dans ce ciel étoilé. Le goût de la nicotine était vraiment secondaire. Je n'en ressentais pas les effets apaisants dont pouvaient me parler mes collègues au fur et à mesure des années. Aucune drogue n'avait réellement d'effet sur moi. Je me sentais toujours aussi vide après les avoir ingéré.
– Tu vas bien ?
Ma petite sœur s'approcha de moi et posa ses mains autour de moi. Elles étaient glacées, mais elle ne semblait pas gênée plus que ça. Nous avions l'habitude de température autrement plus froide.
– Certains des invités commencent à partir, la véritable fête ne va pas tarder.
Elle attrapa ma cigarette entre mes lèvres pour en prendre une bouffée. Elle grimaça.
–C'est vraiment immonde ce truc, tu devrais arrêter d'en fumer. C'est mauvais pour ce que tu as.
– Je ne peux pas mourir.
– Tu ne peux pas encore mourir, me reprit-elle. Mais tu ne voudras pas avoir un cancer dans quelques années, je me trompe ?
Elle écrasa le mégot au sol et le ramassa pour le mettre dans un cendrier placé dans la cour à cet effet pour la fête organisée par mon frère.
– Rentrons, j'ai un peu froid.
La fête avait effectivement drastiquement baissé, et les lumières s'étaient tamisées. Les couples qui restaient sur les pistes étaient proches, les uns des autres. Une orgie chez les Sforza. C'était un véritable respect des traditions de l'ancien palais ducal... Il ne manquait que les masques pour se retrouver à la belle époque de la Renaissance Italienne.
– Dis-moi, continua ma sœur en m'attrapant le bras. Si jamais je venais à déraper, on est d'accord que tu ne diras rien à mon petit copain, n'est-ce pas ?
Je décalai la mèche de Sølvi derrière son oreille avant de lui embrasser le front.
– Je m'en bas les couilles de ton immoralité, seul ton bonheur compte. Amuse-toi. Je veille sur toi, ajoutai-je en lui frottant le dos.
– Décoince-toi !
Elle m'adressa un clin d'œil et partit s'enfoncer dans la foule lascive. C'était plus difficile à faire qu'elle ne le pensait. Me décoincer voulait dire en langage petite sœur, assumer le vampire en moi. M'amuser à fond. Ne pas avoir de limite que celle de ma propre imagination. Je pouvais contraindre qui je voulais à faire n'importe quoi pour moi. Je pouvais donner du plaisir en une morsure.
J'allais vivre mes derniers moments dans cet état de déconnexion au monde. Je devais en profiter maintenant. Mes sens en éveil, je cherchais le sang parfait. Chaque sang était différent, comme des grands crus de vins. Je pouvais généralement le deviner à l'odeur émise par ma proie.
J'aurais dû suivre cette fille à Paris. Celle dont le sang exhalait une odeur absolument délicieuse... elle devait avoir un cru particulièrement savoureux. Les personnes présentes ici n'allaient pas être de cette qualité gustative. J'allais prendre un lot de consolation.
Je m'approchais d'une femme dont les formes généreuses me permettaient sans problème de déterminer la taille de son bonnet de soutien-gorge. Elle était en retrait de la fête à observer le monde.
– M'accorderez-vous cette danse ? demandai-je en italien en la fixant droit dans les yeux, sans ciller.
Elle accepta sans demander son reste et je lui posai des questions sur elle. Elle me répondait simplement, sans avoir besoin de mon pouvoir de persuasion. Elle s'appelait Gili, elle était milanaise, héritière d'une grande fortune. Pomper leur fric et leur sang.
– Je présume que vous avez fait un grand don ce soir ?
– Très conséquent, mais l'organisateur ne m'a même pas regardé.
Elle semblait triste à cette idée et je lui levai le visage.
– Et si c'était parce que son frère vous avait remarqué et qu'il y a eu des guerres fratricides pour moins que ça ?
– Vous êtes... son frère ?
Je hochai la tête et je sus que j'avais gagné un ticket aller vers le pays du plaisir et des soupirs dans le cou.
– Vous permettez une minute ? Je vais juste dire quelque chose à ma sœur.
Je m'approchai de ma sœur qui dansait de manière ultra sexy sur la piste.
– Tu as suivi mon conseil et tu veux me dire que je devais rentrer toute seule ? Aucun souci. Je comptais prendre le même hôtel que As, celui de la place juste en face, ajouta-t-elle en norrois. Tu y vas aussi ?
J'acquiesçai largement et elle se mit à rire. Je fis signe à la plantureuse Giulia de me suivre et je l'entrainai vers l'hôtel. Je dégainai ma carte bleue pour payer une chambre et je récupérai le pass de la chambre. J'attrapai le poignet de la femme à côté de moi en sachant pertinemment ce qui allait se passer. J'allais la vider en partie de son sang, j'allais la baiser et ensuite, je la laisserai seule entre les draps doux de l'hôtel 4* que j'avais choisi.
À peine arrivé dans la chambre, je me rapprochai de ma proie et je la soulevai dans mes bras. Elle me semblait toute légère et je l'installai sur le lit avant d'embrasser son cou, d'y planter mes crocs et d'entendre ses gémissements.
Je n'avais pas menti à mon frère. C'était l'un des plaisirs de la vie de vampire et quand j'abandonnai la fille au petit matin, j'avais un sourire sur les lèvres. Mon frère m'attendait dans le hall, un sourire sur les lèvres.
– Notre sœur arrive, elle vient de m'envoyer un message... Elle est là...
Ma cadette nous embrassa tous les deux et nous attira au dehors.
– J'aime trop passer du temps avec vous deux. Vous êtes à la fois mes frères et mes meilleurs amis. Je crois que je vais larguer mon copain. Je m'ennuie avec lui alors qu'avec vous deux... C'est toujours de l'amusement. La vie ne devrait pas être autrement. Et puis... qui sait ce qui nous arrivera quand on sera de nouveau des humains ?
Elle pénétra dans le véhicule sur le siège du passager avant et je montai à l'arrière. Mon frère paraissait très sérieux tout à coup.
– Je n'ai pas trouvé d'éléments à ce sujet. Je ne sais pas si nous allons nous momifier ou avoir la chance de vivre autrement. Je ne sais pas non plus si... on doit tous redevenir humain ou pas. Dans tous les cas, si devenir humain est la seule solution pour que Sigmund le redevienne... j'accepte mon sort.
– Un pour tous et tous pour un ? ricanai-je.
– Je te jure, le monde ne saura jamais que ça vient de nous un jour où on avait abusé de l'hydromel ! J'ai les nerfs, rit Asmund.
Il se gara devant chez lui et je filai directement dans mon lit. Je n'avais pas beaucoup dormi et j'avais besoin de solitude. Je fermai les yeux, mais je restai attentif aux bruits alentours. Ma sœur avait décidé de faire une séance de yoga en papotant avec notre cousine depuis la cuisine. Mon frère compulsait des livres à grande vitesse et une personne venait de passer le portail... Le portail ? Mes paupières s'ouvrirent d'un coup et je me rendis près de ma fenêtre pour tenter d'apercevoir quelque chose.
La sonnette retentit avant que j'ai pu voir qui était la personne ayant traversé la propriété. Je tendis un peu l'oreille pour percevoir le son de la voix de Maria.
– Je suis désolée, M. Sørensen n'est pas présent aujourd'hui. Je peux peut-être lui laisser un message ?
– Vous êtes vraiment gentille...
C'était une voix féminine. Une femme de moins de trente ans si j'en croyais l'intonation. Elle semblait timide.
– Vous pourriez lui remettre ceci ? Je lui avais écrit une lettre, mais je n'ai pas trouvé la boîte aux lettres à l'avant de la maison... Toutes mes coordonnées sont à l'intérieur.
–Bien évidemment. Passez une bonne journée.
Mes yeux étaient toujours rivés vers l'extérieur de la maison et je vis passer une femme dans un manteau blanc immaculé dont les cheveux bruns descendaient en cascade dans son dos. Elle referma le portail et jeta un dernier regard vers la maison. Mes yeux se plissèrent pour ajuster ma vision. Elle avait un grain de beauté près de sa lèvre ourlée. Elle avait remis des lunettes de soleil, je ne pouvais pas voir ses yeux... Elle repartit aussi vite qu'elle était venue et je descendis les escaliers en même temps que mon frère.
– Ce devait être encore une journaliste.
– Elle ne s'est pas présentée comme tel. Elle t'a laissée une lettre.
– Tu ne devrais pas écouter aux portes, c'est malpoli, gros.
Je brandis mon doigt vers lui avant d'attraper la lettre dans l'entrée et de lui tendre. As' attrapa un coupe-papier pour l'ouvrir.
– Bon ce n'est pas un test de paternité déjà. Ça devrait me rassurer.
Il sortit la lettre et la parcourut.
– Elle s'appelle Chiara della Alidosi et elle aimerait que je la recontacte sur son portable. Maria ? Est-ce qu'elle était canon la nana ?
Maria arriva avec un torchon en main et une moue sévère.
– C'est quoi le rapport ?
– C'est pour savoir si je dois la recontacter ou pas ? Je ne veux pas coucher avec un boudin, donc...
Ses yeux roulèrent et elle grogna en italien qu'il était vraiment un enfoiré. Mon frère fit la moue.
– Je t'ai entendu jeune fille.
– Tu aimerais qu'un homme parle de ma fille comme ça ? Comme si elle était un bout de viande ? Traite les autres comme tu aimerais qu'ils te traitent toi ou un membre de ta famille. C'est ce que tu m'as dit quand j'avais 13 ans. Applique tes propres conseils ! Et viens m'aider à faire des gnocchis !
Il passa dans la cuisine la tête baissée et Maria me fit signe de le suivre.
– Pour ton information, elle n'est pas du tout le genre de femmes avec qui tu couches habituellement Asmund. Elle était beaucoup trop classe.
Sølvi en tomba de sa position de yoga et nous pouffâmes tous de rire devant le visage décomposé de mon frère.
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