Chapitre 2
– Tu fais erreur, Sigmund Sørensen.
Elle m'appelait par mon nom intégral et un sourire narquois s'afficha sur mes lèvres.
– En quoi ?
–Tu n'es en rien responsable de mon sort. De celui de Maman ou de Papa ou de As. Nous avons décidé de le faire en toute connaissance de cause, et tu sais pourquoi ? Parce que l'on t'aime et qu'il ne nous était pas envisageable que tu... restes seul. Rentre toi ça dans le crâne. C'est vous les amours de ma vie. Ceux pour qui je partirai en quête contre Thor, lui-même. Et les membres de notre famille, naissent, vivent, meurent et ont une belle vie. Notre rôle à nous, c'est d'être leurs gardiens.
Je ne m'attendais pas à ça et je l'embrassai tendrement sur la tempe. Elle avait mûri ces 300 dernières années. Quand elle se prélassait à Versailles et dansait à la Cour du Roi Soleil, elle était beaucoup moins posée. Je me levai de mon canapé pour aller nous chercher nos plats. J'avais bien l'intention de manger comme un sauvage directement au sol. Ma sœur se leva à son tour pour chercher des couverts et comme si elle avait lu dans mon esprit, elle installa la table devant nous.
J'étais troublé par ses paroles. Était-ce la véritable finalité de mon vampirisme ? Être les gardiens des membres de ma famille ?
Je repensais à cette nuit où cette sale pute m'avait vampirisé. Non, clairement, elle ne pensait pas à une mission de protection. Elle voulait une vengeance et elle l'avait eue, de la pire des manières pour moi qui rêvait de rejoindre le Valhalla et de fracasser mon bouclier jusqu'à la fin des temps avec Ragnar.
L'alcool et la nourriture glissaient dans mon gosier et j'entendais ma sœur jouer la critique culinaire tout en lâchant des gémissements ravis. Nous mangions comme quatre personnes et j'étais repu. Durant des siècles nous avions fait croire aux humains normaux que nous buvions uniquement du sang pour nous nourrir. C'était faux. Le sang était sûrement l'un de mes aliments favoris. Il décuplait ma force et ma perception, il me maintenait dans une forme olympique et il avait le goût du paradis. Il était enivrant. Mais j'avais découvert au fil des ans que je pouvais m'en passer pendant une longue période. Je n'avais pas besoin de buter un humain à chaque fois que j'avais envie de boire.
Le jour où j'avais compris qu'en mordant ma proie, je lui procurai une sensation proche d'un orgasme, j'avais décidé de joindre l'utile à l'agréable. Nous serions désormais deux à prendre du plaisir.
– Sig ? tu sais ce dont j'ai vraiment envie ?
Ma sœur semblait lire dans mes pensées et je lui répondis avec un rictus sarcastique.
– Tu as envie de sortir en boîte de nuit avec moi pour te servir de chaperon ?
– Tu en connais une cool ? J'ai envie de me shooter à l'humain.
– Et ton petit ami ?
– Je ne pense pas que mordre, c'est tromper !
Je pouffai de rire et j'enfilai mes chaussures en guise de réponse. Ma sœur en profita pour se remaquiller à la perfection et je l'aidai à enfiler son manteau. Elle m'attrapa par le bras et le froid au dehors me saisit. Je levai les yeux vers le ciel. Il ne me semblait pas qu'il allait neiger aujourd'hui non plus. J'attrapai mon smartphone pour commander un taxi qui ne tarda pas à me rejoindre à l'endroit habituel. Ma sœur s'y engouffra et je la suivis. La boîte de nuit n'était qu'à 20 minutes en voiture et elle en profita pour nous prendre en photo sur ses réseaux sociaux.
Grand Frère et Petite sœur en vadrouille.
Mon frère nous répondit un laconique : Buon appetito. Asmund. Je n'avais pas déjeuné avec lui depuis un bon demi-siècle. Il avait fait un pari avec l'une de mes cousines humaines quand elle avait 10 ans et il arrivait bientôt à expiration. Je sentais qu'il allait être parfaitement affamé s'il avait respecté sa parole. Après tout, mon frère s'était exilé en Italie, à Milan plus précisément, et personne n'allait vraiment lui rendre visite. Peut-être qu'il mentait à tout le monde.. comme lorsqu'il nous assurait qu'il ne trichait pas au Monopoly.
Le taxi s'arrêta devant une boîte de nuit à la devanture neuve. Je sortis en premier du véhicule et je tendis la main vers ma sœur pour qu'elle sorte. Je n'avais pas l'intention de faire la queue pendant des heures dans le froid. Je m'avançais directement devant le vigile qui faisait une bonne tête de plus que moi. Je posai ma main sur son avant-bras et il décala la cordelette rouge.
– Tu as tes entrées visiblement !
Ma sœur souriait de toutes ses dents et elle accepta un bracelet et un collier fluorescent après avoir déposé nos affaires au vestiaire.
– Tu te souviens quand ça a été inventé ?
– Je me souviens quand on les a popularisés aux USA. On était les rois et reine du dancefloor à l'époque.
Ma sœur se tourna totalement vers moi, elle attrapa mes mains et recula dans la foule jusqu'au centre de la piste.
–Sig. On est toujours le roi et le reine de la danse !
Elle commença à se déhancher en rythme, ses cheveux se balançant dans le vent. Elle était parfaitement libre et je décidai de me laisser entrainer par la musique presque extatique diffusée. Tant pis pour la bienséance, je fis taire toutes mes pensées négatives et je me laissai aller. Ma sœur attirait les humains comme des mouches et plus d'un commençait à s'approcher d'elle. Elle croisa mon regard, elle avait conscience d'être au centre de l'attention. C'était toujours la même chose. Ce devait être les phéromones qu'elle dégageait sûrement. J'en étais immunisé mais elle me fit signe de regarder autour de moi. De nombreuses femmes peu vêtues me dévoraient du regard.
– Tu as le choix, Sigmund. Éclate-toi frérot !
Elle se tourna et fit signe à un rouquin de venir vers elle. Ma sœur avait une passion pour les rouquins. Son premier amoureux l'était. Elle avait été très attristée d'apprendre son mariage avec cette connasse de Frida. Je me tournai à mon tour et je fendis la foule, le mode prédateur était enclenché. Je m'arrêtai à une table et je fixai la bombasse noire qui me dévorait des yeux. Je tendis ma main vers elle, sans un mot et elle l'attrapa non sans jeter un regard charmé à ses copines. Elle avait été désigné et ça lui plaisait particulièrement. Je me collai directement à elle, mes mains autour de son corps. Je fermai les yeux, inspirant son odeur. Elle sentait un mélange de parfum de luxe, d'un shampooing au lilas et je pouvais même sentir le cocktail chargé qu'elle avait bu préalablement. Elle était sûrement rendue à un point de rupture question boisson. Elle ne serait pas farouche. J'approchai mes lèvres des siennes pour l'embrasser et mes crocs ressortirent lentement. J'allais la goûter. Sa gencive se blessa légèrement et le goût de son sang envahit sa bouche.
Bordel.
J'allais clairement regretter ce choix de me nourrir dans une boîte de nuit, mais les dés étaient jetés. J'en voulais plus.
Beaucoup plus.
Et puis, j'avais été viré. J'avais besoin de réconfort.
–Suis-moi.
Je vis qu'elle se demandait pourquoi je devais le faire. Je me rapprochai d'elle, posai ma main sur sa nuque.
– Suis-moi, répétai-je en utilisant ma force de persuasion.
Ses barrières se relevèrent et elle hocha la tête. Tout n'était que persuasion après tout. Je la fis reculer loin des regards indiscrets et je partis dans la partie VIP de la boîte de nuit. On me laissa entrer directement. J'étais dans une alcôve qu'on pouvait fermer avec des rideaux. C'était une intimité assurée dans une boîte de nuit pourtant blindée de monde. J'interpellai la serveuse pour avoir une bouteille de champagne millésimée et une fois qu'elle me l'eut apportée, je fermai le rideau, nous laissant tous les deux dans une ambiance feutrée.
–Comment tu t'appelles ? me demanda ma proie. Moi c'est Katya
– Je m'appelle Markus, répondis-je en lui servant une flûte du champagne. Tu sais ce qui va arriver maintenant, Katya ? Je vais te faire découvrir un monde que tu pensais très certainement impossible dans tes rêves les plus fous.
–Tu as un tapis volant comme Aladdin ?
J'éclatai de rire sans pouvoir m'arrêter avant de me stopper soudainement. Mon regard s'assombrit tandis qu'un sourire s'affichait sur mon visage.
– Non.
Mes lèvres se posèrent dans son cou alors que mes crocs, à l'approche de ces veines, ressortaient. Ils pénétrèrent dans sa chair fraîche et le liquide, chaud et très goûteux, se déversa entre mes lèvres, parfumèrent mon palais, et rejoignirent le fond de ma gorge.
Katya poussa un cri d'extase alors que ses hormones de plaisir se déversaient dans son corps. Faire croire à la proie qu'elle était dans un environnement sain. Lui faire oublier le prédateur. C'était la raison de son extase. Elle mourrait de bonheur et non de terreur. Ma main en profita pour défaire les boutons de mon pantalon alors que je me reculai, lui montrant mes crocs ensanglantés.
–Encore, me supplia-t-elle.
Je la basculai sur mes genoux et je l'embrassai de nouveau. Ma vitalité me revenait et ma main glissa sous sa robe pour lui retirer son string. Sexe, sang et plaisir. C'était ça d'être avec un vampire. C'était ça d'être avec moi.
Elle s'empala sur mon sexe alors que mes crocs tâtaient encore sa peau et que son essence vitale commençait petit à petit à s'échapper d'elle. Elle rejeta sa tête en arrière, laissant une meilleure vision sur son cou et les petites marques laissées par mes dents. Je la plaquai contre la banquette pour la besogner à mon aise. Je ne voulais pas que ça dure longtemps, sinon, j'allais lui pomper tout son sang. C'était un instant fugace et il devait le rester quoi qu'il en coûte.
Je plongeai une dernière fois sur son cou alors que l'extase commençait à nous prendre. Je m'affalai sur elle alors que des larmes coulaient de ses yeux. Je me dégageai d'elle rapidement, me rhabillai et je me coupai volontairement pour appliquer un peu de mon sang sur sa blessure qui se referma.
– C'était fabuleux, s'essouffla-t-elle à dire.
– Tu risques de te sentir un peu faible. Reste quelques minutes assise, je ne veux pas que tu aies un malaise.
– Faible ? Je suis pleine d'énergie mon pote.
J'ai bien bu 50cl de ton sang poupée, crois-moi, tu vas tomber.
– Je te fais venir de quoi manger. Remets ton string.
– Je te le laisse.
Je le rangeai dans ma poche et je rouvris le rideau pour commander une planche de charcuterie. Je vis ma sœur arriver vers moi, un nouveau jouet trainant derrière elle comme un toutou avec sa maîtresse.
– Alors ? Tu as passé un bon moment ?
– C'est un bon premier moment. Tu voulais sortir avec ton frère aîné ? On va faire la fête toute la nuit, honey.
Sølvi hocha la tête et en s'approchant de moi, elle huma mon odeur.
– Tu es incorrigible, tu n'étais pas obligé de baiser ton humaine.
– Rien de mieux que de mêler, sexe et nourriture, dois-je te le rappeler ?
Elle pouffa de rire et monta dans mon alcôve en attrapant la coupe de champagne encore vite.
– Tu permets que je me serve aussi dans ta nourriture dans ce cas ?
– Elle est un peu faible pour le moment, je vais en chercher une autre, et on se paiera un vrai festin, ajoutai-je en me retournant vers l'humaine qui avalait un peu de jambon fumé.
Je me penchai vers elle et lui relevai les prunelles.
– Tu vas retourner vers ta copine et lui raconter que tu as passé le moment sexuel le plus intense et le plus beau de toute ta vie. Tu oublieras que tu as vu des vampires. Compris Katya ?
Elle hocha la tête doucement. Oui, elle allait l'oublier. Je l'embrassai une dernière fois, goûtant encore de son sang et elle rejoignit la foule, me laissant seul avec ma sœur et son humain. J'attrapai un morceau de pain et de rillettes et j'avalai le tout avec une bonne rasade d'alcool.
– Je reviens dans peu de temps, amuse-toi bien !
Elle avait déjà posé ses lèvres dans le cou de sa proie quand je refermais le rideau, direction le bar. J'y commandais un cocktail sans alcool, et je me retournai, les coudes sur le bar. Mon regard glissa sur les corps à la recherche de l'exception. Je laissai mes sens s'éveiller. Pourquoi n'arrivais-je pas à retrouver cette odeur alléchante que j'avais senti dans la rue ? Ou au moins un sang similaire ? J'allais devoir me contenter du bas de gamme, encore une fois.
J'avalai mon verre d'une traite et je retournai sur la piste de danse, prêt à trouver de la chair fraîche. Je me rapprochai non pas d'une, mais de deux jeunes femmes. Des jumelles qu'on ne pouvait différencier que par la longueur de leurs cheveux. J'en prie une sous chaque bras avant de retourner à ma place VIP. Ma sœur s'essuyait la bouche au moment où je rouvris le rideau. Je fis entrer les deux filles avec nous et un sourire carnassier s'afficha sur les lèvres de ma cadette.
– Plus on est de fous..
J'avais envie de rire. J'allais passer une superbe nuit et j'allais boire jusqu'à plus soif. Ma sœur renvoya le rouquin et se rapprocha dangereusement de celle avec des cheveux longs. Elle fixa les jumelles.
– Fermez les yeux et dévoilez vos cous.
Elles s'exécutèrent comme des pantins et ma sœur approcha ses crocs de celle la plus proche d'elle. J'avais fait la même chose avec l'autre, celle aux cheveux courts.
Nous avions recommencé, deux fois et la joie qui s'était déversée dans mes veines me rappelait que j'étais bien vivant. Je me sentais prêt à gravir des montagnes, à soulever des armées et partir à la conquête de l'espace. À la sortie de la boîte de nuit, vers 4h du matin, ma sœur avait tellement bu qu'elle peinait à marcher droit. Je ne m'en sortais pas beaucoup mieux, mais au moins, je ne me mettais pas à parler en vieux norrois.
Une fois au chaud dans mon appartement où je dus à moitié la soulever pour qu'elle sorte du taxi, elle se traina jusqu'à ma cuisine où elle sortit deux bières. Nos deux bouteilles s'entrechoquèrent et elle me fixa droit dans les yeux.
– Skål ! [ 1 ]
Je portais le liquide à mes lèvres alors que je m'affalai sur mon canapé. Ma petite sœur se blottit contre moi et attrapa même un des plaids hygge que m'avaient offert ma mère.
– Tu peux me raconter une histoire Sigmund ?
Je caressai ses cheveux machinalement et je fixai le feu devant moi. J'eus l'impression d'être retourné un millénaire en arrière, dans notre cahute, l'odeur du ragoût de ma mère imprégnant la maison. Je toussai et je commençai mon histoire.
– Tout commença, le jour où Thor, s'aperçut que son marteau, Mjolllnir. avait disparu... Extrêmement perturbé, il s'en alla prendre conseil auprès de son frère, Loki, Dieu de la Malice. Ce dernier.... [2]
C'était l'une des histoires favorites de mon cousin et lors d'un raid, il avait mis en place la stratégie de Thor. Un vrai génie. Ma sœur s'assoupit et je la soulevai pour la poser dans un lit. Elle avait beau avoir un millénaire, elle était toujours une enfant. Je l'embrassai tendrement sur la tempe avant de repartir vers la fenêtre. Je fermai les lourds rideaux pour plonger la chambre dans le noir le plus complet. Ce n'était pas un problème pour moi. Ma vision nocturne était excellente.
Je filai dans ma propre chambre, et je fixai le plafond, tentant de trouver le sommeil.
L'amour que j'avais eu pour Hedda valait-il vraiment le coup ? J'avais déchainé la colère de l'autre folle et depuis... il ne se passait pas un jour sans que je vive dans les regrets.
Je tapotai ma table de nuit à la recherche de mes somnifères. M'abrutir avec une grande quantité de médicaments était le seul moyen que j'avais trouvé pour arrêter de penser. Pour me sentir moins vide pendant quelques heures avant que la culpabilité me reprenne.
Je me réveillai effectivement quelques heures plus tard en sentant une odeur de cramer dans mon appartement. C'était ma sœur qui voulait faire des œufs brouillés. Elle jurait plus qu'un guerrier pendant un raid. Je m'arrêtais en voyant la catastrophe avant de me précipiter vers elle quand elle lâcha la casserole au sol, brûlée.
– Montre.
Sa paume de main était déjà en train de se reformer, mais elle avait eu mal. Je le vis dans ses yeux brillants de larmes. J'attrapai une manique pour jeter ma casserole dans mon évier. Je n'étais pas certains de la rattraper.
– Passe de l'autre côté du comptoir, je vais cuisiner.
– Désolée, je voulais juste te faire un truc cool, mais j'ai regardé notre conversation avec As et... tu devrais vraiment regarder.
J'attrapai mon smartphone qui rechargeait et je vis pléthore de messages. Je fusillai du regard ma sœur avant de poser mes yeux sur l'application. Ce que j'y vis me figea sur place.
« Je pense que j'ai trouvé un moyen de mettre fin à la malédiction. Venez me voir à Milan dès que vous pouvez. »
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[1] Santé
[2] Issu de l'histoire : la disparition de Mjollnir dont voici l'histoire....
Un matin en s'éveillant, Thor s'aperçoit que son marteau, Mjollnir, a disparu. troublé, il va prendre conseil au près de Loki.
"Le marteau précieux a sans doute été ravi par quelque géant", dit Loki
Et il s'offre lui-même de chercher le marteau. Pour la recherche du marteau, il emprunte à la déesse Freyja son vêtement magique à plumes, qui permet de traverser les airs et gagne à tire d'ailes le séjour des géants. Il y rencontre bientôt le géant Thrym, l'interroge et apprend que c'est lui le ravisseur. Le marteau a été caché sous terre à huit brassées de profondeur : Thyrm ne consentira à rendre le marteau que si l'on lui donne la main de Freyja.
Cette réponse rapportée aux dieux, les jette dans la consternation ; ils se réunissent, délibèrent, mais ne trouvent pas de solution. Il se résigne donc à prier Freyja d'accepter le marché qu'on lui propose. Mais Freyja s'y refuse, indignée; elle ressent un si grand courroux que les veines de son cou se gonflent jusqu'à faire éclater son beau collier d'or qui roule à terre. Dans leur embarras, les Ases se résolvent alors à un stratagème : on revêtira Thor lui-même d'habits de femme, on lui passera au cou le collier de Freyja et on le recouvrira d'un voile de mariée. Après quelques hésitations, Thor finit par se prêter à cette mascarade.
Vêtu en femme, il se rend au pays de Thrym ; Loki l'accompagne, déguisé en servante. Les deux Ases reçoivent chez le géant un accueil magnifique. Dès le premier soir, Thrym fait préparer le festin des noces. La supposée fiancée fait paraître un appétit prodigieux : à elle seule, elle a dévoré tout ce qu'on avait réservé aux femmes du Palais, c'est-à-dire un bœuf entier, huit saumons, de nombreuses épices ; elle boit par surcroît trois tonnes d'hydromel. Le géant s'étonne grandement d'une telle voracité. Mais Loki n'est point embarrassé de lui donner une explication : pendant huit jour entiers, dit-il, Freyja n'a rien voulu manger ni boire, tant était violente la nostalgie qui la poussait vers le pays des géants.
Thrym, rasséréné et plus épris que jamais, veut embrasser la futur mariée ; mais quand il lève le voile qui couvre le visage de la déesse, il ressent un tel effroi à voir les éclairs qui jaillissent de ses yeux qu'il fait un bond en arrière. Loki l'apaise encore; pendant les huit dernières nuits, déclare-t-il, Freyja n'a pas dormi, tant elle était agitée du désir de partir pour le pays des géants ; et c'est pourquoi ses yeux jettent un tel feu. À ce moment, désireux de donner à son union avec Freyja la consécration rituelle, Thrym envoie chercher le marteau Mjollnir et ordonne que, selon la coutume, on le pose sur les genoux de la fiancée. Le coeur de Thor rit dans sa poitrine. D'une main vigoureuse, le dieu saisit l'arme et la brandissant joyeusement, abat Thyrm et toute sa suite de géants. Puis, satisfait et calme, il retourne à Asgard
***
Rendez-vous demain pour la suite ❤️
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