« Chapitre 6 : Shoto »
P.D.V Shoto.
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J'étais revenu au lycée le lundi matin. Personne n'était au courant qu'Izuku avait survécu, hormis moi, sa mère et All Might - puis quelques médecins mais ça, nous passons le détail.
Cette fois-ci, Ochaco ne s'était pas plainte ; elle souriait même. Je sentais malgré tout de l'hypocrisie dans ses yeux. Elle me l'avait dit : elle n'était pas guérie et pense qu'elle ne le sera jamais. On ne guérit jamais d'un deuil, c'est prouvé.
Ne traînons pas sur le récit.
J'avais pris ma place habituelle. J'avais commencé les cours normaux, en attendant l'exercice de pratique que nous allions établir aujourd'hui.
Mes yeux se perdaient dans ma copie d'anglais. Je réfléchissais. Pourquoi Izuku ne prévient-il pas sa petite amie, ou même Katsuki ? C'était assez perturbant, en effet. Toutes sortes de questions me venaient en tête.
Je prenais ensuite la décision d'aller interroger le concerné : Katsuki. Quand je l'observais, il paraissait absorbé, perdu dans ses pensées. Il ne notait rien dans ses carnets, chose qu'il faisait quotidiennement. Puis une fois qu'il arrêtait ses songeries, il guettait sa trousse, jouait avec sa colle, mordillait ses stylos d'une manière foudroyante. Ce type n'était pas net.
Pendant la pause, après avoir médité pendant deux longues heures, j'observai mes camarades sortir de la classe un-à-un, sauf Bakugo, assis sur son tabouret, il dévoilait une figure énervée. Comme d'habitude, dirait-on. Or, il paraissait égaré en même temps.
Je pris la peine de me lever pour l'interpeller ; je le pris au dépourvu ; il me regarda froidement.
« Tu veux quoi, Double-Face ?
--- Bakugo, je peux te poser des questions ?
--- Quoi ?!
--- Es-tu heureux de ne plus avoir Midoriya parmi nous ? osai-je questionner.
Il mit un petit temps avant de répondre insolemment.
--- J'm'en fous de Deku, compris ? Il est mort, bah tant pis. S'il a fait ça, c'est pour une bonne raison. C'était marqué sur son foutu journal, il voulait être heureux.
--- Tu es donc réjoui de sa mort, c'est ça ?
--- Hé oh ! T'es un ado' ou un détective ?! Lâche-moi la grappe ! Si c'est pour ensuite m'accuser de quelque chose que j'n'ai pas fait, tu peux vite prendre tes sacs et me foutre la paix !
Il fit apparaître une petite explosion dans ses mains, pour bien me faire comprendre qu'il fallait que j'arrête mon baragouinage. Or, j'insistai pour réellement connaître ses intentions. Katsuki me rejeta, une fois, deux fois. Je continuai à le martyriser de questions, toutes sans réponses. Décidément, ce garçon est un vrai casse-pieds.
--- Fous-moi la paix, tout de... suite.
Il haleta le dernier mot et je vis dans ses iris un air triste ; il parut déprimé, mais tenta de le dissimuler derrière ses crises incessantes. Malin comme j'étais, je m'assis près de lui, ce qui eut le don de l'agacer.
--- TU COMPRENDS PAS QUAND J'TE PARLE OU QUOI ?!
--- Détends-toi, le meurtrier.
--- Pa-pardon ?! T-tu oses me... me dire que... j'ai tué Deku ? J'ai rien f-fait ! bafouilla-t-il.
--- Tu es content d'avoir amené Midoriya au suicide, avoue-le.
J'allumai mes flammes brusquement. Katsuki recula légèrement. Pour une fois qu'il avait peur de mon pouvoir, je souris assez sadiquement.
Enfin, l'explosif se confia à moi, les larmes aux yeux. Une s'échappa jusqu'à son menton. Le blond se colla à sa chaise, se remit correctement, les poings serrés, les dents claquant contre les autres. Il frissonna en ressentant l'atmosphère de la classe qui devint d'un seul coup inhospitalière. Je n'endurai, en revanche, guère la température glaciale.
--- Deku me pétait et me pète toujours les couilles, j'suis très franc. Sa voix me grillait les oreilles et ses manières insupportables m'irritaient, mais tu sais pas quoi ? Eh bah, ce Deku, mine de rien, son p'tit visage de gamin, je l'aimais bien. Il m'a fait comprendre que j'étais vraiment un gros fils de pute.
Je découvris un côté sensible de Bakugo ; il chouina. Ses joues furent inondées de pleurs. Mais la grosse tête était en colère malgré tout. Je le regardai, d'un air stupéfait, choqué, mais en même temps, j'avais de la pitié. Non pas parce que Katsuki pleurait, mais parce qu'Izuku méritait mieux que sa vie actuelle. D'abord, il est harcelé par une andouille ne pensant qu'aux malheurs de ses prochains, mais en plus, cette andouille se morfond, alors qu'elle devrait subir les tortures infligées elle aussi. C'était répugnant ce que je voyais ; j'étais fortement irrité contre Katsuki. Mais, j'écoutais ce qu'il avait à me dire. Après tout, je l'ai acharné de questions, il me devait au moins cela.
--- Je m'en veux de lui avoir fait du mal, j't'avoue. Au fond, ça m'faisait du bien de l'engueuler, j'pouvais me sentir supérieur et... il me laissait faire. Enfin... il essayait parfois de me raisonner, mais j'étais con, je n'en faisais qu'à ma tête.
Je fis un bond sur ma chaise ; parce qu'il hurla à m'en arracher les tympans.
--- JE LE DÉTESTE PARCE QU'IL ME FAIT CULPABILISER CET ENFOIRÉ !
Mon interlocuteur fit exploser son pupitre grâce à ses deux mains. Je l'arrêtai d'une voix brusque, il se rassit. Collant sa main contre son front, les joues encore humides et les dents scotchées les unes contre les autres, il languit.
--- J-je me sens coupable, mais j'fais tout p-pour me convaincre que non...
--- C'est ce que je voulais entendre, déclarai-je, sans me gêner.
--- T'ES SÉRIEUX ?! TU ME HARCÈLES DE QUESTION JUSTE POUR ME VOIR CHIALER COMME UN GOSSE ?! ESPÈCE DE GLACE VANILLE-FRAISE VA, J'VAIS T'EXPLOSER LA GUEU- ARGH !!!
Monsieur Aizawa fut là, et l'attrapa grâce à son Alter d'Effacement. Ses bandes lisses s'enroulèrent autour de Katsuki. Surpris, je me levai et reculai de quelques pas, histoire que je ne sois pas affecté à mon tour. Je constatai que notre professeur ne plaisantait pas : son regard sombre me fit trembler imperceptiblement.
--- Bakugo, désapprouva notre instituteur, ton attitude me déplaît fortement. J'ignore pourquoi tu tentes désespérément d'attaquer tes camarades, mais si tu continues, je te le répète, je t'exclus de ce lycée définitivement. Tu n'as pas le comportement d'un super-héros.
--- Lâchez-m-moi ! Arghh...
--- En plus, tu as détruit une table. Tu me la repayeras. »
Katsuki fut lâché, mais il ne s'impatienta guère ; il resta sage.
Quant à moi, je sortis de la salle, assez mouvementé par tout ce que j'ai vécu en moins de cinq minutes. Je fis un détour aux W-C en espérant ne croiser personne. Puis je pensai à Izuku, probablement cloué sous sa couette à l'hôpital.
* * *
En face de moi, j'inspectais le vert. Il gigotait dans tous les sens, vérifiait que ses membres fonctionnaient. Je l'observais. Il me rendait parfois les regards, fréquemment accompagné d'un triste sourire que je ne rendais pas. L'infirmière passait parfois, mettant et remettant le masque à oxygène sur les fines lèvres de mon ami. Soi-disant, tout s'arrangeait, comparé à samedi ; nous étions mercredi. J'avais attendu avant de revenir dans ce dispensaire très coûteux.
« Hé, Shoto, m'interrogea Izuku, ça se passe bien au lycée ?
--- Oui, ça va, garantis-je.
--- Super ! Et... est-ce que Katchan va bien ?
La dernière question me surprit : comment Izuku pouvait-il s'inquiéter pour son assassin ? J'exposai un visage étonné, abasourdi. Mon partenaire comprit ma stupéfaction et commença donc un récit qui, je pense, était sincère.
--- Katchan et moi, nous nous connaissons depuis l'enfance, mais je n'ai jamais su pourquoi il ne m'aimait pas. En fait, j'ai tenté de rejoindre les cieux parce qu'il m'oppressait depuis la maternelle. J'avais déjà des problèmes familiaux, alors cela me pesait encore plus. Depuis si longtemps, il m'a persuadé que je n'étais qu'un sot sans Alter. Malheureusement, je le croyais. En ayant reçu mon pouvoir, j'ai voulu en premier l'exposer pour que Katchan soit fier de moi, mais je me suis abstenu. En réalité, je savais que mon Alter était assez dangereux, surtout que je n'arrive toujours pas à l'utiliser sans me fracasser un muscle.
Il afficha une tête douloureuse et une petite larme glissa hors de son œil gauche. Puis une deuxième la suivit, une troisième, une vingtaine suivirent le rythme. Je les séchai du bout de mes doigts, Izuku repoussa doucement ma main pour gérer sa mélancolie seul.
--- J'ai toujours admiré Katchan. C'est un homme génial, je l'adore tellement... mais je m'en veux de ne pas être aussi doué que lu-
--- Lui s'en veut de t'avoir poussé au suicide, l'interrompis-je.
Midoriya cligna des yeux plusieurs fois avant de hausser les sourcils.
--- « J-je me sens coupable, mais j'fais tout p-pour me convaincre que non... »
J'imitai la voix cassée de cet imbécile de Katsuki, avec les gestes qui vont avec. Ce fut la première fois que le vert me vit faire autant d'humour ; qui pour le coup, n'était pas si hilarant. Izuku me regarda, toujours les sourcils hissés, et la bouche entrouverte.
--- Il a vraiment dit ça ?
--- Oui, de cette façon-là, en pleurant. Il culpabilise. Bon... il n'assume pas, mais tu es un sujet sensible pour lui.
Alors que je continuai à parler, la porte derrière nous s'ouvrit violemment, au point qu'elle se retrouva complètement fracassée contre le mur d'en face. All Might se présenta devant nous, encore avec son sourire à en faire tomber les jeunes filles.
--- Nous sommes proches du but, mes garçons ! »
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