Un client inattendu
Avril fut là bien vite, Sophie n'avait pas le temps de s'ennuyer entre son travail au café qui lui prenait toutes ses journées, et sa BD lui grignotant ses nuits. Olivier voulait lui présenter Cannelle, mais elle préférait ne pas se dégager un après-midi ou une journée en ce moment. Elle ne voulait pas faire de pause, pour ne pas se rendre compte du trou dans sa poitrine, de la tristesse imprégnant chaque seconde de sa vie. Elle en était venue à un point où elle préférait ne plus voir Dom et Matthew : ça serait trop douloureux. Elle leur dirait simplement qu'une amitié avec ses idoles n'était pas quelque chose qu'elle voulait vivre, à cause des effets secondaires, les paparazzi par exemple, et la mise à mort de sa tranquillité. Ils ne seraient sans doute pas triste, ils avaient plein d'autres fans prêts à engager une relation avec eux s'ils le voulaient. Et puis au final, ils n'avaient pas passé énormément de temps ensemble, alors ils n'avaient pas eu le temps de beaucoup s'attacher.
Matt ne l'appela pas ; elle s'y attendait. Mais l'absence de coups de fil de Dominic l'intriguait un peu plus. Elle se demandait pourquoi il ne l'avait pas contactée à nouveau. Il était peu-être occupé lui aussi, après tout.
Le vingt-sept avril, alors qu'Olivier finissait tranquillement sa tasse de café, assis au bar comme d'habitude, un homme avec des lunettes noires juchées sur le nez et une casquette vissée sur la tête entra dans le petit établissement et prit place à côté d'Olivier. Sophie était en train de prendre la commande de M. Morel, fraîchement remis de sa dépression grâce à un psy efficace, si bien qu'elle ne vit pas immédiatement le nouvel arrivant ; mais lorsqu'elle se retourna, son regard buta sur la courbe de ses épaules. Pas de doute, elle connaissait par cœur le contour de cette silhouette. Elle passa de nouveau derrière le bar, et y appuya ses bras croisés :
- Qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Je te rends visite.
Elle leva les yeux au ciel.
- Je croyais que tu avais un agenda de ministre et que tu n'avais pas une seule seconde à m'accorder ?
- Là, j'ai un mois de libre, après on reprend la tournée en Europe. Je te l'avais dit, en plus, que je serais dispo fin avril. Tu as oublié ?
- Bien sûr que non. Alors, pourquoi tu me rends visite ?
- On est amis, non ? Ou alors je me suis trompé sur toute la ligne ?
- Matt, tu ne m'as quasiment pas parlé pendant quatre mois. Je pensais que tu avais renoncé à l'idée de notre amitié. Tu sais, je suis passée par Dom pour savoir comment tu allais...
- Dom ? Tu discutes avec lui ?
Elle ne voulait pas lui avouer sa relation un peu spéciale avec son ami, aussi, elle haussa les épaules :
- J'étais bien obligée, tu ne me répondais jamais.
- Comment tu as eu son numéro ? Je doute qu'il te l'ait donné quand vous vous êtes vus en décembre. Tu l'as revu ? Vous avez couché ensemble.
Ce n'était qu'à moitié une question, mais elle nia en bloc, secouant énergiquement la tête de droite à gauche.
- Qu'est-ce que tu vas nous imaginer... Je suis passée par Olivier.
Celui-ci lui entra dans son jeu et confirma à l'intention de Matthew.
- Et toi, comment tu as su que j'étais ici ?
Matt sourit, échangea une petit regard avec son cousin. Sophie soupira : bien sûr, Oli avait vendu la mèche. Il n'allait pas arrêter d'essayer de les matcher ensemble...
- J'aurais dû m'en douter. Bon, tant que tu es ici, je te sers quelques chose ?
- Je veux bien un café. Le décalage horaire, tu connais...
- Non, je ne connais pas. Mais j'imagine.
Il la regarda, surpris.
- Tu n'as jamais voyagé loin de la France ?
- Tout le monde n'a pas la chance d'être aussi riche que toi, Matthew. Je ne suis jamais partie de France.
- Un jour, je te ferai voyager.
- Ça ira, merci. Je ne tiens pas à polluer un peu plus la planète en me déplaçant inutilement.
- Je...
Il referma la bouche dans un claquement de mâchoire.
- D'accord.
- Ce n'est pas contre toi, Matt, c'est une question de principe. Bref, sinon, comment vas-tu ?
- Bien.
- Tu m'avais promis de me parler de Gaia, tu te souviens ? Ça fait des mois que j'attends, alors j'aimerais bien avoir des nouvelles de votre couple.
- Oh, euh, ah... C'est... Désolé, mais je... Oh et puis ce ne sont pas tes affaires, je n'ai pas à t'en parler.
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