Seb
- Good morning, susurra Dom alors qu'elle ouvrait péniblement les paupières.
- Quel jour on est ? murmura-t-elle en réponse.
Les doigts du batteur montaient et descendaient lentement le long de sa colone vertébrale, faisant naître de délicieux frissons dans son dos.
- Le 4 janvier, Soph.
- Merde !
Elle le repoussa vivement et s'empara de ses vêtements, entassés au pied du lit.
- Qu'est-ce qui t'arrive ?
- J'ai rendez-vous ce matin avec mon boss. Quelle heure ?
- Neuf heures.
Elle jura à nouveau, enfila ses chaussures et se leva sans laisser le temps à Dom de la retenir.
- On se voit ce soir, lui lança-t-elle en refermant la porte de la chambre d'hôtel.
Elle grimpa dans un tramway, ruminant en silence. Le soir du premier janvier, après une journée enflammée avec le blond, elle avait accepté son marché. Après tout, elle passerait du temps avec Matthew et elle aurait ce qu'elle voulait avec Dominic, alors pourquoi refuser ? Elle appuya sa tête contre la vitre ; celle-ci, tressautant au rythme du train, lui renvoya un coup de boule dans la tempe. Elle revit en une seconde des fragments de leurs journées passées ensemble, de ces instants enfiévrés qui l'avaient déjà rendue accro, le sourire en coin de Dom, ses yeux bleu-gris qui la regardaient, pleins de désir...
Dans la matinée du 3 janvier, elle était passée chez elle pour récupérer des affaires de toilette et des vêtements. Elle avait glissé un papier sous la porte d'Olivier en expliquant qu'elle était chez un ami pour quelques jours, il était donc inutile qu'il vienne frapper à sa porte.
Elle se leva, parcourut les couloirs puants du métro, grimpa un escalier, et sauta dans un bus, dernière ligne droite. Elle avait failli oublier ce rendez-vous, pourtant primordial. Elle avait même déjà réfléchi un peu à son idée, elle avait quelques scénarios en tête et elle était sûre d'elle, ne restait plus qu'à le dire à Sébastien. Il serait déçu, sans doute, peut-être même en colère, mais tant pis, elle avait besoin de ce renouveau.
Il lui ouvrit, le visage fermé, et jeta un coup d'œil à sa montre. Elle était bien consciente d'avoir plus de vingt minutes de retard, mais elle avait fait le plus vite possible. Elle le salua avec un sourire et entra en le poussant fermement.
- Excuse, pour le retard, mon réveil n'a pas sonné.
Elle lui adressa un regard malicieux.
- Assieds-toi, Seb, je t'en prie. J'ai pris une décision difficile. Je sais que tu vas avoir du mal à l'accepter, mais ce qu'il faut impérativement que tu comprennes, c'est que j'ai un besoin d'indépendance énorme. Alors voilà : j'ai décidé que j'allais cesser de travailler avec toi et pour toi, et que j'allais lancer mon propre business.
Il la regarda, incrédule. Elle ne lui avait pas laissé le temps d'en placer une, et elle avait laissé tomber la nouvelle brutalement, comme un couperet. C'était sans doute le mieux, plutôt que de tourner autour du pot – comme un pansement qu'il faut retirer d'un coup – mais ça lui faisait un choc.
- Et, pourquoi tu me fais ça ?
Il déglutit péniblement. Il avait besoin d'elle pour travailler, il s'était habitué à son caractère, à son style de dessin, à sa présence dans son bureau... Il cherchait déjà un moyen de la faire rester.
- Ce n'est pas contre toi, assura-t-elle, simplement, je pense que je donnerai le meilleur de moi-même en bossant seule sur une idée qui vient uniquement de moi. Tu comprends ? Je préfère ne dépendre que de moi dans ma vie professionnelle, avoir les horaires que je veux et pas ceux que tu m'imposes, faire les dessins que je veux et pas ceux que tu me demandes. Être libre, en somme.
- Mais je... J'ai besoin de toi, moi !
- Mais non, mais non. Tu sais très bien écrire sans moi, et tes romans n'ont pas forcément besoin d'illustrations...
- Je fais des livres pour enfants !
- Trouve un autre dessinateur, alors... Écoute, je suis sincèrement désolée. On a passé de super moments tous les deux, je garderai un bon souvenir de notre travail ensemble ; mais il faut que je passe ce cap maintenant, sinon je sais que je n'oserai plus jamais et je serai malheureuse. Laisse-moi reprendre ma liberté, Seb, je ne voudrais pas qu'on se quitte sur une dispute...
- Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix ?
Il rendait les armes, parfait. Elle savait que si elle se montrait bien décidée et qu'elle ne lui laissait pas le temps d'essayer de négocier, il céderait sans discuter.
- Pas vraiment, non.
- Bien... Alors il faut que tu me poses ta démission officielle, et qu'on s'occupe de toute la paperasse qui va avec.
- Bien sûr. On fait ça aujourd'hui ?
- OK.
Ils commandèrent à manger pour le déjeuner, plongés dans les papiers administratifs à remplir pour rendre son indépendance à Sophie. Sébastien semblait s'y mettre à reculons, elle voyait bien maintenant que son aide lui était précieuse et qu'il devait être en train de regretter les mots durs qu'il avait eus pour elle ces derniers mois. Mais il était trop tard.
À dix-huit heures, de retour dans le tramway, Sophie commençait sa vie en tant que freelance.
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