Matt est trop jeune sur cette photo mais bon on fait avec les moyens du bord

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- Mon amour... murmura Matthew, le nez dans ses cheveux, en la serrant contre lui.

Elle s'était précipitée dans sa loge aussitôt le concert fini, jetant aux vigiles qu'elle était la Sophie dont il avait parlé avant la chanson d'amour. Olivier, derrière elle, leur montrait sa carte d'identité en disant qu'elle était sa copine et qu'elle avait un peu trop bu, afin qu'ils ne courent pas après Sophie pour la mettre dehors.

- Je ne savais pas que tu viendrais ce soir, tu aurais pu me prévenir, je t'aurais mise à une meilleure place.

- Je ne savais pas non plus que j'allais venir. C'était une surprise d'Olivier, pour mon anniversaire.

- Happy birthday encore une fois, Sophie, je t'aime !

- Oui, j'ai entendu, tu as balancé au monde entier qu'on était ensemble.

- Mais ils ne te connaissent pas...

- Pas encore. Ils vont me chercher, maintenant. Sophie, la petite française née le onze juin qui a sa place dans le cœur de Matthew Bellamy... Ça se vendra cher, une info sur moi.

- Je pensais que ça te ferait plaisir de voir que c'est vraiment une relation sérieuse à mes yeux...

- Ça me fait plaisir, Matt, mais je ne suis pas sûre que j'étais prête à plonger dans ton monde de chanteur ultra connu et dont la vie privée est inexistante.

- Tu avais déjà mis un pied dedans quand on a commencé à sortir ensemble.

- Non. Je n'avais pas de journalistes me courant après et me harcelant dès que je mets un orteil dehors. Maintenant, ça va être le cas. Mais ne t'inquiète pas, ça va aller.

Elle l'embrassa pour le rassurer, plongea avec délice ses yeux dans les siens. Il lui avait manqué plus que de raison pendant sa courte absence. Elle ne remercierait jamais assez Olivier de l'avoir emmenée ici pour son anniversaire.

- Je voulais aussi te dire merci pour ton coup de fil avant-hier, pour mon anniversaire ; si tu savais comme je suis content d'avoir reçu ça ce jour-là...

- C'est normal... Je ne t'ai pas emmené ton cadeau parce que je ne savais pas que j'allais te voir, mais quand on se reverra, je te promets que je te le donnerai.

- J'ai hâte !

Elle rit doucement.

- Tu as un deuxième concert ici avant de partir, non ? Je peux rester ?

- Bien sûr, Sophie. Je serai plus qu'heureux de t'accueillir dans mon humble chambre d'hôtel.

L'humble chambre d'hôtel s'avéra faire quarante mètres carré et comprendre une salle de bain avec baignoire et douche, une kitchenette et une chambre gigantesque avec un coin salon. Mais Sophie s'y attendait, venant de Matthew.

- Mon amour ? murmura Matt en cherchant ses lèvres, alors qu'ils venaient d'arriver.

- Désolée, Matt, mais je n'ai pas trop envie ce soir.

Pour être tout à fait honnête, elle aurait dû ajouter que le fait de se faire poursuivre par une meute de photographes tout en courant pour se mettre à l'abri dans un taxi avait un peu refroidi ses ardeurs. Elle le savait, mais ne pensait pas que ça lui tomberait dessus si tôt. Elle savait d'avance que les articles sur eux deux fleuriraient sur le net dès le lendemain matin, et elle n'était pas sure d'être prête à les affronter si tôt.

- Je suis désolé, soupira Matthew en se laissant tomber en arrière sur le lit king size, j'aurais dû te demander ton avis avant de rendre notre relation publique.

- Elle l'aurait été tôt ou tard, ce n'est pas grave. C'est un peu surprenant, c'est tout.

Mais c'était bien plus que ça. Plutôt qu'une petite surprise passagère, c'était une terrible angoisse à l'idée d'être arrachée à sa petite vie tranquille qui lui dévorait les entrailles. Elle eut un vertige à l'idée que sa photo et son nom allaient être connus du monde entier en tant que la nouvelle petite amie de Matthew Bellamy. Elle allait se mettre à dos toutes les groupies de Matt, et leur jalousie pleuvrait sur elle sous la forme de commentaires haineux sur les réseaux, et peut-être même des agressions dans la rue si elle était reconnue. Elle se leva brusquement, sous le regard désolé de Matthew, et se précipita dans la salle de bain pour se pencher sur la cuvette des toilettes ; elle y vomit ses tripes avec force crachats pour tenter de chasser le goût amer et sanglots hoquetés. Elle croisa les bras sur la lunette, y posa la tête et laissa libre cours à ses larmes, tremblant et se raclant la gorge pour tenter de se débarrasser de ce désagréable arrière-goût acide. Elle sentit des bras enserrer sa taille et la joue de Matthew se posa entre ses omoplates. Il soupira longuement.

- Si tu savais comme je m'en veux, Sophie...

- Je t'en prie, ne parle pas.

Elle se dégagea de son étreinte et se rinça la bouche dans le lavabo, avant d'observer son teint pâle dans le miroir et, en retrait, les yeux baissés de Matt rongé par la culpabilité.

À la première heure le lendemain, incapable de s'arrêter de pleurer, secouée de hauts-le-cœur de temps à autre, Sophie sauta dans un train et rentra chez elle, effondrée, ayant juste envie de se blottir sous sa couette, avec pour seule compagnie la douce voix de Matthew lui chantant quelque chose pour la laisser s'évader de ce monde.

Free me
Free me
Free me from this world

[encore une chanson qui n'existe pas en 2010, je m'en suis rendue compte pour une fois ; mais on n'est plus à une incohérence musicale près]