Matthew fixa un long moment l'écran redevenu noir de son téléphone. Appuyé au mur en face de lui dans le couloir, Dom le toisait de haut.

- Elle n'a pas tort.

- Tu n'étais pas censé écouter.

- Suis ses conseils, elle a raison. Mais tu es trop stupide pour l'écouter, malheureusement. Mec, maintenant, il va falloir que tu choisisses entre vivre comme Chris ou comme moi.

- Je ne suis pas prêt à être père de famille et à m'enfermer avec une seule femme ! Mais je ne veux pas avoir des trucs sans lendemain comme toi !

- Alors cherche une fille qui acceptera que tu la trompes tout le temps, mais je ne crois pas que ça existe.

Dom se mit à rire, lui tapa sur l'épaule et rentra dans sa chambre d'hôtel en riant encore. Matthew se laissa glisser le long du mur jusqu'à se retrouver assis, et croisa les bras pour y enfouir son visage. Il n'était pas prêt à endosser la responsabilité de gérer la stabilité d'un couple. Il aurait voulu continuer de vivre comme à ses vingt ans, aller à droite et à gauche sans qu'on l'engueule pour ça. Si ça ne posait pas de problème quelques années plus tôt, pourquoi maintenant cela semblait être une catastrophe ?

Il se passa une main fatiguée sur la figure. Il réfléchirait à tout ça plus tard, son cerveau n'était pas encore totalement purgé de l'ecstasy ingérée la veille. Un Noël passé au se droguer et se soûler, quel bonheur...

Il se releva péniblement, poussa la porte et tira sur le drap pour réveiller la blonde qu'il avait ramenée dans son lit.

- Qu'est-ce que tu fous, Matthew ? grogna-t-elle, encore ensommeillée.

Il lui désigna la porte du pouce :

- Laisse-moi seul, maintenant. Merci d'être passée, c'était sympa, bla bla bla. Joyeux Noël, au revoir.

Elle le fusilla du regard. Elle avait pensé rester ici pour la nuit entière, et pas se faire réveiller à une heure du mat' pour être mise à la porte. Elle s'habilla en vitesse, ramassa son sac à main et s'en alla. Il s'assit par terre, adossé à son lit, et appuya sa tête contre le matelas. Il avait un terrible mal de crâne, il sentait la gueule de bois se profiler à l'horizon. Il pensait à Gaia, à celle qu'il avait perdue parce qu'il ne voulait pas prendre de responsabilités. Il aurait tellement voulu la revoir, lui promettre qu'il allait se raisonner... La toucher à nouveau, plonger son regard dans le sien et l'embrasser à en perdre haleine...

- Merde... souffla-t-il en grimaçant.