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Matinée au boulot

Elle ne le rappela pas. Les jours passaient lentement, elle regardait les vidéos de leurs lives sur YouTube dès qu'elles étaient postées, et son regard était irrémédiablement accroché par la silhouette de Matthew, sur le devant de la scène, avec sa guitare et ses yeux pétillants. Il semblait toujours si heureux d'être sur scène, il mettait tout son cœur dans chaque vers, dans chaque riff... Et elle le regardait à travers ce petit écran, le cœur écorché de le voir loin d'elle, heureux, et sans doute vide de toute pensée la concernant. Parfois, son regard déviait vers les bras de Dom abattant ses baguettes sur les caisses de sa batterie, lui aussi semblait à fond dans la musique, mais elle n'avait pas la même douleur dans la poitrine en le voyant.

Sans qu'elle le vienne arriver, un matin, février frappa à sa porte et s'installa, avec ses températures à peine plus clémentes, et une petite chute de neige un soir ; elle s'était assise devant sa fenêtre pour regarder les délicats flocons tourbillonner à l'extérieur. Ils fondaient dès qu'ils entraient en contact avec le sol, il faisait trop chaud pour qu'ils recouvrent la ville de leur fin tapis blanc, mais elle avait toujours été fascinée par leur ballet délicat dans les airs.

Elle travaillait sur sa BD, elle avait déjà une bonne pile de planches, l'inspiration venait facilement et elle dessinait à toute vitesse. Elle s'était faite embaucher dans un café pas loin de chez elle, à plein temps, si bien qu'elle n'avait le temps de dessiner que dans les heures creuses : elle emmenait son matériel, le laissait sur une petite table derrière le bar, et quand elle n'était pas sollicitée de toutes parts, elle s'y mettait quelques minutes. Elle était satisfaite de son rythme pour l'instant, et avec son salaire, elle pouvait boucler ses fins de mois avec quelques économies, malgré le loyer qui avalait déjà plus de la moitié de son argent chaque mois.

Matthew lui avait envoyé la liste de dates de concert, et lui avait indiqué les moments où ils pourraient éventuellement se voir. Il n'y en avait pas beaucoup, et très espacés, ce n'était pas l'idéal... Mais en même temps, c'était normal, ils devaient aller aux quatre coins du monde pour satisfaire leurs fans, et faire plusieurs dates dans une même ville pour contenter un maximum de personnes. Ce n'était pas très pratique pour rendre visite à une française qui ne vivait même pas à Paris. Elle devait bien se l'avouer, malgré son besoin du corps de Dominic, lorsque Muse viendrait en France, elle donnerait la priorité à Matt, elle avait une envie dévorante de voir ses yeux, son sourire, ses lèvres, sa fossette au menton, ses cheveux en bataille, la douceur émanant de lui. Même si elle ne pourrait sans doute jamais le toucher comme elle touchait Dom, elle avait au moins la chance de le voir de ses propres yeux, de discuter avec lui. De l'entendre prononcer son nom, avec sa façon si particulière d'appuyer sur le « o ».

Elle remonta la fermeture Éclair de son manteau et, des écouteurs dans les oreilles, se mit en route vers le café. Elle sourit en sachant que, comme chaque matin, son client préféré serait là, attendant qu'elle lui ouvre avec un sourire commercial et un faux air professionnel. Il se moquerait de ses manières, elle protesterait en disant que c'était normal vu qu'elle était en service, puis ils rétorquerait en levant les yeux au ciel qu'elle n'avait pas besoin d'être comme ça avec un ami.

Olivier était appuyé au mur, attendant impatiemment son arrivée.

- Bonjour, monsieur.

- Salut, Soph. Tu as deux minutes de retard.

Elle referma la porte derrière elle en soupirant, descendit les chaises des tables, passa un coup de chiffon sur le bar, et revint pour ouvrir à son voisin.

- Comme d'habitude, s'teup.

- Bien sûr.

Il s'assit sur un des hauts tabourets près du bar, et attendit qu'elle pose la tasse de café devant lui.

- Dans deux semaines, tu prends ton week-end et je t'emmène en vacances.

- Ah oui ? Et en quel honneur ?

- On est amis. C'est normal qu'on parte en vacances ensemble. Et puis j'ai envie de te faire découvrir un coin qui va te plaire, j'en suis sûr. C'est un peu valloné, avec des forêts partout et de petites maisons adorables. Tu vas a-do-rer.

- Je ne peux pas prendre des vacances comme ça, sur un coup de tête, monsieur. C'est très gentil à vous, mais – bonjour, monsieur Morel ! – je me vois obligée de refuser.

- Argh, ne fais pas comme si j'étais un inconnu...

- Je suis professionnelle, c'est tout. Une seconde, je reviens.

Elle le laissa devant sa tasse pour aller prendre la commande de l'homme qui venait d'entrer. C'était lui aussi un client régulier, mais elle le voyait un peu moins souvent ces temps-ci, elle savait qu'il venait de perdre sa femme, et sa fille lui avait confié qu'il déprimait depuis. « Il se laisse mourir », avait-elle déclaré, abattue, et Sophie l'avait réconfortée de son mieux.

- Ça fait un moment que vous n'avez pas mis les pieds ici, monsieur Morel, quel bon vent vous amène ?

- Je voudrais un whisky, demanda-t-il en levant sur elle ses yeux délavés par le temps.

Avant ce tragique décès, il avait eu un regard noisette tranchant et une fière moustache brune, mais le tout avait dépéri à vitesse grand V après la mort de Mme Morel.

- Dès le matin ? s'étonna-t-elle en retour.

- Oui. J'en ai besoin. S'il vous plaît, ajouta-t-il en se disant qu'avec un mot poli, elle ne pouvait pas refuser.

Mais au lieu de lui apporter un verre, elle tira la chaise face à lui et s'assit.

- Je ne suis pas psy, mais si vous le souhaitez, vous pouvez me parler, monsieur Morel. Ça me fend le cœur de vous voir tout triste comme ça. Je peux faire quelque chose pour vous aider à aller un peu mieux ?

- Rien, à part m'apporter à boire.

- Plonger dans l'alcoolisme ne... Je... D'accord.

Il avait posé sur elle son regard infiniment las, qui l'avait frappée en plein cœur. Cet homme n'avait plus aucune lueur de vie dans les yeux. Comme sa fille l'avait dit, il se laissait mourir... C'était à se demander s'il était encore vivant.

Elle lui apporta un whisky sans un mot de plus, abattue. Olivier la regardait pensivement, sirotant lentement son café. Elle reprit sa place face à lui.

- Ce n'est pas à toi de l'aider, lui murmura-t-il en baissant les yeux dans sa tasse. Sa famille et ses amis sont là pour ça.

- Ils ne font rien, ils le laissent mourir à petit feu. Il y a peut-être sa fille, Louise, qui essaie tant bien que mal de le porter à bout de bras, mais elle va s'écrouler elle aussi si personne d'autre ne les aide. Et si je ne le fais pas, qui le fera ?

- Ce ne sont pas tes affaires.

- Laisse-moi gérer mes problèmes toute seule.

- Justement, là, ce ne sont pas tes problèmes.

- Bonjour madame ! Qu'est-ce que je vous sers ?

Elle s'occupa de la boisson de sa cliente, fusillant au passage Olivier du regard.

Le café se remplit peu à peu. Olivier quitta son poste pour aller travailler, recommandant à Sophie de ne s'occuper que du café et pas des problèmes psychologiques des clients. Elle n'osa pas aller parler à nouveau avec monsieur Morel, qui s'en alla après avoir payé son verre.

Après une longue journée, pendant laquelle deux collègues étaient venus lui prêter main-forte pendant les rush, elle prit une douche brûlante, puis lança Absolution et se laissa emporter dans les réconfortantes spirales multicolores que la voix de son héros créait dans son esprit...

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