👆 photo provenant de la story instagram de Stacie Costello
On n'avait pas tort en leur faisant manger des pizzas à tout bout de champ !!

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Les malaises matinaux de Sophie s'estompèrent peu à peu au fil des jours. Bientôt, elle put ranger son régime de bananes dans sa cuisine, et pas sur sa table de nuit. Elle voyait son ventre s'arrondir lentement et remarquait que certaines gestes déclenchaient des douleurs, ou n'étaient plus aussi simples à effectuer qu'avant.

Un matin, alors qu'elle sortait de la douche entourée d'une serviette, elle croisa son regard dans sa glace, et s'approcha de son pas léger et silencieux qui faisait à peine craquer le parquet. Elle laissa tomber sa serviette au sol, et s'observa, l'esprit vide, dans le miroir. Une main se leva instinctivement et effleura son ventre ; elle se mit de profil, regarda cet arrondi inhabituel. Là-dedans, un bébé grandissait. Fille ou garçon, elle ne le savait pas et ne voulait pas le savoir avant la naissance : elle préférait garder la surprise. Elle l'aimerait de la même façon, peu importe son sexe. Elle tourna la tête pour quitter la glace des yeux et regarda ses doigts posés sur son ventre. Quelle drôle de forme avait prise son corps, si peu naturelle... Elle avait l'impression d'avoir la silhouette d'un grand-père de soixante ans amateur de bière. Bon, peut-être pas à ce point, mais c'était l'idée.

De la taille d'un pruneau... et déjà tellement présent dans sa vie, son cœur... il avait déjà remué tous ses organes internes pour s'y faire une place, ce morceau d'humain, il les avaient écartés pour s'imposer, prouver son existence. Il était bel et bien réel. Un embryon devenu fœtus, et qui ne cesserait jamais de grandir, d'évoluer, de changer... Différent chaque jour. Elle avait l'impression que le temps passait si vite, déjà deux mois et demi de grossesse...

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Olivier et Sophie étaient assis devant un café, parlant de choses et d'autres, surtout de leurs enfants à venir. Les choses semblaient s'être calmées entre le cousin Bellamy et sa compagne, il avait fini par accepter sa paternité et ne plus rejeter la faute sur Cannelle. En somme, il avait compris qu'un enfant se faisait à deux. Il parla à Sophie des progrès musicaux de Neo, qui introduisait maintenant dans ses chansons des phrases plus longues et plus complexes, et apprenait à modeler sa voix pour mieux accompagner sa ligne de basse. Sa voix était encore celle d'un enfant, pas vraiment adaptée à son style de musique, alors il attendait impatiemment de muer ; mais ce contraste donnait toujours cette originalité qui rendait ses morceaux si uniques. Il envoyait ses enregistrements à Chris, qui lui donnaient des conseils pour améliorer son jeu, puisqu'ils ne pouvaient pas se voir pour l'instant.

Sophie raconta à son ami sa courte épopée aux côtés de Muse, le rythme effréné de la tournée, Dom qui semblait avoir détourné son attention d'elle. Elle se plaignit des appels trop rares qu'elle échangeait avec Matthew, et du long laps de temps qui s'écoulaient avant qu'il ne lui accorde quelques petites secondes pour répondre à ses messages. Il lui manquait cruellement et leur manque d'échanges lui meurtrissait douloureusement le cœur. Elle avait hâte de le revoir enfin... Quelle serait sa réaction en la voyant avec un ventre presque deux fois plus gros que dans son souvenir ? Elle lui montra son début de nouvelle BD, et lui dit à quel point elle était fière de ses premières planches.

Il l'écouta parler pendant tout ce temps, souriant, appréciant ce moment précieux qu'il pouvait passer seul avec son amie. Il se voyaient de moins en moins souvent, depuis qu'il avait déménagé, et ils étaient tellement pris dans les vies de famille qu'ils s'étaient construites qu'ils avaient très peu de temps à s'accorder l'un l'autre.

Ils se dégagèrent un après-midi la semaine suivante, Olivier l'accueillerait chez Cannelle pour qu'elle puisse voir la future maman et son jeune fils ; et ils se quittèrent alors que l'église au coin de la rue sonnait onze coups.

Sophie prit son baladeur et poussa la grille du parc à côté de chez elle ; elle s'assit sur un banc à l'ombre d'un vieux chêne et ferma les yeux, alors que les premières notes, toutes légères et sautillantes, de Qwerty Finger éclataient comme des bulles de savon dans ses oreilles. La voix de Jonathan Higgs, toujours aussi aiguë, démarra au son tour. Elle ferma les yeux et se concentra sur ce délicieux morceau envoûtant... Pas autant que la voix de Matthew, certes, mais elle avait toujours cette sensibilité à la musique qui émoussait ses perceptions lorsqu'un morceau résonnait dans tout son corps, faisant vibrer son cœur et frissonner son âme au passage.

Elle s'offrit ensuite une délicieuse extase avec Exogenesis...