Sophie et Matt allèrent sonner à la porte de chez Olivier et Cannelle. Ça faisait un moment qu'ils ne les avaient pas vus, et Matthew tenait à saluer son cousin avant de s'en aller. Neo leur ouvrit, il avait l'air fatigué.

- Tu n'es pas à l'école, petit bonhomme ? demanda Sophie étonnée.

Il secoua la tête et expliqua qu'il se remettait tout juste d'une méchante grippe. Sa mère et Oli arrivèrent à leur tour, leurs visages s'illuminant en reconnaissant leurs visiteurs. Le regard de Sophie buta sur le ventre arrondi de Cannelle. Quatre mois de grossesse. Sophie repensa à la petite fiche du docteur : le bébé de Nelle faisait la taille d'une mangue à présent, et il approchait de la moitié de son développement. Quatre mois les séparaient encore de la naissance...

- Hello, mon amie qui s'est faite engrossée à son tour ! s'écria la futur maman, ironique.

Elles tombèrent dans les bras l'une de l'autre en riant, même si Sophie pensait qu'on ne devrait pas plaisanter avec ce genre de phrase, on n'engrosse pas une humaine, quand même...

- Comment tu vas ? Tu survis à ta grossesse ? questionna Sophie.

Le couple recula pour les accueillir dans leur salon, qui sembla soudain un peu étroit pour autant de monde.

- C'est plutôt à moi qu'il faut demander ça ! rétorqua Olivier. La semaine dernière, elle m'a réveillé à deux heures du mat' en me demandant du fenouil cru ! Et devinez qui a traversé toute la ville de long en large pour lui trouver ça ?

- Oh, ne la ramène pas, toi ! Tu te tapes pas les nausées et douleurs quotidiennes, ni la fatigue, ni les hormones en folie qui te font passer du rire au larme et de la dépression au bonheur absolu !

- Peut-être pas, mais je te supporte alors que tu es devenue invivable.

- Oh, zut, vous allez quand même pas vous disputer maintenant ? se lamenta Matthew. On est venus dans la joie et la bonne humeur, sûrement pas pour vous entendre tous vous plaindre en nous disant des horreurs sur ce qu'on va vivre dans quelques mois...

Cannelle et Olivier se turent brutalement, et les deux femmes enceintes échangèrent un long regard. Leurs bébés allaient mettre un bazar inouï dans leurs vies, elles en étaient conscientes...

•••

Quelques heures plus tard, Matthew et Sophie se séparèrent de leurs amis, à contrecœur, pressés par le temps. Matt devait être rentré à l'hôtel au plus vite. Ils pressèrent donc le pas en espérant que Tom ne les gronderait pas pour leur léger retard.

Matthew empoigna son gros sac de voyage dans la chambre et se tourna vers Sophie, qui avait elle aussi fait sa valise pour rentrer chez elle.

- Tu vas me manquer... chuchota-t-il.

- C'est l'affaire d'un petit mois. Ça passera vite...

- Ça sera interminable.

Il posa sa main libre sur sa joue et effleura sa tempe du pouce, ses yeux posés sur les siens. Elle plongea dans ce regard azuré qui lui retournait le cœur, et rapprocha doucement son visage du sien, se noyant dans ses prunelles pailletées. Les paupières de Matt se fermèrent lentement alors que leurs lèvres entraient en collision, et Sophie fut brutalement sortie du tourbillon dans lequel l'avaient engloutie ses yeux. Elle se concentra alors sur sa bouche, la bouche de Matthew, et leurs langues entremêlées... Pour la dernière fois avant un mois... Elle entendit le sac de Matt tomber au sol et son autre main vint envelopper sa deuxième joue, alors que leur baiser se faisait plus ardent.

- Je suis sûr que je peux prendre un moment pour te dire au revoir, souffla-t-il les yeux toujours clos en lâchant ses lèvres le temps de prononcer ces mots.

Ses doigts descendirent au creux de ses reins, elle rapprocha son corps du sien, et s'abandonna à ses caresses, leur étreinte, la sensation de sa peau contre la sienne, et l'amour qui leur enflammait le cœur à tous les deux...