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- - - - - PDV Neyla - - - - -

Mes joues s'empourprent. Je sens que tous les regards sont braqués sur moi. C'est Matt qui répond à ma tante, j'ai l'impression d'être devenue muette. Ma voix reste bloquée dans ma gorge.

Matt : - Il l'a poignardée dans le coeur, histoire de la tuer. Pour lui, elle méritait ce sort et devait finir comme sa mère qui lui a brisé le coeur.

Je joue avec un morceau de tomate dans mon assiette, lorsqu'un bruit sourd retentit. La table tremble tellement qu'elle manque de tomber. Nous portons tous notre attention sur Vlad qui s'est levé, poing serré devant lui. Pas étonnant que tout s'est mis à bouger, un peu plus et il brisait la table !

Vlad : - Si je remets la main sur ce fils de pute, je le tue sans hésiter.

Et sur ces mots, il s'éclipse de la table. Le grognement d'Hunter résonne et lui aussi se redresse, me fixant de toute sa hauteur.

Hunter : - Il t'a violée ? Touchée ? Y'a des séquelles ?

Je perçois un brin d'inquiétude dans sa voix. Je secoue la tête négativement.

Neyla : - Je prends des comprimés qui atténuent la douleur. J'ai un contrôle mensuel sur un an afin de voir que mon coeur repart correctement dans sa course effrénée, mais sinon, rien de spécial. Et non, il ne m'a pas touchée contre mon gré. Il m'a simplement retrouvée devant notre bar à New York et... Ses mots sont entrés en moi exactement comme sa lame froide et aiguisée... Je ne pensais pas qu'il était encore vivant, quand j'ai quitté le club à la mort de maman, il était encore parmi vous. En revenant ici, Matt pensait qu'on allait le retrouver.

Le Président recule de quelques pas, poussant un cri de rage. Ses poings sont tellement contractés que les veines de ses mains ressortent, prêtes à exploser. Ma tante vient soudainement poser sa paume sur mon poignet. Ses yeux sont baignés de larmes.

Maiwene : - J'ai perdu ma soeur à cause de ce dingue... Et j'aurais pu te perdre toi...

Neyla : - Je suis toujours là...

Ma voix se casse. Je peine à contenir mes émotions en voyant tout le monde réagir de la sorte, alors que je ne connais pas plus de la moitié des personnes présentes autour de cette table. La plupart des bikers se sont levés pour sortir leur rage à coups de poings contre les murs de l'enceinte de leur petit village.

Maiwene : - On t'a vue grandir, on te considère tous comme l'une des nôtres même si tu ne portes pas notre tatouage...

Hunter : - Cadé a-t-il encore notre marque ?

Sa voix est tellement voilée de noirceur que j'en frissonne. Incapable de lui répondre, j'acquiesce en silence. Ce qui a le don de le rendre encore plus hors de lui.

Hunter : - Ce fils de pute aurait dû le brûler dès qu'il a été éjecté du club !

Maiwene : - Il a jamais obéit aux règles...

Matt : - Vous voulez dire qu'il ne fait plus partie de vos rangs ?

Hunter : - Certainement pas nan ! Et si je pouvais lui foutre une balle entre les deux yeux, je le ferai ! S'il avait pas été là, j'suis certain que Leewene serait toujours en vie !

Maiwene : - Hunter ! On a pas de preuves !

Hunter : - Arrête putain, ce cancer n'était qu'une excuse, elle aurait pu être soignée !

Neyla : - Mon père l'aurait donc tuée ?

J'avais tiré certaines conclusions hâtives, mais faute de preuves, comme a dit ma tante, on ne peut être certains de ce qu'il s'est réellement passée.

Hunter : - Évidemment, ce connard en était tout à fait capable ! Il a même essayé de trancher la gorge de ta tante !

Matt : - Putain !

Neyla : - Oh...C'est pour ça que Vlad a pété les plombs ?

Maiwene : - Pas seulement, ma chérie. Ta mère et lui étaient proches. Presque comme des jumeaux. Il a souffert de sa disparition, encore plus que moi. Et toi... Il te considérait comme sa fille, il était tellement joyeux avec toi.

Je hausse les sourcils. Cette montagne de muscles ? Joyeux ?

Maiwene : - Je sais ce que tu te dis. Mais oui, fut une époque, il avait un coeur qui est à présent brisé.

Neyla : - Je comprends... Mais je vois qu'elle était tout de même apprécié de tous, vu la réaction des autres membres.

Maiwene : - Tu es la fille de notre ancienne Présidente, les gars te respecteront toujours. Pourquoi en serait-il autrement ?

Neyla : - Eh bien... Giorgio Maccini nous a expliqué ce qu'elle faisait afin de réapprovisonner les sotcks de vente d'armes... Dans un autre contexte, on appelle ça une prostituée.

Maiwene semble gênée. Elle détourne les yeux, ces derniers étant toujours imbibés de larmes. Je remue le couteau dans la plaie... C'est Hunter qui poursuit.

Hunter : - Peu importe ce qu'elle foutait avec son cul. Elle a assuré un putain d'avenir aux Blood Brothers, et si t'avais repris le flambeau. Je sais que t'aurais fait pareil.

Matt : - Neyla n'est pas une pute !

Hunter : - Déforme pas mes propos, mec. J'ai dit ça dans le sens où ta nana aurait trouvé une façon de nous garder la tête hors de l'eau. C'est dans le sang des Graña.

Matt : - Dans ce cas, pourquoi n'est-ce pas Maiwene la Présidente de votre club.

Nouveau blanc. Décidément, on rend ce repas hyper joyeux !

Maiwene : - Parce que je ne m'en sentais pas capable. Leewene était géniale, elle arrivait à foutre un poing dans la tête du plus musclé des membres. Elle ne se pliait jamais face à un homme en colère.

Tout le contraire de moi. Corentin me maniait telle une marionnette. Cette force, je ne dois pas l'avoir dans le sang, ce n'est pas héréditaire.

Maiwene : - Je ne savais pas quoi faire quand on m'a mis le marteau du Conseil dans la main. Je ne me suis jamais vue dirigeante. Hunter a donc accepté d'endosser ce rôle à ma place.

Matt : - Le marteau... Attendez, c'est vraiment comme Son's of Anarchy ? Vous êtes tous regroupés autour de la table, et quand le verdict de votre décision tombe, c'est comme un juge au tribunal ? Coup de marteau sur la table ?

Hunter : - Les clubs de motards sont tous pareils, on invente rien...

Matt : - Ouais, ça on me l'a déjà dit.

Neyla : - S'il vous plait, mangez, profitez de votre repas... On ne voulait pas jeter un froid...

Hunter : - Les mecs reviendront manger, t'en fais pas pour ça, faut qu'on digère la nouvelle. On aurait dû te coller une protection au cul, tout ça ne serait sûrement pas arrivé !

Matt : - Corentin n'aurait jamais levé la main sur elle, dans ce cas.

Je ferme les yeux. Matt ! Bon sang, ferme-la un peu...

Hunter : - Qui est ce connard qui frappe une femme ?!

Matt : - Son ex-fiancé. Il était en relation avec Cadé, il aurait dû tuer Neyla lui-même, mais il a failli à sa mission, visiblement.

Hunter : - Mais c'est pas vrai !!! Sale enculé, à tous les coups il s'agit de son fils !

Cette fois, je me glace. Je rouvre les papières et darde un regard froid sur le Président.

Neyla : - Le fils de qui, là ?

Hunter : - Cadé a reproché à ta mère de coucher à droite et à gauche, mais ça ne l'a pas empêché pour autant de se faire quelques brebis du club ! Et l'une d'elle est tombée enceinte. Elle a accouché d'un gamin qu'on surnommait tous C. Jusqu'au jour où on a plus eu de novuelles. On pensait qu'ils avaient commencé une nouvelle vie, on fait pas attention aux brebis, on se ferait un sang d'encre constant vu qu'elles se font buter, pour la plupart d'entre elles, à se pavaner à moitié à poil.

Une nausée me prend, ainsi qu'une bouffée de chaleur. Matt vient enrouler un bras autour de mes épaules.

Matt : - Ce fils de pute est ton demi-frère...

Ashton : - En d'autre terme, on appelle ça de l'inceste si t'as baisé avec ton ex !

Hunter : - Ash ! Ferme ta gueule !

Ashton : - C'est bon, on va pas prendre de pincettes ! Autant arracher le sparadrap d'un coup sec !

Neyla : - Je vais vomir...

Un haut-le-coeur me prend et je me lève à la hâte, laissant tout le monde. Faut que je m'isole, que je me retrouve seule !

- - - - - PDV Matt - - - - -

Je fixe le Vice-Président du club qui balance ça. Son propre demi-frère qui n'a pas hésité à la violer, à abuser d'elle, alors qu'il a certainement connaissance de la situation. Ils sont du même sang ! Un frère est censé protéger sa soeur, pas la tirer plus bas que terre ! Mes poings me démangent sévèrement, alors que ma belle blonde court hors de la table. J'aurais aussi envie de dégueuler, à sa place. Je me lève à mon tour, près à la suivre, alors qu'une main s'enroule autour de mon bras. Maiwene s'est redressée, les larmes qu'elle retenait depuis tout à l'heure se déversent à présent sur ses joues.

Maiwene : - T'as veillé sur elle tout ce temps... Sans toi... J'aurais pu la perdre définitivement...

Matt : - Je l'aime, c'est naturel pour moi. Je tuerai Corentin, même si c'est ton demi-neveu ou je sais pas quoi.

Maiwene : - Il ne fera jamais partie de ma famille. C'est le même bâtard que Cadé, il a osé poser la main sur Neyla, il a signé son arrêt de mort.

Hunter : - J'envoie un escadron de motards qui vont sillonner les rues près d'ici. Plus personne approchera sans qu'on nous dévoile son identité.

Matt : - Parfait. Mais si vous les trouvez, je les veux en vie.

Hunter : - On négociera.

Matt : - Non négociable !

Je me défais de la poigne de Maiwene, avant de leur tourner le dos. J'entends encore la tante de Neyla dans mon dos.

Maiwene : - Premier chalet à gauche après la barrière.

D'un pas rapide, je rejoins ma motarde qui s'est accroupie non loin d'un arbre présent dans l'enceinte de ce village improvisé. Elle n'a rien vomi, mais je pense que l'émotion est forte. Je m'agenouille dans son dos et caresse ses cheveux.

Matt : - Princesse ?

Ses yeux sont voilés de larmes. Ma machoire se contracte, je déteste la voir dans cet état ! Je lui laisse le temps nécessaire pour me répondre.

Neyla : - Il est de ma famille... Il m'a violée... Et mon père a voulu me tuer... Il n'y avait que ma mère qui m'aimait ?

Je grogne et l'attire contre moi. Elle éclate en sanglots contre mon torse alors que je l'encercle de mes bras.

Matt : - Shh, princesse... Corentin a un espèce d'amour maladif pour toi, mais je tuerais quand même cet enfoiré. T'as une famille de barges, là je le conçois... Mais tu sais quoi ? Je suis là. Et je te lâcherai pas. Jamais !

Elle s'accroche désespérément à moi, telle une bouée de sauvetage. Je la soulève pour la caler contre moi, la portant comme la princesse qu'elle est. Je trouve rapidement une barrière végétale que je contourne, avant d'apercevoir plusieurs chalets l'un à côté de l'autre. On se croirait dans un village de vacances ! Je présume que les constructions en bois ont été fait avec les troncs de la forêt environnante. Pratique !

J'avance vers le premier sur la gauche, comme Maiwene m'a indiqué. Je pousse la porte de mon pied, les clefs sont à l'intérieur, sur la serrure. La décoration est typiquement féminine, pas étonnant, si c'est un club de motardes à la base... Tout est fait en bois, même l'odeur de pin n'a pas quitté l'habitation. Je progresse sur l'escalier et trouve une chambre, mon regard étant attiré par un jaccuzzi au fond de la pièce, sur une petite estrade, donnant vue sur le magnifique paysage dont on peut profiter, au-dessus de la forêt.

Matt : - Une baignade, ça te dit ? Histoire de se détendre. T'en as besoin, là.

J'ai simplement un hochement de tête pour réponse. Je dépose ma belle blonde devant moi et l'aide à retirer ses vêtements, la laissant en lingerie. Je me mets dans la même tenue et la fais s'asseoir devant moi, profitant de l'odeur divine de sa peau.

Neyla : - Matt ?

Matt : - Oui, princesse ?

Neyla : - Est-ce que je suis une mauvaise personne ?

Je fronce immédiatement les sourcils. Je niche le nez dans ses cheveux que je caresse d'une main.

Matt : - Au contraire, t'as le coeur sur la main. Certainement comme ta mère, et c'est ça qui doit faire rager ces deux enfoirés. Je vais te chérir comme jamais personne ne l'a fait, et ici, au sein de ta véritable famille qu'a créé Leewene, tu es à ta place. On peut rester là, ça me dérange pas. Daryl gère Los Tres Cabezas d'une main de maître, et pour notre chez nous à Riverview, j'irais de temps en temps. Mais tu seras en sécurité parmi les Blood Brothers. Ta tante pourra te former, et je t'initierais à la boxe pour que tu puisses te défendre si l'un d'eux tombe sur toi. Tu n'es pas une mauvaise personne, tu es merveilleuse, Ney'. Ne doute pas de toi. Jamais.