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- - - - - PDV Matt - - - - -

Je regarde Neyla qui sort du bureau et je souris en coin. J'adore la voir sourire, c'est la plus belle des images. Et son rire... Il résonne en moi comme la plus parfaite des harmonies. Je remets mon masque froid que je prends lorsque je reçois les mecs du gang de Daryl et je viens ouvrir la porte arrière. Je détaille Sanchez, le mec qui vient à présent depuis plusieurs semaines pour récupérer la poudre des ventes prévues pour les petits junkies de Riverview. Pas n'importe lesquels, mais les petits fils à papa qui veulent de la farine de qualité.

Matt : - Entre, mec. Mais j'ai pas beaucoup de temps.

Sanchez : - Je resterais pas longtemps.

Je hoche la tête et le laisse entrer, avant de refermer la porte. Je sors le sac rempli de cocaïne que mon frère nous fait passer comme "nourriture mexicaine" chaque fin de semaine. Je le pose sur le bureau avant de m'asseoir dans mon fauteuil de cuir. Sanchez ouvre les battants pour vérifier la marchandise, avant de claquer une enveloppe à côté de moi. Je m'en empare et compte les billets, avant de froncer les sourcils.

Matt : - Il manque une partie.

Sanchez : - J'ai dû acheter une pièce pour ma moto. Tu sais ce que c'est...

Je secoue la tête et repose mes coudes contre le battant de mon bureau. Je le fixe froidement dans les yeux.

Matt : - Donc toi, tu pioches dans les caisses du Cartel Ortega pour ton plaisir personnel ?

Sanchez : - Je vais rembourser, il me faut juste un peu de temps pour que je puisse retomber sur mes pieds.

Matt : - Mec, j'ai une tronche de banquier ?

Sanchez : - Je ne...

Matt : - La maison ne fait pas crédit ! Tu crois quoi, que tu peux offrir la meilleure came du monde à tes chers potes pour la moitié gratuite ? Tu te prends pour qui, là ?

Je reprends aussitôt le sac en le toisant du regard. Il se relève en frappant le bois du plat de la main.

Sanchez : - J'ai des commandes à honorer !

Matt : - Tu paies pas, tu n'as pas la marchandise. Faut-il que j'appelle directement le patron pour régler les comptes ?

Sanchez : - J'ai pas besoin de parler à Ortega, je ne...

Matt : - Moi je crois que si. Parce que là, y a un problème.

Sanchez : - Écoute, je t'ai dit que j'allais payer et...

Matt : - T'es venu en moto ?

Il acquiesce, et je contourne le bureau. Je remets le sac dans l'armoire prévue à cet effet que je ferme à double tour, gardant la clef autour de mon cou, sur mon pendentif, à côté de ma médaille. Je passe par la porte arrière et aperçois sa bécane, une Harley. Bon, faut pas se mentir, cet abruti a de bon goûts. Je tourne autour de la moto en attendant qu'il arrive.

Sanchez : - Matt, tu fous quoi ?

Matt : - C'est quelle pièce que t'as dû changer ?

Sanchez : - Les suspensions de fourche.

Je siffle en levant les yeux sur lui.

Matt : - Ah ouais. Sacré budget !

Sanchez : - Je te l'ai dit, j'avais pas le choix et pour rouler, pareil, fallait que je change tout ça !

Matt : - Fallait tout simplement faire plus de ventes. Je te fais pas le topo sur ton boulot, si ?

Je retourne dans le bureau en soufflant. J'ai autre chose à foutre, bordel ! J'ouvre l'armoire de métal qui se trouve dans le coin opposé à la porte. J'écarte les battants de ma caisse à outil et prends plusieurs clefs à molettes, avant de retourner à l'extérieur sous les yeux éberlués de Sanchez.

Sanchez : - Qu'est-ce que tu fous ?

Matt : - C'est simple. Tu paies pas la totalité, je récupère ce qui manque.

Sanchez : - Quoi ? Tu déconnes mec !

Matt : - Oh certainement pas ! Tu crois que tu peux berner le Cartel Ortega ? Tu te fous le doigt dans l'œil jusqu'au coude !

Je m'accroupis près de la bécane, mais Sanchez n'est pas du tout de cet avis. Il vient fermement poser sa main sur mon épaule. Je me redresse en le poussant, le toisant du regard.

Matt : - Je te conseille de pas m'en empêcher ! Tu risques de le regretter amèrement, et ça me ferait chier de devoir chercher un autre passeur et vendeur. Donc tu fermes ta gueule le temps que je récupère la pièce que t'as changé.

- - - - - PDV Neyla - - - - -

Je souris lorsque je reconnais la voix de mon avocate.

Neyla : - Maître Saez, bonsoir ! Vous ne me dérangez pas du tout, j'espère que vous allez bien.

Myriam : - Parfaitement, merci. Je ne vais pas monopoliser votre présence très longtemps, je voulais simplement vous donner les dernières nouvelles.

Neyla : - J'ose espérer que ce sont des bonnes.

Myriam : - Eh bien, l'audience qui s'est déroulée ce matin a été triomphante pour votre partie. Daryl Ortega vous ayant représentée, il a été très persuasif avec la juge et a présenté d'innombrables preuves qui ont envoyé Monsieur Vinador derrière les barreaux.

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Bon sang, je ne pouvais rêver mieux comme nouvelle !

Neyla : - Pour quelle durée ?

Myriam : - Minimum cinq ans.

Neyla : - C'est déjà ça...

Myriam : - J'espère que vous pourrez vous reconstruire. Passez le bonjour à Matt.

Neyla : - Ce sera fait. Merci infiniment !

Je la remercie encore chaleureusement, avant de raccrocher, un sourire triomphant sur les lèvres. Je dois dire ça à Matt ! Je prépare encore les boissons des personnes qui attendent, puis m'échappe à nouveau dans le bureau. Je ne trouve pas mon beau brun, et passe simplement la tête par l'embrasure de la porte arrière restée ouverte. J'aperçois mon motard avec un autre mec, en houleuse conversation.

Neyla : - Matt ? Est-ce que tout va bien ?

Je les fais sursauter tous les deux. Inquiète, je baisse aussitôt les yeux sur les mains de mon homme qui tiennent des clefs en métal.

Neyla : - Qu'est-ce que...

Matt : - On parle mécanique. Ca va princesse, t'en fais pas.

Mieux vaut pas que je me mêle des affaires du gang. Je hoche la tête avant de sourire légèrement.

Neyla : - J'ai une grande nouvelle à t'annoncer. Rejoins-moi vite.

Matt : - Je fais au plus vite, promis !

Je le laisse continuer ce qu'il faisait, avant de retourner dans le bar. Par la baie vitrée, j'aperçois que plusieurs jeunes se sont installés sur la terrasse. Je prends mon calepin et mon stylo, avant de zigzaguer entre les corps qui se déhanchent au gré de la musique. Je descends les quelques marches avant d'aller à la rencontre de mes nouveaux clients.

Neyla : - Bonsoir, et bienvenue ! Qu'est-ce que je peux vous servir ?

Je prends leur commande avant de retourner derrière mon bar. J'enchaîne entre les bouteilles de bière à décapsuler, les cocktails sans alcool à faire rapidement, et les tequilas frappées. Je dépose le tout sur mon plateau en bambou et apporte le tout à la tablée dehors. Du coin de l'œil, j'aperçois le déchet ambulant de tout à l'heure qui dort littéralement entre les poubelles dans lesquelles il est tombé, ses ronflements sont parfaitement audibles. Je souris malgré moi, sortant mon téléphone afin de prévenir une ambulance. Je tiens pas à gérer un coma éthylique, là. J'ai d'autres choses en tête !

Au moment où je m'apprête à retourner à l'intérieur, c'est Matt qui s'extirpe du bâtiment. Il remarque aussitôt mon sourire et arque un sourcil, tandis qu'il frotte ses mains à un torchon humide pour retirer l'huile de sa peau hâlée.

Matt : - Eh ben ! Qui te fait sourire de la sorte ?

Neyla : - Mmh, un beau brun à la musculature de rêve et au petit cul rebondit parfaitement moulé dans un jean. Oh tu as remis ta veste, je préférais quand tu exhibais tes muscles...

Il me rejoint, glissant son bras autour de ma taille.

Matt : - J'ose espérer que c'est moi, le beau brun... Désolé princesse, j'ai légèrement froid.

Neyla : - Dis plutôt que tu t'es sali les bras en bricolant sur cette bécane et que tu as la flemme d'aller à la douche maintenant.

Matt : - Tu me connais définitivement trop bien... Alors, quelle est cette nouvelle ?

Neyla : - Si je te parle de mademoiselle Saez ?

Je vois qu'il lève les yeux au ciel.

Matt : - Mmh, belle brune cubaine aux yeux verts, petit corps sexy et...

Neyla : - Hey !!!

Je lui tape le torse avant d'essayer de m'échapper de ses bras, vexée. Mais je retrouve bien vite le sourire quand je l'entends rire.

Matt : - Je plaisante, princesse, du calme ! Ton avocate t'a donc appelée ?

Neyla : - Petit con ! Exactement, et...

Matt : - Et ?

Cette fois, il se fait plus sérieux. Je mords ma lèvre inférieure sans lâcher son regard noisette.

Neyla : - Corentin est au trou pendant au moins cinq ans !

Ses sourcils se haussent et il pousse un cri de joie. Les clients à l'extérieur nous regardent sans comprendre, mais là, tout ce qui compte, c'est la situation actuelle ! Les lèvres de Matt viennent aussitôt se poser sur les miennes pour m'embrasser fougueusement, me mettant aussitôt dans un état de transe. Ses bras viennent me hisser contre lui, me décollant du sol.

A bout de souffle, je pose mon front contre le sien. Je lui souris comme une ado de quinze ans.

Matt : - Putain que ça fait un bien fou d'entendre ça ! On sort le champagne avec les pizzas ce soir, sans hésiter !

Neyla : - Avec grand plaisir...