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28 - Une famille désunie

- - - - - PDV Emilie - - - - -

Emilie : On va à l'aéroport international d'Hollywood, les vols sont perturbés sur celui de Miami. Pour à peine 30 minutes de voiture tu ne veux pas monter avec nous ?

Matt : Ça marche. Non les enfants sont serrés à l'arrière dans la Bentley et puis je vais passer quelques heures d'avions avec vous je ne suis pas loin. A moins que 30 minutes ne te paraissent une éternité ? Me répondit-il avec un sourire en coin.

Emilie : Ma Bentley est très confortable ! Et ne prends pas ce petit air avec moi.

Matt : Pourquoi ? Après tout j'ai le droit de te taquiner alors que je remonte seulement pour la première fois sur ma moto depuis que tu l'as...Conduite. Me nargua-t-il

Exaspérée, je lui tournais le dos sans lui adresser un mot de plus en croisant Mina sur son téléphone.

Emilie : Tiens ma puce, tes affaires sont prêtes ?

Mina : Ouais ouais.

Le nez sur son portable elle ne releva même pas la tête vers moi, ce qui avait le don de m'énerver tout particulièrement.

Emilie : Tu vas le revoir Aaron, tu ne pars pas à la guerre, Nana.

J'eus juste le droit à un roulements d'yeux agacé et agaçant.

Mina : Ouais mais ça soule il vient de me dire qu'il part avec des potes à Ibiza. Ça sent le plan foireux et en plus j'aime pas ses potes c'est des queutards.

Matt : Toi aussi tu pars en vacances de toute manière ?

Matt se plaça à mes côtés, visiblement intéressé par la conversation, je ne l'avais même pas entendu s'approcher.

Mina : D'accord mais il y a une différence entre aller chez ses grands-parents et Ibiza 'Pa tu crois pas ?

Emilie : Mais tu ne peux pas être tout le temps avec lui Mina. Je sais que c'est embêtant mais un couple il faut qu'il respire si tu ne veux pas l'étouffer. Il n'est peut-être pas tout à fait fini dans sa tête mais c'est un garçon intelligent et vous vous aimez, non ? Dans ces conditions tu n'as plus les cartes en main, c'est à lui de rester droit dans ses bottes. Et puis vous serez encore plus heureux de vous retrouver !

Mina : C'est sûr que t'es experte en relation de couple.

Matt : Mina !

Le coup dans les dents qu'elle venait de me mettre était assez dur à avaler mais si elle voulait penser ça qui étais-je pour l'en empêcher.

Emilie : C'est pas grave. Pense ce que tu veux Mina, mais c'est justement parce que j'en suis là que je peux me permettre de te dire ça.

Mina : Je suis...

Matt : Prends ta valise et vous allez toutes les deux dans la voiture je ne veux plus t'entendre.

Mina soupira avant d'exécuter les ordres de son père à la lettre.

Matt : Oh et Mina si dans l'avion on me dit que tu as ouvert la bouche ne serait-ce que pour respirer fort, gare à toi.

Mina se retourna en passant la porte mais avant qu'elle ne tente de dire quoi que ce soit son père la fusilla du regard ce qui la fit baisser les yeux et partir sans un mot. Une larme roula sur ma joue que j'essuyais rapidement avec fierté. Matt visiblement ému, m'attrapa les épaules mais je me défis rapidement de son étreinte aussi délicatement que possible pour ne pas le froisser.

Emilie : Je vais bien. C'est juste que... Ça fait mal quand on essaye de faire au mieux.

Matt : Je vais aller lui parler si tu veux ?

Emilie : Non elle est juste en colère contre elle-même de ne pas avoir confiance en Aaron et probablement de le materner autant. J'étais juste là pour prendre. Elle ne le sait pas encore mais notre première histoire d'amour est toujours vouée à l'échec et c'est normal parce qu'on débute, on tâtonne et surtout on grandit. C'est la suite logique des choses mais je sens que ça va être dur.

Matt : Je ne crois pas que ce soit le moment de faire la révérence Emilie, justement elle te teste ! Tu ne vas tout de même pas te laisser bouffer ? Peine de cœur ou pas !

Emilie : Non pas du tout mais tu n'as pas l'impression de le mériter un petit peu au fond...?

Je partis chercher Ayden en le laissant méditer sur ces paroles parce que moi je m'en voulais de ne pas pouvoir montrer l'exemple à ma fille. C'était terrible comme culpabilité mais je ne me voyais plus avec Matt, je crois que chaque être humain a sa propre limite de souffrance. C'est seulement une fois qu'on a compris, puis qu'on l'a accepté que la 6ème phase commence. La plus importante parce que c'est celle qui remonte vers la guérison. Récapitulons :

1 : Le choc. Ressemblant à quelque chose près à un coup de tambour fracassant un silence pieux. Mon vieil ami le choc, quand m'as-tu serré la main pour la dernière fois ? Sur l'île bien sûr quand on m'a gentiment demander d'aller me faire foutre, que j'étais une mauvaise femme, une mauvaise mère et un humain misérable. Oui ce genre de choses ça choc, hein. La cavalcade à commencer au moment où j'ai compris que je n'avais plus le pouvoir.

2 : Le déni. Ouais au début je faisais la maligne à coup de "ça va lui passer", "c'est une phase" blablabla. L'extension finalement logique du choc, la minimisation par le déni, un classique. Évidemment ça n'a pas duré longtemps du pipeau on est vite passé à plus violent après une bonne cuite doublée d'une insolation mortelle.

3 : La basse, l'instrument le plus bruyant et qui défonce le plus les doigts, j'ai nommé la colère ! Bon alors là j'avoue que l'alcool aurait pu décupler ma colère mais comme j'ai visiblement entretenu une très longue conversation très saine avec ma conscience incarnée dans ma meilleure amie défunte, j'ai relativisé. Disons que la bombe s'est désamorcée toute seule donc jusque-là je l'ai peut-être vécu à retardements avec quelques épisodes de vengeance assez communs et pour le moins drôle mais rien de meurtrier, promis.

4 : Bon chez moi les violons sont arrivés avant la basse quand même ou tout du moins en étroite collaboration. Entendre de son ex-mari qui nous connait depuis des années qu'on est un cancer disons que si vous ne vous dévalorisiez pas ne serait-ce qu'une seule seconde je m'inquiéterais ! Alors c'est ce que j'ai fait. C'est la phase que j'ai trouvé la plus intéressante finalement parce qu'on se retrouve face à des questionnements auquel seul nous pouvons répondre et notre propre procès peut s'avérer très instructif. Je veux dire évidemment les violons n'ont rien de sain mais il y a quelque chose tout de même dans cette introspection qui nous permets de dépasser, notre caractère habituel sachant que pour moi la fierté me bloque souvent pour voir mes erreurs et mes faiblesses en face. Hélas ça a du bon de briser ses barrières je dois bien l'avouer, la fierté partie guérir ses blessures j'ai pu réfléchir de manière un peu plus subjective. Ensuite l'heure que j'ai le plus détesté est arrivé ! Ding Dong.

5 : C'est le roulement de tambour ! Purement ironique puisque les tambours n'ont rien à voir avec les regrets. C'est cette phase super chiante que j'ai heureusement vécue de manière autonome dans mon coin. Parce que je vous jure qu'entendre quelqu'un pleurer son petit ex-mari, comment il mange avec sa petite cuillère, comment il se brosse les dents en s'en mettant tous le temps sur le nez, comment son odeur sur l'oreiller voisin va nous manquer. Bwah un tas de conneries sentimentalistes de mes deux. Vous l'aurez compris c'est l'heure du piano. A la manière des regrets il est rarement heureux et franchement je ne m'y attarderais pas plus. Bref c'était très chiant, je pleurais seule soit dans ma salle de sport en tapant dans des sacs soit dans ma cave. Deux sous-sols qui ont entendues plus de pleurs qu'une nounou octogénaire toujours en poste. Mais ce temps passe pour laisser place aux instruments à vent heureusement un peu d'air.

6 : Le saxophone. Il aurait pu symboliser le regret, la dévalorisation ou bien le déni pourquoi pas ! Mais le blues et les saxophonistes malgré eux m'ont toujours inspiré un profond respect. Tout d'abord, ils me rappellent ce merveilleux voyage à la Nouvelle Orléans. Et ensuite dans cette musique envoutante j'y ai toujours vu une lueur, celle de l'espoir, du renouveau ce qui me permets d'aborder sereinement l'acceptation. Celle dans laquelle je suis actuellement. On est plutôt bien, disons qu'on arrête d'essayer de rattraper le passé dans les sous-sols et on monte enfin vers l'avenir. C'est plus rassurant. (Et sain si vous voulez mon avis.) On continue ? Alors !

7 : Nous continuons dans la métaphore de l'escalier car cette phase parfaitement représentée par l'harmonica est la reconstruction. Tout en faisant l'ascension de ce qui sera notre avenir sans la personne perdu on panse les plaies qui en ont besoin, il faut se recentrer également sur nous-même. Notre société actuelle nous reproche d'être autocentré de ne penser qu'à nous, qu'à notre petit moi. Au fond c'est la base de tout. En oubliant les métaphores si on n'est pas totalement en phase avec nous-même il y a tellement de choses qui nous sont impossible. Ne serait-ce que la confiance en soi qui découle directement de l'acceptation c'est la base des relations humaines saines par exemple. Bref ce sera la phase la plus importante.

8 : Dernière phase voulez-vous la libération. Sur ce point je n'ai pas grand-chose à dire ce sera aussi bref que l'est le tintement d'un triangle qui sonne la fin d'une ère.

Ensuite ce sera évidemment bon et je pourrais surement espérer rencontrer quelqu'un et former un couple aussi soudé et fiable que Myriam et Daryl... Pour l'instant la route est longue et franchement j'ai envie d'être un peu tranquille avec ces conneries. Bien sûr que c'est agréable d'avoir quelqu'un qui nous aimes j'ai rarement vécu sans d'ailleurs. Mais il vient un temps quand on commence à vieillir où on a juste envie de profiter de ce que la vie a à nous offrir, la vie est trop courte pour ne pas se faire plaisir et s'interdire de vivre sous de faux prétexte.

Durant le temps de mes réflexions j'avais rangé un peu la chambre de Mina, ce que les femmes de ménage avaient interdiction de faire. En principe mes enfants font leur chambre mais pour cette fois je ne leur en tiendrais pas rigueur. J'allais sortir quand j'entendis mes deux monstres parler entre eux.

Ellie : Il va falloir que tu en parles à maman ou papa. Enfin je te conseille maman parce que si elle sait que t'en as parlé à papa et pas à elle ça va mal aller !

Ayden : Tu crois mais c'est les grandes vacances elle n'en saura rien...

Ellie : Ah oui et tu crois qu'il y aura quoi dans ton bulletin en rentrant à maison dans la boite aux lettres ? Il y aura une lettre de la directrice pour dire ce qu'il s'est passé. T'as déjà eu de la chance qu'elle casse son téléphone et qu'elle n'ait pas reçu le message vocal ! Et puis tu sais très bien que maman sait tout de toute manière.

Emilie : Il paraît même qu'elle a des oreilles dans les murs ! Leur répondis-je en me montrant dans l'encadrure de la porte.

Tous les deux sursautèrent en ouvrant des yeux ronds. Ayden cacha un cahier derrière son dos alors qu'Ellie m'offrit un visage coupable adorable. Les yeux fuyants et la bouche pincée elle était trop mignonne.

Emilie : Je vous écoute papa et moi on vous a déjà appeler 3 fois chacun donc qu'est-ce qu'il se passe de si urgent pour que vous ne nous entendiez même pas ?

Ellie : Dis-lui Ayden elle est de bonne humeur, ce ne sera pas ça tous les jours... Lui chuchota-t-elle.

Ayden : Hors de question c'est qui, qui va passer ces heures d'avions à côté d'elle ?

Emilie : J'aurais bien aimé vous laisser faire vos petites messes basses tranquilles mais on part et je suis très curieuse de savoir ce qu'il y a de si important dans un si petit carnet pour qu'on me le cache. Et un conseil Ayden suit le conseil très avisé de ta sœur parce que tu vois là on va faire 30 minutes de voiture pour aller à l'aéroport, oncle Daryl ne répond toujours pas, tante Myriam est un petit peu sur les nerfs, on va arriver à l'aéroport il y en aura bien un pour avoir oublié son sac je ne sais où au moment d'embarquer et ma patience aura atteint un seuil critique et je ne sais pas si j'arriverais à être aussi encline à te comprendre.

Ayden : Ca va j'ai l'idée. J'ai été convoqué chez la directrice après les cours parce que j'ai frappé un groupe de filles et je les ai arrosés. J'ai eu droit en plus à 2 heures de colle dans son bureau.

Je m'approchais de mes enfants en m'agenouillant devant eux une main sur leur cuisse respective.

Emilie : Je ne comprends pas les enfants vous êtes grand maintenant, vous êtes au collège. Toi Ellie tu passes en 5ème et toi en 3ème Ayden c'était quoi le problème ?

Ayden : En fait ce jour-là on parlait d'orientation parce qu'il y a déjà des élèves qui quittent l'école à la fin de l'année pour faire des 3èmes professionnels et tout. Du coup notre professeure principale qui est notre prof de français madame Juliet tu la connais ! Elle nous a fait faire un tour de table pour savoir ce qu'on voulait faire alors une fois que les pimbêches ont eu fini de jacasser sur les châteaux de leurs papounets j'ai dit ce que je voulais faire. Elles n'ont rien dit au début mais à la récré elles se sont directement dirigés vers Ellie pour la bousculer et lui dire qu'elle en prendrait bientôt pour son grade parce que son frère ne serait plus là pour la surveiller. Alors évidemment quand j'ai entendu ça je me suis énervé, j'ai giflé la plus méchante et Ellie était assise sur un énorme pot de fleurs vide mais plein d'eau de pluie et d'autres trucs dégueu et je leur ai lancé à la tronche. Évidemment elles sont parties en courant se plaindre au surveillant et voilà.

Les sourcils froncés je me tournais vers Ellie pour avoir quelques explications en plus.

Emilie : Pourquoi elles ne t'acceptent pas mon chat ?

Ellie : Parce que j'ai vu comment elles fonctionnaient depuis le début et elles sont venues me voir pour me demander de lâcher les garçons pour traîner avec elles comme si c'était un privilège et je leur ai dit d'aller voir ailleurs. Les gars m'ont dit que ce n'était que des opportunistes et ne me parlaient que grâce à mon nom. Et depuis elles m'ont dans le viseur parce qu'en plus je m'entends bien avec pleins de garçons au collège ce qui fait que leurs numéros de bécasses ne fonctionnent plus aussi bien. Alors dès que je suis seule à la bibliothèque, aux toilettes, à la récré quand on est décalé ou qu'ils jouent au foot elles viennent et m'embêtent. Ayden a toujours un œil sur moi mais c'est vrai que quand il ira au lycée ce ne sera plus pareil...

Un soupir m'échappa alors que je me relevais, Ayden et Ellie guettèrent le moindre de mes gestes.

Emilie : C'est bête je n'ai reçu aucun appel donc je ne vois pas de quoi tu parles. Leur répondis-je avec un clin d'œil.

Ayden : Sérieux ?! Y a quand même mon carnet de correspondance que je dois te faire signer et je dois leur montrer à la rentrée. Ou peut-être qu'elle t'en parlera directement à la pré rentré mais imagine il y a papa...!

Emilie : Papa fera une grosse journée le jour de ta pré rentré.

Ayden m'offrit un sourire machiavélique auquel je lui répondis en le prenant dans mes bras.

Emilie : Tu sais quand même que la violence ne résout rien et que le meilleur moyen de régler un conflit c'est la communication ?

Dixit la femme qui a un squelette dans le placard.

Ayden : Oui, oui !

Emilie : Alors tant mieux !

Ayden se détacha de moi tandis que mes enfants m'offrirent un grand sourire avant de descendre en courant pendant que je signais son carnet à côté du mot de la directrice.

Emilie : Greluche. Murmuré-je en remettant soigneusement son carnet dans son sac d'école.

Je descendis leurs 2 valises alors que Matt apparu une fois de plus derrière mois me faisant sursauter cette fois.

Matt : Excuse ! Je pensais que tu aurais peut-être besoin d'aide pour les valises, je n'ai pas vu celles des enfants en bas c'est pour ça.

Emilie : Non non t'inquiètes. J'allais descendre de toute manière.

Matt : Bon d'accord. Oh Ayden ne prend pas ses affaires d'école pour travailler un petit peu ?

J'allais partir puis finalement me raviser pour me retourner et lui offrir un sourire légèrement traitre.

Emilie : Ils ont bien le droit à un peu de vacances, l'année prochaine c'est le brevet pour Ayden.

Matt prit le sac dans les mains en même temps que mon cœur en otage puis le reposa sur la chaise où il l'avait trouvé. Ouf, je peux reprendre mon souffle, beaucoup trop court.

La route se passa rapidement jusqu'à l'aéroport, nous avons eu l'heureuse surprise de voir Daryl se joindre à notre cortège et prendre sa femme dans ses bras à l'aéroport. Après une longue attente dans les couloirs nous avons pu enfin embarquer. Étonnement les enfants étaient tous sages personne n'a rien oublié, Myriam était ravie tandis que Matt passait son temps sur son téléphone. Assise sur mon siège je me demandais depuis combien de temps nous n'avions pas parler avec Myriam genre vraiment. Daryl m'a un petit peu raconté le coup de mou qu'elle a eu mais honnêtement je ne me voyais pas aller la voir pour lui demander des explications sur ce qu'elle pense. En fait je ne savais pas quoi lui dire, c'est vrai on a beau être sœur je me sens plus que jamais unique. Comme s'il me manquait un bout de moi mais je ne sais pas j'avais quelque chose un pressentiment qui me hurlait de lui laisser un peu d'air.

Je me tournais vers Ellie qui était endormie contre son frère, Mina entre son père et moi semblait travailler sur son portable et Matt... Dormait également. Soudain une bouffée de chaleur me prit alors je me levais discrètement et rejoignis, facilement étant donné que j'avais pris la place couloir, la partie bar de l'avion. D'accord nous n'avions pas pris le jet. Parce que ce n'est pas le mien et qu'en plus on peut bien se mêler à la foule de temps en temps. Cependant j'ai quand même besoin de mon petit confort nécessaire, mon nécessaire de survie on peut le voir comme ça aussi. Je m'assis sur un tabouret la tête dans mes pensées devant un verre.

Myriam : Je crois que je ne comprendrais jamais comment tu peux apprécier ça.

Emilie : Quoi donc ?

Myriam : Boire seule. Ça n'a aucun sens il n'y a aucun plaisir à faire ça.

Emilie : Au-delà de l'habitude l'alcool est une sorte de compagnie qui m'aide à y voir plus clair et si après avoir bu un verre je n'ai toujours pas résolu mon problème alors j'aurais au moins profiter de la qualité du nectar.

Myriam : Les activités en solitaire ont toujours été plus ton truc.

Je me retournais vers elle un petit sourire en coin alors qu'elle s'essaya à côté de moi en rigolant.

Myriam : C'est pas ce que je voulais dire tu le sais même si c'est à se demander au vu de ta décision.

Emilie : Alors on va en reparler ?

Myriam : On va en parler oui tout simplement. Parce que je te signale que ce n'est pas le mot qui nous correspond le mieux en ce moment. Tu sais au fond je comprends que tu aies besoin de Daryl pour t'en remettre après tout il lui ressemble physiquement et...

Emilie : Attends attends qu'est-ce que tu me chantes là ?

Myriam : Rien du tout seulement n'oublie pas les limites, je ne dis rien de mal...

Emilie : Mais t'es pas bien ou quoi ? On ne fait que discuter avec Daryl ! Et encore parfois je bricole un peu ou je m'entraine et il me rejoint, on ne parle même pas ! Je ne sais pas quoi te dire en fait parce que ton manque de confiance me sidère tu vois.

Myriam : Oh non te fâche pas, juste je sais que vous buvez autant l'un que l'autre et parfois j'avoue je me demande si l'alcool ne va pas inhiber les interdits pour finalement vous rendre compte que...

Emilie : Que quoi ? On n'a aucun sentiment amoureux l'un envers l'autre ! Dire que je le considère comme mon frère serait mentir parce que je ne sais même pas ce que ça fait d'en avoir mais jamais je n'ai pensé une seule seconde à faire quoi que ce soit avec lui. Franchement même si tu n'étais pas avec lui, Daryl ne m'intéresse pas. C'est purement platonique.

Myriam se contenta de soupirer alors que j'essayais de lui sortir les verres du nez.

Emilie : Daryl t'a dit quelque chose ?

Myriam : ET QU'EST CE QU'IL AURAIT DÛ ME DIRE HEIN ? QUE QUAND JE VOUS VOIS ENSEMBLE JE NE PEUX PAS M'EMPÊCHER D'ÊTRE JALOUSE ? Vous avez les mêmes centres d'intérêts, vous avez même une complicité que je n'ai jamais eu avec personne. Il lui suffit parfois de te regarder à table pour que tu le comprennes même après des années en étant sa femme je me sens moins proche de lui que toi. C'est quand même dramatique !

Emilie : Je vais te laisser je crois que ça te fera le plus grand bien de te retrouver face à tes pensées.

J'allais partir la laissant à côté de mon verre vide quand le son de sa voix me stoppa.

Myriam : La dernière fois que j'ai fait ça j'ai failli me suicider.

Je me retournais vivement sans pour autant me rapprocher d'elle.

Emilie : Tu préfères te suicider plutôt qu'on parle de ce qui ne va pas ? Je vois.

Myriam : Justement je ne peux pas en parler à la parfaite Emilie ! Celle qui réussit toujours tout ! Celle qui a une entreprise ! Qui donne aux pauvres, qui offre même un cabinet à sa pauvre sœur qui déprime ! Celle qui tient une forme olympique ! Celle qui a des enfants parfaits qui l'aiment. Celle qui est libre ! Mais non toute cette perfection et toute cette attention ne t'allait pas il fallait que tu t'entiches de mon mari ! Tu as usé le tien alors pourquoi ne pas aller voir ailleurs ? Après tout tu es la parfaite Emilie tu peux avoir tout quand tu veux. Oh et j'oubliais la parfaite Emilie n'aurait pas son nom si elle ne sauvait pas constamment les fesses de sa famille comme un super héros adulé.

Emilie : T'as bu combien de verres avant de me rejoindre ?

Myriam : Surement moins que la princesse Emilie qui n'est pas alcoolique ! Non l'alcoolisme c'est pas beau mais la parfaite Emilie n'est jamais bourré on ne s'en rends jamais compte. Et ben tu veux que je te dise ton ombre est trop lourde j'en ai marre de vivre derrière !

Emilie : Sauf que tu vois Myriam personne ne t'a jamais demandé de le faire. C'est toujours toi qui as voulu arranger la famille quand ça n'allait pas mais tu sais les sœurs vivent séparément, normalement. Il y a tellement de fois où je t'ai proposé de partir et tu as toujours refusé. Ensuite je ne t'ai jamais demandé de reprendre le cabinet, je t'ai offert l'opportunité de le diriger mais si tu ne l'avais pas fait quelqu'un s'en serait charger Myriam. Franchement je ne sais pas quoi te dire à part que cette conversation est ridicule et qu'elle ne nous mènera à rien du tout.

Myriam : Est-ce que t'as couché avec lui ?

Emilie : Avec qui Myriam ?

Myriam : NE FAIS PAS L'INNOCENTE VU TA RÉPUTATION DE TRAINÉE JE PEUX LEGITIMEMENT ME POSER CETTE QUESTION !

Emilie : Non Myriam. La réponse à ta question est juste non. Lui répondis-je calmement.

Daryl : Il me semble qu'il faut qu'on parle.

Daryl me prit l'épaule comme l'avait fait Matt tout à l'heure et je me défis de la même manière. Je crois que quelque part Myriam avait peut-être raison il fallait que je parte ailleurs pour qu'elle trouve sa place au sein de sa famille. Ce qui est sûr c'est que ce qu'elle venait de me dire n'était pas anodin et faisait un mal de chien. Nous avons eu beaucoup de disputes durant notre vie mais celle-là est de loin la plus désagréable, pour que ma sœur cultive une pareille amertume envers moi c'est que j'ai forcément dû faire quelque chose qui n'allait pas ou quelque chose qu'elle considère comme l'étant assez pour ne pas m'en parler et le garder pour elle jusqu'à ce que ça explose. Si j'avais pu, égal à moi-même je serais partie, n'importe où mais là je n'avais pas vraiment le choix que de retourner à ma place entre Matt et les enfants alors que j'avais besoin de solitude. Heureusement le vol se passa calmement, je ne revus pas Myriam du vol tout entier, Matt a fait quelques allers retours en revenant avec un regard désolé mais je ne m'en formalisais pas et surtout je n'avais pas envie qu'il m'en parle. C'est pour ça que lorsqu'il ouvrit la bouche un peu avant l'atterrissage je le coupais d'un signe de tête.

Matt : Non non c'est le programme d'aujourd'hui dont je veux te parler. Daryl était comme un fantôme dans le séjour, on a prévu avec Myriam sans trop prévoir à la fois qu'il soit là sauf que là ça se précise et il faut adapter nos plans disons.

Emilie : Comment ça ?

Matt : On est dimanche, jour du seigneur, jour de sabbat, jour de ce que tu veux mais c'est la messe ce matin. On comptait y aller avec Myriam et les enfants. Comme ils n'ont pas vraiment eu d'éducation religieuse je me disais que ce serait bien de voir au moins une messe avant de se retrouver avec mes parents à table.

Emilie : D'accord, je vois. Parce que c'est ton père qui va prêcher ?

Matt : Absolument je me suis renseigné c'est toujours lui qui prêche, il a 2 églises même, à Porto Rico. Ma mère dirige toujours sa chorale de gospel, ils habitent toujours la même maison. Les choses ne semblent jamais vraiment changer ici.

Je tournais la tête vers Matt l'air dubitatif.

Emilie : J'aimerais comprendre, je sais que tu es naïf et que tu veux bien faire mais comment tu comptes emmener Daryl de son plein gré dans l'église où tes parents prêchent. Je veux dire déjà qu'il soit venu en soit c'est un exploit alors je pense que sa réserve de patience est assez limitée.

Matt : Justement il faut que dès l'atterrissage on prenne une voiture avec chauffeur qui nous emmène directement à la messe qui est dans exactement 15 minutes. Si on ne passe pas par la maison de nos parents avant ou qu'il n'a pas le temps de souffler je peux lui couper l'herbe sous le pied. Il pourra au moins plus difficilement dire non une fois devant la porte.

Emilie : Matt je suppose quand même que vous y avez été plus d'une fois étant petit il va se souvenir de la route, non ?

Matt : Prions le Seigneur ! Rigola-t-il.

Après notre petite discussion j'ai dû m'endormir puisque Matt m'a réveillé 5 minutes plus tard car le débarquement était en cours. Épuisée, je vérifiais avec le plus d'attention possible que personne n'oublie rien et nous avons tous rejoints une limousine taxi qui nous attendait. Apparemment commandé par Matt vu son sourire. De mon côté pour éviter toute confrontation que ce soit visuelle ou verbale je fermais les yeux pour continuer ma nuit courte juste... 5 minutes... Dans ce siège beaucoup trop confortable... Au bout de ce qui me parut quelques secondes se sont les cris de Daryl qui me réveillèrent.

Daryl : Non mec, non ! Je viens déjà, je dois gérer la crise existentielle de ma femme, canaliser l'énergie destructrice des jumeaux c'est pas possible. Non Matt ! Allez-y sans moi, c'est mort !

Tout le monde semblait être sorti de la voiture alors je gardais les yeux fermés pour écouter. Curiosité quand tu nous tiens.

Matt : C'est vrai que c'est une bonne approche de retrouvailles. Ce soir au repas il n'y aura pas du tout de malaise tiens ! On ne te demande pas d'y aller tous les jours, juste aujourd'hui pour montrer que tu fais un effort dans leur sens et si ce n'est pas le cas de leur côté tu sais que tu n'auras rien à te reprocher.

Daryl : Oh je vois clair dans ton petit jeu. Tu veux faire quoi me culpabiliser parce que là je n'en ai rien à carrer, c'est toujours David contre Goliath et je crois toujours que j'ai mes chances.

Matt : Parlons-en de Myriam tiens, tu crois que c'est le moment de la laisser toute seule avec vos enfants ? Moi je crois pas, enfin du moins moi je le ferais pas vu comment les jumeaux sont avec elle. Je ne te demande pas d'être exemplaire bordel Daryl mais fais au moins acte de présence même si ça doit être aussi gracieusement qu'Homer Simpson.

Daryl : Va chier et réveille le zombie.

J'entendis une porte claquée avant de sentir une grosse secousse dans mon épaule.

Matt : Allez mamie c'est l'heure de la messe. Si t'as des trucs à confesser c'est le moment.

Emilie : Va te faire foutre. Lui répondis-je sèchement la voix enrouée par cette sieste qui promettait d'être parfaite.

Matt : C'est bon maman ours est réveillée !

Je me levais dans un grand soupir avant de me faire bousculer hors du véhicule par Matt.

Emilie : Oh hé ! Je suis pas un bœuf qu'on décharge !

Matt : Je n'oserais pas.

Son petit air supérieur m'énerva autant qu'il me fit rire. En sortant de la voiture j'ai pu découvrir une magnifique église blanche, immaculée. Seul un pic anti-tonnerre en or culminait fièrement tout en haut du sublime édifice. Les gens s'y rassemblaient en masse parlant un espagnol vivant, il me semblait comprendre rien qu'en les regardant tellement leurs mains en disaient long. J'étais sur la place du marché ou tout du moins ça y ressemblait, cette foule parlaient tellement fort mais au lieu de me faire mal à la tête ou de me mettre de mauvaise humeur les larmes commencèrent à me monter. Quelque part dans les tréfonds de ma mémoire quelque chose se souvenait, se rappelait de ces voix, ce langage si vivace. Mon regard chercha immédiatement Myriam, sans arrière-pensée juste pour savoir si elle avait la même impression que moi et je crus le lire durant la seconde qu'à durer notre échange visuel. Pourtant son visage se referma brusquement me cachant ses émotions et elle prit ses enfants par la main avant de rentrer. Un soupir m'échappa alors que Daryl s'en rendit compte.

Daryl : C'est pas...

Emilie : Arrête de dire ça.

Matt : Je vais aller prévenir les mômes de ne dire aucun mot espagnol qu'ils ont entendus à la maison ! Ellie, Ayden vous me suivez !

Les deux acquiescèrent avant de suivre leur père comme deux petits canards.

Mina : Effectivement ce serait judicieux.

Soudain en suivant Matt des yeux, mon regard tomba sur une jeune fille à l'entrée. Tout le monde semblait la saluer tandis qu'elle souriait avec bienveillance en serrant chaque main tendue. Ses cheveux magnifiquement longs ondulés à chaque poignée de main. Quelque chose dans son visage, son expression ou sa posture me fit penser que cette petite était taillée dans le marbre tel un chef d'œuvre.

Mina : Tu la connais, oncle Daryl ?

Daryl : Pourquoi je la connaitrais ? A quelques années près je pourrais être son père.

Mina : Je ne sais pas, tu dis que c'est l'église de tes parents je pensais que tu la connaitrais.

Daryl : Ça fait longtemps Mina.

Mina colla son nez sur l'écran pour changer puis nous sommes rentrés. En passant à côté de la jeune fille elle ne manqua pas de nous saluer avec un grand sourire.

? : ¡Buenos días!

En passant à côté d'elle un effluve champêtre monta à mes narines, elle sentait l'herbe fraîche et les fleurs sauvages, un parfum frais qui lui allait à ravir. Cependant je n'ai pas eu le temps de penser plus à cette fille puisque je pris une claque visuelle immédiatement. L'intérieur de l'église équivalait en beauté l'extérieur. D'énormes bancs convergeaient vers une gigantesque scène elle-même surplombée par une estrade pour les chœurs, je suppose. Derrière cet agencement un léger renfoncement en arc de cercle laisser découvrir une peinture représentant une montagne vierge avec un ciel magnifiquement bleu. Cette peinture était directement faite dans cette enclave l'épousant parfaitement dans ses moindres recoins. De plus une croix aussi démesurée que le reste avait été placée dessus laissant imaginée qu'un monde magnifique se cacher dans ses murs. Puis mon regard se leva machinalement analysant mon environnement et le plafond aussi ne manquait pas de panache. Tout restait blanc même les poutres avaient été peintes et encore une fois seul un dôme creusé dans le toit révélait un coucher de soleil à couper le souffle. De l'ordinaire sortait l'extraordinaire.

La fille me sortit presque de l'idée quand on me prit le bras violemment pour m'enfoncer dans une allée. Matt et sa douceur. Daryl se plaça directement tout en bout de rang avec Myriam tandis que Matt fit la séparation entre nos enfants et les siens pour canaliser tout le monde tandis que je m'assis à l'autre bout à côté de Mina.

Emilie : Nana ton téléphone.

Mina : Attends maman, c'est énorme !

Emilie : Ça va commencer d'une minute à l'autre s'il te plaît.

Mina : La fille à l'entrée s'appelle Fleur.

Emilie : Ça me fait une belle jambe franchement.

Mina : Fleur Ortega.

Emilie : Je te demande pardon ?

Mina : J'ai retrouvé sa page Instagram !

Emilie : Un lien de parenté ?

Mina : Avec de la chance elle parle anglais comme 90% des gens de ma génération donc je regarde sa bio.

Je scrollais immédiatement vers le haut et aucun doute n'était permis. Elle avait clairement écrit qu'elle était la fille du Pasteur. Ce pourrait-il que... ? Il n'y avait aucun doute, cette fille était leur sœur.

Emilie : Range-moi ça Mina, c'est pas à nous de leur dire en plus ce n'est ni l'endroit ni le moment.

Comme pour souligner mes propos le silence se fit soudain tandis que le Pasteur se trouvait au milieu de l'estrade. Comme ça je n'aurais jamais pu deviner que c'était le père des jumeaux, il me semblait propre sur lui, distingué, mais il ressemblait à un grand père classique si je puis dire. Pendant ce temps-là au bout de l'allée la mâchoire de Daryl tressaillit tandis que près de moi Matt semblait ému.

Ni l'endroit ni le moment Emilie.

Soudain tout le monde se leva pour chanter avec les chœurs. Chaque parole était connue par cœur par l'assemblée, même Matt chantait c'était adorable. Adorable parce que je l'imaginais, lui enfant. Après une messe rythmée par des chants magnifiques et des odes au Seigneur, à Dieu et tous ces anges le silence se fit. Ce qui ressembla à un sermon fût énoncé en espagnol sans que je ne comprenne un traitre mot tellement il parlait vite mais heureusement il le redit en anglais.

Angel Ortega : Je sais que le dimanche est un jour important pour vous, mes amis qui avait encore du mal avec notre belle langue ou alors vous mes fidèles étrangers, vacanciers. Sachez que vous êtes les bienvenus dans la maison du Seigneur. Aujourd'hui je vais vous lire un passage qui m'a marqué ses temps-ci. Des changements dans ma vie m'ont fait réfléchir au fondamentaux de notre existence et figurez-vous que j'ai trouvé la réponse avec Luc. Souvenez-vous de ces termes : Quelqu'un dit à Jésus, du milieu de la foule : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage.

Jésus lui répondit : O homme, qui m'a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ?

Puis il leur dit : Gardez-vous avec soin de toute avarice ; car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, fût-il dans l'abondance.

Et il leur dit cette parabole : Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté.

Et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je ? car je n'ai pas de place pour serrer ma récolte.

Voici, dit-il, ce que je ferai: j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens ;

et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois, et réjouis-toi.

Mais Dieu lui dit : Insensé ! cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il ?

Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche pour Dieu.

Il m'arrive même à moi de m'égarer dans ma vie mais quand c'est le cas j'essaye de rallumer la lumière. Vous savez cette petite étincelle nommée espoir et finalement j'en suis venu à me poser la question : Quelle est la différence entre le bonheur et le plaisir ? La balance me semble équitable sans que je ne sache pourquoi au premier abord mais j'avais TORD ! Parce que mes amis le plaisir est viscéral vous le sentez dans votre corps, il s'exprime seul. Le plaisir c'est prendre de manière tout à fait égoïste et destructeur. Ce nombrilisme se satisfait avec certaines substances d'ailleurs dans ses extrêmes qu'il s'agisse de substances ou de comportements atteints avec la drogue, l'alcool, la cigarette et le sucre ou encore le shopping comme adore faire ma femme pour se calmer, les jeux d'argent, les réseaux sociaux, les jeux sur internet, la pornographie tous poussées à l'extrême créées une dépendance. Scientifiquement parlant parce que vous le savez je suis un homme de science, le plaisir n'est rien d'autre que de la dopamine. Partant de cette base prometteuse je me suis demandée si Dieu approuverait ça.

La foule : NON !

Angel Ortega : C'est EXACT ! Alors qu'est-ce que le bonheur maintenant ? Au-delà de notre dévotion au Seigneur.

La foule : LOUONS LE SEIGNEUR !

Angel Ortega : OUI LOUONS LE ! Le bonheur mes amis est impalpable c'est un ressenti qui ne se trouve, qui ne se ressent qu'au-dessus du cou. Le bonheur c'est donner, il doit être partagé pour être vécu, il est distribué de manière à ce qu'on ne puisse pas atteindre le bonheur si ce n'est pas désintéressé. Si ce n'est pas un cadeau de Dieu je ne sais pas ce que c'est ! Ce sentiment est de loin le plus pur que nous puissions ressentir en tant qu'être humain parce qu'on peut être accro à tout sur cette Terre mais on ne peut pas être addict au bonheur. Médicalement parlant vous savez ce que c'est ? De la sérotonine. Vous pouvez donc remarquez que ce sont deux parties différentes du cerveau qui sont sollicités. Les deux font du bien non ? Mais le problème c'est la dopamine qui est le neurotransmetteur du plaisir, il tue les neurones très lentement. L'addiction vient du fait que nous recevons de moins en moins mais nous voulons de plus en plus. Tandis que la sérotonine n'excite pas elle inhibe ce qui fait qu'on ne peut pas faire une overdose de bonheur mais comme tout bien en ce monde il a son opposé et ce n'est autre que la fameuse dopamine qui atténue les ressentis de la sérotonine. Donc plus vous chercher le plaisir plus vous serez malheureux, littéralement. C'est vrai est-ce que certains en partant d'ici s'est déjà senti seul ? Vous avez le droit mes amis ! Parce que le Seigneur peut être ancré au plus profond de vous si vous n'avez pas de contacts humains, si vous êtes auto centrée vous êtes voués à la plus grande des turpitudes de la vie. Rappelez-vous que même Adam premier humain s'est senti seul lui aussi ! Pourquoi mon sermon est si particulier aujourd'hui et si pointu ? Parce que la semaine prochaine je vais faire l'enterrement d'une jeune fille de notre église de 14 ans qui s'est suicidée entendez que ces camarades de classes l'ont tellement isolé avec leurs moqueries, leur harcèlement quotidien qu'elle a considéré que le suicide était sa seule option. Alors implorons le Seigneur pour qu'il récupère cette âme innocente malgré tout. La vie est trop courte, trop courte pour s'enticher de comportements exécrables, pour mépriser nos frères, les rabaisser. Alors je vous en prie parents soyez vigilants. D'un côté comme de l'autre les enfants ont besoin d'attention pour comprendre qu'un acte quel qui soit peut engendrer des actes graves. Comme le Seigneur le disait ce n'est pas notre richesse qui compte en ce bas monde, ce qu'on montre ou ce qu'on veut montrer, ce sont nos actes et nos paroles qui feront de nous des enfants dignes de notre Seigneur. Amen !

La foule : AMEN !

Un chant à base d'Alléluia suivit tandis que je méditais ses paroles très sages. Je ne sais pas ce à quoi je m'attendais mais certainement pas à ça. Ses paroles avaient trouvé écho en moi. Les sourcils froncés je n'arrive plus à suivre la suite de la messe sans avoir ses paroles obsédantes en tête. Et si c'était mon problème ? Et si j'avais cherché toute ma vie le plaisir au lieu du bonheur tout simplement ? En tout cas je réponds à tous les critères, l'alcool, le sexe, j'ai eu la cigarette, le sport tout ça ce sont des sources de plaisir dans lequel je me repends sans y trouver vraiment mon compte. Mon regard se tourna de nouveau vers Matt qui attiré par mon regard s'ancra au mien. Il me sourit innocemment avant de me faire un clin d'œil tandis que je me dérobais à cet échange. Est-ce pour ça que j'aurais tout foutu en l'air ? Une recherche vaine de bonheur dans un plaisir que je n'aurais de toute manière, jamais atteint. Voué à être malheureux. Ce sont ses mots exacts. Je crois que j'ai besoin de prendre un peu de distance avec les relations amoureuses, je ne suis pas prête finalement. Quand je sortis enfin de mes pensées Ayden m'encerclait avec ses petits bras pour me partager apparemment la paix du christ. Émue je le pris dans mes bras en le serrant contre moi versant quelques larmes dans son cou.

Ayden : Avec ça tu iras mieux maman, j'en suis sûr. Me chuchota-t-il.

Emilie : Je t'aime mon bébé, tellement fort.

Ayden : Vers l'infini et au-delà ?

Emilie : Et au-delà, bébé.

Il s'accrocha à moi comme un petit singe alors qu'une sensation agréable s'insinua en moi. Il y avait l'amour que je ressentais mais il y avait autre chose aussi. Peut-être était-ce ça le bonheur ? Je l'entrevoyais une petite seconde avant qu'Ayden se défasse de mon étreinte pour m'embrasser la joue et descendre.

A la fin de la messe tout le monde se rejoignit dans la cour devant l'église où des petits stands avaient été préparés par les petits du catéchisme pour récolter des fonds. Il y avait des gâteaux, des sandwichs, des cookies, un stand de limonade et j'en passe, tout le monde parlait ensemble. Même Mina discutait avec Fleur mais je la soupçonnais de mener son enquête tout de même.

Une fidèle : Vous êtes ici en vacances ?

Emilie : Oui ! Mais vous parlez anglais ?

Une fidèle : Absolument ! Le Pasteur propose des cours d'anglais et ses sermons sont toujours fait une seconde fois en anglais ce qui nous aide beaucoup. Ça nous permet de pouvoir mieux communiquer et de se sentir un peu plus ouvert sur le monde, ce qui manque parfois sur cette île.

Emilie : Je comprends parfaitement !

Du coin de l'œil je vis le Pasteur ouvrir des yeux ronds en découvrant les jumeaux devant lui. Je suppose qu'ils avaient attendu le moment opportun puisqu'évidemment son attention était très réclamée auprès de ses fidèles. Je me rapprochais lentement tout en restant à distance pour ne pas gêner leurs retrouvailles. Son père prononça leurs prénoms avant de les serrer tous les deux dans ses bras en leur frappant l'épaule virilement.

La scène est touchante même si je sens Daryl un peu raide jusqu'à ce qu'une femme d'âge mûre se place avec un sourire hautain, une main sur l'épaule de son mari. La personnification incarnée du serpent. Tel un cobra prêt à attaquer elle se tenait la tête haute, je pouvais imaginer une langue de serpent en sortir. Quand elle prit les jumeaux dans ses bras en les touchant du bout des doigts j'ai compris quel genre d'enfance ils avaient dû avoir. Ça expliquait la violence et la dévotion de Daryl à sa femme, Myriam devait être la première femme à l'aimer vraiment, lui et personne d'autre dans son entièreté. Je me demande ce que ça doit faire pour des jumeaux que la mère ait une préférence entre les deux. Est-ce différent que pour des frères et sœurs ? En tout cas je remarquais tout de suite qu'elle avait beaucoup plus de regards et d'attention pour Matt ça crevait les yeux. Sans que je ne le voie venir Fleur se plaça à côté de sa mère et le moment tant redouté arriva. Je sentis Daryl de plus en plus nerveux alors je décidais de me rapprocher quitte à clore une conversation. Je me plaçais à côté de Matt et Myriam qui avait dû voir elle aussi la scène de loin s'était placée à côté de Daryl en lui caressant le dos pour qu'il se détende.

Matt : Maman, Papa, du coup Fleur, je vous présente Emilie, la mère de mes enfants.

Daryl : Et voici Myriam ma femme depuis presque 20 ans.

Bon apparemment la pilule est plutôt bien passée même si je me doute qu'il y aura probablement des questions une fois le choc passé.

Mère des jumeaux : Emilie ravie de vous rencontrer je m'appelle Valentina Ortega.

Fleur : Hey !

Valentina serra ma main tandis qu'Angel me prit rapidement dans ses bras et Fleur me fit la bise. Il est clair que j'avais un peu plus d'affection pour mon beau père, je l'aurais pensé aussi froid que sa femme mais pas du tout.

Valentina : Alors comme ça vous n'êtes pas marié ? Matt... ?

Ce ton insupportablement hautain mêlé à une éducation machiste tout aussi abjecte... Elle va vraiment avoir difficilement une place dans mon cœur. D'un autre côté ce n'est pas comme si j'allais me la coller tous les jours de l'année. Je pouvais faire un effort pour les vacances. Je voulais parler pour nous mais je voulais que Matt redescende de son pied d'éstale sur lequel le plaçait sa mère et qu'il avoue lui-même ce qu'elle devait considérer comme l'échec d'une vie.

Matt : On est resté une dizaine d'année marié mais j'ai merdé.

Valentina : Et vous restez à ses côtés ?

Emilie : Myriam et moi sommes cubaines, on a le sens de famille et de la dévotion.

Le petit sourire de ma belle-mère s'agrandit comme si j'avais réussi le test. Facile. Mais j'avais largement sous-estimé l'amour qu'elle porte à Matt parce qu'elle ne semblait pas se formaliser de ses révélations sur sa vie.

Valentina : Alors apparemment j'ai des petits enfants !

Fleur : Oh je suis tata !

Emilie : Oui ! D'ailleurs tu parlais avec la plus grande de tes nièces, Mina !

Myriam : Les enfants vous venez !

Fleur : Oh je vois maintenant le petit air de famille. Elle a pris de Matt c'est fou.

Les enfants se placèrent tous autour de nous, Ellie se cacha un petit peu derrière ma jambe alors qu'Anya était carrément sous la robe de Myriam qui ria. Ouf ça faisait un bon moment que je ne l'avais pas entendu rire !

Matt : Alors de mon côté j'ai Mina la plus grande. Ayden qui va sur ces 12 ans, Ellie qui a 9 ans et Chapo son chien.

Fleur se mit à genoux devant Ellie pour qu'elle se sente moins intimidé.

Fleur : Tu as emmené ton chien en vacances c'est super ça ! Je peux le caresser ?

Ellie : Oui on ne dirait pas mais il est très gentil et il est obligé de me suivre partout.

Emilie : Elle est épileptique, ce chien est dressé pour l'aider ou aller chercher des secours en cas de besoin. Les scientifiques se servent de l'odorat des chiens pour aider à anticiper des crises.

Angel : Quel malheur. Elle en a souvent ?

Emilie : En ce moment elles ne sont pas régulières mais fréquente malgré son traitement.

Valentina : Angel chéri, regarde Ayden comme il ressemble à Matt petit c'est incroyable.

Angel : Mais avec le regard malicieux de Daryl.

Avec un dédain à peine dissimulé Valentina pointa Daryl du doigt toujours cet air à vomir quand elle l'a dans son champ de vision.

Valentina : Ce qui veut dire que...

Daryl : Mes enfants sont là. Ewan et Liam et la petit dernière Anya.

Angel : Ils sont adorables.

Valentina : Des jumeaux ! Venez dans mes bras les enfants !

Étrangement je ne pouvais pas expliquer ce décalage de comportement de la mère de Daryl à son égard. Elle semblait aimer tout le reste du monde sauf lui. Myriam poussa légèrement les enfants pour qu'ils fassent au moins une accolade à leur grand-mère.

Valentina : Vous êtes trop mignon !

Tout en gardant les jumeaux dans les bras elle s'adressa à nous.

Valentina : Angel et moi allons remercier nos fidèles et puis pour une fois nous déjeunerons à la maison j'appellerai Maria pour qu'elle nous prépare quelque chose.

Angel : Vous pouvez y aller les enfants on vous y rejoints ! Vous buvez du vin les enfants ? Enfin mes enfants !

Matt : Émilie, Daryl et moi oui.

Myriam fusilla mon ex-mari du regard mais au vu de la scène de l'avion c'était mieux pour aujourd'hui, de notre point de vue à tous.

Nous avons tous repris la voiture qui nous avait conduit à l'aller. C'est Daryl qui a dit la destination au chauffeur tandis que les jumeaux s'endormaient contre lui.

Anya : Moi j'aime bien t'entendre parler ta langue. Je trouve ça jolie.

Myriam : Maman t'as déjà dit que c'était de l'espagnol et c'est pas la première fois que tu l'entends parler non plus.

Daryl : Myriam souffle c'est pas grave.

Elle continua à marmonner dans son coin tandis que j'avais Ayden sur mes genoux qui m'écrasait le thorax mais son câlin me faisait du bien. Son souffle chaud et régulier sur ma poitrine me rassurait. On sous-estime beaucoup trop la puissance d'un câlin. C'est doux, réconfortant et suivant la personne qui vous le fait ça peut vous changer complètement une journée. En l'occurrence mon petit Ayden avait un don pour ça. Je ne sais pas si c'est innocent ou s'il le sent mais dès que j'ai besoin de lui, que j'ai un coup de mou, que je me sens dépassée il vient m'enlacer et je me sens tout de suite regonflée à bloc. Ma main dans ses cheveux je caressais sa crinière épaisse qui avait bien éclairci avec le temps. Mon petit brun tendait bien plus sur le blond. Je bougeais la tête légèrement pour le regarder quand je le vis, le pouce dans la bouche regardait sereinement dehors. Ce petit gars pouvait démolir tout sur son passage sur un terrain, un vrai bulldozer, avec ses copains il joue au gros dur mais quand il s'agit du cercle familial il se laisse totalement vivre. C'est mon petit garçon.

Soudain après une dizaine de minutes de route Daryl ordonna au chauffeur de s'arrêter devant une petite marinade privée et il s'exécuta. Nous sommes tous sortis de la voiture tandis que Daryl et Matt se dirigèrent vers un employé. J'étais désormais seule à côté de Myriam, il y avait nos enfants autour de nous mais ils discutaient entre eux, ça ne comptait pas vraiment. Alors j'eue l'idée brillante de vouloir détendre l'atmosphère.

Emilie : Que de mystères, pas vrai ?

Myriam me lança un regard glacial tandis que ces yeux me jaugèrent de la tête au pied.

Myriam : T'es si dépaysée que ça, madame Secrets ?

Un vent glacial s'insinua entre nous que j'aidais volontiers à nourrir parce que me faire envoyer bouler à chaque parole que je prononce ça va 5 minutes.

Daryl : On va prendre le yacht de mes parents pour aller à la maison, ce sera la plus jolie vue et je retournerais avec le bateau à la marinade. Je vous rejoindrais en voiture.

Myriam : Non c'est bon je vais le ramener moi le bateau.

Daryl : Chérie, ça se conduit avec un permis spécial un engin pareil. Rigola-t-il en la serrant contre lui.

Elle se défit rapidement de son étreinte pas vraiment encline à rigoler.

Myriam : Non sans blague ? Tu crois parler à qui là ? À Mina ? Parce que je l'ai passé mon permis bateau.

Daryl : Ah oui et quand ça ? Depuis quand madame grognon a un permis bateau ?

Myriam : Depuis que je m'ennuie à Miami c'est pas nouveau. Mais il n'y avait tellement personne à la maison que j'ai pu faire toutes les leçons, passer le permis, préparer un apéro pour mon permis réussi pour finalement annuler puisque j'ai attendu les uns et les autres. Et toi si je me souviens bien tu étais rentré à plus d'1h du matin monsieur business.

Matt : OK ok félicitations on trinquera à ça ce soir ou ce midi peu importe mais on peut y aller Mimi ? En route.

Daryl : Ne me regarde pas comme si t'aller me bouffer le Trex et grimpe. Dit-il à sa femme en la poussant légèrement par les fesses pour qu'elle monte.

C'est Myriam qui a donc prit la barre pour nous emmener vraisemblablement chez les Ortega. Je n'ai pas très bien compris pourquoi on prenait le bateau jusqu'à ce qu'on voie une maison bleue fortifiée sur une très haute falaise.

Matt : Tu vois le ponton ? Il faut que tu accostes ici.

Ne me dites pas que...?

Daryl : Ca fait une belle cabane hein ?

Emilie : Vous avez vécu ici sérieusement ?

Daryl : La maison de l'enfer mais oui.

Emilie : T'as une idée de l'Enfer que j'aimerai bien partager. Rigolé-je.

Daryl me fila un coup d'épaule tout en regardant cette magnifique bâtisse avec un regard empreint d'appréhension et de tristesse.

Myriam jeta l'encre sans encombre et nous laissa descendre du bateau avant de repartir tandis que nous avons marché vers l'entrée. Le majordome a tout de suite reconnu les jumeaux et nous a laissé entrer pour nous proposer de nous mettre tout de suite à table où le couple nous attendait déjà.

Valentina : Je vous en prie prenez place. Ça me fait plaisir de vous voir.

Daryl lui sourit faussement ce qui me fit rire tandis que Matt lui, semblait beaucoup plus réceptif. Nos enfants étaient calmes et mangés pour une fois sans demander quinze fois ce qu'il y a vraiment dans leurs plats et si c'est moyen ou beaucoup vert.

Angel : Vos enfants sont adorables les jumeaux, ça me fait vraiment plaisir qu'on soit tous réunis autour de cette table.

Valentina : C'est vrai ! Et c'est toi Daryl qui est le modèle de la famille, nous allons de surprise en surprise.

La bouchée a été dure à avaler mais au vu du regard de Daryl je me doute que c'est le genre de pique dont il a l'habitude.

Ayden : Fleur n'est pas là ?

Angel : Non mon garçon elle nous a proposé de fermer l'église pour nous elle nous rejoindra probablement pour le goûter.

Matt : C'est assez inattendu de me dire que j'ai une sœur, malgré qu'elle soit très gentille.

Angel : Quand vous êtes partis les garçons nous allions vous l'annoncer, ta mère était déjà enceinte de quelques mois mais...

Valentina : Vous ne nous avez pas laissé beaucoup de temps. A minuit la nuit de vos 18 ans vous vous êtes sauvés.

Angel : Vous faites quoi dans la vie les garçons ? Vous avez bien réussi au moins ?

Valentina : Je me souviens de mon petit Matt qui dessinait avec une grâce divine.

Matt : Pourtant je ne me suis pas dirigée vers cette voie tout de suite, en premier on s'est d'abord débrouillés avec Daryl pour vivre. Ensuite j'ai rencontré Emilie avec qui j'ai fondé une salle de sport, on en a ouvert une autre et puis j'ai quitté le navire. Je suis parti de Miami pour aller vivre à New York et m'épanouir dans le design avant de revenir pour ma famille. Aujourd'hui je suis toujours dans le marketing mais au sein de l'entreprise qui est celle d'Emilie puisque je lui ai vendu mes parts des années auparavant et elle a fait fructifier ça en une dizaine de complexe sportif haut de gamme, un centre commercial parmi les plus fréquentés des Etats Unis qui sort juste d'une rénovation pour accueillir plus de magasins.

Angel : Mais votre tête m'est légèrement familière, vous n'auriez pas fait une couverture mademoiselle Saez ?

Emilie : Si plusieurs, dont le Forbes pour leurs classement annuel des femmes les plus influentes. Je suis dedans.

Angel : C'est exact je me souviens maintenant !

Valentina : Tu as bien réussi à rebondir après tout ça Matt je suis fière de toi. Vous savez quoi je vais faire une fête ce soir pour ton retour Matt ! Et le tien aussi... Daryl. Myriam voudrez-vous bien m'aider ma chère ? J'aimerais avoir votre bon goût à mes côtés.

Myriam a accepté, avec plaisir, je ne sais pas, je ne crois pas. Tout le long du repas des piques plus ou moins cachés étaient destinés à Daryl tandis que Matt avait sa joie et son admiration. Ça me faisait pitié pour lui, d'ailleurs quand leur mère s'est retiré pour aller préparer sa petite fête avec Myriam j'ai été au salon avec son père pour boire un digestif. Il n'y avait plus que Matt et nous deux. Les enfants étaient chacun dans leurs chambres comme Daryl.

Emilie : J'espère que ma question ne vous paraîtra pas offensante mais j'ai remarqué que Valentina était plus dure avec Daryl que Matt pour dire ça poliment. Je ne veux pas du tout mettre les pieds dans le plat, si vous ne voulez pas répondre je ne m'en formaliserais pas.

Pendant tout le long de ma prise de parole Matt me fit des gros yeux en secouant la tête, voyant que je ne l'écoutais pas il s'était mis à faire un signe de main sous sa gorge comme pour me dire "couper". Inutile de dire que ça me faisait plus rire qu'autre chose.

Angel me tendit mon verre de rhum avant de soupirer et de se mettre à l'aise dans le fauteuil.

Angel : Vous l'avez remarqué ? Je suppose que ça m'a tellement dépassé que j'en suis à un point où je n'y fais même plus attention ou alors j'ai acquis ça comme quelque chose de normal. C'est d'une tristesse et d'un manque de foi qui me semble outrageux.

Matt : T'es pas obligé de répondre papa. C'est un grand garçon Daryl, il a une femme, des enfants, il n'a jamais attendu l'approbation de personne pour faire sa vie.

Angel : Tu es gentil mon garçon mais ton frère sous-estime le pouvoir de l'amour d'une mère. Aujourd'hui par exemple je vois bien que vous faites tout vous deux malgré vos différents pour rester unis ne serait-ce que pour vos enfants mais malheureusement ce n'est que quand ils seront grand que vous vous rendrez compte si vous avez bien fait ou pas. Ça a été ça pour nous. Je ne dis pas que nous n'avons jamais douté, que je ne me suis jamais demandé si nous suivions la volonté du Seigneur mais pour que vous compreniez comment moi je la vois il faut que vous vous imaginiez plus de trente ans en arrière. Ma femme est enceinte jusqu'aux yeux de jumeaux ça ne fait que 6 mois et l'accouchement se déclenche. On savait que ça se ferait un petit peu plus tôt parce que ta mère a toujours été menu et son bassin n'était pas assez grand pour accueillir 2 bébés jusqu'à 8 mois. Notre maison était déjà celle-là et je peux vous dire qu'à l'époque elle était bien plus propre que n'importe lequel des hôpitaux de l'île. Malgré tout Valentina a tenu a accouché à l'hôpital pour que les médecins puissent s'occuper tout de suite des jumeaux afin qu'ils aient au moins une petite chance de survivre. Selon ces calculs c'était déjà mieux qu'un médecin de campagne qui viendrait consulter à la maison pour s'occuper quelques minutes par jour des jumeaux. En tout cas elle m'a dit qu'elle dormirait mieux comme ça, je l'ai cru et puis on ne dit pas non à une femme enceinte.

Matt coula un regard complice sur moi avec un petit sourire en coin avant de reprendre son sérieux et ses sourcils froncés.

Angel : L'accouchement a duré 36h entre le moment des premières contractions et la naissance du dernier bébé à savoir Daryl.

Matt : Hein ? C'est pas moi le dernier ?

Angel : Non mon petit c'est Daryl. Quand vous avez grandi il te l'a fait croire parce que c'était lui qui s'était donné pour mission de te protéger mais je m'en souviendrais toute ma vie de sa naissance parce qu'il était mort. Au bout de 36 heures ta mère était à bout de force, Daryl n'avait plus de pouls sur le moniteur et quand il est sorti il n'a pas crié. Ils étaient si petit... Ils étaient aussi grand que des chatons. Mon doigt était aussi long et large que leur jambe entière. Les médecins étaient pessimistes mais une infirmière a fait une seule chose, la seule chose à faire. Elle a mis les deux bébés dans la couveuse et quand Daryl a senti son frère il a commencé à reprendre des couleurs et une heure après il hurlait dans la couveuse. Je ne vous l'apprendrai pas l'accouchement est un acte qui marque profondément une femme alors imaginez toute votre grossesse quasiment vous vous imaginez 2 bébés, vous accouchez dans la douleur la plus atroce sans péridurale durant 36 heures et à la fin on vous demande de pousser pour un bébé mort ? Ça a cassé quelque chose en elle et puis rapidement elle a pu prendre Matt dans ses bras et lui offrir son amour mais Daryl a eu tous les problèmes de santé possible pour un nourrisson alors il est resté quasiment un an à l'hôpital avant qu'on puisse le ramener. Malheureusement Valentina inconsciemment a créé une différenciation entre les deux garçons. Daryl était sa croix, sa plus grande faiblesse, sa plus grande souffrance alors elle n'a pas établi de lien sain avec lui. Je peux vous dire que même quand ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau elle ne s'est jamais laissé prendre. J'ai essayé au début d'aimer plus Daryl pour compenser mais lui ne faisait qu'attirer l'attention de sa mère pour qu'elle le reconnaisse et elle prenait ça pour un affront. On aurait dit un chat et un chien qui essaye de communiquer.

Matt : Je ne savais pas tout ça...

Angel : Ça n'avait aucune importance que tu le saches avant d'être père tu n'aurais fait que culpabiliser pour une chose qui n'était pas ta faute ou encore pire tu aurais pu en vouloir à ta mère. Maintenant que tu sais ce que c'est d'être parent, que tu as peut-être fait des erreurs tu peux comprendre ce que traverse ta mère.

Matt : Oui bien plus que tu ne le crois... J'ai fait la même chose avec Ellie... J'ai privilégié Mina à Ellie. Inconsciemment parce que ce sont toutes les deux mes filles et je les aime toutes les deux autant mais je n'avais pas le même comportement avec l'une et avec l'autre. J'ai corrigé avec le temps parfois je me demande même si je ne porte pas trop d'attention à Ellie même ! Rit-il nerveusement.

Angel : Elle a une santé fragile Matt, continue de prendre soin d'elle parce que si Dieu la rappelle avant toi tu sais que tu auras fait tout ce qu'il fallait pour que le séjour de ce petit ange soit le meilleur qu'elle n'ait jamais vécu.

Une larme perla au coin des yeux. J'ai beau faire la dure entendre parler de la mort de mes enfants me fait toujours quelque chose, des tremblements, des larmes. Angel et Matt s'en aperçurent vite tandis que j'essayais de me dérober à leurs regards perçants.

Emilie : J'ai bu trop vite, il tabasse le rhum.

Angel rigola alors que je m'excusais pour prendre congé d'eux. J'avais fini mon verre et je savais qu'il fallait qu'ils parlent tous les deux. Après toutes ces années ils devaient bien avoir deux ou trois choses à se dire. A peine avais-je poussé la porte derrière moi que j'entendis la voix d'Angel et ma curiosité fût encore une fois plus forte que tout.

Angel : Je le vois bien qu'il y a quelque chose entre vous pourquoi as-tu divorcé ?

Matt : C'est elle qui l'a demandé en premier je...

Angel : Matt pas de ça avec moi. Emilie a l'air charmante mais c'est toujours l'homme qui a le dernier mot finalement dans un couple. Tu ne me feras pas croire que tu as signé les papiers sans être un minimum consentant, je suppose que tu n'avais pas le couteau sous la gorge.

Matt : C'est vrai tu as raison... Disons que je lui ai fait vivre beaucoup de choses et je ne crois pas qu'elle puisse me pardonner. On a essayé mais ça a été un fiasco total.

Angel : Mon garçon... Même si à un moment cette femme a perdu foi en votre couple elle n'a jamais perdu foi en toi. Ce n'est pas d'un amant parfait qu'elle a besoin c'est de toi, juste toi. Celui avec qui elle a partagé sa couche, celui qui l'a faite rire jusqu'à pleurer, celui qui l'a aimé, qui lui a fait des enfants. Je ne connais pas beaucoup d'ex-femme qui serait venu jusqu'ici pour voir ses ex beaux-parents avec son ex-mari.

J'entendis le rire de Matt puis un soupir.

Matt : Je t'assure que tu ne connais pas beaucoup de femme comme elle tout court. C'est la femme de ma vie je le sais mais je crois que la seule manière de réparer ce que j'ai fait c'est de la laisser tranquille.

Angel : Elle en a besoin ou tu en as besoin ?

Matt : C'est peut-être moi plus qu'elle je ne sais pas. En tout cas j'ai demandé l'annulation du mariage par l'église.

Angel : Oh mon garçon, je n'ai jamais cru en ses sornettes. Comment payer un prêtre 2000 dollars minimum pour envoyer une lettre au Vatican avec inscrit combien de coups de poignards vous avez mis chacun à votre mariage peut l'annuler aux yeux de Dieu ? Pourtant je suis pasteur et j'en fais des annulations de mariage mais il y a tout un processus où je reçois les époux en entretien. J'en ai fait mais je n'y crois pas. Moi j'ai foi en le Seigneur, en Dieu au fait que chaque acte que nous faisons est guidé par notre cœur qui est le plus beau et le plus innocent des cadeaux que Dieu nous ait offert. Il a une destinée pour chacun de nous, s'il t'a laissé t'unir à cette femme c'est qu'il y a une raison. Je ne prétends pas la connaître, je ne suis qu'un messager, un porteur de parole. Mais le fait est que même si tu voulais toujours faire cette annulation de mariage tu es lié à elle. Que ce soit par votre passé, vos enfants, votre carrière et même votre mariage. Vous les jeunes vous prenez le mariage pour de grandes victuailles, où vous pouvez manger et boire à foison tout en écoutant de la musique. Le sens du mariage s'est perdu, ce n'est pas juste un gage de fidélité c'est une alliance pour la vie. Vos anneaux le symbolisent et même sans il est toujours là. Je ne te dis pas ce que tu dois faire fils, mais promets-moi d'y réfléchir. Si tu as les sentiments que je pense et que tu m'as avoué à demi-mots alors ne le fais pas.

Matt : Pourtant ce ne serait une manière de mettre un point final...

Angel : Un point final à quoi fils ?

Matt : A toutes nos souffrances, nos années de galère... La vérité c'est qu'elle a eu une relation qui a beaucoup compté pour elle après moi et j'ai peur de ne pas être à la hauteur. Lui, l'était mais moi je ne me sens plus à la hauteur, j'ai peur.

Imbécile...

Angel : Alors si tu crois ça fils, tu es un sot ! Le mariage personne ne t'a dit que c'était facile, c'est dur, il y a des jours où on n'a pas envie, où on veut juste être seul et profiter mais tels les humains imparfaits que nous sommes, l'impatience et l'aveuglement nous berce petit à petit. On oublie la chance que l'on a d'avoir ses proches autour de soi. Fils tu m'aurais demandé hier si tu me manquais je t'aurais surement dit que je me suis habitué mais demain quand tu partiras c'est comme si je ne voyais plus ma vie sans toi.




A suivre...

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[Si     vous vous accaparez certaines de nos photos, merci de nous demander   la   permission. On bosse dur sur le montage de certaines, respectez   le   travail des autres, vous seriez adorables ! Idem pour des idées     provenant de notre histoire... ❤️]

XOXO ❤️

Myriam & Emilie ❤️

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