23 - Talent VS fourberie
- - - - - PDV Myriam - - - - -
La main posée à plat sur la porte que je viens de refermer, j'y pose également mon front, soupirant lourdement. Ma gorge me gratte et je ne peux réprimer plus longtemps un sanglot. Une larme salée dévale ma joue, je sais que c'est la meilleure décision que nous avions à prendre, mais continuer à avancer sans Mushu qui a toujours été mon pilier, comment vais-je réussir ?
Baptiste : - Hé...
Une main amicale se pose sur mon épaule, les doigts de mon ami se frictionnant sur ma peau. Il n'y a plus rien d'ambiguë entre nous, à force d'avoir mis les points sur les i et le fait d'avoir retrouvé ma mémoire lui a permis de se faire une raison. J'aime Daryl et rien ni personne ne pourra jamais changer cela.
Baptiste : - On va finir par trouver une solution, Mimi. Tu n'as pas décidé de revenir travailler avec moi pour rien, tu le fais par amour pour ton mari, ta sœur a la patte blanche, elle pourra revenir auprès de toi aussi.
Myriam : - En attendant... Elle part, Bapt', et sans Daryl à mes côtés, je ne sais pas comment je vais faire pour remonter la pente, déjà que j'ai des insomnies pas possible... Comment dois-je continuer à vivre normalement dans cette situation ? Putain, j'ai mis des mois à retrouver la mémoire, et quand je reviens, c'est encore plus le bordel dans notre vie !
Baptiste : - De ce que je sais, ça a toujours été le foutoir avec les Saez...
Je pouffe de rire malgré moi. Ces derniers jours, sans Baptiste, je ne sais pas si mes efforts auraient été pareils... Matt tente de garder la tête haute depuis des jours aussi, on croyait tous qu'Em' était partie, j'ai sillonné tout Miami, tous les hôpitaux, et nous avons fini par croire qu'elle s'était fait la malle.
La revoir m'a donné du baume au cœur, mais mon palpitant s'est émietté à la seconde où elle a quitté notre bureau. Je l'ai toujours prise pour modèle, quoi que je faisais quand j'étais petite, c'est à elle que je demandais conseil, elle m'a toujours protégée, et maintenant, c'est moi qui ai son avenir au creux de mes mains. Sans oublier Daryl qui est en train de devenir fou, faisant les cent pas dans sa cellule.
Myriam : - Écoute, il faut qu'on mette les bouchées doubles.
J'essuie nerveusement mes larmes d'un revers de manche, souriant niaisement en jurant entendre la voix de Mushu disant « Mimi cracra » !
Myriam : - Il faut qu'on fasse sortir Daryl. Je pourrais pas continuer sur lui.
Baptiste : - Son casier est vierge, il restera pas en garde à vue longtemps, tu le sais. Viens, terminons d'étudier ça, après, je pense que ça suffira pour ce soir, tu es épuisée.
J'acquiesce, retournant derrière le bureau. Prenant ma tête entre mes mains, j'essaye de rester concentrer sur la page que je suis en train de lire, mais mes larmes me brouillent vite la vue.
Myriam : - J'y arriverai pas, putain...
Furieuse, je serre les poings, tapant sur mes tempes. Baptiste réagit de suite et m'attrape les poignets, m'obligeant à relever la tête vers lui.
Baptiste : - Va le voir. C'est le seul à pouvoir te remonter le moral.
Myriam : - Mais je...
Baptiste : - Vas-y. Ça suffit pour aujourd'hui de toute façon.
Je souffle péniblement, me relevant d'un bond.
Myriam : - Merci...
Baptiste : - Tu me remercieras quand Daryl Ortega sera mis hors de cause. Allez, file.
Je n'attends pas plus longtemps avant de récupérer mon sac et de foncer à ma Lambo. Je démarre sur les chapeaux de roues, fonçant vers le commissariat. Je tente de respecter le code de la route, mais je suis bien trop en manque de mon mari pour me focaliser sur les couleurs des feux rouges. Mon pied s'écrase d'instinct sur l'accélérateur, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, me voilà arrivée devant le poste de police.
Je pénètre rapidement dans le bâtiment, allant trouver l'agent qui est de garde.
Policier : - Madame Ortega, bonsoir. Il est bien tard...
Myriam : - Bonsoir. Je le sais, je viens seulement de partir du travail. Puis-je voir mon mari ?
Policier : - Je suis navré, mais je suis seul ce soir, il n'est pas question que je fasse sortir Monsieur Ortega de sa cellule.
Myriam : - S'il voulait vraiment sortir d'ici, je vous assure qu'il l'aurait déjà fait. Vous allez vraiment m'empêcher de le voir ? Je vous assure que ce n'est pas du tout le moment.
Policier : - Comprenez-moi, je...
Une voix masculine le stoppe dans son élan, d'ailleurs, je reconnais immédiatement cette personne.
Romain : - Bob, que se passe-t-il ? Je vous entends bougonner jusqu'aux cellules, que... Oh, madame Ortega !
Myriam : - Agent Rudis...
Romain : - Daryl n'était pas très coopératif, maintenant je sais pourquoi. Vous n'êtes pas encore venue le voir, n'est-ce pas ?
Myriam : - 24 heures n'est jamais suffisant dans une journée. Mais puisque vous êtes là, vous allez sûrement pouvoir m'aider. Ai-je le droit de voir mon mari ?
Romain : - Vous connaissez les horaires de visite, madame Ortega. Et ils sont largement dépassés.
Myriam : - J'en suis consciente.
Policier : - Et comme je l'ai dit, je suis le seul autorisé à ouvrir la cellule de Monsieur Ortega, mais étant en effectif réduit, je ne peux le faire.
Myriam : - Bon sang, vous allez vraiment mettre une femme enceinte en rogne ?! Je veux simplement lui parler !
Romain : - Je présume que quelques minutes à travers les barreaux n'entravent pas le règlement, Bob, si ?
Policier : - Je ne sais pas si...
Romain : - Je m'en porte garant. Allez-y, Madame Ortega.
Je remercie l'agent Rudis d'un hochement de tête, fusillant le Bob du regard, avant de m'avancer vers le couloir des cellules. Mais des doigts s'enroulent soudainement autour de mon poignet.
Myriam : - Qu'est-ce que vous...
Romain : - Ne nous bernez pas, Myriam. Ce serait une très mauvaise idée.
D'un geste vif, je lui arrache mon bras des mains.
Myriam : - En un claquement de doigts, Daryl serait dehors, et pourtant, il est là depuis des jours. Alors réfléchissez un peu, faites preuve de bon sens.
Je poursuis ma route, arrivant devant les cellules qui contiennent plusieurs types d'hommes. Passant du fumeur d'herbes au voleur de sacs à main. J'ai réussi à négocier une cellule individuelle pour Daryl, je suis beaucoup plus rassurée à l'idée de le savoir seul qu'entouré de gars tous plus étranges les uns que les autres.
Le temps que je rejoigne mon homme, je me fais siffler par les truands qui sont bloqués là depuis des jours.
Type 1 : - Ah, on s'inquiétait de plus te voir, brunette...
Type 2 : - Toujours aussi bandante...
Type 3 : - Viens avec nous, on te fera passer un bon moment...
Quelle bande de porcs, putain. C'est pas possible que des animaux pareils existent, et on s'étonne qu'aucune avocate de la ville ne veuille les défendre ?
Daryl : - Enculez-vous entre vous, bande de connards, n'adressez même pas la parole à MA FEMME !
La voix de mon homme résonne dans ce couloir froid. Mes talons martèlent le sol, jusqu'à ce que je rejoigne finalement les barreaux où Daryl s'est appuyé. Ses mains pendent à l'extérieur de sa cellule, son front étant collé au fer.
Son regard noisette se pose sur moi et un minime sourire ourle ses lèvres. Des traits de fatigue ravagent son beau visage, sa barbe grisonnante ayant légèrement poussée. Malgré son costume noir qu'il porte et cette chemise qui longe ses muscles de rêves, il reste beau comme un Dieu.
Daryl : - Salut trésor...
Je lâche mon sac qui s'écrase au sol, passant mes bras à travers les barreaux, les enroulant autour de sa nuque. Ses mains s'ancrent à ma taille, nos visages se rapprochant l'un de l'autre. Nous arrivons à peine à nous embrasser, les barreaux étant bien trop proches.
Myriam : - Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt, je travaille comme une acharnée...
Daryl : - Je pensais que tu t'étais lassée de moi...
Myriam : - Jamais, bébé, jamais ! Je veux simplement régler tout cela au plus vite, tu nous manques, aux enfants et à moi... Sans oublier ton frère. Nous ne nous sommes jamais retrouvés dans une telle situation, c'est dur pour tout le monde. Il faut que je te fasse sortir de là, avec Baptiste on...
Je m'arrête soudainement, savant pertinemment que Daryl déteste lorsque je mentionne le nom de mon collègue.
Daryl : - Ça va, ne t'en fais pas, tu peux me parler de ton Baptenculé. Visiblement, j'ai pas le choix, et s'il peut t'aider à me faire sortir, j'vote pour. Mais est-ce que tu te ménages au moins ?
Ses mains dévient sur mon ventre, le caressant lentement.
Daryl : - Tu sais que ta santé est fragile lorsque tu es enceinte, alors... Je t'en prie, fais attention, d'accord ?
Myriam : - J'ai juste besoin de toi à mes côtés, Daryl... Et tu sortiras d'ici demain, je pense.
Une flamme semble s'embraser dans les prunelles de mon latino.
Daryl : - Tu as trouvé quelque chose ?!
Myriam : - Ton procès aura quand même lieu, je ne peux le supprimer, il y a beaucoup de charges contre toi. Cette brigade anti-gang est une vraie plaie, sans oublier que cet agent Rudis fourre son nez partout.
Daryl : - Ouais, il vient constamment me poser des questions sur mon organisation. Putain, tout est clean, même si on sait tous les deux que je fais usage de certaines armes pour me faire respecter...
Myriam : - Mais tu as un permis pour ça, tu respectes la loi. En revanche, c'est... cette histoire d'exécution. T'as pas à porter le chapeau pour...
Son index se pose tout à coup sur mes lèvres. Il caresse délicatement ma bouche, me fixant de ses belles prunelles.
Daryl : - C'était mon arme, point barre. Mes antécédents ont fait le reste. Ce que je ne t'ai jamais dit, c'est que cet agent Rudis, je l'avais déjà vu. Il avait déjà essayé de me foutre derrière les barreaux. Le fait qu'Emilie ait foncé tête baissée ne nous a pas facilité les choses, c'est sûr, et je lui en veux pas. On est une famille, faut qu'on reste soudés.
Je baisse le regard, il est bien le seul qui garde la tête haute comme tel. Même Anya est en rogne contre ma sœur !
Myriam : - En parlant d'Em'...
Daryl : - Qu'est-ce qu'il y a ?
Myriam : - Elle est venue me voir au cabinet.
Daryl : - Quoi ?! Sérieux ?! Mais elle était où pendant tout ce temps ?!
Myriam : - Ils l'ont foutue dans un hôpital psychiatrique, non mais t'imagine ?! J'aurais pu la chercher encore longtemps !
Daryl : - Putain... Attends... Je présume que c'est pas de la tarte de sortir d'un endroit pareil ! Comment elle fait ?!
Myriam : - On en a pas vraiment discuté plus que ça... Je... Matt l'a emmenée dans un endroit où elle pouvait se cacher. Il ne faut pas qu'elle reste là, des flics étaient chargés de sa sécurité au sein de l'hosto, donc... Ils vont vite s'apercevoir qu'elle n'est plus là.
Daryl : - Et elle est allée où ?
Myriam : - J'ai demandé à ne pas savoir. Daryl, j'en peux plus... Ma sœur est obligée de quitter notre famille, toi tu es ici... Je vais finir par devenir complètement dingue...
Ma voix se casse dans un sanglot. Les larges mains de mon homme viennent englober mon visage, m'obligeant à relever les yeux vers lui.
Daryl : - Hé, trésor, tout va finir par s'arranger ! Tu es la meilleure dans ton domaine, d'accord ? Les enfants sont là pour t'épauler, et n'oublie pas Matt non plus.
Myriam : - Matt n'a pas les idées claires, il passe ses soirées dans la cave à vin. Mina gère ses frères et sœurs, Anya reste accrochée à moi, et les jumeaux... J'ai l'impression d'avoir des miniatures de toi, à chaque fois que je les regarde je te vois toi, et tu me manques tellement... Je retrouve la mémoire et voilà que nous sommes séparés !
Daryl : - J'ai une avocate en or. D'après elle, je sors demain.
Il arrive finalement à m'arracher un sourire, et je réprime mes larmes. J'essuie les trainées d'eau sur mes joues, profitant des minimes caresses de mon homme.
Myriam : - Demain, tu dors à la maison, je t'en fais la promesse.
Daryl hoche la tête, me volant un autre baiser. Nos langues se retrouvent, et malgré les barreaux de fer qui nous séparent, la température augmente dangereusement. Mais avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, la voix du policier de garde résonne dans le couloir.
Policier : - Fin des visites !
* * * * *
J'ai eu du mal à me séparer de Daryl. Mais il était inutile de faire une histoire en plein commissariat, il manquerait plus que je me fasse enfermer à mon tour !
Cela fait bientôt une heure que je suis dans la voiture négligemment garée dans notre cour. J'aperçois les hommes de mon mari qui vérifient par moment que je suis toujours là, ils doivent me prendre pour une demeurée !
Hitz est là, son van est devant la maison, je suppose que Mina est en compagnie de son amoureux et qu'il n'y avait personne d'autre pour garder les enfants. Mais cette maison, sans Emilie et Daryl, tout me parait vide. Même si ma tornade détruit tout sur son passage, les verres ont d'ailleurs pris cher dernièrement.
Ewan est devenu incontrôlable, il se bat souvent avec Liam qui est devenu une vraie bête à la boxe. Anya hurle pendant ces moments, ayant peur que ses grands frères ne se fassent du mal. Je suis tellement épuisée par mes journées que je n'ai plus la force de leur crier dessus, normalement, c'était le « rôle » de leur père, ça. En élevant seulement la voix, il remettait de l'ordre dans la maison !
Je donne un dernier coup sur le volant, essuyant mes larmes, avant de m'extraire de l'habitacle. D'un pas nonchalant, je rejoins le pas de la porte. A peine la porte poussée que j'entends le cri de ma petite grenouille.
Anya : - C'EST MAMAN !!!
Je la vois débouler du salon, courant dans mes jambes. Elle enlace mes cuisses, riant aux éclats.
Anya : - Tu m'as trop manqué !!!
Sa bonne humeur est contagieuse et je ne peux m'empêcher de sourire. Je dépose mes affaires, me penchant pour l'attraper dans mes bras. Je lui dépose un baiser sur le bout du nez, lui provoquant un fou rire.
Anya : - Arrête, ça chatouille !
Myriam : - Toi aussi tu m'as manqué, ma puce. Tout va bien ici ?
Anya : - Voui. Papy Hitz m'a mis un film mais il s'est endormi ! Liam lit un livre, Ewan était en bas avec les machines de sport de tonton, Ellie dort, Ayden je ne sais pas, il s'est enfermé dans sa chambre. Et Mina est sortie avec son chéri !
Myriam : - Et je peux savoir pourquoi tu n'es pas encore au lit ?
Anya : - Je voulais pas dormir sans te voir. Tu es partie pendant des mois, alors... Maintenant, je veux faire dodo quand tu es à la maison !
Elle niche son visage au creux de mon cou et mes bras la serrent un peu plus fort contre moi. C'est comme si je ressentais sa douleur, je sais que c'était dur pour elle que je ne me souvienne de personne. Je m'en veux encore par moment, d'ailleurs.
Myriam : - Je vais aller te coucher alors. Tu t'es brossé les dents ?
Anya : - Pas encore...
Myriam : - Alors file, je te rejoins.
Je la repose au sol, ma petite fusée courant jusqu'aux escaliers. Hitz sort à cet instant du salon, les yeux légèrement plissés.
Myriam : - Ouh, le réveil est dur, hein ?
Hitz : - Je savais pas que le Roi Lion était si soporifique...
Myriam : - Hé, tu critiques pas ce dessin-animé !
Hitz : - Je parle pas du dessin animé, mais du film.
Myriam : - Nooooon, ils ont fait un film ?!
Hitz : - Oui, comme Dumbo et Le Livre de la Jungle. Anya est vraiment ta fille, elle adore tous ces trucs.
Myriam : - Bordel, j'ai du retard à rattraper !
Hitz : - Je m'en doutais...
Je lui dédie un immense sourire, alors qu'il vient me prendre dans ses bras. Son étreinte est étrangement chaleureuse, que je lui rends quand même.
Myriam : - Le grand Hitz affectif ? Bien des choses ont changé, dis donc...
Hitz : - Comme si je te faisais jamais de câlins !
Myriam : - Quand j'étais petite, je ne dis pas... Mais ça fait un bail.
Il dépose un baiser sur le sommet de mon front, se reculant légèrement.
Hitz : - Tu as l'air épuisée... D'où tu viens comme ça ?
Myriam : - Je suis allée voir Daryl.
Hitz : - Il tient le coup ?
Je me contente de hocher la tête.
Myriam : - Ça ira sûrement mieux demain.
Hitz : - Pour quelles raisons ?
Myriam : - Le casier judiciaire de Daryl est vierge, les flics ne peuvent pas le retenir encore longtemps. Ça fait des jours, donc là, ils ont pas le choix, face à Maître Ortega !
Hitz : - C'est une très bonne nouvelle !
Liam : - Papa va rentrer ?
Hitz s'écarte de mon champ de vision, laissant apparaitre Liam qui s'est adossé au mur près de l'escalier.
Myriam : - Liam...
Liam : - Réponds-moi. Il va rentrer ?
Myriam : - Oui, normalement. J'ai travaillé toute la journée sur ça, mais demain, il revient.
Mon fils me regarde, les sourcils froncés. Ainsi comme ça, j'ai l'impression d'avoir un petit Daryl en face de moi ! Les enfants ont grandi, même si durant ces mois où mon cerveau était en stand-by je les avais devant les yeux, je n'avais pas le souvenir qu'un jour, je les avais tous au creux de mes bras.
Liam : - C'est vrai ou est-ce encore un mensonge ?
Myriam : - Pourquoi je te mentirai, Liam ? Tu sais que ton père me manque...
Au lieu de me répondre, il s'avance vers moi, venant enrouler ses bras autour de ma taille.
Liam : - J'ai hâte d'être à demain alors !
J'embrasse le haut de son crâne, lui rendant son étreinte. Puis mon regard se pose sur Ewan qui nous rejoint, aussi pâle qu'un linge.
Ewan : - Tu sais que la traitresse est partie ?
Je hausse les sourcils, étonnée de son ton glacial.
Myriam : - Ewan, tu...
Ewan : - Non, je veux pas que tu défendes tante Em'. C'est à cause d'elle que notre famille va mal. Anya pleure tous les soirs, toi tu es au travail et tu rentres super tard. Alors que tu as retrouvé tes souvenirs, j'ai l'impression que tu es encore plus loin de nous !
Myriam : - Arrête tout de suite, personne n'est responsable de ce qu'il se passe. Ce sont des histoires d'adultes, tu n'as pas à...
Ewan : - Je n'ai pas à quoi, HEIN ?! PAPA RISQUE D'ALLER EN PRISON, ET TOI TU N'ES MEME PAS A LA MAISON AVEC NOUS !
Myriam : - Ne me crie pas dessus, Ewan, ça suffit.
Ewan : - PAPA A PRIS TA PLACE QUAND TU ÉTAIS SOUFFRANTE, POURQUOI TU NE FAIS PAS PAREIL ?!
Myriam : - Je fais tout mon possible pour faire sortir ton père de là où il est.
Ewan : - C'EST PAS SUFFISANT !
Hitz : - On baisse d'un ton, jeune homme.
Ewan : - NE T'EN MELE PAS, PAPY !
Anya : - Pourquoi vous criez ?
Ma petite grenouille se tient à côté de son frère, se frottant un œil.
Myriam : - Ma chérie, remonte.
Ewan : - Si elle se couche sans toi, elle va encore pleurer, et j'en ai MARRE DE JOUER LE ROLE DE PAPA !
Myriam : - Ewan, je t'ai demandé d'arrêter !
Ewan : - Tu es comme tante Em', putain, tu penses même pas à ta famille ! Tu fonces tête baissée, tu bosses toute la journée, et nous, on te voit même pas !
Anya : - Ewan... Crie pas sur maman.
Ewan : - Tais-toi, Anya, je te parle pas à toi !
Myriam : - Ne t'en prends pas à ta sœur !
Ewan : - MAIS Y'A PLUS RIEN QUI VA DANS CETTE MAISON !
Liam : - Stop.
Ewan : - T'Y METS PAS NON PLUS !
Mes deux fils se mettent face à face, leur visage étant à quelques millimètres l'un de l'autre.
Myriam : - Les garçons, calmez-vous !
Liam : - Ne t'en prends pas à maman. Elle est de retour que depuis quelques jours, t'as pas le droit de l'engueuler !
Ewan : - Justement, elle est de retour, mais j'ai pas l'impression qu'elle est avec nous !
Anya : - Arrêtez...
La petite se met soudainement à pleurer, alors que les fronts des jumeaux se touchent, leurs poings se serrant.
Liam : - Tu fais pleurer notre sœur. T'es content ?
Ewan : - J'y peux rien si c'est une pleurnicheuse, elle a besoin de papa, et on peut pas le remplacer !
Anya : - T'es méchaaaaaaaant !
Je suis totalement perdue. Même les enfants se détruisent entre eux, alors qu'ils devraient se soutenir.
Myriam : - On va discuter calmement, d'accord ?
Ewan : - J'suis pas doué pour parler. Sauf en bagarre.
Liam : - Je suis ton homme !
Sans que je ne puisse les arrêter, Ewan frappe son frère en plein visage. Liam réplique bien évidemment, les deux se décochant des poings hallucinants.
Myriam : - STOP, ARRETEZ !
Hitz : - LES GARÇONS !
Ewan : - J'vais t'arracher les yeux !
Liam : - J'gagne tous mes combats, t'as aucune chance, espèce de connard !
J'émets un pas en leur direction, mais Hitz me retient par la taille.
Hitz : - T'es pas en état, Mimi, ils sont incontrôlables. N'oublie pas qu'ils ont du sang d'Ortega !
Myriam : - Je peux pas les laisser comme ça, ils vont se faire mal !
Liam et Ewan continuent de se battre, cassant plusieurs vases sur leur passage. Anya me court dans les jambes, trempant ma jupe.
Ayden : - Eh, mais vous foutez quoi ?!
Je n'ai même pas vu mon neveu descendre l'escalier, bien trop focalisée sur mes fils.
Ayden : - Stop, arrêtez !
Ayden s'interpose entre les deux, les poussant chacun du plat de la main.
Ayden : - Qu'est-ce qui vous prend, sérieux ?! Vous êtes des frères !
Ewan : - J'ai plus l'impression d'être quoi que ce soit pour quiconque !
Ayden : - T'es vraiment trop con !
Liam semble s'être calmé, restant à distance. Ewan, en revanche, est une vraie boule de nerfs.
Ewan : - Vous êtes tous des crétins ! Tante Em' a foutu la merde, et c'est nous qui prenons tout dans la gueule !
Ayden : - Ne parle pas de maman comme ça !
Ewan : - Et comment veux-tu que j'en parle ?! A cause d'elle, notre père va aller en prison, et votre père est devenu un vrai poivrot !
Ayden : - Arrête, il boit peut-être, mais lui au moins, il reste proche de nous, et inversement ! Tu devrais soutenir tante Zazou, elle est revenue !
Ewan : - SAUF QUE J'AI PLUS L'IMPRESSION D'AVOIR UNE FAMILLE ! JE VOUS DÉTESTE TOUS !!!
Sans que je ne puisse le rattraper, il fonce vers la porte d'entrée, sortant en trombe.
Hitz : - Rattrape-le. Il a le tempérament de Daryl, t'es la seule à pouvoir le raisonner !
Je n'en suis pas aussi sûre que lui, mais je refuse de laisser Ewan filer je ne sais où ! Hitz récupère Anya alors que je fais volte-face, courant sur les pas de mon fils. Lorsque j'arrive à l'extérieur, il a presque déjà atteint la route.
Myriam : - Ewan ! Reviens !
Ewan : - LAISSE-MOI !
Les gars de Daryl essayent de lui barrer le passage, mais telle une anguille, il se faufile entre les jambes des hommes, leur filant entre les doigts.
Myriam : - Arrête !
Je continue de courir, le cœur battant. Mais ce dernier cesse complètement de battre lorsque je vois cette voiture arriver, mon fils en plein milieu de la route.
Myriam : - EWAN, STOP !
Mais il est trop tard. Le chauffeur freine du mieux qu'il peut, mais ce bruit de percussion résonne dans mes oreilles comme une mélodie morbide. Ewan roule un peu plus loin sur le macadam, ne bougeant plus.
Myriam : - EWAN !!!
* * * * *
Dr Sheffield : - Alors, mon p'tit gars, ton plâtre te plait ?
Ewan : - Ouais, il est cool ! Merci, Will !
Dr Sheffield : - Tout le plaisir est pour moi !
Mon fils tape son poing dans celui que lui tend son médecin. Le docteur Sheffield est très compétent, je sais que c'est lui qui avait soigné Liam lorsqu'il s'était fait amoché sur le ring, avec quelques points de suture, mon petit garçon était comme neuf. De plus, William Sheffield n'était pas désagréable à regarder : cheveux blonds platine dont quelques mèches lui tombent sur les yeux, un sourire enjôleur, une barbe naissante parfaitement entretenue, et des yeux bleu-vert qui pourraient noyer bon nombre de femmes !
Heureusement, Ewan n'a rien de grave. Enfin, façon de parler. Il s'est cassé le bras, mais mis à part quelques hématomes, il va bien. J'étais en panique lorsque je suis arrivée aux urgences avec les gars de Daryl, je ne m'en serais jamais remise s'il était arrivé quelque chose à mon fils !
Dr Sheffield : - Madame Ortega, je peux vous parler ?
J'acquiesce, souriant à Ewan qui vient de laisser sa tête retomber sur l'oreiller. Liam et Ayden restent à bonne distance, alors qu'Anya et Ellie se hissent au pied du lit. Hitz observent les enfants, avant de me faire signe de la tête.
Je suis le médecin hors de la chambre où l'on a placé Ewan, restant attentive.
Myriam : - Est-ce qu'il y a un problème, docteur Sheffield ?
Dr Sheffield : - Non, ne vous en faites pas. L'humérus d'Ewan sera entièrement reconsolidé d'ici 3 mois. Il n'y aura pas de séquelles. Il a néanmoins eu de la chance. Le choc était puissant, mais il a un bon entretien de son corps.
Myriam : - Mon mari est à cheval sur la musculation, alors nos jumeaux veulent à tout prix ressembler à leur papa...
Dr Sheffield : - Dans ce cas, vous pourrez dire à votre mari qu'il a fait du bon travail. Nous allons simplement garder votre fils en observation pour cette nuit, il pourra rentrer dès demain, je prépare d'ores et déjà les papiers de sortie. C'est simplement pour avoir un œil sur lui afin de voir qu'il supporte correctement les médicaments qu'on lui administre.
Myriam : - Puis-je rester à ses côtés ?
Dr Sheffield : - Bien entendu. Mais il a besoin de repos, donc... Non pas que je ne veuille pas que ses frères et sœurs viennent, mais il a besoin de calme.
Myriam : - Il est l'heure pour tout le monde d'aller se coucher de toute façon, je pense.
Dr Sheffield : - Je n'en doute pas. Je vous revois demain, Madame Ortega.
Je serre la main qu'il me tend, le remerciant encore une fois. Il s'éloigne dans le couloir, saluant d'autres de ses collègues. Je retourne dans la chambre, m'avançant vers le lit.
Myriam : - Les enfants, vous devriez rentrer. Je vais rester avec Ewan.
Anya : - Oh nion... Je veux ma maman...
Myriam : - Papy Hitz restera avec vous, je vous autorise à faire plateau-télé avec des pop-corn devant le film de votre choix. Ça vous va ?
Anya et Ellie : - Ouaiiiiis !
Liam et Ayden acquiescent en silence, alors qu'Ewan fronce les sourcils, bougonnant. Hitz embrasse mon front, me faisant promettre de l'appeler au moindre souci. Une fois toute notre tribu de sortie, je m'assieds au bord du lit, posant ma main sur celle de mon fils qui semble fuir mon regard.
Myriam : - Tu as mal ?
Ewan : - Non.
Myriam : - Est-ce que tu veux que je te ramène quelque chose de la cafétéria ?
Ewan : - Non.
Je soupire lourdement. Je suis sur le point de me lever, lorsqu'Ewan tire sur la manche de mon chemisier.
Ewan : - Attends, 'man. Je suis désolé.
Je me retourne vers lui, intriguée.
Myriam : - Pourquoi est-ce que tu t'excuses ? C'est moi qui devrais être désolée, si je ne t'avais pas crié dessus, tu n'aurais pas traversé cette route.
Ewan : - Non, c'est de ma faute. S'il y a une personne sur qui je devrais crier, c'est tante Mushu. Toi, tu es enfin de retour, et tout ce que je fais, c'est t'engueuler. Alors que tu dois aussi souffrir du manque de papa, mais c'est juste que... Tu sais que c'est mon modèle, et quand il est pas là, j'ai l'impression qu'il manque quelque chose. Quand vous nous avez annoncé que tu revenais à la maison, j'étais tellement content, on allait enfin retrouver la vie que l'on avait avant que tu aies cet accident. Et finalement... C'est presque pire... Qu'est-ce qu'on va faire si papa reste en prison ?
Je vois une larme qui roule sur sa petite joue. Émue, j'essuie la perle d'eau de mon pouce, avant d'englober son visage de mes mains.
Myriam : - Papa sera de retour demain, d'accord ?
Ewan : - Tu me le promets ?
Myriam : - Promis, mon amour.
De son bras libre, Ewan l'enroule autour de ma nuque pour m'attirer à lui. Nous restons ainsi plusieurs minutes, jusqu'à ce que la porte de la chambre s'ouvre à la volée, dévoilant un Matt complètement affolé.
Matt : - Putain, il va bien !
Ewan : - Bien sûr, tonton ! Je suis fort, je suis un Ortega !
Matt : - J'en doute pas, p'tit gars.
Mon beau-frère s'avance vers nous, ébouriffant la crinière d'Ewan qui rouspète dans sa barbe inexistante.
Matt : - Tu m'as foutu la trouille avec ton message à demi écrit, Mimi. « J'emmène Ewan à l'hôpital, c'est peut-être grave », bordel, j'ai fait du 150 km/h dans toute la ville, les petites mamies que j'ai pas laissé traverser doivent encore râler !
J'esquisse un sourire, croisant son regard noisette. Une question me brûle les lèvres, mais je ne veux pas lui poser devant mon fils.
Myriam : - Matt, tu veux bien m'accompagner chercher un chocolat chaud à la cafet' ?
Matt : - Bien sûr !
Myriam : - On peut te laisser seul quelques instants, mon chéri ?
Ewan : - Si tu me donnes la télécommande, oui ! Sur une chaine spéciale, il y a Grey's Anatomy qui va commencer !
Matt : - Naaaan, tu regardes ce truc de gonzesses ?!
Ewan : - Je zappe quand y'a des histoires d'amour, mais j'adore voir les interventions ! Tu sais que j'ai choisi mon futur métier, tonton ? J'veux être médecin pour pouvoir aider les autres !
Matt : - Un métier honorable, mon pote, très bon choix !
Les deux se font un clin d'œil, pendant que j'allume la télé. Je laisse la télécommande à mon bébé, avant de sortir dans le couloir en compagnie de Matt.
Matt : - Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ?!
Myriam : - On s'est disputé... Il est parti en vrille avec son frère, c'est ton fils qui les a séparés. Ewan s'est enfuit hors de la maison et n'a pas vu la voiture qui arrivait sur la route. Le chauffeur a freiné, je l'ai vu, mais c'était trop tard. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie, Matt...
Matt : - Mais heureusement, il va bien.
Myriam : - Oui. Finalement, notre vie entière n'est pas forcément un chaos complet...
Je soupire, croisant le regard du motard alors que nous arrivons devant la cafétéria.
Myriam : - Elle est arrivée à bon port ?
Matt se contente de hocher la tête en silence, commandant un café pour lui et une boisson chocolatée pour moi. Une fois que nous nous sommes faits servir, nous nous installons à une table, ne nous lâchant pas du regard.
Matt : - J'ai quitté ta sœur. Définitivement.
Myriam : - Je m'en doutais un peu... Je t'ai vu ces derniers jours, on ne va pas dire que c'était très glorieux. Même les enfants ont remarqué que tu passais plus de temps dans la cave à vins que dans une autre pièce de la maison.
Matt : - J'essayais de faire face à ma façon. La seule chose que m'a appris Em' durant toutes ces années, c'est qu'on peut noyer son chagrin dans l'alcool. D'ailleurs, je lui ai filé les meilleures bouteilles de la réserve, je suis sûr qu'à l'heure actuelle, elle doit être en train de les enfiler comme si c'était de la simple bière.
Je souris en imaginant ma sœur barboter dans son vomi.
Myriam : - Ça correspond tout à fait à Mushu, en effet.
Matt : - Ouais... Puis faut dire que je lui ai pas dit des choses qui l'empêcheront de boire.
Myriam : - Tu l'as pas épargnée, je présume...
Matt : - Tu plaisantes ? Bien sûr que non ! Elle a survécu à un tragique accident, à un putain de cancer, et elle fait la conne en voulant aller sauver son ex en solo, alors que je l'avais accompagnée en Suisse ! Si ça avait été Daryl et toi, vous seriez allés botter le cul de ce Jonathan tous les deux, flingues à la main ! Mais non, Mademoiselle Emilie a voulu tout faire à sa manière, sans penser aux conséquences ! A cause d'elle, notre famille est en train de se déchirer et mon frangin est en prison, putain !
Myriam : - Pour Daryl, j'en fais mon affaire, je le sortirai. Son casier est vide, la police ne peut pas le garder enfermé jusqu'au procès. Demain, je le ramène à la maison.
Matt : - T'es sûre de ça ? Tu bosses depuis des jours sur son dossier...
Myriam : - Fais-moi confiance. Baptiste m'a aidée, on a tout mis en forme, demain, Daryl rentre chez nous.
Matt : - Tu vois... C'est ça qui manque à Emilie. Elle pourrait tellement demander de l'aide à son entourage, que ce soit à toi, à moi, à mon frère... Mina aussi, elle a bien grandi. Mais non, toujours faire cavalière seule, putain... Ça me rend ouf ! C'est pour ça que je lui ai balancé toutes ces horreurs à la gueule, et si je regrette ? J'en sais rien, tu vois, j'serai prêt à tout pour elle, mais j'vois que c'est pas réciproque.
Myriam : - Ne dis pas ça ! C'est juste qu'elle a l'habitude de toujours se débrouiller toute seule... Regarde, quand Mina avait été enlevée, nous sommes allées sur le terrain toutes les deux, sans vous en parler.
Matt : - Nan, justement, elle m'en avait parlé. Je suis arrivé à la baraque de Lana et ce fumier parce qu'elle m'avait envoyé les coordonnées de votre position. Là, j'avais l'impression d'avoir ma femme, nous étions un vrai couple soudé. Mais tu vois, au jour d'aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est devenue une tout autre femme. Est-ce que tu te rends compte qu'elle aurait pu crever dans ce puit avec son ex, si t'avais pas été là, on l'aurait jamais retrouvée ! Et elle, elle était dans ses bras à lui, elle l'a embrassé, pendant que j'étais comme un con à tourner en rond à l'hôtel, ne savant pas où elle était !
Myriam : - Comment tu sais tout ça ? Même moi je n'en savais pas autant...
Matt : - Quand les secours sont arrivés, c'est Emilie qui m'a soufflé qu'elle était désolée. Et si cet Arthur à la con était pas si amoché, je lui aurait refait le portrait. Putain, j'fais pas le poids face à un mec qui était là dans la période la plus sombre de la vie d'Em' ! J'ai carrément balancé à ta sœur que j'avais aimé la tromper avec Jade, parce qu'elle au moins, elle prenait soin de moi, elle me montrait que je comptais pour elle.
Myriam : - Ouais, là t'as peut-être fait fort... Mais t'es un Ortega, quand t'es en colère, il est difficile de calmer ta fureur. Par contre, t'as joué au con. T'as jamais pensé que tout ce que tu lui as dit, ça pouvait être impulsif, mais totalement différent de ce que tu penses ?
Matt : - Non, Myriam, je suis sûr de moi. Je peux plus m'en faire à chaque seconde de la journée en me demandant où se trouve ma femme.
Il marque soudainement un arrêt, me lançant un regard en biais.
Matt : - Tu vois, encore une différence entre elle et toi. A l'entente du mot « femme », Emilie aurait rajouté un « ex », putain, comme si je savais pas qu'on a divorcé !
Ne trouvant rien à dire, je plonge mon nez dans mon chocolat chaud, observant la fumée s'en dégager.
Matt : - Tu sais... J'ai un truc à t'annoncer.
Myriam : - Quoi ? T'es enceinte ?
Passant nerveusement sa main dans sa tignasse brune, il esquisse un sourire. Ses prunelles noisette fuient totalement les miennes, regardant à droite et à gauche.
Myriam : - Visiblement, ça a l'air important. Qu'est-ce qu'il y a ?
Matt : - Je... Quand le procès de Daryl sera passé... Et que... Qu'il sera relâché, parce que je sais que ce sera le cas... Je partirai.
Fronçant les sourcils, je me penche sur la table, attrapant son menton pour l'obliger à me regarder.
Myriam : - Comment ça ? Pour aller où ?
Matt : - Je partirai avec les enfants, Myriam. Je pense que je retournerai à New York, là où tout a commencé.
Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.
Myriam : - Matt... Toute notre vie est ici. Les enfants sont nés là, on...
Matt : - Ouais, je sais. Mais je viens de New York, et même si je retournerai jamais à Carter Corp, la vie là-bas me manque.
Myriam : - Tu peux pas faire ça. Tu crois qu'Emilie sera d'accord ?!
Matt : - Elle n'aura pas son mot à dire. Je pense qu'elle a assez foutu la merde.
Myriam : - Est-ce que tu t'entends parler, Matt ?!
Matt : - Myriam, je pense à ma famille. Ouais, à un moment donné, j'ai totalement lâché prise et je m'en voudrais éternellement pour ça. Mais là, Em' a déconné, et si je garde pas la tête haute pour nos gamins, comment on est censés s'en sortir ? Mina a peut-être l'âge de comprendre, mais elle m'aidera à veiller sur son frère et sa sœur.
Myriam : - Et laisser son copain ici ? Dans tes rêves, Matt, elle est attachée à Aaron.
Matt : - Elle trouvera un autre mec à New York, elle a le charme ravageur de sa mère, je ne m'en fais pas pour ça.
Myriam : - Hé, ce n'est pas aussi simple. Elle est amoureuse. Elle refusera de te suivre.
Matt : - Je suis son père, elle a pas le choix !
Myriam : - Elle ne renoncera pas à celui qui lui a fait découvrir le se...
Je m'arrête brusquement, soudainement dévisagée furieusement par Matt.
Matt : - Lui faire découvrir le quoi, Myriam ?
Myriam : - Hum, le sentiment d'aimer ?
Matt : - C'est quoi ces conneries ?! C'est pas ce mot que tu voulais dire !
Myriam : - Si, je t'assure.
Matt : - Nan ! Tu me caches quoi ?
Myriam : - Eh, rien. C'est ta fille, hein, pas la mienne.
Matt : - Ouais, mais t'es sa marraine, alors tu dois savoir des choses que j'ignore.
Myriam : - Pas du tout, je...
Il se lève tout à coup, venant se planter devant moi. Il se penche en avant, posant un bras sur le dossier de ma chaise et sur le plat de la table, me toisant de sa hauteur.
Matt : - Qu'est-ce que ma fille a fait, Myriam ?
Je ne réponds rien, le défiant du regard.
Matt : - Je vais devoir user de mes flingues, c'est ça ? Ce petit branleur a souillé ma princesse ?
Myriam : - Matt !
Matt : - Ah ah ! C'est ça, hein ? C'est « sexe » que tu voulais dire ?
Myriam : - Arrête de crier. Tu fais peur à mon petit bébé. Et à moi aussi. Tu sais que je n'aime pas quand tu hausses le ton avec moi.
Matt : - La passe du Matt complètement taré et violent, c'est de l'histoire ancienne. Je lèverai plus la main sur toi, tu le sais.
Il caresse ma joue de bout de son pouce, ses yeux devenant soudainement larmoyants.
Myriam : - Quoi ?
Matt : - J'aimerai retrouver ma Emilie d'avant... Celle qui paraissait douce de l'extérieur, mais en réalité, qui était une vraie tigresse à l'intérieur. Certes, prête à tout pour protéger sa sœur, coûte que coûte, mais qui faisait confiance à l'homme qui partageait son lit. Je veux retrouver la femme qui me faisait confiance, qui s'occupait de ses enfants comme la prunelle de ses yeux.
Myriam : - Je t'arrête immédiatement, Matt, Mushu a toujours fait passer notre famille avant tout le reste, elle...
Matt : - Elle n'a pas pensé une seule fois à nous en se jetant dans la gueule du loup. Jonathan a réussi à bazarder votre voiture dans un fossé, vous étiez toutes les deux dans un état critique. Tu crois que c'était intelligent de partir sans moi ?
Myriam : - Em' a toujours été comme ça... Je pense plutôt qu'elle s'inquiétait pour toi. Vous vous apprêtiez à libérer un de ses ex, donc... Elle voulait peut-être pas te faire mal. Elle t'aime comme une folle, Matt, tu le sais.
Matt : - Ce n'est pas ce qu'elle m'a montré. Tu vois, la différence entre ta sœur et moi, c'est que si j'avais été à sa place, enfermé avec Lana par exemple que j'avais aussi aimé à une époque, jamais je ne l'aurais laissée m'embrasser. Emilie, elle, s'en fichait complètement.
Myriam : - Elle pensait que ses dernières heures avaient sonné...
Matt : - Peut-être, mais ce n'était pas une raison.
Je finis par hausser les épaules, voyant très bien que cette discussion tourne en rond.
Myriam : - Elle a fait une connerie, oui, mais c'est Emilie. Elle a toujours été comme ça. Elle fait passer la vie des gens qu'elle aime avant la sienne.
Matt : - Faudra vraiment que tu me dises comment tu arrives à faire constamment preuve d'une douceur incomparable. Même les jumeaux sont en rogne contre leur tante parce qu'elle leur a enlevé leur père, et toi pourtant, tu gardes la tête haute. Tu devrais la haïr aussi, et pourtant, tu continues de l'aider.
Myriam : - Parce qu'elle est tout, Matt. Elle m'a tant donné lorsque nous étions sous l'aile du Fauve que je me sens redevable envers elle. Et même si elle tuait des hommes à la pelle, je continuerai de lui vouer un amour inconditionnel, parce qu'elle est ma grande sœur. Celle qui m'a toujours soutenue, même si par moment, on se dispute tellement qu'on pourrait s'arracher mutuellement nos cheveux.
Matt : - Pas faux. Vous êtes autant fusionnelles qu'explosives.
Je hoche la tête pour acquiescer. Matt finit par m'embrasser le front, avant de se redresser.
Matt : - Je vais te laisser, j'ai deux mots à dire à Mina. Et Hitz n'a pas à rester toutes la nuit avec les enfants.
Myriam : - Tu veux que je vienne ? Ewan est sous bonne garde ici. Les hommes de Daryl ne sont pas loin.
Matt : - Reste avec lui. Malgré son caractère explosif, il a besoin de sa mère. Les enfants sont contents de te retrouver, alors profites-en, d'accord ?
Myriam : - Mais tu es sûr que...
Matt : - Je pense pouvoir gérer pendant une nuit. On se voit demain, d'accord ?
Myriam : - Oui.
Il me salue une dernière fois, avant de me laisser. Je termine ma boisson, avant de retourner dans la chambre d'Ewan quelques minutes plus tard. Monsieur somnole déjà devant l'épisode de sa série favorite.
Myriam : - Eh bien, mon grand... Si tu t'endors, tu ne vas plus rien comprendre aux épisodes de la semaine prochaine...
Ewan : - Ils arrêtent pas de se faire des bisous. Je m'en fous, c'est dégueulasse ça. Moi je veux voir des opérations à cœur ouvert, des plaies qui se font recoudre...
Myriam : - C'est tout à fait logique, c'est vrai...
Je me laisse tomber dans le fauteuil à côté de son lit, posant une main sur le matelas qu'il attrape aussitôt.
Ewan : - Je t'aime, maman.
Myriam : - Moi aussi, mon petit cœur.
Je dépose un baiser sur sa joue, voyant qu'il sombre déjà dans les bras de Morphée. Le bip de mon téléphone attire soudainement mon attention. Je découvre un message de Baptiste qui me certifie que Daryl pourra sortir. Je retrouve instantanément mon sourire, lui envoyant ma réponse : « Merci pour tout, Bapt', je suis heureuse que tu m'apportes ton soutien. Une fois que Daryl sera de retour auprès de sa famille, il va falloir que l'on trouve un plan pour que Servanne passe aux aveux. C'est la seule façon de rendre le sort de mon mari favorable lors du procès ».
J'abandonne ensuite mon portable dans sa poche, lorsque quelqu'un toque doucement à la porte. Mina entre, un minime sourire étirant ses lèvres.
Mina : - Salut tante Zazou.
Prenant soin de ne pas réveiller ma tornade, je me lève, allant vers ma filleule. Je la serre contre moi, remarquant qu'elle n'est pas seule. Aaron la suit de près, me saluant d'un hochement de tête.
Myriam : - Bonsoir Aaron. Alors, la frite, comment ça va ? Tu es partie en vadrouille longtemps !
Mina : - Oui, désolée, j'ai eu ton message et on est partis tout de suite. Mais il y a un monde fou en ville, même la motocross d'Aaron n'arrivait pas à se frayer un chemin parmi les voitures.
Myriam : - Ce n'est pas grave, je ne t'en aurais pas voulu si tu n'étais pas venu. Ewan va bien.
Elle s'avance vers le lit, posant sa main sur la tête de mon fils.
Mina : - Un petit casse-cou, comme oncle Daryl.
Myriam : - Tel père, tel fils.
L'adolescente acquiesce, avant de replonger son regard dans le mien.
Mina : - Est-ce que ça va, tante Mimi ?
Myriam : - On fait comme on peut. Il n'y a pas vraiment le choix.
Mina : - Est-ce que tu as vu maman avant qu'elle parte ?
Myriam : - Oui. Elle est passée me voir au cabinet.
Mina : - Tu ne sais pas où elle est allée ?
Myriam : - Non, je lui ai demandé de ne rien me dire. Je ne suis pas une bonne menteuse, alors ce que j'ignore ne nuira à personne.
Mina : - Oui, je comprends. Et concernant oncle Daryl, tu as des nouvelles ?
Myriam : - Il rentre demain. Pour la suite, on verra. Je dois à tout prix lui éviter la prison.
Aaron : - Excusez-moi... Mina m'a un peu expliqué la situation sans trop entré dans les détails. Mais sachez que mon oncle connait du monde. Il pourrait peut-être vous aider.
Myriam : - J'ai un avocat talentueux qui m'aide déjà... Je ne sais pas si entrainer quelqu'un d'autre dans nos magouilles ne soit une bonne idée.
Aaron : - Oh, croyez-moi, il n'est peut-être pas tout blanc, mais mon oncle respecte les lois quand il veut, et reste invisible quand il les enfreint. Je pourrais lui parler de vous.
Myriam : - Dans ce cas, pourquoi pas.
J'attrape une de mes cartes de visite dans mon sac et la tends à l'ado.
Myriam : - En tout cas, merci, c'est très gentil.
Aaron : - Vous êtes de la famille de ma princesse, alors si je peux aider, je le ferai volontiers.
J'esquisse un sourire, observant les deux jeunes amoureux. Pas étonnant que ma nièce ait craqué sur lui.
Mina : - J'ai reçu un SMS de papa qui me demande de rentrer de toute urgence. Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ?
Myriam : - Oh, euh... J'ai laissé échapper que vous vous étiez rapprochés intimement tous les deux, alors... Je pense qu'il va te faire une morale d'une heure. Minimum.
Aaron devient blême, tellement blanc que s'il croisait un fantôme, il aurait lui-même peur !
Aaron : - Oh putain. Je vais crever.
Mina : - Hé, ça va, j'ai plus 4 ans. De toute façon, il va bien falloir qu'il s'y fasse, pour les prochains repas de famille, je voudrai t'emmener partout, alors mon père va devoir s'habituer à ta présence. Allez, viens, je suis épuisée par la journée. Tante Zazou, on se voit demain ?
Myriam : - Oui. Faites attention sur la route.
Elle vient m'enlacer chaleureusement, avant de quitter la chambre avec son preux chevalier. Je soupire, rêvant des bras musclés de Daryl qui m'enlacent. Plus qu'une nuit, et je pourrais le retrouver.
* * * * *
Hitz est venu me remplacer à la première heure le lendemain. Ewan dormait encore lorsque je suis partie, je serais bien restée avec lui jusqu'au retour du docteur Sheffield, mais je ne vais pas laisser Baptiste travailler seul sur le dossier le plus important de toute ma carrière.
Prenant un muffin aux myrtilles et un chocolat chaud à emporter sur la route, je finis par arriver à l'imposante tour de verre aux alentours de 8 heures. Je salue Nancy, déjà très occupée, avant de pénétrer dans mon ancien bureau. Mon collègue est déjà là, bécotant l'une des assistantes du deuxième étage.
Myriam : - Cynthia, c'est ça ? Veuillez descendre vos fesses de mon bureau et filez rejoindre le vôtre, Baptiste et moi avons du travail.
J'entends la jeune femme soupirer, faisant claquer sa langue contre son palais.
Cynthia : - De toute façon, face à la grande Myriam Ortega, personne ne fait pas le poids...
Elle continue de bougonner, jusqu'à ce qu'elle referme la porte du bureau. Je dépose mes affaires sur le divan, rejoignant mon collègue qui essuie rageusement les traces de rouge à lèvres qui jonchent le pourtour de sa bouche.
Baptiste : - T'étais pas censé être avec ton fils à l'hôpital ?
Myriam : - Je t'ai dit que je revenais ce matin. Je me félicite d'être matinale, sinon, j'aurais vu une tout autre scène, et j'aurais fait des cauchemars...
Baptiste : - Sympa pour moi !
Avant de prendre place sur le fauteuil voisin du sien, mon souffle se coupe soudainement. Je pose une main sur mon ventre, grimaçant, prenant appuie de mon bras libre sur la tranche du bureau.
Baptiste : - Ola, ça va ? J'aime pas cette tête !
Myriam : - Oui, je... C'était une petite crampe. Ça va, ne t'en fais pas. On s'y met ?
Deux bonnes heures plus tard, nous faisons une pause, mon cerveau bouillonnant déjà.
Baptiste : - Bordel, c'est un vrai casse-tête... Il aurait pas pu faire dans l'humanitaire, ton mec ?
Myriam : - Ça change du charme du Daryl Ortega que je connais... Non, je le préfère comme ça.
Nous échangeons un regard en souriant, lorsque la porte s'ouvre doucement. Nancy passe la tête dans l'encadrement, attendant que nous lui demandions ce qu'il se passe.
Nancy : - Un homme aimerait vous voir, Myriam. Vous n'avez pas rendez-vous.
Myriam : - Qui est-ce ?
Nancy : - Un certain Chris Jensen.
Oh, l'oncle d'Aaron ! Eh bien, je ne pensais pas que j'aurais sa visite le lendemain de ma discussion avec son neveu !
Myriam : - Faites-le entrer.
Elle hoche la tête, ouvrant le battant en grand. Un homme portant un élégant costume noir, une chemise blanche épousant parfaitement la courbe de ses pectoraux, avance vers nous. Ses yeux noisette se posent sur moi, un sourire ourlant ses lèvres. Ses cheveux ébène sont parfaitement coiffés, pas une mèche ne dépasse. Mais ce qui attire le plus mon regard, c'est ce tatouage représentant un crâne ainsi qu'un sablier dans le creux de son cou. Maintenant, je sais de quoi voulait parler Aaron. Il s'agit sans hésiter d'un tatouage prouvant l'appartenance à un gang. Daryl en a aussi un sur le torse, ce Chris Jensen doit nager dans le même océan que mon mari.
Je me lève aussitôt, partant à sa rencontre. Je lui tends une main qu'il empoigne énergiquement.
Chris : - Bonjour. C'est un honneur de vous rencontrer. Nous entendons parler de la grande Myriam Ortega dans tout le continent.
Myriam : - J'en suis flattée.
Il salue Baptiste d'un hochement de tête, ce dernier se contenant de marmonner dans sa barbe inexistante. J'invite notre visiteur à s'installer au coin salon, lui proposant un café qu'il décline aimablement.
Chris : - Je préfère que l'on entre dans le vif du sujet. Aaron m'a énoncé quelques détails, mais je ne connais pas toute l'histoire. En quoi pourrais-je vous aider ?
Je lui explique l'affaire dans les moindres détails, n'omettant aucune partie. Après quelques minutes, il pose son menton entre ses deux mains.
Chris : - D'après ce que vous me dites, Daryl serait réglo dans ses affaires de saisies de maisons. Le seul hic, c'est cette histoire de gang.
Myriam : - C'est un agent appartenant à la brigade anti-gang qui l'a mis derrière les barreaux. Mais en réalité, c'est moi qui lui ai servi Daryl sur un plateau d'argent.
Chris : - Il y a vos empreintes à tous les deux sur l'arme du crime, vous, ayant un casier plus que vierge et n'ayant aucun antécédent avec la justice, c'était un jeu d'enfant d'échapper à la garde à vue. Concernant Daryl, puisqu'il avait cette brigade au cul, c'est un peu plus compliqué. Mais il n'est pas impossible de le sortir d'affaire. Tout ce qu'il faut que l'on obtienne, ce sont les aveux de cette Servanne.
Myriam : - C'est aussi ce que je pensais. Mais elle n'a jamais été ma plus grande amie. A cause d'elle et de ce qu'elle a voulu faire, j'ai perdu mes souvenirs, et ainsi, j'ai passé des mois à faire souffrir ma famille. Elle doit payer, mais comment faire ?
Chris : - Est-elle au courant que vous avez retrouvé la mémoire ?
Myriam : - Pas que je sache, non... J'ai recouvert la mémoire avant que l'on ne rejoigne Matt et Emilie en Suisse. Jonathan n'a pas pu lui dire, donc elle doit l'ignorer.
Chris : - Très bien, c'est un atout. Un très bon atout. Je vais mettre mes hommes sur le coup, on va peut-être retrouver cette garce.
Myriam : - Merci beaucoup, cela risque de nous être d'une grande aide.
Chris : - C'est la moindre des choses. Nous restons en contact.
Myriam : - Bien entendu.
Il se relève, nous saluant tous les deux, avant de s'éclipser de notre bureau.
Baptiste : - Il est aussi badasse que Daryl, putain.
Myriam : - Désolé pour toi, il est marié !
Baptiste ricane en secouant la tête de gauche à droite.
Baptiste : - Au lieu de dire des conneries, hop, au boulot !
Je me réinstalle à ma place, mon portable se mettant brusquement à vibrer.
Baptiste : - T'es vachement sollicitée, putain...
Myriam : - Pire qu'une femme d'affaires !
Je ricane en décrochant aussitôt lorsque je vois le numéro d'Hitz s'afficher.
Myriam : - Allô ?
Hitz : - Je t'ai laissé un message, et comme je n'ai pas de nouvelles, j'ai préféré t'appeler.
Myriam : - Désolée, j'étais en rendez-vous. Il y a un problème ?!
Hitz : - Non, non, mais les gars qui bossent avec moi ont pu retracer un portable prépayé qu'Arthur utilise. Tu crois vraiment qu'il va te donner l'emplacement de cette garce ?
Myriam : - On ne sait jamais. Merci, Hitz.
Hitz : - C'est toujours un plaisir. Alors, Daryl est déjà libre ?
Myriam : - Nous avons encore quelques papiers à remplir, et ce sera bon. J'irai le chercher avec les enfants.
Hitz : - Ils seront ravis. Ewan ne tient pas en place, j'ai pu le ramener à la maison, malgré son plâtre, il garde la forme.
Myriam : - Il a du sang de Saez, donc...
Hitz : - Mouais, disons que c'est ça. Allez, je te laisse.
Myriam : - Bisous, je ne rentrerai pas tard.
A peine ai-je raccroché que j'appuie sur le numéro que Hitz m'a envoyé. Je lance un regard à Baptiste qui a le nez plongé dans sa paperasse. Au bout de plusieurs tonalités, on décroche, et je reconnais aussitôt la voix de ce cher Arthur.
Arthur : - Euh, allô ?
Myriam : - Bonjour Arthur.
Arthur : - Em' ?!
Myriam : - Essaye encore.
Arthur : - Putain, vous avez presque la même voix au téléphone... Comment as-tu eu mon numéro, Myriam ?!
Myriam : - J'ai des amis haut placé, n'oublie pas qui est mon mari et qui est ma figure paternelle.
Arthur : - Une vraie pro... Que puis-je pour toi ?
Myriam : - Je ne t'embêterai pas longtemps, je sais que tu es avec tes filles. Je veux simplement savoir où réside Servanne. En raison des diférents que j'ai avec elle, le juge de l'affaire ne me communique pas son adresse secondaire, mais j'ai besoin de la voir.
Arthur : - Ola, je t'arrête de suite. Je sais pas où elle est. Et même si je le savais, je te le dirai pas. Elle a été assez tarée pour m'enlever et laisser son taré de frère m'enfermer comme un animal. Je veux tourner la page.
Myriam : - J'ai besoin d'avoir son adresse, pour...
Arthur : - Stop, Myriam. Je veux plus en parler, je vais raccrocher.
Myriam : - J'en ai besoin pour innocenter Emilie, putain ! Je croyais que t'éprouvais encore des sentiments pour elle, tu vas la laisser porter le chapeau pour une tarée ?
Arthur : - En l'occurrence, c'est Daryl qui est sous bonne surveillance, non ? Em' est...
Myriam : - Elle est partie parce que je ne peux pas encore la protéger, et je trouve ça égoïste de ta part de cacher autant Servanne ! Ma sœur a tout sacrifié pour venir te retrouver, Matt l'a quittée, mes enfants lui en veulent à mort, et toi, tu n'es même pas capable de l'aider ?! Alors que je ne te demande même pas d'agir toi-même ?! VA AU DIABLE, ARTHUR, T'ES QU'UN MINABLE !
Je raccroche, furieuse, étant dévisagée par Baptiste.
Myriam : - Je ne veux pas un mot de plus. Travaillons.
Ne répondant rien, il s'exécute. Trois heures plus tard, j'ai l'impression de voir double sur ces innombrables lignes de mots. Baptiste est allé déjeuner, moi je ne veux pas perdre de temps, de l'eau me suffit amplement. Je n'ai besoin de rien d'autre.
Je continue de lire et de lire les documents qui sont sous mes yeux. Daryl va être libre, oui, mais le procès est inévitable, il va falloir que je trouve une solution pour me servir de Servanne. Je sais être une peste moi aussi.
Un mal de tête m'irradie soudainement les tempes. Je les pétrie de mes doigts, fermant les yeux. J'ai l'impression de tanguer sur un bateau, comme si j'avais une gueule de bois. Mais ma nuque devient soudainement douloureuse, mon crâne devenant de plus en plus lourd. A bout de force, je cogne durement mon front contre le bureau, mes oreilles bourdonnant étrangement.
Lorsque je rouvre les yeux, je ne suis plus au cabinet. Non, ça, c'est le plafond de ma chambre. Chez nous. Je me redresse aussitôt dans mon lit, ne comprenant pas du tout comment j'ai fait pour me retrouver là.
J'aperçois tout à coup Matt assis au bord du lit, la tête entre ses mains. Ses épaules sont voutées et sa respiration est bruyante. Papa ours a l'air hors de lui, peut-être que si je ne bouge pas... Trop tard, il a tourné son visage vers moi, ses prunelles noisette remplies d'un brasier ardent.
Matt : - Putain !
Il se redresse, tournant sur lui-même comme un animal en cage. Je me risque à prendre la parole.
Myriam : - Qu'est-ce que je fais ici ?
Matt : - Tu veux plutôt dure « comment tu as fait pour venir ici », non ? Putain, c'est ton collègue qui m'a contacté, j'ai cru qu'il allait faire une crise de panique ! Tu t'es écroulée de fatigue et ton taux de sucre était si bas que tes battements de cœur ont ralenti. Baptiste a cru que tu avais clamsé, putain, mais faut faire des pauses de temps en temps ! T'es enceinte, Myriam, ENCEINTE, faut te ménager !
Myriam : - Matt, je... Je suis désolé, je ne...
Matt : - Désolée ?! DÉSOLÉE ?! ET J'AURAIS DIT QUOI A DARYL SI SA FEMME ET SON BÉBÉ ÉTAIENT ADMIS A L'HOPITAL, VOIR PIRE, A LA MORGUE ?! MERDE, TROIS REPAS PAR JOUR ET DE L'EAU EN ABONDANCE, ET SURTOUT, DU REPOS ! NON MAIS IL FAUT QUE JE T'APPRENNE LES BASES D'UNE GROSSESSE OU QUOI ?!
Comme une enfant prise en faute, je fais craquer mes doigts, fuyant le regard de mon beau-frère. Il a raison, je mets la vie de mon bébé en danger, et je n'ai strictement rien à dire pour l'apaiser. Je suis en tort.
Matt se déplace jusqu'à moi, s'agenouillant à mes côtés. Il pose une main chaude sur mon épaule.
Matt : - Excuse-moi d'avoir crié, mais... Je sais que tu fais tout pour libérer mon frère, mais s'il t'arrive malheur ou que tu ne te reposes pas assez... Tu risques de tuer ton bébé, Myriam. Avec tes antécédents, il ne faut pas plaisanter sur ça. Ne m'oblige pas à être ton chaperon.
Myriam : - Cette histoire va me tuer... Il faut que je mette les bouchées doubles pour...
Matt : - Tu vas rien faire du tout. Tu bosses en collab avec Baptiste, tu n'as pas à prendre la charge de travail toute seule sur tes épaules. Il est là pour t'aider, nan ?
Myriam : - Oui mais...
Matt : - Alors fais attention, putain, parce que sinon, je t'assigne à résidence !
Tel un automate, je hoche la tête.
Myriam : - Je ralentis la cadence à une seule condition.
Matt : - Je t'écoute.
Myriam : - Je fais attention à ma santé et à celle de mon bébé, à condition que tu restes à Miami. Ne pars pas. Tu ne peux pas séparer nos deux familles, nous sommes bien trop unis.
Mon beau-frère reste silencieux quelques instants, m'observant attentivement. Puis il finit par soupirer en fermant les yeux.
Matt : - Très bien.
Myriam : - Tu me le promets ?
Matt : - Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !
Nous nous sourions comme des imbéciles, alors que mon regard dévie sur l'horloge.
Myriam : - 17 heures ?! Eh merde !!!
Je bondis hors du lit, manquant de perdre l'équilibre. Matt me rattrape avant que je vacille en arrière.
Matt : - T'as le diable à tes trousses ou quoi ?!
Myriam : - Il faut que j'aille chercher Daryl !!! Il faut que je...
Matt : - Hé, doucement bordel. Je t'ai demandé quoi ?
Myriam : - Matt, des jours que je ne l'ai pas vu, des jours que...
Daryl : - Toi aussi tu m'as manqué, trésor.
Mon cœur rate un battement en voyant Daryl adossé à l'encadrement de la porte.
Myriam : - D... Daryl ?! Mais...
Daryl : - Ton Baptenculé est venu me chercher avec tous les papiers nécessaires pour ma libération. Ça fait du bien, putain !
Je ne peux empêcher une larme de rouler le long de ma joue. Matt ébouriffe le haut de mon crâne avant de sortir de la chambre, faisant une accolade à son frère par la même occasion. Mon homme referme la porte derrière lui, la fermant à double-tour, avant de se ruer sur moi.
Ses mains puissantes viennent englober mon visage, avant de m'embrasser fougueusement. Je gémis de plaisir, parcourue de frissons délicieux dans tout mon être. Les paumes de Daryl se déplacent ensuite jusque sous mes fesses, caressant la moindre de mes courbes. Il me soulève dans ses bras, mes jambes s'enroulant instinctivement autour de son bassin.
Je sens qu'il se déplace, mais je reste concentrée sur ses lèvres, mes doigts s'emmêlant dans ses cheveux bruns. J'entends une porte qui s'ouvre et qui se referme, savant très bien que l'on vient d'entrer dans la salle de bains. Mais avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, mon dos heurte un mur et des trombes d'eau déferlent sur moi. Je pousse un cri lorsque la température glaciale de la douche contraste avec ma peau brûlante. Mais je ne me plains pas, me préoccupant plutôt de déshabiller mon mari.
Myriam : - Tu m'as tellement manqué...
Les boutons de sa chemise sautent, son vêtement s'écrasant au sol, avant que je ne m'attaque à sa boucle de ceinture.
Daryl : - Et toi dont...
Mon chemisier est ouvert, ainsi que la fermeture éclair de ma jupe crayon.
Daryl : - Par contre, tu me fais plus ça. Quand ton collègue m'a dit qu'il t'avait ramenée totalement inconsciente à la maison, j'ai cru que j'allais crever d'une crise cardiaque. Putain, tu sais que tes grossesses ont toutes été à risque, c'était obligé que celle-ci le soit aussi ! Je tiens pas à perdre ce bébé qui est un véritable miracle, grâce à lui, tu as retrouvé tous tes souvenirs, et ça, c'est le plus beau cadeau que l'on pouvait me faire... Ménage-toi, mon ange, je ne supporterai pas de te perdre, tu m'entends ?
Je hoche la tête en guise de réponse, enlevant toute trace de vêtements sur le corps parfait et désireux de Daryl.
Daryl : - Maintenant que je suis de retour, totalement libre, je compte bien profiter de toi, et te faire crier à perdre haleine. L'avantage d'avoir fait insonorisé notre salle de bains...
Je laisse tomber ma tête en arrière lorsque ses lèvres viennent tracer une ligne incandescente le long de mon cou jusqu'à la naissance de ma poitrine.
Daryl : - Ma délicieuse femme... Je vais te faire perdre la tête...
Myriam : - Je suis tout à toi, bébé.
* * * * *
Je suis extirpée de mon sommeil par d'étranges vibrations. Le soleil brille déjà à l'extérieur et ses rayons percent à travers les rideaux. Un bras musclé est enroulé autour de ma taille et je souris niaisement, apercevant le doux visage de Daryl profondément endormi à côté de moi. Je prends vite conscience que les tremblements que j'entends ne sont autre que celles de mon téléphone.
Je me tourne lentement, attrapant l'appareil du bout des doigts qui est situé sur la table de nuit. Je remarque alors des courbatures qui transpercent tout mon corps. Ah, c'étaient de sacrées retrouvailles, je n'ai pas le moindre doute !
Myriam : - Oui, allô ?
Je chuchote doucement, ne voulant pas réveiller mon homme.
Chris : - Miss Ortega, eh bien... Aujourd'hui, vous n'êtes pas matinale...
Myriam : - Monsieur Jensen ! Non, en effet, je...
Chris : - Votre mari est rentré, je sais. Je plaisantais, c'est la première fois que je vous appelle. Avez-vous quelques minutes à m'accorder ?
Myriam : - Oui, bien sûr !
J'émets un mouvement pour sortir de sous les draps, mais le bras de Daryl s'enroule plus fermement autour de moi. Message reçu, je ne dois pas bouger du lit.
Myriam : - Que se passe-t-il ?
Chris : - Mes hommes ont retrouvé l'adresse secondaire de cette Servanne.
J'écarquille les yeux.
Myriam : - C'était rapide !
Chris : - J'ai les meilleurs à mes côtés. Je vous envoie le tout par SMS, je ne vous dérange pas plus longtemps. Prenez soin de vous.
Myriam : - Merci pour votre aide !
Je raccroche, ouvrant de suite le message que je viens de recevoir. Cette adresse, je la connais. Ce n'est pas loin du bar où adore aller Baptiste ! Ça peut sûrement me servir pour mon plan. Je dois trouver comment approcher Servanne le plus naturellement possible !
Daryl : - Mmh... Jensen... Ce nom me dit quelque chose... Tu as peut-être un truc à m'annoncer ?
Je souris bêtement en entendant la voix rauque de mon homme. Je repose mon portable, me retournant contre lui. Je lui vole un baiser, caressant doucement sa pommette.
Myriam : - Je ne voulais pas te réveiller, excuse-moi.
Daryl : - Ne change pas de sujet, trésor. Alors, c'est qui ce mec ?
Myriam : - Inutile de sortir tes flingues. Il s'agit de l'oncle d'Aaron, il a bien voulu m'aider pour l'affaire. Je ne peux t'en dire plus pour le moment.
Daryl : - Que vous êtes mystérieuse, Madame Ortega...
Je glousse contre ses lèvres qu'il vient de rapprocher des miennes.
Myriam : - Il va falloir que j'aille au travail, bébé. J'ai perdu la moitié de la journée, je dois continuer d'étudier ton dossier...
Daryl : - Et prendre 24 heures de pause, c'est trop demandé à la meilleure avocate de la ville ?
Myriam : - Tu sais que j'ai encore des tonnes de choses à faire pour pouvoir te permettre de vivre continuellement auprès de nous. Je ne suis pas certaine que les enfants seront ravis d'être séparés de toi. Et moi non plus.
Daryl : - Je sais que tu vas réussir, Myriam. J'ai confiance en toi.
Ses doigts viennent effleurer ma poitrine nue et je me laisse aller dans un moment de profonde volupté, profitant aisément de mon homme que je suis plus qu'heureuse de le retrouver.
Une heure plus tard, nous sommes enfin sortis du lit, Daryl tenant absolument à me déposer au cabinet, voulant ressentir le doux contact du volant de sa Lambo sous ses mains. Je peine à le quitter, tellement contente de l'avoir retrouvé cette nuit.
Daryl : - Quand tu auras envie de rentrer, tu m'appelles. Je serai à la maison avec les enfants, Ewan est incapable de se débrouiller tout seul avec son plâtre.
Myriam : - Ah, je le soupçonne de faire exprès... Hier, il se débrouillait comme un chef ! Tout ça pour attirer l'attention de son père...
Daryl : - Et cela ne me dérange pas, bien au contraire. Allez, file mon ange. Je t'aime.
Myriam : - Je t'aime aussi.
Je lui vole un énième baiser, avant de pénétrer dans ma tour de verre. J'atteins rapidement mon étage, entrant dans mon bureau. Mais au lieu de Baptiste, c'est une belle jeune femme à la chevelure brune qui est assise dans le coin salon.
Myriam : - Bonjour. Nous avions rendez-vous ?
Je dépose mes affaires sur le bureau, allant serrer la main de cette femme. Ses yeux bleus sont hypnotisant, ses cheveux parfaitement tirés sur le sommet de sa tête. Elle porte un maquillage très léger, allant parfaitement avec le tailleur crème qui moule ses courbes parfaites.
? : - Bonjour, maître Ortega. Non, je suis navrée, je suis passée à l'improviste, mais j'ai appris que Daryl Ortega avait été libéré hier, il fallait donc que je m'entretienne avec vous. Laissez-moi me présenter, Tatiana StClaire, la juge chargée de l'affaire de votre mari.
Très étonnée de voir une juge dans mon bureau, j'arque un sourcil, attendant qu'elle poursuive.
Tatiana : - Il fallait que je vous vois hors du tribunal. Là-bas, les murs ont des oreilles.
Je prends place dans le fauteuil en face d'elle, écoutant attentivement.
Tatiana : - Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Je vais vous donner un petit conseil pour que Daryl puisse sortir innocent du procès.
Myriam : - Comment ?
Tatiana : - Je ne pourrais pas le blanchir entièrement, mais je ne pourrai désigner coupable un absent.
Cette fois, je fronce les sourcils. Elle me fait comprendre que Daryl ne doit pas se présenter au tribunal ?!
Myriam : - Si je suis votre raisonnement, Daryl devrait être loin du lieu du procès ?
Tatiana : - Disons que s'il quitte la ville... Il sera difficile pour la police de le retrouver.
Myriam : - Pourquoi me dire ça ? Pourquoi... vouloir aider un éventuel membre d'un gang ?
Tatiana : - Je dois beaucoup à Daryl. Il m'a aidée financièrement pour terminer mes études, il y a pas mal d'années.
Myriam : - Il n'a jamais mentionné une Tatiana dans son entourage...
Tatiana : - Je ne suis pas venue pour parler de ma relation passée avec Daryl.
Non, sans déconner ?! Une ex de Daryl ?!
Tatiana : - N'oubliez pas ce que je vous ai dit. S'il est absent, il ne pourra être désigné coupable.
Elle se relève soudainement, me tendant sa main.
Tatiana : - Nous nous reverrons lors du procès, Madame Ortega. J'ose espérer que vous ferez les bons choix.
Elle m'abandonne ici, captive de mes pensées. Une ex de Daryl qui doit le juger pour sa liberté. Alors ça, je n'y aurais jamais cru si on me l'avait prédit ! Mais une chose est sûre, il est hors de question que l'on m'enlève mon mari. Il a des enfants, sa famille aura besoin de lui, alors s'il faut qu'il parte de Miami jusqu'au jour du procès... Qu'à cela ne tienne.
Baptiste est arrivé quelques minutes plus tard, il a eu un souci avec sa moto. Je lui ai fait un rapide débriefe sur la visite de la juge, avant de lui expliquer le plan auquel j'ai pensé pour coincer Servanne. Il approuve totalement, attendant impatiemment mon signal pour débuter notre petit manège.
Je lui ai demandé de me raccompagner jusqu'à la maison en fin d'après-midi, ne voulant pas déranger Daryl. Je retrouve toute ma tribu dans la piscine, riant aux éclats. Matt et Daryl sirotent une bière sur les transats, les enfants ne cessant de s'éclabousser entre eux.
Matt : - Ah, Madame l'avocate !
Je dépose mes affaires près de la baie vitrée, rejoignant mon mari devant lequel je m'assieds. Ses bras viennent s'enrouler autour de mes épaules et ses lèvres viennent se presser sur les miennes.
Daryl : - Tu as passé une bonne journée, mon ange ?
Myriam : - Daryl... Qui est Tatiana ?
Je n'ai pas pu m'en empêcher, ça trotte dans ma tête depuis que cette juge est venue me voir ! Daryl semble soudainement gêné, cherchant désespérément le regard de son frère qui se racle la gorge.
Myriam : - Quoi ?
Daryl : - Pourquoi tu me parles de cette nana ?
Myriam : - Je préfèrerais que tu me répondes... En toute honnêteté.
Mon homme soupire lourdement, Matt tournant la tête vers les enfants, comme s'il ne voulait pas prendre part à la discussion.
Daryl : - Ce... C'est une ex. En fait, c'est... C'était la première femme que j'ai mise dans mon lit.
Myriam : - Oh, génial, ta juge n'est autre celle qui t'a dépucelé ! Je devrais sauter de joie !
Je me lève d'un bond, mais les doigts de Daryl s'enroulent autour de mon poignet.
Daryl : - Mais de quoi tu parles ?
Myriam : - Tatiana m'attendait dans mon bureau quand je suis arrivée au cabinet. Elle m'a dit que si tu étais absent au procès, elle ne pourrait te juger coupable.
Matt : - Tat' est devenue juge ?!
Daryl : - Ouais, souviens-toi, je lui avais payé ses cours de droit... Mais j'avais perdu tout contact avec elle, je ne savais même pas qu'elle habitait ici !
Je soupire. C'est complètement stupide d'être jalouse, c'est avec moi qu'il est marié ! D'un geste vif, Daryl m'oblige à me rasseoir, ses bras revenant m'enlacer.
Daryl : - J'aime bien quand ma petite femme est jalouse...
Myriam : - Arrête, c'est pas drôle.
Daryl : - Un peu quand même.
Myriam : - Ah ouais ? Et tu ferais quoi si t'avais eu le mec qui a pris ma virginité devant toi ?!
Daryl : - C'est simple. Mes poings et mon Beretta m'auraient servi.
Myriam : - Tu vois !
Le visage de mon homme s'enfouit dans mon cou, mon idiot de mari ricanant.
Daryl : - Par contre, si je vais pas au tribunal, les flics vont venir me chercher par la peau du cul !
Myriam : - Pas si tu quittes la ville.
Matt : - Ola, Myriam, tu nous fous quoi, là ?!
Myriam : - J'ai pensé que Daryl aurait pu rejoindre Em'. Ainsi, ils seraient tous les deux en sécurité. Tatiana m'a expliqué que si tu ne te présentais pas au tribunal pour ton procès et que tu étais hors de Miami, tu ne seras désigné coupable. On peut gagner du temps, jusqu'à ce que je trouve le plan parfait.
Daryl : - Je refuse de jouer au lâche et de vous abandonner, les enfants et toi !
Myriam : - Matt et tes hommes sont là pour veiller sur nous. Ce n'est que l'histoire de quelques jours, bébé, on a vécu bien pire !
Daryl : - Toi, tu as un plan. Qu'est-ce que tu as en tête ?
J'inspire profondément avant de déballer tout mon plan élaboré avec Baptiste.
Myriam : - Tout ce qu'il manque au dossier pour que tu sois désigné innocent, ce sont les aveux de Servanne. Elle n'est pas au courant que j'ai retrouvé ma mémoire, il suffit qu'elle me voit en compagnie d'un autre homme pour penser que j'ai lâché Daryl. Ensuite, il faut que je me rapproche d'elle et que je la pousse à avouer ce qu'elle a fait.
Daryl : - Mais c'est de la folie ! Cette tarée pourrait s'en prendre à toi !
Myriam : - J'ai retrouvé toutes mes capacités, tu m'as bien entrainée Daryl, je saurais me défendre !
Daryl : - Sauf que tu portes mon enfant, il est hors de question que tu te mettes en danger !
Myriam : - Baptiste est un allié de taille, il m'accompagnera.
Daryl : - Bien qu'il soit remonté dans mon estime, ça me plait pas que tu te pavanes au bras de ce connard qui a essayé de profiter de ton amnésie pour te mettre dans son pieu.
Myriam : - Et il n'a pas réussi. Nous resterons en contact, je posterai des annonces dans le Times, Em' le sait. Je préfère te savoir avec elle que seul je ne sais où.
Daryl : - J'ai mon mot à dire, tu ne crois pas ?!
Myriam : - Je ne peux pas me reposer et bosser sur ton dossier si je flippe sans cesse que les autorités viennent te rechercher parce qu'ils auront trouvé d'autres preuves de ton appartenance au gang du Fauve. Si tu es loin de Miami, je serai d'autant plus rassurée.
Daryl pousse un juron, pressant l'arête de son nez entre son pouce et son pouce.
Matt : - Hermano... Ça peut être une solution...
Daryl : - Putain, Matt, mais je veux pas partir !
Matt : - Tu sais que je protègerai tout le monde, Myriam et les enfants sont ma famille ! Les jumeaux seront à cheval sur la sécurité d'Anya, moi je veillerai sur Myriam. Tu peux me faire confiance, tu le sais !
Daryl : - Ce n'est pas une question de confiance, putain ! Je veux pas m'éloigner de mes raisons de vivre !
Myriam : - Daryl...
Il se relève soudainement, comme s'il s'était brûlé.
Daryl : - Non putain, tu peux pas m'y obliger !
Je me redresse à mon tour, attrapant son visage en coupe.
Myriam : - Bébé, calme-toi. Tu fais peur à ton fils ou ta fille.
Mon homme soupire lourdement. Il colle son front au mien, m'enlaçant de ses bras musclés.
Daryl : - Je veux pas te quitter...
Myriam : - Tu ne me quittes pas, mon cœur. Disons que tu vas veiller sur ma sœur à distance.
Matt : - Je serais rassuré si quelqu'un était avec elle, en effet. J'ai réfléchi à mes paroles, et j'étais hors de moi. Emilie ne méritait pas tout ça. Elle doit être dans un sale état.
Daryl : - Noyée dans son vin, sûrement...
Je souris, déposant délicatement mes lèvres sur les siennes.
Myriam : - Tu veilles sur Em', Matt veille sur moi, et nous reviendrons te chercher quand le procès sera terminé.
Daryl : - Tu me promets que tu ne feras rien de stupide ?
Myriam : - Tu as ma parole, Daryl.
Daryl : - Je t'aime tellement... Et cette situation me brise le cœur.
Myriam : - Nous nous retrouverons, mon amour, et nous pourrons poursuivre notre vie comme avant lorsque tout ceci sera terminé.
Il m'enlace chaleureusement, lorsque des petites mains se posent sur mon ventre. Anya nous a rejoints, ainsi que les jumeaux. Nous profitons de ce dernier moment en famille, commandant un fast-food comme dîner.
La bonne humeur est au rendez-vous, jusqu'à ce qu'on annonce que Daryl va partir rejoindre Emilie. Ewan s'est littéralement enflammé, j'ai eu peur qu'il se brise l'autre bras à force de taper sur la table. Mais son père a eu les mots pour le calmer, lui promettant de revenir vite. Liam est resté en larmes, bien trop fier pour dire quoi que ce soit. Anya, elle, somnolant, n'a pas compris pourquoi il fallait qu'il parte. Seuls Ayden et Mina nous ont soutenus, Ellie restant silencieuse. De tous les enfants, elle est celle qui reste le plus enfermée sur elle-même, le digne caractère de sa mère !
J'ai tenu à accompagner moi-même Daryl jusqu'à l'aéroport de Carter. Il a gracieusement prêté un jet à mon homme, le pilote aillant reçu les coordonnées du lieu où se trouve Em' par Matt. Je ne tiens toujours pas à savoir où ils vont se trouver tous les deux.
Daryl : - Quand je reviendrai, je ne te lâcherai plus d'une semelle, est-ce que tu m'as bien compris ?
Myriam : - J'y comptais bien.
Daryl : - Fais attention à toi, je t'en conjure... Ne fais rien d'irresponsable...
Myriam : - Je t'aime plus que tout, je serai attentive au moindre battement d'ailes d'oiseaux.
Daryl : - Parfait.
Attrapant mon visage en coupe, il m'embrasse amoureusement, mettant toute la tendresse du monde dans son baiser. Me sentant chancelante au creux de ses bras, je mets fin à notre étreinte à contrecœur.
Myriam : - Si tu continues... Je ne vais plus pouvoir te laisser partir...
Daryl : - Alors je resterai...
Myriam : - Non. Va rejoindre Em'. Veille sur mon idiote de sœur comme si c'était moi.
Daryl : - Je prendrai soin d'elle comme si elle était la prunelle de mes yeux. A très vite, mon ange, tu es toute ma vie. Je suis fier de toi.
Après d'interminables minutes, nous avons fini par nous lâcher, Daryl montant dans le jet. Je l'observe décoller, le cœur lourd. Des larmes ravagent mon visage, jusqu'à ce que je regagne notre maison. Matt m'attend sur le perron de la porte, m'enlaçant chaleureusement lorsque je m'extirpe de l'habitacle de ma voiture.
Matt : - Les enfants sont devant le Roi Lion... Ils ont tenu à regarder ce film avec toi.
Myriam : - Vous êtes des amours.
Matt : - Nous sommes une famille.
Nous avons passé le restant de la soirée tous emmitouflés sous nos plaids, nous endormant finalement sur le canapé. Matt nous a tous transportés dans nos lits respectifs, je n'ai même rien senti, mais lorsque je me réveille ce matin, un petit-déjeuner sur un plateau m'attend à mes pieds. Je souris, me demandant où se trouve Daryl en ce moment. Est-il en train de boire en compagnie d'Emilie ? En train de dormir ? De faire du sport ? Mes pensées lui sont toutes dédiées, il me manque déjà, il me tarde de le retrouver.
J'ai donné rendez-vous à Baptiste aux alentours de 15 heures. Je m'occupe d'Anya et des jumeaux, restant avec eux durant des heures, plus que ravie de retrouver mes enfants. Le bruit de la moto de mon collègue parvient rapidement à mes oreilles, preuve qu'il est l'heure de sortir. Je salue tout le monde, avant de sortir, attrapant les clefs de ma Lambo.
Baptiste attend sur son bolide, arquant un sourcil lorsqu'il m'aperçoit aller vers ma voiture.
Myriam : - On se retrouve devant ton bar ?
Baptiste : - A ta guise, ma belle.
Je saute aussitôt derrière le volant, démarrant rapidement. Je suis de prêt mon collègue, jusqu'à ce que nous arrivions dans la rue où se situe l'appartement de cette chère Servanne. Je fais ronronner exprès le moteur de ma Lambo, attirant le regard des passants. Je me gare correctement, non loin de la moto de Baptiste qui vient aussitôt à ma rencontre. Jouant le jeu, je me love contre lui, son bras venant enlacer ma taille.
Baptiste : - J'aurais préféré t'avoir à califourchon derrière moi.
Myriam : - Et moi, je préfère ma voiture, très cher.
Il dépose un baiser sur mon front, lorsque mon téléphone se manifeste. Je reste dans les bras de Baptiste tout en décrochant.
Myriam : - Agent Rudis ?
Romain : - Bonjour, Madame Ortega. Auriez-vous des nouvelles de votre sœur ?
Myriam : - Votre question est bien directe, je trouve... Je n'ai pas de nouvelles d'elle depuis des semaines. En fait, depuis que nous l'avons retrouvée en Suisse. Pourquoi ?
Un silence résonne soudainement dans le combiné. Je sens soudainement la main de Baptiste se crisper sur ma taille, ses lèvres se rapprochant de mon oreille libre.
Baptiste : - Servanne sort de sa résidence. Elle fait style de ne pas nous avoir vus, mais elle avance vers nous.
Myriam : - Parfait...
J'entends une plainte suivie d'un raclement de gorge à l'autre bout du fil.
Myriam : - Agent Rudis ? Vous êtes toujours là ? Est-ce qu'il y a un problème ?
Romain : - Je... Non, c'était une simple question concernant votre sœur. Votre mari est arrivé à bon port ?
Myriam : - Je vous demande pardon ?
Romain : - Les retrouvailles se passent bien ?
Je croise le regard de Baptiste qui regarde intensément par-dessus ma tête. Servanne approche, il faut que je tente le tout pour le tout !
Myriam : - Je ne sais pas où se trouve Daryl Ortega, agent Rudis. Nous sommes en instance de divorce. Je vous prierai de ne plus m'appeler pour me parler de lui, merci. A bientôt.
Je raccroche aussitôt, priant pour que cette garce dans mon dos m'ait entendue. J'enroule ensuite mes bras autour de la nuque de mon collègue, penchant légèrement la tête sur le côté.
Myriam : - Embrasse-moi...
Baptiste : - Inutile de me le dire deux fois...
Ses lèvres s'écrasent brutalement sur les miennes, sa barbe naissante venant gratter mon menton. Ma respiration se coupe, il faut que ce baiser ait l'air vrai, je le fais pour Daryl, je dois coincer cette salope pour permettre à mon mari de revenir parmi nous !
Je recule lentement de Baptiste, lui souriant. Il embrasse une dernière fois ma bouche, avant d'enrouler un bras autour de mes épaules. Je me retourne, commençant à marcher, lorsque je tombe nez-à-nez avec cette peste qui nous observe, les yeux écarquillés. Je fronce les sourcils, avant de les lever.
Myriam : - Oh, mais... Je te connais, non ?!
Servanne : - Oh, mais quelle coïncidence !!! Myriam ! Oui, c'est Servanne, tu te souviens ?!
Myriam : - Bien sûr, l'amie d'Emilie ! Comment t'oublier ?
Lui souriant de toutes mes dents, je me défais de mon collègue, allant enlacer cette pétasse.
Myriam : - Comment vas-tu depuis la dernière fois ?
Servanne : - Très bien, merci, et toi ? Oh, je suis désolée, j'ai surpris ta conversation... Ça ne va pas avec Daryl ?
Myriam : - Mes sentiments pour lui n'étaient plus assez forts pour que je continue à ses côtés. Je suis tombée raide dingue de Baptiste, l'homme élégant qui se tient à mes côtés.
Oh putain, j'ai envie de vomir à faire la gentille comme ça, alors tout ce dont je rêve, c'est de trancher la gorge de cette garce pour la faire payer d'avoir tenté de séparer notre famille !
Servanne : - Vous faites un très beau couple, je suis heureuse pour vous !
Myriam : - Merci ! Oh, mince, chéri, j'ai complètement oublié d'amener ses tampons à Em' ! Elle va devenir tarée, il faut que j'aille la voir !
Baptiste : - Aucun souci, chou. Je vais rejoindre des amis, je peux t'abandonner ?
Myriam : - Je fais ça vite, je te rejoins.
Baptiste : - Parfait.
Mon collègue se penche pour m'embrasser furtivement, avant de filer. Servanne, quant à elle, me dévisage étrangement.
Servanne : - Emilie est... Enfin, tu sais où elle est ?
Myriam : - Bien sûr, je vais la voir tous les jours. Pourquoi ?
Servanne : - Elle ne répond à aucun de mes messages... Je m'inquiète.
Myriam : - Oh... Je présume que je peux t'emmener la voir, tu es une amie après tout, non ?
Servanne : - J'en serai ravie !
Gagné. T'es cuite, ma poulette, je vais te LA-MI-NER !
Myriam : - Il faut qu'on prenne ma voiture, c'est à l'extérieur de la ville. Tu montes ?
Je désigne la Lambo d'un mouvement de tête. Me souriant, elle s'installe sur le siège passager, alors que je me glisse derrière le volant, démarrant aussitôt. Je sors rapidement de la ville, me dirigeant vers la montagne où se trouve un chalet appartenant à Daryl. Avant que les enfants ne soient nés, nous allions passer des week-ends là-bas. C'est l'endroit parfait pour que je puisse la pousser à avouer !
Servanne : - Où allons-nous ?
Myriam : - Je ne sais pas pourquoi Emilie fuit la ville, mais elle tenait à ce que sa position reste secrète, alors... Je compte sur toi pour garder le secret ?
Servanne : - Promis.
J'accélère, poussant mon bolide sur les routes de montagnes. Au bout d'une bonne demi-heure, je me gare sur le bas-côté, à la lisière de la forêt.
Myriam : - Il faut continuer à pied. Ma voiture sportive n'est pas faite pour rouler sur les routes sinueuses en forêt.
Servanne : - Je te suis !
Pendant qu'elle s'extirpe de la voiture, j'envoie un message groupé à Chris ainsi qu'à quelques hommes de Daryl, avant de sortir à mon tour. Je souris à cette garce, commençant à marcher. Nous restons toutes les deux silencieuses, mon cœur tambourine dans ma poitrine, je vais bientôt la coincer, je le sens !
Quelques minutes plus tard, nous longeons une falaise, le chalet étant bientôt visible. Je ralentis, prétextant avoir un point de côté. Servanne me dépasse, et au moment où elle passe à proximité de moi, je lui donne un violent coup d'épaule. Son pied glisse sur des pierres qui roulent, son corps basculant dans le vide. Je rattrape in extremis sa main, alors qu'elle tente de s'agripper à la roche, en vain.
Servanne : - PUTAIN DE MERDE, MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS, SALOPE ?!
Myriam : - Tu pensais vraiment qu'Emilie serait aussi idiote pour se cacher non loin de Miami ?
Servanne : - PUTAIN, MAIS...
Myriam : - J'ai retrouvé tous mes souvenirs, Servanne, tout. A cause de toi, notre famille est en train d'exploser.
Servanne : - TU T'ES BIEN FOUTUE DE MOI, PUTAIN !
Myriam : - Et comment.
Mes doigts commencent à glisser, je serre les dents, ne voulant pas la lâcher. Si je la tue, j'aurais tout gagné !
Servanne : - REMONTE-MOI, MYRIAM, REMONTE-MOI, JE VAIS TOMBER !
Myriam : - Je ne sais pas si tu le mérites.
Servanne : - TU VAS PAS ME TUER !
Myriam : - Et pourquoi pas ?
Servanne : - T'ES PAS UNE TUEUSE COMME TA SŒUR ! NI COMME TON MARI !
Myriam : - Tu ne sais rien de moi.
Servanne : - JE FERAI TOUT CE QUE TU VOUDRAS, REMONTE-MOI, JE T'EN SUPPLIE !
Myriam : - J'aime quand on me supplie. Alors, as-tu quelque chose à dire pour ta défense ?
Servanne : - DE QUOI TU PARLES ?!
Myriam : - Pourquoi Emilie a-t-elle voulu se venger de Jonathan ? Elle n'a jamais tué personne.
Servanne : - PUTAIN !
Myriam : - Alors ?
Servanne : - ÇA VA, ÇA VA ! C'EST MOI QUI AI PLANIFIÉ VOTRE ACCIDENT DE VOITURE ! J'ÉTAIS VERTE DE JALOUSIE, ARTHUR PRÉFÉRAIT TA PUTAIN DE SŒUR A MOI ! ALORS QUE J'AI TOUT ABANDONNÉ POUR LUI ! JE VOULAIS ME VENGER, S'IL T'ARRIVAIT QUELQUE CHOSE, EMILIE AURAIT ÉTÉ DÉTRUITE !
Myriam : - Tout ça pour une histoire de jalousie ?
Servanne : - ARTHUR EST A MOI, EMILIE A UNE VIE DE REVE, JE VOULAIS TOUT AVOIR A SA PLACE !
Myriam : - Voilà, quand tu veux.
D'un coup sec, je la remonte à moi. Elle reste à quatre pattes, dégobillant ses tripes devant elle.
Myriam : - Allez, debout.
Servanne : - Va te faire foutre, sale folle.
Myriam : - C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Je te le répèterai pas.
J'extirpe le Beretta caché sous ma ceinture, le pointant contre sa tempe.
Myriam : - Oh, avant que j'oublie.
Je sors mon portable de ma poche, coupant l'enregistrement qui est encore en cours.
Myriam : - De beaux aveux tous frais qui me serviront pour le procès.
Les yeux de Servanne me fusillent.
Servanne : - Espèce de salope !
Myriam : - Allez, on retourne à la voiture.
Servanne : - Tu t'en sortiras pas comme ça...
Myriam : - On pari ?
Je la relève en tirant sur ses cheveux, la poussant sur le chemin averse. Bougonnant, elle finit par marcher, le canon de mon arme pointé sans cesse sur son dos.
Myriam : - Essaye de t'enfuir, et je te troue la peau, connasse. Tu vas voir ce qu'il en coûte de t'en prendre aux Ortega.
Servanne : - Même pas peur.
Myriam : - Ferme ta gueule !
Nous arrivons près de ma Lambo après des minutes de marche. Je repère un van appartenant aux hommes de Daryl, ainsi qu'une autre voiture de sport et une bagnole de flics.
Servanne : - Putain...
Je repère Chris qui est adossé au capot de la voiture de patrouille, discutant avec un policier. Ils nous aperçoivent arriver dans leur direction, j'en profite pour ranger mon arme, avant d'empoigner le bras de Servanne pour rapprocher mes lèvres de son oreille.
Myriam : - Au fait. C'est moi qui ai troué la cervelle de ton putain de frère.
Elle se retourne, furieuse, mais avant qu'elle ne me bondisse dessus, le policier vient lui attraper les poignets, n'attendant pas avant de lui passer les menottes.
Policier : - Servanne Humbert, vous êtes en état d'arrestation. Tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous...
Le flic continue son discours, tirant cette trainée jusque dans son véhicule.
Servanne : - SALE PUTE, TU ME LE PAIERAS !
Myriam : - On se reverra au tribunal, ma belle.
Le policier claque la portière, alors que je perçois encore les grognements de Servanne. Chris s'avance vers moi, me souriant.
Chris : - C'était un très bon plan, je dois bien l'avouer.
Myriam : - Je présume que vous avez ce policier dans la poche ?
Chris : - Diego est un ami de longue date, en effet.
Myriam : - Me voilà ravie.
Chris : - En tout cas, vous devriez bien vous entendre avec ma femme. On pouvait vous apercevoir d'ici, vous étiez très persuasive.
Myriam : - Je prends cela comme un compliment !
Chris : - Vous pouvez. Je vous dis à bientôt, Madame Ortega.
Myriam : - Au revoir, Monsieur Jensen.
* * * * *
1 mois plus tard...
Tatiana : - Si nous résumons la situation, Maitre Ortega, votre client n'est pas ici ?
Myriam : - En effet. Il est parti de son plein gré de Miami, je n'ai aucune nouvelle de lui.
Tatiana : - Les jurés seront d'accord avec moi, je ne peux désigner un absent comme étant un coupable.
J'acquiesce, entendant soudainement un juron de l'autre côté de la salle. Je croise le regard de Servanne qui est en train de blêmir aux côtés de son avocat.
Tatiana : - Dans ce cas-là, je vais devoir traiter cette affaire comme nulle. Maitre Ortega, avez-vous autre chose à ajouter ?
Je me retourne vers l'audience. Matt a tenu à m'accompagner au procès de son frère. Durant ce mois, j'ai eu plusieurs passes où j'ai voulu abandonner, mais il m'a aidée à tenir bon. Daryl me manque atrocement, Mushu aussi, il me tarde de les retrouver.
Myriam : - En effet. Je souhaiterai appeler Madame Humbert à la barre.
Tatiana : - Pour quelle raison ?
Myriam : - J'aimerais qu'elle m'éclaire sur un enregistrement que j'ai trouvé. Qui risque de vous intéresser fortement.
Tatiana : - Accordé.
Je désigne la barre d'un mouvement de tête à Servanne qui va s'y mettre en trainant des pieds. Si elle avait des flingues à la place des yeux, j'aurais déjà été fusillée sur place !
Tatiana : - Maitre Ortega, nous vous écoutons.
Myriam : - Madame Humbert, niez-vous avoir eu une relation avec un dénommé Arthur, qui a été retrouvé au même endroit qu'Emilie Saez ?
Servanne met du temps à répondre, elle grogne entre ses lèvres, me répondant presque en crachant.
Servanne : - Je ne nie rien du tout.
Myriam : - Est-il vrai que vous étiez totalement obnubilée par ce pauvre homme ?
Servanne : - Foutaises !
Myriam : - Vraiment ?
Je récupère mon téléphone, le posant directement sur le pupitre de la juge.
Myriam : - Vous pouvez appuyer sur la touche play. Voici les aveux complets de cette femme.
Servanne : - Sale menteuse !
Tatiana : - Madame Humbert, la parole ne vous est pas donnée.
Tatiana appuie sur l'écran, l'enregistrement des aveux de Servanne résonnant dans la salle. Les jurés s'esclaffent, ainsi que le public derrière nous.
Tatiana : - Je crains que la sentence ne soit donnée... Avec de tels aveux, il est difficile d'en juger autrement. Servanne Humbert, vous êtes accusée d'homicide volontaire.
Servanne : - Et vous allez laisser cette garce s'en tirer facilement ?! C'est elle qui a tiré sur mon frère, et non Daryl ! C'est elle qui devrait être envoyée en prison !
Tatiana : - Maitre Ortega ?
Le regard que me lance la juge est on ne peut plus clair. Je commence à être sur la sélect moi aussi. Je me retourne, jetant un regard désolé à Matt. Il se lève soudainement, mais je lui fais signe de ne pas bouger. Je me reconcentre sur Tatiana, ne me dérobant pas une seule seconde.
Myriam : - J'ai un permis de port d'armes, je peux vous fournir tous les documents nécessaires. J'ai en effet tiré sur Jonathan Humbert, c'est la raison pour laquelle mes empreintes apparaissaient sur l'arme de Monsieur Ortega qui possède également un permis. Emilie Saez était en danger de mort, c'était de la légitime défense.
A suivre...
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[Si vous vous accaparez certaines de nos photos, merci de nous demander la permission. On bosse dur sur le montage de certaines, respectez le travail des autres, vous seriez adorables ! Idem pour des idées provenant de notre histoire... ❤️]
XOXO ❤️
Myriam & Emilie ❤️
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