9 - Cœur meurtri
- - - - - PDV Myriam - - - - -
J'ai de plus en plus de mal à regarder ma sœur, mes yeux bientôt submergés de larmes. Mon chagrin n'est malheureusement pas consolable. De tous les humains qui sont sur cette planète, il faut que ma sœur soit frappée par un putain de cancer. Cette merde qui se développe dans notre corps sans que l'on s'en aperçoive, avant que tout ne s'écroule.
Myriam : - D... Depuis quand est-ce que tu le sais ?
Emilie : - Ça fait plusieurs jours...
Myriam : - Et tu ne me le dis que MAINTENANT ?
Emilie : - Je suis désolée, Zazou, ce n'est pas quelque chose de simple à annoncer...
Myriam : - JE SUIS TA SŒUR, EMILIE, JE SAVAIS QUE TU ME CACHAIS QUELQUE CHOSE, JE T'EN AI ENCORE PARLÉ TOUT A L'HEURE !
La main de mon homme se pose sur mon bras, mais je me relève furieusement.
Myriam : - ON SE DIT TOUT, NORMALEMENT !
Emilie : - Zazou...
Ma sœur éclate en sanglots, alors que Daryl tente de me calmer.
Daryl : - Trésor, je t'en prie, calme-toi...
Myriam : - ME CALMER ?! ME CALMER ?! JE POURRAIS JAMAIS ME CALMER, MA SŒUR EST MOURANTE ET ELLE NE M'A RIEN DIT, ALORS QU'ELLE EST TOUTE MA VIE !!!
Je quitte la cuisine en courant, rejoignant ma chambre. En claquant la porte, plusieurs photos accrochées à ma coiffeuse se décrochent et s'écrasent au sol. J'essuie négligemment mes larmes d'un revers de main, et me penche pour ramasser les clichés.
En les découvrant, je me laisse tomber au sol, mes larmes redoublant.
Myriam : - C'est pas possible, je peux pas y croire...
J'observe une à une les photos qui datent de l'été dernier. Est-ce qu'à cette époque, tu étais déjà malade, Em' ? Depuis quand est-ce que ça ne va pas, et que tu nous caches ces symptômes ?
Emilie : - Je peux entrer ?
Je demeure silencieuse, jusqu'à ce que ma sœur s'assied à mes côtés. Je l'entends pousser un soupir lorsqu'elle attrape un des clichés.
Emilie : - J'adore ces photos. Elles sont superbes.
Myriam : - Em'... Est-ce que c'était le dernier été que l'on passait ensemble ?
Je tourne la tête vers elle. Elle aussi est en larmes, ses lèvres tremblent.
Emilie : - Il y a de fortes chances que oui, Zazou...
J'éclate en sanglots en me jetant dans ses bras. Emilie est dans le même état que moi, prise soudainement de spasmes.
Myriam : - Je refuse que tu me laisses, Mushu, tu entends ? Tu as intérêt à battre cette merde, je peux pas me voir sans toi !
Emilie : - Toutes les possibilités sont à envisager, ma chérie... Si le traitement ne fonctionne pas, il faudra vous préparer au pire...
Myriam : - JE REFUSE !
Sa main vient caresser l'arrière de mes cheveux, tandis que ses larmes mouillent la peau de mon cou.
Myriam : - Pourquoi toi... Pourquoi ?!
Emilie : - C'est la vie, Zazou... On n'y peut rien...
Je suis anéantie. Au grand jamais je n'ai autant souffert dans ma vie. On m'a déjà enlevé mes parents, pourquoi vouloir me prendre ma sœur et me laisser seule ?
Emilie : - Et tant que tu es dans cet état, je vais faire d'une pierre deux coups, parce que c'est pas bon pour ta grossesse de t'énerver ou d'être en situation de stress. Alors je vais tout te balancer d'un coup, tu m'en excuses d'avance, mais c'est bien plus simple.
Je me recule légèrement d'elle, l'interrogeant du regard. Ses yeux tombent sur ses mains, où je remarque que sa bague de fiançailles ainsi que son alliance ne sont plus là, alors qu'elle ne les enlève jamais. Pas même pour se laver ou pour faire du sport, depuis son mariage elle les a toujours portées.
Myriam : - Non, Emilie, me dis pas que...
Emilie : - Si. Matt et moi, c'est terminé.
Comment tomber encore plus bas en l'espace de quelques secondes ?
Myriam : - Emilie...
Je ne compte plus les larmes qui s'échouent sur mes joues. A ce rythme-là, je vais vider toute l'eau de mon corps !
Myriam : - Pourquoi ? Tu es en train de mourir, et la seule chose que tu trouves à faire, c'est de te séparer de ton mari ?!
Emilie : - Plus rien n'allait entre nous. Et justement, s'il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre, je préfère profiter des derniers instants, sans pour autant m'en faire pour un homme qui néglige totalement sa famille.
Myriam : - Est-ce que... Est-ce que Matt sait, pour ton cancer ?
Emilie : - Non. Et il ne le saura jamais. Je n'ai pas envie qu'il se sente obligé de rester par pitié. J'arrive à gérer les enfants, et je t'ai toi, et Daryl. Je vais y arriver, je le sais.
Myriam : - Je comprends pas... Matt pourrait t'aider, il te connait depuis des années...
Ma sœur esquisse un minuscule sourire, avant d'attraper mon visage en coupe.
Emilie : - La seule qui me connait mieux que tout le monde, c'est toi, Zazou. Je n'ai besoin que de toi, j'ai besoin de ton soutien, j'ai besoin que tu sois là pour moi. Ne m'en veux pas, ça ne changerait rien au fait que mes jours sont comptés. Alors s'il te plait, même si c'est difficile, essayons de vivre normalement, comme avant, et surtout, ne dis rien à Matt. Je lui ai dit que je ne voulais plus le voir, mais quelque chose me dit que cette tête en l'air va quand même se ramener ici pour voir les enfants. Est-ce que je peux avoir confiance en toi ?
Je ne prononce aucun mot, priant pour que tout ce merdier ne soit qu'un cauchemar. Mais je suis bien obligée de me rendre à l'évidence...
Emilie : - Zazou...
Myriam : - Je ne dirai rien à Matt. Mais ne me demande pas de faire comme si tu allais bien. Tu auras mon soutien, mais je peux te jurer que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu aies les meilleurs soins. Tu vas combattre ce putain de cancer. Toi et moi, c'est pour toujours. Et pas même une foutue maladie ne viendra briser ce lien !
Emilie : - Il faudra tout de même que tu me dises d'où vient toute cette douceur qui est en toi, c'est incroyable...
J'essaye de sourire, avant de me blottir à nouveau dans les bras de ma sœur.
Myriam : - Je t'aime, Emilie. Tellement fort...
Emilie : - Je sais, ma chérie, et moi aussi. Et comme tu as dit, rien ni personne ne mettra fin à ça. Tu as ma parole, je vais me battre. On va se battre ensemble.
*****
Je me réveille, des courbatures partout. Je prends conscience que je suis dans ma chambre, à même le sol, un plaid sur moi. Emilie est à mes côtés encore endormie. Je me lève silencieusement, remarquant que le lit n'est pas défait. Daryl n'a pas dormi là, ce n'est pas le genre à refaire son lit.
A pas de loup, je descends à la cuisine. Personne non plus. Mais un courant d'air me fait frissonner, et je remarque que la baie vitrée donnant sur le jardin est ouverte. J'enfile aussitôt des bottes et un gilet, l'air est frais et il y a encore un peu de neige, sans oublier le gel matinal.
Mes yeux parcourent l'étendue d'herbe, et une touffe brune sur le hamac attire mon regard. Je m'avance doucement, alors que Daryl m'aperçoit avant que je n'arrive à sa hauteur.
Daryl : - Trésor, tu vas prendre froid !
Myriam : - Tu as dormi là ?!
Daryl : - Non, sur le canapé. J'ai pas voulu vous déranger avec Emilie, vous aviez besoin de vous retrouver toutes les deux. Et j'avais besoin d'air quand je me suis réveillé. C'était pas un putain de cauchemar, hein ?
J'enroule mes bras autour de sa nuque, posant ma tête sur la sienne.
Myriam : - Non, malheureusement...
Daryl : - Putain... On a pas eu assez de merdes dans nos vies ?!
Des larmes menacent à nouveau de couler. Je me redresse, prise soudainement de nausées. Daryl rattrape simplement mes bras, se levant avant de me serrer contre lui.
Daryl : - T'es toute pâle d'un coup. Ça va ?...
Myriam : - C'est ton bébé qui me fait ça. Je prie pour pas vomir, le premier trimestre de grossesse, bon sang que je déteste ça !
Daryl : - D'ailleurs, tu vas bien ? On va pas dire que la soirée d'hier a épargné ton taux de stress ou de colère...
Myriam : - T'en fais pas, j'ai pas eu de douleurs ni rien, si ce n'est au cœur. Il est littéralement en train de tomber en miettes... Daryl, qu'est-ce que je vais faire si ce putain de cancer emporte ma sœur ?
Daryl : - Non, ne pense pas à ça. Profitons d'elle autant qu'on le peut, et surtout, ne nous enfermons pas dans des abysses sombres. On doit être forts pour elle, pour les enfants.
Myriam : - Tu as raison...
Nous restons ainsi durant plusieurs minutes, jusqu'à ce que le froid ait raison de nous. Daryl s'empresse d'allumer la cheminée, tandis que je nous prépare deux cafés. Je m'installe sous un plaid, avant qu'il ne me rejoigne rapidement.
Myriam : - Je vais retourner au cabinet ce matin.
Daryl : - Pourquoi faire ?
Myriam : - Récupérer les papiers du divorce pour...
Je prends une grande inspiration, ne voulant pas prononcer la fin de la phrase.
Daryl : - Je sais, trésor, je sais... J'étais là, je les ai entendus... Je dirai pas que c'était violent, mais Matt est partit en larmes... Je sais pas si ta sœur a bien fait.
Myriam : - Qu'elle ait bien fait ou non, si c'est ce qu'elle veut... Je ferai le nécessaire, même si je n'approuve pas du tout.
Daryl : - Une fois les papiers signés, ils ne pourront pas revenir en arrière...
Myriam : - Ce n'est pas parce qu'ils divorcent qu'ils ne vont plus se voir... Ou se fréquenter...
Daryl : - Tu as entendu comme moi que Matt fréquente une autre femme... Et depuis 2 ans.
Myriam : - Quoi ?! Il se tape cette salope depuis deux ans ?!
Daryl : - Soit disant, il n'a jamais couché avec. Mais cet abruti a foutu son mariage à la trappe parce qu'il sait pas ce qu'il veut.
Myriam : - Tu as essayé de lui parler ?
Daryl : - Ce n'est pas de lui que vient la décision du divorce. Lui, il voulait simplement prendre du recul, refouler les gosses à Emilie, et revenir une fois qu'il aura pris conscience que tout ça, ça lui manquait. Comme j'ai pris conscience que tu étais mon évidence lorsque j'ai foutu les pieds à New York.
Myriam : - Sauf que t'avais pas décidé de t'installer là-bas, et... On était encore au début de notre mariage, on s'était égarés et ils ont réussi à nous remettre dans le droit chemin...
Daryl : - Ouais... Même si j'aurais jamais accepté de signer les papiers du divorce si tu voulais me quitter. T'es à moi, et y'a intérêt à ce qu'aucun autre homme ne t'approche.
Je tape son torse du plat de la main, ce qui le fait ricaner.
Daryl : - Je suis sérieux. Je tiens pas à être cocu.
Myriam : - C'est pas moi qui ai la côte ! C'est plutôt à moi de m'inquiéter, c'est toi qui adore les femmes...
Daryl : - Adorais, les femmes, mon amour. Au jour d'aujourd'hui, c'est ma femme que j'aime, que j'adore et que j'admire.
Je lève la tête vers lui, l'embrassant fiévreusement. Cette once de tendresse me réchauffe quelque peu le cœur, avant que je ne reprenne conscience de la situation. Daryl enlace mes épaules et m'attire davantage contre lui.
Daryl : - Je te soutiendrai, ma princesse, d'accord ? Je ferai tout pour Emilie et toi. Vous êtes ma famille, et un homme digne de ce nom protège sa famille.
Myriam : - Merci bébé...
Son index relève ma tête, avant de capturer mes lèvres entre les siennes. Un faible raclement de gorge nous fait sursauter.
Emilie : - Désolée, je fais que passer, mais je suis congelée...
Ma sœur se dirige vers la cheminée, tendant ses mains vers le feu. Je tapote la place à côté de moi, et elle n'attend pas avant de venir poser ses fesses sous le plaid.
Daryl : - Je vais rallumer le chauffage, j'avais pas vraiment la tête à ça hier, désolé...
Emilie : - C'est moi qui suis désolée, j'ai légèrement plombé l'ambiance... Alors qu'on riait tous devant des séries débiles...
Myriam : - T'as rien plombé. Encore heureux que tu nous as annoncé ce qui clochait, parce que si t'avais attendu encore, je pense que je t'en aurais voulu à mort.
Emilie : - Encore désolée, mon Zazou...
Je pose une main derrière sa nuque et embrasse sa joue. Elle me sourit, alors que je me relève doucement.
Myriam : - Je peux vous abandonner quelques heures ?
Emilie : - Où est-ce que tu vas ?!
Myriam : - Au cabinet. Pour... Tu sais.
Elle se contente de hocher la tête, attrapant ma main pour la serre entre les siennes.
Emilie : - Merci, Zazou. Excuse-moi de te demander ça alors que tu n'es sûrement pas d'accord... Mais je ne veux pas que ce soit un autre avocat qui gère mon divorce... Désolée aussi, Daryl, je sais que tu voulais plus que ta femme reprenne du service...
Daryl : - C'est... Pour la bonne cause. Tant qu'elle rebosse pas comme une démenée, je m'en fiche.
Myriam : - Je reprendrai pas du service définitivement. Je m'occupe simplement du... De la fin du mariage de ma sœur.
J'adresse un faible sourire à Emilie, tandis que je me penche pour embrasser mon homme.
Myriam : - Tu prends soin de ma sœur durant mon absence ?
Daryl : - Promis. Mais je préfèrerai t'accompagner...
Myriam : - Je ne suis plus en danger, ne t'en fais pas pour moi. Emilie est plus importante, d'accord ?
Je vois qu'il est prêt à répliquer, mais je l'embrasse furtivement, avant d'attraper les clefs de sa Lambo.
Daryl : - Fais attention à mon bijou !
Myriam : - Promis, Monsieur !
Je l'entends ricaner, alors que je fonce vers la voiture. Le cœur lourd, je prends la direction de mon ancien travail. Lorsque j'arrive devant le building, je trouve miraculeusement une place non loin de l'entrée. J'inspire un bon coup avant de m'avancer vers le vigil.
Myriam : - Bonjour Andres.
Andres : - Oh ! Madame Ortega ! Quel bonheur de vous revoir après toutes ces années ! Ca fait quoi... Trois ans ?
Myriam : - Quatre, en fait. Cela me fait tout drôle de revenir ici...
Andres : - Et quel bon vent vous amène ?
Myriam : - Je fois gérer une histoire familiale... Est-ce que Nancy travaille toujours ici ?
Andres : - Bien sûr, elle n'a pas bougé d'étage. Elle est encore l'assistante d'un avocat qui a pris votre place. Maître Apatyee, il me semble.
Mon sang ne fait qu'un tour et je perds mon sourire. Je ne sais combien d'avocats travaillent au sein de ce cabinet, et il faut que ce soit Baptiste qui reprenne mon flambeau !
Myriam : - D'accord. Je viens seulement voir Nancy de toute manière, je n'en ai pas pour longtemps. Est-ce que je peux entrer ?
Andres : - Quelle question, bien entendu ! Passez une bonne journée !
Myriam : - Vous aussi !
Je m'engouffre rapidement dans le bâtiment, me dirigeant vers mon ancien bureau. Lorsque j'arrive dans le couloir de mon étage, je souris en voyant Nancy qui croule sous les dossiers. La pauvre, après toutes ces années, rien n'a changé !
Myriam : - Bonjour Nancy !
Je la vois sursauter, et plusieurs dossiers lui échappent des mains. Je l'aide à les ramasser, alors qu'elle me dévisage.
Nancy : - Alors ça, si je m'attendais à vous voir !
Myriam : - Une belle surprise ?
Nancy : - Et comment ! Vous êtes rayonnantes, la maternité vous va bien !
Myriam : - C'est gentil ! Un troisième est d'ailleurs en route...
Nancy : - Oh, toutes mes félicitations !!! J'aurais l'honneur de passer vous voir à l'hôpital lorsque ce nouveau bout de chou verra le jour ?
Myriam : - Bien évidemment !
Nancy : - Et comment vont les jumeaux ? Et Daryl ?
Myriam : - Tout le monde se porte à merveille, mise à part ma sœur... D'où ma visite ici.
Je me redresse, posant les feuilles sur son bureau.
Nancy : - Ça n'a pas l'air d'aller...
Myriam : - Non, pas vraiment. J'aurais besoin que vous me prépariez un dossier de divorce. Pour Emilie.
Nancy : - Oh non... C'est définitif ?
Myriam : - J'en ai bien peur malheureusement...
Nancy : - La vie est parfois cruelle...
Myriam : - Je ne vous le fais pas dire...
Je sens les larmes qui remplissent rapidement mes yeux, mais je les réprime en fermant les paupières et en secouant la tête de gauche à droite. Lorsque je les rouvre, je vois mon ancienne assistante qui tapote nerveusement sa tempe, le regard rivé sur l'écran de son ordinateur.
Myriam : - Un souci ?
Nancy : - Hum, eh bien... Depuis que vous êtes partie, on va dire que le règlement a quelque peu changé...
Myriam : - C'est-à-dire ?
Nancy : - Comme vous n'exercez plus au sein de ce cabinet, je ne peux pas vous imprimer un dossier de divorce. Vous devez avoir la signature d'un avocat qui travaille ici...
Myriam : - Et si je décide de me présenter au jugement ?
Nancy : - Il n'y aura pas de soucis de ce côté-là, vous pouvez exercer de votre propre initiative, mais si vous voulez un dossier maintenant, il faut la signature d'un de vos anciens collègues...
Je soupire. Je n'ai pas d'autre choix que d'aller voir mon ancien collègue !
Myriam : - Vous bossez avec Baptiste maintenant, c'est bien ça ?
Nancy : - Tout à fait. Il occupe votre ancien bureau.
Myriam : - Je reviens.
Je me retourne, marchant d'un pas décidé jusqu'au bureau de Baptiste. Je toque, et sans attendre l'autorisation d'entrer, je pénètre dans la pièce. Mon ancien collègue est assis au bureau, croquant à pleines dents dans un petit pain. Il écarquille les yeux lorsqu'il m'aperçoit, manquant de s'étouffer.
Mes yeux parcourent rapidement les lieux, voyant qu'un portrait de moi est accroché au-dessus du canapé.
Myriam : - Mais c'est quoi ça ?!
Baptiste : - Bonjour à toi aussi, Myriam. Tu es une icône ici, t'as tellement géré lors de ton dernier procès qu'on prend tous exemple sur toi. T'en fais pas, tout le monde a un portrait de toi dans son bureau. Je suis pas un psychopathe.
Myriam : - Ça t'aurai bien ressemblé...
Baptiste : - C'est pas parce que j'ai été un connard avec toi à l'époque que ça te permet de m'insulter.
Myriam : - Je n'ai rien fait de tel, et ce n'était pas mon intention.
Baptiste : - Que me vaut donc l'honneur de ta visite ?
Myriam : - A la base, je suis venue voir Nancy pour avoir un dossier de divorce.
Il lève un sourcil, amusé, avant de se laisser tomber sur le dossier de son fauteuil.
Baptiste : - Un divorce ?
Myriam : - Ce n'est pas pour moi, mon mariage se passe parfaitement bien et ma famille est heureuse. C'est pour Emilie, ma sœur. Mais j'ai appris qu'il fallait une signature d'un exerçant du cabinet. Je peux compter sur toi ou il faut que j'aille voir Elhadj ?
Baptiste : - Cela risque d'être compliqué d'aller voir Elhadj, il a été licencié il y a deux ans. Trop obsédé par les petites assistantes, harcèlement sexuel, etc... Je te fais pas de dessins.
Myriam : - Oh, je vois.
Mince. Je me vois mal aller voir mon ancien patron pour lui demander un dossier de divorce... Quel nouveau règlement stupide !
Baptiste : - Mais je vais te faire une faveur. Pour me faire pardonner de mon attitude envers toi, et envers ton mec.
Myriam : - Où est passé le Baptiste d'avant ?
Baptiste : - Aux oubliettes. Les mecs deviennent matures bien plus tard que les nanas.
Je hausse les sourcils, croyant voir un tout autre homme devant moi. Il se lève en souriant, tapant sur quelques touches de son clavier, avant de me demander de le suivre. Il se dirige vers le bureau de Nancy, où il attrape au passage quelques feuilles qui viennent de sortir de l'imprimante. Il emprunte un stylo chez son assistante, avant de me tendre le dossier.
Baptiste : - Voilà. Je suppose que c'est toi qui va te charger du reste.
Myriam : - En effet. Merci.
Baptiste : - Prends soin de toi, et la prochaine que je te vois entre ces murs, j'espère bien que tu reprendras ta place.
Myriam : - Ça risque pas. Mon mari ainsi que mes fils ont besoin de moi.
Il fait une moue indescriptible, avant de se retourner en grognant et de disparaitre dans son bureau. Je souris en croisant le regard de Nancy, avant de la saluer et de prendre la direction de la maison. J'ai le destin de ma sœur entre les mains, et même si je n'y crois pas, j'espère qu'elle se résoudra à signer ces foutus papiers.
*****
Une semaine s'est écoulée sans qu'aucun de nous n'ait de nouvelles de Matt. Ni même Daryl ne sait ce que devient son frère, il lui donne simplement l'excuse de la dépression, de la tristesse... Les papiers du divorce sont signés du côté d'Emilie depuis que je les lui ai ramenés, elle n'a pas hésité une seule seconde, n'écoutant même pas ce que je lui disais.
Emilie : - Zazou ? C'est aujourd'hui ton rendez-vous chez la gynéco ?
Myriam : - Oui, j'allais partir.
Emilie : - Je peux t'accompagner ? J'ai peur que Matt débarque, vu qu'on est le week-end et qu'il n'a pas dû comprendre que c'est Hitz qui lui amène les enfants, il ne devrait pas tarder à arriver.
Myriam : - Euh, oui d'accord.
Je la vois attraper ses clefs, avant que Daryl ne déboule dans la maison, une expression étrange sur le visage.
Myriam : - Ah, te voilà ! Je vais chez le médecin pour un contrôle de routine, Emilie vient avec moi.
Daryl : - D... D'accord. Mais, euh... Il y a Matt dehors.
Je tourne la tête vers ma sœur qui vient de froncer les sourcils.
Emilie : - Je savais qu'il allait venir. Il a pas l'air de comprendre ce que j'ai dit.
Daryl : - Il veut simplement te parler...
Emilie : - Le dialogue est rompu entre nous deux. Je ne veux pas le voir. Tu peux aller lui faire signer les papiers ? Histoire que le processus de divorce comment enfin.
Daryl : - J'suis désolé, Em', mais je ferai pas ça. Matt est littéralement détruit.
Emilie : - C'est lui qui a cherché cette situation. Zazou, est-ce que tu peux gérer ?
Myriam : - Je ne...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'elle fait volte-face, attrapant le dossier et me le fourre dans les mains, avant qu'elle ne s'échappe à l'étage. Je souffle bruyamment, contrariée qu'elle me laisse faire ça alors que je ne suis pas d'accord pour qu'elle divorce !
Myriam : - Je détestais faire ça lorsqu'il s'agissait de clients, mais là, c'est ma famille, je veux pas...
Daryl : - Je crains qu'il n'y ait pas de retour possible...
J'acquiesce en silence, avant de sortir de la maison. La voiture de Matt est là, et j'aperçois sa silhouette encore assise derrière le volant. Je déglutis péniblement jusqu'à ce que je sois devant sa portière. Je toque à sa vitre qu'il abaisse aussitôt.
Myriam : - Salut Matt...
Matt : - Salut... Em' est là ?
Myriam : - Oui, mais... Elle ne veut pas te voir, Matt, et elle refuse de te parler...
Je le vois se décomposer de plus en plus, et ça me fend le cœur.
Matt : - J'ai pris la semaine pour réfléchir, et putain je veux pas ce qui se passe. Je veux pas divorcer. Je veux pas la perdre.
Myriam : - Tu aurais peut-être dû y penser avant, Matt...
A contre cœur, je lui tends le dossier qu'il regarde tristement.
Matt : - C'est ce que je pense ?
Myriam : - Ne m'oblige pas à répondre... C'est suffisamment difficile pour moi...
Matt : - Et pas pour moi, tu crois ?
Il m'arrache presque les papiers des mains, je n'y fais pas attention et le fixe en silence. Sa colère est mêlée à de la tristesse, jamais je n'aurais pu croire qu'une telle expression allait se peindre un jour sur son visage.
Matt : - Évidemment, elle n'a pas perdu de temps pour les signer... Alors voilà, c'est donc la fin.
Sa voix se casse, mais aucune larme ne coule. Matt n'aime pas pleurer, et encore moins devant moi.
Matt : - Putain...
Il se penche vers la boite à gants et en extirpe un stylo. Il finit par signer à son tour et me retend tous les papiers.
Myriam : - Là, c'est l'avocate qui parle... Tant que le jugement n'est pas prononcé, en ce qui concerne la garde des enfants, la semaine ils seront chez Emilie, et le week-end, chez toi. C'est Hitz qui te les amènera et les recherchera, ainsi, tu n'auras pas la route à faire, et comme Emilie ne veut plus te voir au domicile conjugal... Tu n'as pas le choix, tout est stipulé dans le dossier. Je t'enverrai les papiers par mail pour que tu aies une copie.
Matt : - Ouais... Et la belle-sœur, avant qu'elle ne devienne une ex, elle aurait quelque chose à me dire pour que je récupère ma femme ?
Myriam : - Il faut laisser faire le temps... Si tu lui montres que tu peux t'occuper des enfants sans faire d'erreurs, peut-être qu'elle se calmera... Et petite précision au cas où tu n'oublies, Ayden est intolérant au lactose.
Matt : - Je sais...
Je pose une main compatissante sur son épaule, avant de reculer. Je suis happée une dernière fois par son regard larmoyant.
Myriam : - Je suis désolée pour tout ce qu'il se passe, Matt...
A suivre...
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[Si vous vous accaparez certaines de nos photos, merci de nous demander la permission. On bosse dur sur le montage de certaines, respectez le travail des autres, vous seriez adorables ! Idem pour des idées provenant de notre histoire... ❤️]
XOXO ❤️
Myriam & Emilie ❤️
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