10 - Le quotidien
- - - - - PDV Emilie - - - - -
N'est-ce pas un peu facile de revenir après tant de mal avec pour seul bagage, des excuses ? Des excuses pourquoi, au juste ? Pour ces années que j'ai passées, seule, fatiguée, brimée ? Un pardon suffit ? On est au-delà de la petite bêtise là, on est arrivés à un stade où je ne suis même pas sûre d'avoir les sentiments qu'il faut à son égard. Je ne crois pas qu'un simple pardon suffit, j'avais besoin de temps pour me reconstruire et je ne voulais pas le passer avec lui, voilà ce que je savais.
En tout cas, un jour il me remerciera, parce qu'aujourd'hui il va me détester jusqu'à ce que je ne sois... enfin bref, le jour où on lui annoncera que je ne suis plus là, ce sera plus facile... En réalité je l'aide en ce moment. Avec les enfants le week-end il s'habitue à eux, à s'en occuper, à leurs habitudes, comme ça ce sera plus facile après... Bien sûr que c'est mon cancer qui a précipité ma décision, c'est une évidence. Quand on vous annonce que c'est grave et qu'on doit faire d'autres tests, mais qu'il faut que se préparer au pire... Dans ma tête, j'ai recoupé tous mes symptômes, j'ai regardé mes seins, ces traîtres et j'ai su. J'ai su qu'il fallait que je fasse le ménage dans ma vie avant la tempête.
Par contre, il allait falloir que je fasse quelque chose avec Mina. Elle était en âge de comprendre, mais comment lui dire et que lui dire ? Elle m'en voudrait si je ne lui disais pas, mais elle devra rester dans la confidence, pour ne pas que Matt et ses frères et sœurs ne soient au courant, c'était vraiment une situation compliquée. Mais je savais au plus profond de moi qu'il fallait que je lui dise. C'est mon premier bébé, ma grande fille... Je sais que je vivrais toujours à travers elle, c'est pour ça que depuis petite je lui dis que je l'aimerai pour toujours, parce que même quand je ne serais plus là, mon souvenir vivra en elle et mon amour restera...
Je ne voulais pas penser au pire, je voulais être forte, mais il fallait aussi que je balaye toutes les possibilités. Cette année allait être la plus dure de ma vie, mais aussi peut-être bien la dernière... Assise sur mon lit, la main devant ma bouche, je regardais par la fenêtre l'horizon. Mes sourcils tressaillaient sous l'effet de l'émotion que provoquaient mes propres pensées. Mes enfants me manquaient déjà...
Myriam vînt plus tard, je ne vus pas son expression mais je savais qu'elle m'en voulait de lui avoir laisser annoncer à Matt, mais c'était le seul moyen. Il aurait rendu les choses plus difficiles alors que ça n'aurait rien changé. D'ailleurs, je recevais au moins un message par jour de sa part... Il n'a jamais autant pensé à moi, je suis sûre, mais je ne réponds pas. Je prends ses missives pour des bouteilles à la mer...
J'entendis Myriam ouvrir puis fermer la bouche, avant de se placer derrière moi, de sorte à me prendre dans ses bras. Daryl nous rejoignit un moment après et s'assit avec nous sur le lit, de manière quant à lui, de nous prendre toutes les deux dans ses bras. Mon hospitalisation était demain pour ma mastectomie totale. Il n'y avait plus rien à sauver de ce côté-là.
Daryl : - A quoi tu penses ?
Le dire à haute voix serait surement plus difficile et à peine commençais-je ma phrase que ma voix se cassa.
Emilie : - Que je ne serais plus qui je suis. Je n'aurais plus mes seins, plus de cheveux bientôt... Je ne ressemblerais bientôt ni à une fille, ni un garçon... C'est comme si on m'enlevait mon identité... Comme si on m'effaçait...
Myriam me serra plus fort contre elle alors que Daryl posa sa tête sur mon épaule.
Daryl : - Tu seras toujours la superbe femme qui a épousé un jour mon frère et avec qui j'ai vécu une vie exceptionnelle. La grande sœur la plus géniale que je connaisse. La mère la plus forte qu'il m'ait été donné de voir et la femme avec le plus puissant crochet qu'il m'a été donné de tester. La femme qui m'aura le plus traité de connard dans ma vie, mais aussi la deuxième femme de ma vie. T'es un roc Em', je ne doute pas une seule seconde que tu puisses traverser tout ça la tête haute. Je n'aurais pas la prétention de te dire que tu vas survivre à tout ça, mais en tout cas je sais que tu feras tout pour. Pour l'instant, tes injections se passent sans trop d'effets secondaires alors pourvu que ça dure, et on est là, d'accord ?
Des larmes roulèrent sur ma joue avant que je ne me blottisse au creux de son cou. J'avais besoin d'entendre ça. Il n'y avait pas que du bon, mais il y avait surtout de l'espoir. Il fallait que je recultive ce que je détestais le plus, mais pour une cause différente cette fois. Ma survie.
Mon téléphone vibra, un coup d'œil sur l'identité de l'appelant me suffit pour décrocher.
Emilie : - Coucou mon petit chat, ça me fait plaisir de t'entendre.
Mina : - Coucou maman, j'ai voulu rentrer à la maison pour te faire un bisou avant de partir chez papa, mais Hitz avait déjà tout de prévu et il m'a dit qu'il fallait que tu te reposes. Quelque chose ne va pas ?
Un sanglot m'échappa, rapidement transformé en sourire. Ce n'était plus mon petit bébé mais ma grande fille. Je crois que je ne m'y ferais jamais. Ce n'était pas à elle de se préoccuper de moi et pourtant elle le faisait tout le temps.
Emilie : - Est-ce que Hitz a deux minutes pour qu'on discute ?
Mina : - Il a dit que oui, parce que papa ne semble pas chez lui. Enfin, c'est une fille qui est là et Hitz lui a demandé de sortir et qu'on attendrait papa chez lui. Mais si tu veux mon avis, elle est pas belle du tout, comparé à toi. Elle est toute fade et elle a l'air un peu nunuche.
Je ris en m'essuyant le nez d'un revers de main.
Emilie : - Merci ma petite frite. T'es la meilleure, tu le sais ça ?
Mina : - Maman... ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Ta voix est bizarre, tu pleures ?
Emilie : - Je vais attendre de pouvoir t'en parler en vrai, mais sache que demain je vais me faire opérer et tu as bien fait de m'appeler, parce que ça me fait du bien.
Mina : - Est-ce que c'est grave ?
Emilie : - Il faudrait que je t'explique de vive voix, mais je t'en parle parce que tu es grande, mais n'en parle ni à tes frères et sœurs, ni à papa. Seulement à nous et Hitz, d'accord ? Il n'y a que nous qui soyons au courant et j'aimerai que ça reste ainsi. Est-ce que je peux te faire confiance ?
Mina : - D'accord, c'est promis. C'est à quelle heure ?
Emilie : - J'y vais à 7h, mais je ne sais pas quand je ressortirais.
Mina : - Mais tu ressortiras, hein ?
Emilie : - Pour tout te dire, mon chat, je ne sais pas. Je l'espère de toutes mes forces et je vais me battre comme je fais toujours, mais maman est très faible en ce moment et c'est pas bon... Enfin, pas l'idéal, disons.
Mina : - C'est de ma faute, j'ai pas été gentille avec toi en ce moment... Je t'ai dit des choses que je regrette beaucoup. Est-ce qu'on peut revenir en arrière ?
Un sanglot m'échappa que j'essayais d'étouffer avec ma main. Est-ce que c'était la dernière fois que je parlerai à ma fille ?
Emilie : - Mina, c'est oublié. Une maman, c'est fait pour aimer inconditionnellement ses bébés. C'est déjà oublié, je t'assure ma frite, et tu n'as rien à te faire pardonner. Tu es et tu resteras pour toujours mon petit bébé, comme ton frère et ta sœur, mais tu sais qu'on a un lien spécial toutes les deux, parce que tu es l'aînée et tu es... Toi.
Je l'entendis pleurer à l'autre bout du fil.
Emilie : - Je t'en prie bébé, ne pleure pas. Il faut que tu sois forte pour maman, d'accord ? Sache que je t'aime et je t'aimerais pour toujours et à jamais. Et un jour, quand tu seras bien plus grande, tu comprendras à quel point je t'aime. Allez, file voir Hitz, tel que je le connais et vu l'heure, il doit vous préparer une de ses bonnes recettes de grand père russe ?
Elle rit au bout du fil avant de crier.
Mina : - PAPI ! ON MANGE QUOIIII ?
J'entendis un bruit sourd incompréhensible avant d'entendre le rire de Mina.
Mina : - Aujourd'hui c'est Ellie, demain Ayden et après-demain c'est moi.
Je ris à mon tour avant de me résoudre à la laisser.
Emilie : - Bon mon cœur, je te laisse, d'accord ? Soit gentille avec papa, d'accord ? Il est un peu perdu, et je te connais, tu peux être aussi méchante que moi quand tu veux, alors essaye de l'aider au cas où il en ait besoin... Je peux te faire confiance ?
Mina : - D'accord... Tu fais bien de le dire, parce que je ne comptais pas l'épargner. Et je vais m'occuper des deux monstres, même s'ils dorment en ce moment. Je t'aime maman. On t'aime tous. Fait pleins de bisous à tonton et tatie et à mon gros chat aussi, t'oublie pas !
Emilie : - Je vous aime fort mes petits happy meal !
Et elle raccrocha en mimant des baisers bruyants qui me firent rire un instant de plus.
Myriam : - Question stupide, mais est-ce que ça va ?
Emilie : - Je suis partagée. Je suis triste à l'idée de me dire que d'un instant à l'autre, c'est peut-être la dernière fois que je parle à ma fille, que je la sers dans mes bras, et de l'autre, c'est dans l'ordre des choses de mourir avant ses enfants. Mais allez ! C'est rien. Prenez votre soirée vous, ça doit faire une éternité que vous n'avez pas pris une soirée pour vous retrouver que tous les deux. Faites vous tout beaux et allez dans le plus chic des restaurants ! Moi je m'occupe des jumeaux, de toute manière ils sont déjà couchés.
Myriam : - Non, je veux pas...
Daryl : - On l'aide pas vraiment à rester là.
Emilie : - C'est pas contre toi, Zazou, mais quand on est comme ça, si proches, ça me fait du bien c'est sur, mais ça ne fait que me rappeler à mon état. Je veux juste qu'on continue nos vies, d'accord ?
Myriam : - Mais je...
Je me retournais pour prendre le visage de Myriam en coupe afin qu'elle me regarde et qu'elle ne discute pas surtout.
Myriam : - Je déteste quand la nuit tombe, parce que...
Et elle commença à pleurer dans mes mains, mais je suis la grande sœur, c'est à moi d'être là, alors je lui relevais la tête en la forçant à me regarder. Une grande sœur ne pouvait pas laisser sa petite sœur dans cet état, même si c'est de notre faute. De toute manière, quand une sœur pleure, c'est forcément un peu de la faute de la grande sœur, c'est ce que j'ai toujours ressenti en tout cas.
Emilie : - Si il y a bien une chose sur Terre qui est indiscutablement beau, c'est un coucher de soleil, ma chérie. C'est la preuve irréfutable qu'une fin peut être belle.
Elle me frappa l'épaule en redoublant de pleurs.
Myriam : - Ne compte pas sur moi pour écrire ça sur ta tombe !
Je ris avant de la serrer contre moi. Je chuchotais à Daryl que je ne veux pas de tombe, Matt le savait, mais ce n'était plus vraiment utile maintenant... Des gens qui se forcent à venir pleurer sur une pierre alors que je suis en train de me faire bouffer par les asticots par l'intérieur, on a vu plus glamour et heureux. Je ne veux pas d'un lieu où les gens viennent me pleurer, je veux être partout. J'aimerais qu'on éparpille mes cendres en haut d'une falaise, au bord de la mer pour que je puisse une dernière fois goûter à la liberté d'une brise folle, à son parfum salé, à son indomptabilité.
Myriam : - T'arrêtes, oui !
Je souris avant de lui embrasser le front et Daryl la tira hors de ma chambre. Je l'entendis lui crier dessus à l'extérieur avant qu'il ne la rassure. Me laissant tomber sur mon lit, je me posais pleins de questions, alors au lieu de réfléchir je décidais d'écrire ma conférence de presse.
« Bonjour, je vous remercie d'être tous là aujourd'hui.
Je vous annonce officiellement que la chaîne de salle de musculation EM Fitness m'appartient désormais totalement. Matt Ortega m'a vendu ces dernières parts, sachez cependant que ce n'est que le début de mon aventure. Une troisième salle va ouvrir ses portes dans quelques mois, ce sera un concept un peu différent. J'ai décidé de fonder une salle de sport complètement dédiée aux sports et à la détente en rapport direct avec l'eau. Vous pourrez y retrouver plusieurs piscines où des cours d'aqua bike se mêleront à la natation synchronisée et pleins d'autres activités. Il y a aura également un coin Sauna / Hammam. Cet accès à la salle sera disponible avec votre carte d'abonnement Em Fitness pour une participation de 5 euros par mois seulement. Mais ce ne sont pas les seules choses que j'ai prévues. Cette nouvelle salle s'appellera EM Aquarium car une partie du complexe sera à ciel ouvert sous un dôme et évidemment dédié à l'eau. Oui, je me creuse vraiment la cervelle pour trouver des noms, ne rigolez pas !
Ensuite, je me suis dit et après ? Alors j'ai fait un constat affligeant mais nécessaire. Je me suis rendue compte que les salles étaient assez nombreuses en ville désormais. Nous nous sommes vite imposés comme les leaders sur le marché, les number one, la coqueluche du public sportif. Avec des cours spécifiques animé par des professeurs qualifiés, des équipements de qualité toujours à la pointe de la technologie et des adhérents qui ont su voir les qualités de la salle et faire fonctionner correctement le bouche à oreille. Je voulais vraiment garder cette proximité que j'ai avec mes adhérents et mes salles. C'est important pour moi d'y aller, de faire mes papiers, de voir mes habitués, mon staff parce que cette entreprise je l'ai créé de A à Z et c'est ma fierté j'ai besoin d'en rester proche et fière. La dernière chose que je veux faire c'est me déconnecter de la réalité et de mon entreprise. C'est pour cela que je n'ouvrirais ni n'accepterais de demande de franchise. C'est pour cela que EM Fitness restera une entreprise locale, je ne m'aventurerais même pas en nationale. Donc, partant de ce constat, je me suis demandée ce que je pouvais faire de plus pour les adhérents de mes salles et là m'est venue une idée. Pour l'instant, elle n'est qu'en phase d'étude, mais je compte une fois que la dernière salle aura ouverte, les travaux d'un centre commercial dédié au fitness commencera. Pour vous expliquer un peu le projet, vous pourrez y retrouver une 4ème salle aussi grande que la première. Avec des cours, un coin musculation, fitness et yoga qui est notre marque de fabrique mais également un magasin dédié aux compléments alimentaires et à la nutrition sportive avec des diététiciens à l'écoute qui seront disponible avec ou sans rendez-vous avec un suivi régulier avec vous. Il y aura aussi un magasin de vêtement de sport avec notre propre marque qui est en phase de développement pour l'instant qui s'appellera EMTEAM mais aussi d'autres marques réputées au renom indiscutable. Il y aura aussi un restaurant pour se sustenter sainement, avec des produits frais, bio et des alternatives vegan, un coffee shop où vous pourrez vous détendre. La dernière chose sera une crèche pour garder vos enfants de tous les âges avec encore une fois du personnel qualifié en qui vous pourrez avoir confiance. Je laisse cependant 1 emplacement libre pour celui qui voudrait se joindre à nous avec des idées en accord avec les nôtres, nous serons ravis d'étudier ça. Ce complexe s'appellera EM Mall FOR THE SPORTS. On est encore sur de la grosse réflexion n'est-ce pas ?
Je voulais faire un point aussi sur un sujet particulier que nous avons abordés lors de l'assemblée générale de fin d'année, les bénéfices. Cette année, ils seront coupés en 4. 1 quart sera donné à une association que j'ai déjà contactée. Elle s'occupe de régler les factures des femmes, en particulier, atteinte de cancer. Cette association aide les femmes du début quand elles apprennent leur cancer, les aide à régler certaines factures pour qu'elles puissent se soigner sans se préoccuper de l'argent. Les femmes peuvent voir des professionnels de santé comme des psychologues là bénévolement si elles en ressentent le besoin. Et aider les femmes qui le souhaite à retrouver leur dignité en participant aux frais de reconstruction mammaire et surtout quand l'issue est plus sombre elle aide la famille à régler les frais d'enterrement. J'ai rencontré des femmes formidables qui soutiennent cette association à but non lucratif, à bout de bras et cet élan de solidarité m'a énormément touché alors si vous aussi vous voulez faire un don, je vous y invite même quelques dollars ce sera déjà formidable pour elles. En tant que femme je ne peux que me sentir concerné par cette cause qui touche de plus en plus de personnes et qui malheureusement dans notre pays et parfois insupportable. On vous annonce que vous avez un cancer, et les calculs vont vite dans la tête sans argent, il n'y a pas de traitement. L'équation est simple, parce qu'une seule injection coûte environ 8000 dollars, un jour d'hospitalisation entre 5000 et 10000 dollars. Malheureusement ça ne sort pas d'un chapeau ces dollars... Ensuite un autre quart des bénéfices ira à mon crew comme on dit, je partagerai ça de manière équitable entre tous, d'ailleurs ils doivent déjà avoir ça sur leurs comptes, profitez les gars ! Viennent ensuite un autre quart qui sera directement réinjecté dans la société pour les travaux de l'année et le dernier quart me revient.
Bref. Grace à ces projets nous allons créer plus d'une centaine d'emplois. Je vous invite donc à me faire parvenir vos cv les sessions d'embauche se dérouleront très bientôt. Je vous laisse avec cette vidéo qui expliquera plus en détail ce qui se passera pour la marque EM.
Voilà je vous remercie de votre attention et merci à nos adhérents qui permettent que mes rêves et peut être les vôtres se réalisent. Merci encore ! »
C'est bien comme ça. Soudain, j'entendis des pas devant la porte et puis des chuchotements.
Daryl : - Non. Non. Non. Tu vas où, toi ? Laisse-la tranquille, on y va.
Myriam : - Mais...
Daryl : - Exécution !
Myriam : - T'es dur en affaires !
Daryl : - Je sais chérie, c'est pour ça que j'ai un compte en banque à plusieurs dizaines de chiffres.
Je souris avant d'entendre la porte d'en bas claquer et au même moment les garçons se mirent à pleurer, alors je me levais pour aller les voir.
En poussant la porte de leur chambre je découvris deux bébés en larmes, comme si on venait de leur enlever leur raison de vivre.
Emilie : - Bah alors les monstres, qu'est-ce qu'il se passe ?
Liam : - CHAUCHETAMAR...
Emilie : - Je suis presque sûre qu'on dit cauchemar... !
Je me rapprochais d'eux et les pris dans mes bras, avant de les emmener avec moi dans la chambre. C'était la première nuit depuis très longtemps que j'allais vraiment dormir seule et célibataire, enfin en instance de divorce pardon, alors mettre deux mecs dans mon lit, ça me ressemblait bien. Ils se lovèrent tous les deux contre moi sous la couette, et nous nous sommes endormis avec le chat de Mina au bout de mes pieds, comme souvent quand sa maitresse n'est pas là.
Daryl : - Mais c'est pas vrai, tu peux pas t'empêcher. Là, elle est avec les garçons, laisse-la, et laisse-les surtout, je t'en supplie ! Pour une fois qu'ils font un semblant de nuit complète.
La porte se referma gentiment, ce qui me fit sourire, même dans mon état de semi conscience. Quelle heure il était... ? Combien de temps s'était écoulé depuis mon coucher ?
Myriam : - Rho, ça va, j'ai rien fait de mal non plus ! On se calme, Rothschild, t'as pas digéré les truffes ?
Un bruit sourd s'accompagna d'un rire.
Daryl : - Tu vas voir ce qu'il va te faire, Rothschild. Je peux vous dire qu'il ne va pas vous apprendre les bonnes manières, madame.
Myriam : - Oh je m'excuse, j'ai loupé votre cours, mais est-ce que ce serait possible d'avoir un cours particulier... ? Je payerai en nature... !
Daryl : - Le règlement se fait avant, pendant, et après, madame.
Myriam : - Ouh, vous coûtez cher... !
Daryl : - Et vous n'avez encore rien vu.
Bon, je dois bien avouer que c'était mignon, mais putain, c'est ma sœur ! Remarque, ils ont dû assez en baver eux deux aussi avec moi, et... Arrête de penser et rendors-toi.
C'est mon réveil qui s'occupa de me réveiller en sursaut. 5h30, la nuit a été courte. Je recouchais les garçons dans leur lit, avant de me doucher, m'habiller... Et je m'assis devant mon miroir. J'observais mon reflet en me disant qu'il y a tellement de manière de dire au revoir, mais est-ce qu'une seule correspondait à ce que je vivais en ce moment. Adieu ? Trop théâtral. En fait, il n'y a rien pour dire au revoir à ses seins.
Je me pris en photo, ça me parut important et la mit en story sur tous mes réseaux sociaux, parce qu'en plus la marque que je portais, c'était la mienne. Mes premiers prototypes étaient arrivés hier. Et puis finalement, je me relevais pour descendre à la cuisine manger un peu. Les infirmières m'avait dit que c'était bien de manger un peu, mais en petite quantité et pas la veille au soir. Donc juste histoire d'avoir le minimum dans le ventre.
Rho, j'ai terriblement envie d'un truc mais c'est mal. Je me fis couler un café, mais ça tournait en boucle dans ma tête. Mina m'en voudra, c'est sur... D'accord, elle est chez son père, mais elle me fait confiance et je peux pas briser ça... Même si je lui en rachète, elle le verra... J'ouvris le placard et observais le paquet devant moi, OK JE LE FAIS.
Je pris le paquet dans mes mains avant de l'ouvrir, je restais un moment à observer l'intérieur avant d'y plonger ma main. Je fais la pire chose qu'une mère peut faire à son enfant. Manger les meilleures céréales en triant directement dans le paquet. J'étais en train de lui manger tous les plus gros bouts de ces mueslis au chocolat. Elle va me tuer.
Je bus mon café en vitesse et retrouve à 6h les journalistes dans une salle de réunion d'un grand hôtel que j'ai réservé pour l'occasion, où je leur ai tous donné rendez-vous. J'ai fait mon speech, laissé les questions à mon directeur de com'. Je n'ai pas voulu l'avouer au début, mais il est très très utile. D'ailleurs maintenant, il porte aussi la casquette de Community manager. Ça m'évite de crouler sous les notifications, même si j'y fais un tour parfois mais je suis quand même plus sereine. En plus, ça l'a déridé un peu, parce que c'était pas un marrant le lascar.
Je repris ensuite ma voiture pour me diriger vers l'hôpital, qu'est-ce que je redoutais ce moment... En arrivant devant les portes d'entrée, il n'était que 6h45, alors je décidais de me défouler durant ces 15 dernières minutes alors j'ai couru, j'ai fait le tour du centre hospitalier. J'admire une chose avec la course, c'est qu'elle vide la tête. Toutes pensées n'ont plus leur place, elles disparaissent au profit d'un calme olympien. On entend plus que ses organes tambouriner à un rythme effréné, le cœur ne suit pas, les poumons ne suivent pas, mais la tête adore ça.
Une fois l'heure un peu dépassée, je retournais à ma voiture pour prendre ma valise, puis rentrais dans le complexe et on m'installa tout de suite en chambre. J'allumais la télé pour tomber sur la rediffusion de ma conférence de presse en boucle, avec les commentaires plus ou moins négatifs des présentateurs. En même temps, je ne suis pas sûre qu'un jour ils seront satisfaits ceux-là. Je zappais avant de tomber sur la chaîne que regarde les enfants tous les matins et je me rendormis en pensant à ma frite, ma nugget et ma petite olive.
Pourquoi j'appelle Ellie mon olive ? Parce que j'aurais aimé qu'elle s'appelle Olive, mais Matt ne voulait pas, alors le jour de sa naissance je me suis dit qu'on était quand même deux à choisir, alors on est tombés d'accord pour Ellie. Pour moi, Olive c'est pas juste le condiment ou je ne sais quoi, c'est mon enfance. C'est Olive Oyl de Popeye, mon dessin animé préféré. Mais bon, comme je l'ai dit, on est, ou tout du moins, nous étions deux.
Une infirmière entra plusieurs heures après dans la pièce et sourit en voyant la télé.
Emilie : - Mes enfants me manquent.
Infirmière : - Vous n'avez pas souhaité qu'ils vous accompagnent ?
Emilie : - J'aurais aimé, mais c'est pas aussi simple, la garde alternée.
Infirmière : - Je vois ! Vous avez des personnes proches pour vous soutenir ? Parce que c'est important, c'est 50% de la guérison.
Emilie : - Oui, j'ai ma sœur et mon beau frère, ne vous inquiétez pas.
Infirmière : - Bon, alors ça va. Je vous prépare pour le bloc et on y va.
A suivre...
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[Si vous vous accaparez certaines de nos photos, merci de nous demander la permission. On bosse dur sur le montage de certaines, respectez le travail des autres, vous seriez adorables ! Idem pour des idées provenant de notre histoire... ❤️]
XOXO ❤️
Emilie et Myriam ❤️
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