21 - Vide Sidéral
- - - - - PDV Myriam - - - - -
Je ne me sentais pas très bien après notre déjeuner au resto indien non loin du cabinet. Je pensais que j'avais trop mangé, mais non. Me voilà dans les toilettes, ce fichu bâtonnet entre les mains, affichant distinctement deux barres.
Myriam : - Putain de bordel de merde... Fallait que ça arrive maintenant !
Je m'extirpe enfin de ma cabine, jetant le tout, avant de me laver les mains durant plusieurs minutes. Je fixe le reflet de mon ventre dans le miroir. Comment est-ce que je vais faire, maintenant ?!
Je retourne vers mon bureau d'un pas nonchalant, presque comme un automate. J'entends Nancy m'appeler, je ne me retourne pas, agitant ma main pour lui dire que je vais bien. Mais avant que je ne puisse entrer dans la pièce, Pablo me stoppe avec une main sur l'épaule.
Pablo : - Est-ce que tout va bien, Myriam ? Vous êtes aussi blanche qu'un cul de nouveau-né !
Myriam : - Ca va. Je crois...
En fait, ça n'allait pas du tout. J'étais totalement déboussolée, ne savant pas quoi faire. Je hoche presque automatiquement la tête, essayant de sourire, mais ce que je dédiais à Pablo devant être encore plus effrayant que le sourire du Joker.
Je finis par m'affaler sur mon fauteuil, sous le regard de Baptiste qui était avachi sur le canapé, certainement en train de digérer.
Baptiste : - Chou ? Ca va ?
Je ne lui réponds pas, attrapant mon portable. Je clique sur la dernière conversation que j'ai eue avec ma soeur, pas des plus élogieuses. J'hésite plusieurs fois à taper un nouveau message, j'avais besoin d'elle, de ses conseils, mais je finis par me résoudre.
Je suis à deux doigts de bazarder mon téléphone, lorsque la photo que Daryl a récemment publié sur Instagram happe mon regard. Je la fixe pendant plusieurs minutes sans rien dire, jusqu'à ce qu'une larme vienne se suicider sur mon écran qui m'affiche désormais mon fond d'écran.
Je pose finalement mon appareil, plaquant une main sur ma bouche pour étouffer au mieux mes sanglots.
Baptiste : - Hééééé...
Mon collègue me rejoint, tournant mon fauteuil pour s'accroupir devant moi. Ses mains se posent sur mes genoux pour attirer mon attention.
Baptiste : - Mais qu'est-ce qui t'arrives ?! Tu étais souriante au repas, il s'est passé quelque chose ?
Je balbutie sans pouvoir articuler un seul mot. Tout dégringole dans ma vie, et je ne sais plus comment ressortir la tête de l'eau. Je vais finir par me noyer !
Baptiste : - Myriam, calme-toi...
Myriam : - Plus... Plus rien ne va chez moi, je suis au bout du rouleau, je n'en peux plus, je...
Le regard émeraude de Baptiste me scanne, avant qu'il ne se relève vivement pour me plaquer contre lui. Je lâche un hoquet de surprise, arrêtant de respirer. Ses lèvres se posent brutalement sur les miennes, mes sanglots se stoppant instantanément. Sa langue demande l'autorisation d'entrer dans ma bouche, où je lui approuve l'accès.
Il me bascule légèrement sur le bureau où je me laisse tomber, ses cuisses s'insinuant entre les miennes, remontant outrageusement ma jupe. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été embrassée comme tel, avec une telle passion, une telle hargne ! Mais... Cet homme n'est pas Daryl, ce n'est pas l'homme que j'aime, je ne peux pas ! Myriam, PUTAIN, QU'EST-CE QUE TU FOUS ?!
Je pose une main sur son torse en mettant fin à notre baiser, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, c'est la voix de ma soeur que j'entends.
Emilie : - Ma fille... ?
Mes yeux s'ancrent aussitôt à ceux d'Emilie qui avait les billes aussi grosses que des soucoupes. Sans qu'elle ne me laisse le temps de lui répondre que quelqu'un était déjà allé la chercher, elle sortit de ses gonds.
Emilie : - T'AS OUBLIÉ MA FILLE DE 4 ANS A L'ECOLE ? MAIS T'ES QUEL GENRE DE MONSTRE, MYRIAM ?
Elle tourne brusquement les talons, claquant la porte derrière elle avant de s'enfuir en courant.
Myriam : - Non, Emilie, je... EMILIE, ATTENDS !!!
Je me débattais dans les bras de Baptiste qui n'a l'air d'avoir aucune intention de me lâcher.
Myriam : - Lâche-moi !
Baptiste : - Ne t'énerve pas comme ça, elle l'aurait appris un jour ou l'autre...
Je reste comme deux ronds de flan.
Myriam : - Pardon ?!
Ses bras se nouent dans mon dos, me rapprochant de lui, me laissant découvrir que sa virilité est poussée au maximum !
Baptiste : - J'ai bien capté cette alchimie entre nous... Et je sais que toi aussi...
Son visage se rapproche du mien, mais je dévis la tête, le poussant du plat des mains.
Myriam : - Fous-moi la paix ! T'es complètement malade !
Baptiste : - Sérieusement ? Tu me repousses ? Tu peux prendre un plaisir monstre si je te prends là, de suite, sur ce bureau...
Ma main part toute seule et se fracasse sur sa joue. La trace de mes doigts apparait aussitôt, mais son regard émeraude reste impassible. Comme si rien ne s'était passé !
Baptiste : - La violence ne me dérange pas lors d'ébats...
Sa bouche fond sur mon cou, alors que je tambourine son torse de mes petites mains. Mais quel porc, ce mec !
Myriam : - PABLO !!!
La porte s'ouvre dans un fracas assourdissant. Baptiste se tend de la tête aux pieds lorsque la main d'un des gorilles s'enroulent autour de son col.
Pablo : - Viens par là, toi !
Baptiste : - Les gars, on se calme, doucement, j'ai rien fait !
Pablo : - Fernando, emmène-moi cet insecte insignifiant loin d'ici avant que ma patience ne dépasse ses limites...
Je ne suis plus le reste de la scène, me laissant tomber au sol, me recroquevillant sur moi-même. Mes larmes se multiplient, je ne contrôle plus rien. Que ce soit mon chagrin ou ma vie !
Pablo : - Ca va vraiment pas, là...
Incapable de répondre, je hoche la tête de gauche à droite.
Pablo : - On ne...
La sonnerie de mon téléphone retentit soudainement. Il s'agit d'un appel vidéo, je reconnais la mélodie. L'homme de main de Daryl se redresse et me tend le portable.
Pablo : - C'est votre soeur.
Je tente de me calmer quelques secondes, essuyant nerveusement l'eau sous mes yeux qui a dû ravager mon maquillage. Je finis par décrocher, mon coeur recevant une décharge lorsque j'aperçois le visage de Daryl dans la conversation. Emilie semble affolée, et les deux frères ne sont pas très sereins non plus.
Emilie : On est tout les 4 ici en conversation, et Mina n'est avec personne de nous 4, pourtant quelqu'un est venu la récupérer à l'école.
Je fronce les sourcils. C'est quoi ce bordel ?!
Myriam : Mais je le savais moi ! Quand j'ai voulu appeler la principale pour dire que j'aurais...
Je me racle la gorge avant de poursuivre ma phrase.
Myriam : ...Du retard elle m'a dit que c'était pas la peine que quelqu'un était déjà venu la chercher. Mais je te jure, je te jure Em' que j'avais que 5 minutes de retard.
Soudain, je compris que quelque chose de grave était arrivé !
Myriam : - Je viens te chercher de suite, on file au commisariat !
Je raccroche, me relevant comme si j'étais assise sur une aiguille. Pablo me regarde, le visage fermé.
Pablo : - On vous dépose ?
Myriam : - Non, je prends ma voiture, il faut que je retourne à la maison et...
Pablo : - Votre Lambo est déjà au pied de l'immeuble. On savait que vous alliez vouloir bouger dans la journée. On vous accompagne ?
Myriam : - Non, surtout pas. Allez directement à la villa au cas où Mina serait là-bas. Je pense que Daryl va prendre la route immédiatement, il vous appellera sûrement. Tenez-le au courant.
Pablo : - Aucun problème. Mais soyez prudente.
Je hoche la tête, attrapant mon sac avant de sortir précipitamment du bureau. Je dis à Nancy qu'elle peut partir, je serai absente tout le reste de la journée, et j'appuie frénétiquement sur le bouton de l'ascenseur.
Myriam : - Alleeeeeeez.
Je m'engouffre dans l'habitacle aussitôt que les lourdes portes en métal s'ouvrent. Les regards ébahis de plusieurs de mes collègues me dévisagent, je ne dis rien, prenant sur moi, avant de courir rapidement jusqu'à ma voiture une fois la descente terminée.
Je fais crisser les pneus, manquant de percuter un groupe de motards, mais j'ai pas le temps de glander !
* * * * *
Arrivée devant l'école en quelques minutes, j'aperçois Emilie assise sur le trottoir, en pleurs. Un homme dans son dos continue de passer le balai sans faire plus attention à elle.
Je me précipite hors de la voiture, courant jusqu'à Mushu. Je fusille l'homme du regard.
Myriam : - Très gentlemen de regarder une femme enceinte en train de pleurer toutes les larmes de son corps, assise sur le macadam froid !
? : - Mais je...
Je me désintéresse de ce type, m'accroupissant près de ma sœur.
Myriam : - Mushu, regarde-moi... Regarde-moi !
J'attrape son visage en coupe qui est ravagé par les larmes. J'étouffe un gémissement, ne supportant pas de la voir dans un état pareil !
Myriam : - Est-ce que tu sais qui l'a cherchée ? Ou est-ce qu'elle pourrait être ?
Emilie : - Mon petit bébé... On m'a enlevé ma petite frite...
Elle répète cela en boucle, ses sanglots s'accroissant. Je me redresse légèrement, interrogeant le type présent dans la cour de l'école.
Myriam : - Excusez-moi. Vous auriez le numéro de cette empotée qui sert de directrice à l'établissement ?!
? : - Euh... Ouaip', mais j'crois pas que...
Myriam : - Donnez-moi votre téléphone, ou je vous colle un procès au cul pour entrave à la justice !!!
Les yeux de l'homme s'arrondissent, alors que je croise le regard de ma sœur. Elle s'est arrêtée de pleurer, m'observant comme si je provenais d'une autre planète.
Myriam : - Quoi ? On a pas le temps de jouer, là ! On parle de Nana !
Tel un robot, elle hoche la tête, toujours la même expression sur le visage. Ce type qui semble être le gardien me tends son téléphone en acquiesçant.
Myriam : - Madame la proviseure ? C'est Myriam Ortega !
La Proviseure : - Encore ?! J'ai eu votre sœur tout à l'heure, et vous aussi vous m'avez appelée pour...
Myriam : - Justement, oui, parlons-en. Vous laissez les enfants partir avec des inconnus, maintenant ?!
La Proviseure : - N... Non, bien sûr que non ! L'homme qui est venu chercher votre nièce m'a dit qu'il travaillait avec vous au sein du cabinet, et puisque vous êtes souvent débordée, j'ai pensé que...
Myriam : - VOUS AVEZ PENSÉ QUOI, HEIN ?! DANS LE REGLEMENT DE L'ÉCOLE, VOUS DEMANDEZ EXPLICITEMENT A CE QUE L'ON REMPLISSE UNE FEUILLE D'ÉMARGEMENT OU NOUS DEVONS ÉCRIRE LE NOM DES PERSONNES AUTORISÉES A RÉCUPÉRER L'ENFANT ! SUR LA LISTE DE MINA, IL Y A LE NOM D'EMILIE, MATT, DARYL ET LE MIEN, ET C'EST TOUT !
La Proviseure : - Je le sais bien, je suis moi-même l'auteure de cette liste, mais calmez-vous, nous ne...
Myriam : - ME CALMER ?! MINA A ÉTÉ ENLEVÉE PAR ON NE SAIT QUI, ET VOUS OSEZ ME DIRE DE ME CALMER ?! VOUS AUREZ DE LA CHANCE SI ON NE PORTE PAS PLAINTE CONTRE L'ÉCOLE POUR FAUTE PROFESSIONNELLE !!!
Je raccroche sans lui laisser le temps de répondre, redonnant le portable au gardien. Je le remercie sèchement avant d'aider ma sœur à se lever.
Myriam : - Allez, Mushu, du nerf, on file au commissariat. Les garçons vont pas tarder à arriver.
Je l'assieds sur le siège passager, avant de me glisser derrière le volant et de foncer vers le centre-ville. La main d'Emilie se pose sur la mienne, ce qui capte aussitôt mon attention.
Emilie : - Tu as engueulé la directrice avant moi...
Myriam : - Cette mégère, déjà, je la supporte pas, et le fait qu'elle m'ai faite passer pour un monstre aux yeux de ma sœur, c'était la goutte de trop !
Emilie : - Je suis désolée de t'avoir dit ça... Mais c'est pas franchement la joie entre nous depuis quelques temps...
Myriam : - Je fous en l'air tout ce que je touche. Même la relation que j'ai avec toi, j'arrive à la briser.
Emilie : - Non Zazou, quoi qu'il arrive, nous resterons à jamais soudées. Même si j'ai une envie folle de te refaire le portrait, là, tout de suite.
Myriam : - Évite, s'il te plait. Je conduis une bagnole à plus de 100 km/h, j'ai pas envie de nous envoyer dans le décor !
Le rire narquois d'Emilie résonne dans l'habitacle, avant que ses doigts ne se serrent sur ma main, m'arrachant une grimace lorsque ses ongles se plantent dans ma peau.
Emilie : - Ne crois pas que j'oublie ce qu'il se passe. Que ce soit ton entêtement à ne pas vouloir changer, ou que ce soit ce type que t'as embrassé.
Myriam : - Nan, s'il te plait, je veux pas parler de ça. C'était une grossière erreur, mais ne crois pas que j'oublie Daryl pour autant. Je lui avouerai tout le moment venu, mais pour l'instant, c'est Mina qui est...
Je me stoppe soudainement, relâchant la pression de mon pied sur l'accélérateur.
Emilie : - Myriam ?! Qu'est-ce qu'il y a ?!
Je lève l'index vers elle, avant de braquer sur une place de parking et de freiner un peu trop fort pour stopper la bagnole. J'ouvre aussitôt la portière en me détachant en même temps, tombant à genoux pour dégobiller mon repas. Plus glamour que ça, tu meurs !
J'entends les pas de ma sœur qui viennent jusqu'à moi, et ses mains s'enroulent autour de mes cheveux pour les maintenir en arrière.
Emilie : - T'as sûrement chopé la gastro de Nana...
Je hoche fébrilement la tête, reprenant doucement mon souffle avant de me relever. Ma sœur me dévisage, posant ses paumes de part et d'autre de mon visage.
Emilie : - Tu vomis souvent sur commande, comme ça ? Trop de stress au boulot ?
Je laisse échapper une larme en mordant ma lèvre.
Emilie : - Zazou ?
Myriam : - Repartons, on doit aller au commissariat.
Je lui adresse un début de sourire, me laissant tomber sur le siège conducteur. J'attends qu'Emilie s'installe avant de redémarrer.
Emilie : - Myriam...
Je ferme les paupières quelques instants, soufflant lourdement avant qu'une larme roule sur ma joue.
Emilie : - C'est quoi, le problème ? T'as pris de la drogue ? T'as trop bouffé à midi ? T'es angoissée ?
Myriam : - Je suis enceinte.
Un silence pesant s'installe. J'avance ma main pour allumer la radio, mais Mushu me coupe dans mon élan en attrapant mon poignet.
Emilie : - Répète-moi ça ?!
Je mords ma lèvre pour ne pas fondre en larmes.
Myriam : - Ne m'oblige pas à le redire...
Emilie : - Mais... Pourquoi tu te mets dans des états pareils ?! C'est une superbe nouvelle, Zazou !
Je quitte la route des yeux un instant, observant silencieusement ma sœur, avant de retourner mon attention sur la circulation.
Myriam : - J'appelle pas ça une bonne nouvelle. Daryl est sur le point de me quitter, je suis à deux doigts de donner ma lettre de démission, et il est pas question que cet enfant vienne au monde dans ce fouillis. Ma vie est un total merdier ! Je peux pas élever un bébé seule, sans son père, et je veux pas qu'il ait une garde alternée à peine né...
Emilie : - Mais arrête de dire ça ! Si tu l'annonces à Daryl, je suis sûre qu'il...
Myriam : - Qu'il fera quoi, Emilie ? Qu'il reviendra habiter avec moi, parce que je suis enceinte de lui ? Non, ça, je ne veux pas. Je ne veux pas que cet enfant soit une obligation pour Daryl de rester à mes côtés. Je ne garderai pas cet enfant.
Emilie : - Ah non, je t'interdis d'avorter !
Myriam : - Ce n'est pas avec toi que j'en discuterai.
Emilie : - Myriam !!!
Myriam : - On est arrivées.
Je me gare derrière une Lambo que je connais bien, et mon souffle se coupe lorsque j'aperçois Daryl adossé à la carrosserie, les mains dans les poches, une superbe blonde devant lui. Je déglutis, avant que la nana ne se jette sur ses lèvres. Je reste stupéfaite en voyant que Daryl ne la repousse pas tout de suite.
Emilie : - Mais ! TU RÉAGIS PAS ?!
Myriam : - On est quittes, non ?
Je tourne la tête vers ma sœur qui continue de me fixer comme si j'étais une étrangère.
Emilie : - Mais ça va pas ?! Y'a quelques jours, tu serais sortie en trombe de la voiture, et tu aurais arraché les extensions capillaires de cette salope !
Myriam : - Je suis lassée de me battre, Emilie. Je suis épuisée. Fatiguée de tout ça. S'il veut tourner la page, qu'à cela ne tienne.
Emilie : - Nan, là, je crois qu'on se gourre totalement.
Elle me pointe mon homme du doigt, qui commence à hurler sur la Barbie. Je tente de sourire, mais mon visage reste figé, démuni de toute émotion.
Un vrombissement caractéristique nous interpelle soudainement. Emilie se raidit et retrouve un peu de couleur en découvrant Matt sur sa moto.
Emilie : - MATT !
Elle s'extirpe de la voiture et court jusque dans les bras de son homme qui la réceptionne en blottissant sa tête dans son cou. Je finis par soupirer, avant de sortir à mon tour de l'habitacle. J'attrape mon sac, jouant avec la lanière le temps que je passe à côté de Madame plastique et mon homme, mais avant que je ne rejoigne ma sœur, des doigts s'enroulent autour de mon poignet. Je retiens ma respiration, croisant désespérément le regard larmoyant de ma sœur.
Je ne me retourne pas, serrant mon poing pour montrer mon mécontentement.
? : - Tu fous quoi ?! Lâche cette nana, on était en train de parler !
Daryl me tire d'un coup sec vers lui, me calant contre son torse. Je suis frappée de plein fouet par ses prunelles noisette qui me scannent l'intégralité du visage, comme s'il cherchait quelque chose. Il rapproche ses lèvres de mon oreille, y chuchotant quelques mots.
Daryl : - Salut trésor... Si tu savais comme tu m'as manqué... C'est horrible d'être loin de toi... De pas pouvoir te parler...
Tous mes sens sont en éveil, et je crois même que mon cœur s'est arrêté.
? : - Putain, je te parle, connard !
Daryl : - Je t'ai gentiment ramenée à Miami parce que tu m'as cassé les couilles depuis New York ! Mais c'est tout, bye bye !
? : - Ouais, ben si j'avais su que c'était pour rejoindre ta poulette, je s'rai restée à ta putain de fête !
Je respire le parfum boisé de mon homme. Tout m'a manqué chez lui, passant du contact de sa peau sur la mienne à l'odeur même de sa respiration.
Daryl : - J'ai quitté New York après m'être rendu compte que c'était pas possible pour moi de rester loin de ma famille. Peut-être que ça ne va pas avec ma femme, mais je devais la retrouver. Et je compte bien recoller les morceaux.
Je relève la tête vers lui, ébahie par la beauté de son visage. Comment ai-je laisser mon mariage passer au second plan, alors que c'est la seule chose que je pensais avoir réussie dans ma vie ?!
Myriam : - Daryl, je... Je suis e...
? : - Elle est cocu, ta brunette.
Je me fige de la tête aux pieds, fusillant Barbie du regard.
Myriam : - Tu veux pas aller voir ailleurs ?
? : - Nan.
Elle mâche son chewing-gum comme une vache. Ma main se resserre sur la chemise de Daryl qui semble tendu, aussi raide qu'un piquet.
Myriam : - Daryl, il y a quelque chose que je devrai savoir ?
Daryl : - Je ne...
? : - Oh ouais, poulette ! Ton putain de mari te la fait à l'envers !
Daryl : - Ta gueule, Stella !
Myriam : - Daryl, de quoi elle parle ?
Stella : - Hin ! Il te le dira jamais ! Mais moi, j'vais t'aider ! Soutien féminin, chérie !
Myriam : - Daryl...
Stella : - Ton mari décide de prendre du recul, et reprends la route du domicile conjugal dans la même journée de son départ ? Pas trop étrange, à ton goût ? J'veux bien croire que t'es un avion de chasse, que tu lui manques, mais il aurait attendu quelques jours avant de te retrouver, tu crois pas ?
Myriam : - On est au commisariat, au cas où tu n'as pas remarqué. Il est revenu pour sa nièce.
Stella : - On a pris la route bien avant que la blondasse l'appelle. On était sur une air d'autoroute, en pause, tu crois qu'on serait arrivés en même une heure de NY à Miami ? Un peu de jugeotte, ma pauvre fille !
Je fulmine intérieurement. Que quelqu'un me dise ce qu'il se passe !
Daryl : - Myriam, allons à l'intérieur, je ne...
Stella : - Pfff... Tu vas pas t'en tirer comme ça, Ortega !
Daryl : - Mais ta gueule, putain !
Stella : - Nooooon, je n'ai pas fini ! Le mec que tu vois là, très chère, a dansé collé-serré avec moi, avant de m'embrasser passionnément, si je l'avais pas arrêté j'aurai fini nue au milieu des invités !
Daryl : - Ca, c'est pas vrai !!!
Myriam : - Mais le baiser, c'est vrai ?
Son regard tombe sur moi, une lueur étrange brillant à l'intérieur. Il n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour que je comprenne que c'était la vérité. Je retiens ma main, après tout je suis tombée dans les bras de Baptiste, mais je pensais me tromper en imaginant que Daryl soit redevenu comme avant...
Daryl : - Mon ange, attends, laisse-moi t'ex...
Myriam : - Laisse. Je veux pas savoir.
Daryl : - Att...
Myriam : - Non, C'EST BON !
Stella : - Je peux l'avoir pour moi toute seule, maintenant ?
Je me retourne furieusement, prête à lui coller mon poing dans la figure, j'ai bien envie de lui péter son nez déjà refait !
Daryl : - Arrête, c'est pas la peine !
Myriam : - NE ME TOUCHE PAS !
Daryl : - Calme-toi...
Une main se pose soudainement sur mon épaule, et c'est le visage de ma sœur qui apparait dans mon champ de vision. Elle me détache des bras de Daryl et me fait reculer de cette salope.
Emilie : - Myriam, doucement. C'est pas bon pour le bébé.
Je blêmis, suffoquant presque.
Daryl : - Quoi ?!
Mon regard est comme hypnotisé par celui de Daryl.
Daryl : - Tu es...
Je manque de plus en plus d'air. Je n'avais pas prévu de lui dire, j'avais pensé prendre rendez-vous chez un gynéco dès demain, et une fois l'avortement fait, j'aurai à nouveau pu mener ma vie aussi chaotique qu'elle est devenue.
Je tente de démentir, de répliquer, mais aucun mot ne sort de ma bouche. Les doigts de ma sœur s'enroulent autour des miens, alors que je ne quitte pas Daryl des yeux.
Daryl : - Myriam... Tu es enceinte ?!
Il se rapproche de moi, mais j'émets un pas en arrière. Sa main se lève vers ma joue mais je recule encore plus.
Daryl : - Trésor...
Myriam : - Y'a plus important à faire pour l'instant.
Je tourne le dos à Emilie et mon homme, voulant pénétrer dans le commissariat, mais le bras de Matt s'enroule autour de ma taille, m'empêchant d'aller plus loin. Ses yeux sont rougis.
Matt : - C'est la vérité ?
Myriam : - Je l'ai appris tout à l'heure. Mais je ne veux pas en parler, s'il vous plait... La vie de Nana est peut-être en danger...
Emilie : - Elle a raison, je suis assez remontée et j'ai pas envie de faire un meurtre en pleine rue !
Je soupire de soulagement, emboîtant le pas à Mushu, suivie des deux garçons. J'entends encore cette peste de Stella dans mon dos, mais je suis bien préoccupée par ma nièce pour penser à autre chose !
* * * * *
Comme on s'en doutait, les flics ne peuvent rien faire. Il faut attendre 24 heures avant de signaler une disparition, mais nous avons tous mis la pression au policier chargé de l'accueil. Il a fait venir son supérieur, qui nous a exactement répété la même chose. Sauf que mettre en rogne deux femmes enceintes, en plus d'une famille apeurée, ce n'était pas la meilleure idée !
J'ai fini par taper sur le comptoir, menaçant de leur coller à tous un procès au cul s'ils ne bougeaient pas le petit doigt immédiatement ! Lorsque je leur ai présenté ma carte d'avocate, plus aucun n'a osé parler et ils se sont tous rués derrière leur ordinateur. Mais tout ce qu'ils ont pu nous dire sur le moment, c'est qu'ils nous recontactaient en cas d'urgence.
Nous sommes rentrés à la maison dans le silence le plus morbide hier soir, chacun allant se coucher directement. Daryl a voulu me parler, mais j'étais trop épuisée pour tenir une conversation sérieuse, surtout si c'est pour qu'elle finisse en dispute. Je ne sais pas où il a dormi, mais je lui ai interdit la chambre conjugale.
Je suis partie plus tôt que d'habitude ce matin, tout le monde encore endormi, toujours accompagnée par Pablo et Fernando. Nancy n'est pas encore arrivée, et les couloirs sont presque déserts. Tant mieux, j'ai besoin de calme pour faire ma lettre de démission. J'ai besoin de respirer, besoin de me retrouver, besoin de faire une pause, tout simplement !
Mais alors que j'ai le nez plongé dans mes pages de brouillon, la sonnerie de réception d'un mail retentit. Je lève mon nez vers l'écran d'ordinateur, cliquant sur le mail provenant d'une adresse que je n'ai pas dans mon répertoire. Je me relève de mon siège aussitôt que le message s'affiche.
Myriam : - MINA !
Putain, Ramirez... Trop lâche pour s'en prendre à moi, voilà qu'il s'en prend à une enfant innocente !
Les mains tremblantes, je compose le numéro de Daryl. Je me ronge les ongles, attendant qu'il décroche.
Daryl : - Quel est le fou qui ose me réveiller à 6 heures du mat' ?!
Myriam : - Daryl, c'est moi !
Daryl : - Trésor ?! Un problème ?!
Myriam : - Oh que oui, un très GROS ! Je sais qui a enlevé Mina, je viens d'avoir un mail !
Daryl : - QUOI ?!
La porte de mon bureau s'ouvre soudainement à la volée, laissant entrer un Baptiste contrarié.
Baptiste : - Chou, c'est quoi cette histoire de démission ?!
Daryl : - C'est qui, ça ? J'connais pas cette voix !
Myriam : - Non, rien Daryl, laisse, je...
Baptiste : - Aaaaaah, le fameux mari indigne daigne enfin donner des nouvelles ?
Daryl : - C'est qui cet enculé ?!
Myriam : - Dégage de mon bureau, toi !
Baptiste : - Pas avant que tu aies répondu à ma question !
Myriam : - J'ai pas le temps, bouge de là !
Baptiste : - M'oblige pas à m'énerver.
Daryl : - Myriam, t'as deux secondes pour rappliquer ton joli petit cul à la villa, ou c'est moi qui viens te chercher.
A suivre...
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[Si vous vous accaparez certaines de nos photos, merci de nous demander la permission. On bosse dur sur le montage de certaines, respectez le travail des autres, vous seriez adorables ! Idem pour des idées provenant de notre histoire... ❤️]
XOXO ❤️
Myriam & Emilie ❤️
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