Trois ans plus tard
Manon s'était réveillée aux aurores ce jour-là. Pour tout dire, elle n'avait presque pas dormi, excitée par la perspective de la journée qui s'annonçait. Elle ouvrit grand les volets et savoura la douce lumière du matin sur son visage. Puis elle se chargea de réveiller son amie. Angelica avait le sommeil lourd : affalée sur son lit, le visage caché sous ses longues boucles rousses, l'entrée du soleil dans la pièce ne l'avait pas dérangée. Manon s'avança devant elle et prit le temps de réfléchir à la façon dont elle allait procéder, c'était une étape primordiale car si Manon utiliser une méthode trop douce elle n'arriverait jamais à tirer sa camarade du sommeil mais si, en revanche, elle avait le malheur de la brusquer, Manon finirait sûrement la semaine avec un œil au beurre noir.
Après quelques instants d'intense réflexion, elle opta pour une méthode simple et efficace quoiqu'un peu risquée. Elle se plaça au pied du lit de son amie et tira la couverture d'un coup sec.
- C'EST L'HEURE DE SE RÉVEILLER PETITE MARMOTTE ! cria-t-elle sans se soucier un seul instant du fait que sa seconde camarde de chambre soit encore en train de dormir.
- Mmmh... Tu m'énerves Manon... Laisse moi dormir... On est dimanche...
Manon savoura les ronchonnements de son amie avant de rétorquer avec un sourire :
- Justement, on a promis au vieux Raymond qu'on irait faire ses courses, tu te souviens ?
L'argument parut faire son effet et Angelica commença à se lever, non sans quelques dernier bougonnements. Sur le lit d'à côté, Alice avait également commencer à se réveiller.
- Vous allez faire les courses de M.Raymond ? demanda-t-elle.
Elle avait l'habitude du vacarme matinal ses camarades, aussi, elle avait appris à ne pas se plaindre. De toute façon, Alice avait toujours été d'une nature très calme.
- On a besoin d'argent pour pouvoir acheter des trucs lundi, quand on ira voir le marché de Cokazia, expliqua Manon. Dépêche-toi de t'habiller Angé, je vais chercher Simon.
Simon, c'était le nom de leur ami, un petit garçon châtain aux yeux bleus, il était parfois un peu rabat-joie mais sans lui les deux filles aurait bien plus d'une fois provoqué des catastrophes.
Manon s'arrêta devant sa chambre, elle ne comptait pas y entrer. Elle prit une grande inspiration et frappa de toutes ses forces contre la porte. Elle prenait un malin plaisir à imaginer le pauvre Simon qui allait devoir expliquer à ses camarades quelle était la cause de ce bruit. Elle fut donc surprise quand la porte s'ouvrit seulement au bout de quelques secondes.
- Déjà ?! s'écria-t-elle, déçu.
- J'attends depuis trente minutes, expliqua Simon. Je me tenais prêts au cas où...il jeta à Manon un regard accusateur. Au cas où j'aurai eu à expliquer à Thomas et Yann pourquoi ils étaient réveillés à sept heure un samedi matin comme la dernière fois.
Manon sourit en repensant au souvenir de cette matinée. Puis ils rejoignirent la cantine, où ils retrouvèrent Angelica. Assise seule à une table, la jeune fille fixait son bol de lait, les yeux encore endormis.
- J'en connais une qui ne s'est pas réveillée ! plaisanta Simon.
Cette dernière lui lança un regard de profond mépris, visiblement, elle n'avait pas apprécier la taquinerie. Le déjeuner se déroula donc dans le silence, suite à cette vaine tentative de socialisation matinale de la part de Simon.
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