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59 - Newt - Hallucinations

Évidemment, ça aurait été trop simple que je tombe sur la bonne porte sans croiser personne avant. Au bout du couloir, m'avait dit Leslie, mais elle ne m'avait jamais parlé en revanche de la longueur de celui-ci. J'avais l'impression que je marchais depuis des heures, mais peut-être était-ce l'angoisse de ce que j'allais trouver qui me faisait penser ça.

En tout cas, je n'avais eu aucun problème pour le moment. J'appliquais toujours le conseil de Leslie, qui l'avait elle-même reçu de Nick : rester normal était plus discret qu'essayer de se cacher. J'aurais bien pu me téléporter à chaque croisement, mais si quelqu'un m'avait vu, il aurait directement su que j'étais un ennemi. En revanche, si je faisais juste semblant d'être pressé, les quelques personnes que je rencontrais passaient sans même m'adresser un regard.

Maintenant que j'y repensais, il me semblait que ma mère m'avait déjà dit quelque chose du genre. Ce qui était assez étrange, en fait… Comment aurait-elle pu savoir que j'aurais un jour besoin d'être discret ? Savait-elle que j'étais un Marqué ? Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, au-dessus de laquelle ma peau était colorée et me brûlait parfois. C'était vrai que ma génitrice avait toujours eu un comportement trop étrange pour être Immaculée, en y réfléchissant. Mais elle aurait aussi très bien pu me donner ce soi-disant conseil pour rire, ça lui ressemblait bien.

J'avais à la fois hâte et peur de voir Nick. Je ne lui avais pas tant parlé, mais j'avais vraiment eu l'impression qu'il était sympathique et je n'avais aucune envie de découvrir qu'il était mon ennemi.

Quand j'arrivai enfin tout au bout du couloir, deux portes se faisaient face. Je remerciai mentalement Leslie, qui n'avait pas pris la peine de me dire laquelle était la bonne. Mais bon, elle m'avait déjà assez aidé pour que je lui pardonne ça.

Gauche ou droite ? C'était une chance sur deux. Déjà que je savais qu'Ella était torturée, elle risquait peu de se trouver seule dans une pièce. Il fallait que je me prépare à l'idée de me retrouver en face de fous psychopathes.

Je ne pouvais pas non plus rester dans ce couloir pour l'éternité, au risque de me faire repérer pour comportement suspect. Tant pis, ça ne servait à rien de me creuser la cervelle puisque je n'avais aucun indice, je n'avais pas d'autre choix que de laisser le hasard faire les choses, même si je ne lui faisais pas du tout confiance.

Et j'avais bien raison, car l'endroit dans lequel j'atterris par téléportation ne ressemblait en rien à une salle de torture. Des écrans s'alignaient le long du mur à ma droite, et une femme avec un casque semblait écouter attentivement quelque chose en prenant des notes. Est-ce que… c'était possible qu'elle transcrive les paroles d'Ella ?

Le matériel informatique était le plus avancé que j'aie jamais vu. Même à l'Académie, où nous travaillions souvent sur des tablettes pliables aussi fines que du papier, il n'y avait pas de caméras donnant des images en trois dimensions. Je mis un moment à me rendre compte que je j'étais pétrifié, fasciné par ces instruments que je n'aurais pas cru possibles. J'en avais presque oublié ma mission, tant j'étais curieux de comprendre leur fonctionnement.

Je dus également me rappeler que je n'étais pas seul dans cette pièce. La femme était restée concentrée sur ses notes, signe qu'elle ne m'avait heureusement pas remarqué. Je devais choisir ce que je voulais faire d'elle… Si elle observait Ella, même si je ne repérais la jeune fille nulle part sur les hologrammes, elle risquait d'entraver le sauvetage. Mais je ne pouvais quand même pas la tuer pour ça. Quoique si elle participait à la torture de la brune… Non, ce n'était pas une raison. Je devais trouver un moyen de l'empêcher de sonner l'alarme sans la blesser.

Les deux places à sa droite étaient vides mais un manteau sur le dossier d'une des chaises me laissa penser que ce ne serait pas pour longtemps. Les collègues devaient sûrement faire une pause et reviendraient bientôt.

À cours d'inspiration, et effrayé à l'idée d'être repéré, je laissai mon instinct me guider vers une table couverte de boutons et de symboles au fond de la salle, qui m'attirait aussi fort qu'un aimant. Je glissai ma main à sa surface, effleurant le métal froid et inerte, dans lequel des millions d'informations devaient pourtant passer à chaque seconde.

Et soudain, j'eus l'impression qu'un éclair d'électricité traversa mes doigts, mon bras, ma colonne vertébrale. Ce n'était pas vraiment douloureux, mais suffisamment surprenant pour que j'ouvre des yeux ronds et me fige. C'était comme si un pouvoir inconnu avait pris possession de moi, bouillonnant dans mes veines en m'urgeant de l'utiliser.

Ma première réaction fut de tenter de me téléporter quelques centimètres sur le côté, pour vérifier que j'en étais toujours capable, mais je n'eus aucune difficulté pour ça. Qu'est-ce que ça signifiait ? J'étais presque certain que cette nouvelle puissance était celle d'un Marqué, pourtant je n'avais touché personne. À moins que la table interactive soit en fait quelqu'un, ce dont je doutais.

J'avais une impression de déjà-vu, comme si j'avais vécu des situations identiques et déjà connu ce pouvoir. L'image de nombres apparaissant de nulle part dans mon esprit s'imposa à moi, et je me souvins brusquement d'avoir eu la même sensation ce jour-là. Je devins fébrile, persuadé que j'étais plus près de mes réponses que jamais : si je découvrais qui était à l'origine de ce code impossible à déchiffrer, je pourrais peut-être enfin comprendre son message. J'étais persuadé qu'il était important.

Suivant mon intuition à nouveau, je plaquai mes deux paumes sur le métal lisse et fermai les yeux. Ma bouche s'ouvrit dans un sourire ébahi. C'était comme si… comme si mon esprit s'était soudain défait des barrières de mon corps, et voyageait librement dans le réseau d'ordinateurs.

J'eus même presque l'impression que ceux-ci répondaient au passage de ma conscience, comme s'ils me connaissaient, alors que je n'avais jamais dû faire ça auparavant et encore moins ici. Il ne me fallut qu'une seconde pour trouver les écrans, et une de plus pour leur demander de s'éteindre, ce qu'ils firent sans protester.

Je ne différenciais plus les limites de mon corps et des machines, j'avais comme fusionné et c'était une sensation extraordinaire. Je dus même restreindre mon esprit, qui s'aventurait avec extase dans les prises électriques et les transferts de données vers l'extérieur de la salle. Je sentais que je devais me forcer à rester concentré, au risque de me perdre et de ne plus savoir retourner à mon corps.

Je pus constater que la porte était verrouillée par un code digital, et que je pouvais donc l'atteindre. Je lui proposai le plus gentiment possible de ne plus jamais se laisser ouvrir, et elle me parut ravie d'obéir. Je finis d'éteindre tout le matériel de la salle, et ouvrit les yeux. J'eus une impression de déchirement en retirant mes mains de la table, et me rendis compte que mes pensées n'avaient pas beaucoup de liberté, coincées dans ma tête.

Je venais de vivre l'expérience à la fois la plus étrange et la plus merveilleuse depuis ma naissance, mais je n'avais pas le temps de m'y attarder. Surprise que tout son matériel ne réponde plus, la femme qui écrivait s'était retournée vers moi, et pointait en tremblant un couteau dans ma direction, me fusillant du regard bien que l'air paniqué.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Cela me fit penser à Ella, Blake et Liam, à croire que les Marqués trop puissants s'amusaient dans les moments les plus critiques. Faisais-je partie de cette catégorie, à présent ? C'était vrai qu'à une époque, j'aurais paniqué rien qu'à voir une lame que son possesseur m'adressait. À présent, je savais qu'elle ne pourrait pas m'atteindre à moins que je le veuille, ce qui rendait la situation assez comique.

Comme quoi, nos Habilités nous changeaient nous et nos réactions. Dans un monde sans pouvoirs, Blake n'aurait sans doute rien été d'autre qu'un enfant capricieux, et moi, d'une banalité affligeante. Je tendis la main et le couteau y vola, il pourrait toujours me servir.

- Passez mes salutations à Nick, lançai-je en analysant les réactions de la femme.

Elle ne sembla pas si surprise, ce qui conforta un peu plus mes doutes. Je n'attendis pas d'en apprendre plus, même si j'aurais sans doute pu arracher quelques informations de plus. Je ne savais pas si le dysfonctionnement de la petite salle de commande allait provoquer un message d'alerte, mais dans tous les cas j'avais tout intérêt à me dépêcher de partir.

Je me rappelais à peu près la largeur du couloir, si bien que je pus me téléporter directement dans la pièce en face, laissant la femme enfermée derrière moi. Je m'attendais tellement à tomber sur une scène sanglante que je fus un instant pétrifié devant la blancheur éblouissante de la salle. Je clignai des yeux, et pus voir que les murs et le sol semblaient matelassés pour éviter de se cogner.

Une jeune fille aux cheveux noirs me tournait le dos. Aussitôt, et je ne sus pas trop pourquoi, mon cœur s'emballa dans ma poitrine et mes mains devinrent moites. Il fallait dire que ça faisait longtemps que je n'avais pas vu Ella, et que je ne pensais pas la retrouver en plutôt bonne santé. Après tant de difficulté à arriver jusqu'à elle, j'y étais enfin parvenu.

Je l'appelai par son prénom, et elle se retourna, me donnant la confirmation qu'il s'agissait bien d'elle. Cependant, je frémis en croisant son regard vague. Elle ne semblait pas me voir. Et en effet, après avoir froncé les sourcils une seconde, elle passa devant moi en se tenant la tête jusqu'au coin de la pièce où elle s'arrêta, et commença à parler tout bas, d'une voix usée. Je reconnus le prénom de Thomas.

Était-elle en train d'halluciner ? D'ailleurs, il fallait que je sache si elle avait perdu la tête après avoir subi des horreurs, ou si elle était en ce moment-même en train de vivre ce que Quentyn avait qualifié de torture. Vu les informations qu'elle devait être en train de marmonner, c'était peut-être une manière d'apprendre des choses.

La curiosité m'aurait tenté de profiter du spectacle et de découvrir des choses qu'elle me cachait, mais son air perdu me faisait de la peine, et je préférais l'éloigner d'ici avant que quelqu'un n'arrive. En revanche, si ses hallucinations étaient provoquées par quelque chose ou quelqu'un, il était plus prudent de les faire cesser avant d'arriver dans la Société, au cas où. Ça ne devait pas être bien compliqué, si ?

J'en fus beaucoup moins convaincu quand la jeune fille se retourna brusquement vers moi et essaya de m'embrasser. Surpris, je détournai le visage et elle échoua dans mes bras, aussi immobile qu’une statue.

- Au moins cette pimbêche nous laissera tranquille, souffla-t-elle contre mon cou avant de s'écarter.

Elle s'écarta et vacilla sur quelques pas, mais je me glissai devant elle et saisis son visage entre mes mains pour l'obliger à me regarder. Je me rendis alors compte de son piteux état. Ses cheveux étaient ternes et emmêlés, ses lèvres craquelées laissaient passer sa respiration inégale et de profondes poches noires soulignaient ses yeux vitreux.

- Ella, réveille-toi. Il faut partir.

Ses yeux se posèrent sur moi, mais elle ne sembla pas me reconnaître. Elle se recula, échappant à mon emprise, et me couva d'un regard assassin qui me fit froid dans le dos.

- Nicolas. Je te ferai payer tout ce que tu as fait, sale monstre. Laisse-moi !

J'allais finir par croire que je ressemblais vraiment à Nick. J'aurais pu avoir peur de la transe d'Ella, être en colère contre l'homme que j'avais pris pour un ami, mais tout ce que je ressentis à ce moment fut une profonde tristesse. Encore un allié qui me trahissait, à croire que ça allait devenir une habitude… Chaque fois que j'accordais ma confiance ou presque, on me le faisait regretter.

- Ella, c'est moi, Newt. Je suis venu te chercher.

- C'est impossible… Anna est en vie. Tu me l'as toi-même dit.

Je ne comprenais rien à ses délires, et n'avais aucune idée de la manière dont je devais m'y prendre pour l'en sortir. Peut-être même qu'il était impossible qu'elle se réveille, que son état était irréversible. Je préférai ne pas y penser.

- Regarde-moi, Ella, insistai-je avec tout le calme dont j'étais capable. Je ne suis pas Nick. C'est moi, ton Newtie.

Elle écarquilla les yeux, papillonna plusieurs fois des paupières comme luttant pour faire la mise au point sur mon visage.

- Newtie… ? répéta-t-elle faiblement.

- Oui, c'est ça. Je suis venu te chercher, mais il faut que tu te réveilles.

- Me réveiller…

Elle détourna le regard, les sourcils froncés. L'information avait visiblement du mal à atteindre sa conscience. Elle se mit à trembler, et je vis que ses jambes la portaient avec difficulté. Elle semblait dans un état d'épuisement avancé.

Serrant mon nouveau couteau d'une main, je saisis la sienne de l'autre et serrai ses doigts entre les miens. Ses yeux se fixèrent dessus, perdus. Je savais qu'elle détestait le contact humain, qu’elle aurait dû se dégager en me lançant dans le meilleur des cas une réplique cinglante. Mais la jeune fille était loin de son état normal. Ses yeux étaient écarquillés, comme si elle essayait de me voir à travers un rideau d'eau, sans parvenir à obtenir mieux qu'une image floue.

- Newtie

Elle sembla enfin comprendre qui j'étais, mais sa réaction ne fut pas du tout celle à laquelle je m'attendais. Elle me repoussa et s'écarta de plusieurs pas, me dévisageant avec une expression qui devait se rapprocher chez elle de la peur.

- Ella ? m'étonnai-je. Qu'est-ce qui t'arrive ?

- Tu… Tu… Pourquoi es-tu ici ?

- Je te l'ai dit, je suis venu te chercher.

- Non, non ! s'écria-t-elle d'un air paniqué. Tu ne dois pas venir ici ! Nick… Il ne faut surtout pas qu'il te voie ! Il vaut mieux… Il vaut… mieux... que tu meures plutôt qu'il ne t'ait.

- Qu'est-ce que tu racontes ? demandai-je en m'efforçant de garder un ton calme malgré ma gorge nouée.

- Tuer… Il ne faut pas que Nick… De toute façon, tu vas mourir, ça ne serait qu'accélérer un peu les choses…

Je n'eus pas le temps de digérer ni même de comprendre ce qu'elle disait, que je sentis un coup sec sur ma main et mon couteau glissa de ma poigne. Je reculai par instinct, mais une jambe bien placée me fit perdre l'équilibre et mon crâne heurta une surface par chance pas trop dure qui se trouvait être le sol. Le temps que je reprenne mes esprits, la lame était plaquée contre ma gorge, et Ella me fixait de son air absent.

Une main sur mon torse me maintenait immobile, et sous une autre situation j'aurais pu être gêné, mais tout ce que je ressentais à ce moment était la peur, l'inquiétude et l'incompréhension.

- Ne fais pas ça, chuchotai-je en la regardant droit dans les yeux, le couteau m'entaillant déjà la peau.

La jeune fille respirait irrégulièrement et clignait des paupières à répétition. Ses cheveux formaient comme un rideau noir d'un côté de son visage, plongeant ses traits fins dans l'ombre. Ses yeux étaient injectés de sang.

- Je dois... haleta-t-elle. Il faut...

Avec douceur, je glissai ma main sur la sienne contre ma gorge.

- Reviens à la réalité, Ella. Réveille-toi.

Je savais que si je faisais le moindre mouvement un peu brusque, elle n'hésiterait pas à m'égorger. Je sentais encore le pouvoir de Blake bouillonner en moi, ce qui signifiait que la brune n'était pas en train d'utiliser le sien. Je pourrais m'en sortir en me téléportant, à condition d'être plus rapide qu'elle. Ce qui serait compliqué, même si elle n'était pas dans sa meilleure forme. Mes entraînements avec  elle m'avaient bien appris ça. En plus, j'avais peur qu'utiliser ce pouvoir ne la fasse me prendre pour son ennemi…

Je plongeai mon regard dans le sien, sondai les tréfonds de son âme, même si je n'avais jamais été très doué pour ça. Quelque chose était brisé en elle, je le voyais à présent, sous les derniers lambeaux de sa carapace d'impassibilité. J'avais l'impression qu'une bataille avait lieu en elle, qui déciderait qui de sa conscience où de la force qui  la plongeait dans ses hallucinations gagnerait. Je savais que si la seconde reprenait le dessus, je mourrais.

- Ella, il faut que tu te réveilles, persistai-je le plus calmement possible.

- Il faut...

Sa main qui tenait le couteau tremblait de plus en plus, griffant la peau tendre de ma gorge, et je ne lâchai pas son regard, convaincue que le faire la ferait replonger et qu'elle achèverait de perdre connaissance de ses actes. Au bout d'un moment qui me parut infini, la lame glissa de ses doigts et tomba à côté de mon visage dans un petit bruit sourd en m'égratignant la joue au passage. Je repris une inspiration profonde, constatant que je commençais à manquer d'air.

Ella sembla essayer de se redresser, mais son corps ne devait pas être dans l'état de plus la supporter. Je m'assis pour la retenir dans mes bras quand elle faillit s'effondrer, et la serrai contre moi. Même si je savais qu'elle me le ferait sans doute payer par la suite, sans parler du fait qu'elle venait d'essayer de me tuer, je ne pus m'en empêcher.

Son visage était posé sur mon épaule, et ses paupières étaient entrouvertes, dévoilant deux iris noirs comme des trous sans fonds dans lesquels je me perdis malgré moi plusieurs longues secondes.

- Que t'ont-ils fait ? demandai-je dans un souffle, sans vraiment attendre de réponse.

- C'est horrible... Je ne pensais pas que… commença la jeune fille d'une voix un peu cassée.

- Quoi ? la pressai-je doucement.

- Que quelqu'un rentre dans ta tête, c'était atroce à ce point... Ne plus contrôler ses pensées, ne plus savoir où est la réalité.

- Tu le fais tout le temps et sur tout le monde, pourtant.

La brune ne répondit pas, poussant un profond soupir qui mêlait souffrance et soulagement. Je la berçais avec lenteur, sans vraiment m'en rendre compte. Je ne devais pourtant pas oublier que cette fille était mon ennemie… et que si j'étais venue là sortir de là, c'était pour la juger ensuite.

- Ella… chuchotai-je. Est-ce que… tu vas vraiment me tuer ? Est-ce que tu as prévu dans tes plans que je meure ?

Je sus qu'elle m’avait entendu car ses yeux se posèrent sur les miens, mais elle ne démentit pas. Elle paraissait si vulnérable, comme ça, à des lieux de la manipulatrice qu'elle avait été, presque triste. Au moins, j'avais ma réponse, même si j'étais peut-être mieux dans le doute. Je déglutis.

- Qui t'a fait ça ? l'interrogeai-je après un silence.

- Chut, enfin, soupira-t-elle en détournant le regard. J'ai mal au crâne...

- Mais c'est important, insistai-je. J'ai besoin de savoir qui j'affronte.

- Plus tard. Je t'expliquerai plus tard.

Je ne pouvais pas laisser passer cette occasion, cependant. J'étais déjà sous le choc de savoir que la jeune fille avait prévu de me tuer, je pourrais supporter la trahison de Nick. En plus, rien ne m'assurait que la brune accepterait de me répondre une fois de retour à la maison.

- Non, maintenant, Ella.

- Mais chut, bon sang ! s'énerva-t-elle en se redressant sur mes genoux. Stupide gamin, vas-tu te taire ?

J'étais en train de me rendre compte de notre proximité inhabituelle, mais l'information avait du mal à parvenir à mon cerveau grisé par l'adrénaline et l'épuisement.

En attendant, je pus remarquer que la brune n'était pas encore totalement sortie de sa transe. Son regard était vague et elle me fixait d'une étrange façon qui me donna des frissons. Je n'avais aucune envie qu'elle essaie à nouveau de me tuer.

- Est-ce Nick ? insistai-je. Dis-moi juste ça, ensuite je te laisserai te reposer.

- Chut, j'ai dit. Les sujets qui fâchent, ce sera pour plus tard, grommela-t-elle, et elle m'embrassa.

Je fus tellement surpris que dans les premières secondes je ne songeai même pas à la repousser, les yeux grands ouverts, pétrifié. Puis l'engourdissement prit le pas sur tout le reste, peut-être à cause de la fatigue, ou bien des révélations successives sur Leslie, Nick et elle. Je lui rendis le baiser avec douceur, glissant ma main sur sa joue comme pour éviter qu'elle ne s'échappe. Je n'avais plus aucun contrôle sur mon corps. Il agissait sans demander son avis à ma raison indignée qui se demandait ce que j'étais en train de faire, et me prévenait que j'allais le regretter. Mais elle était si faible, enfouie sous le flot d'émotions soudaines qui m'assaillaient et que je ne comprenais pas...

C'était comme un rêve. J'avais l'impression de flotter, à des kilomètres de la réalité, de me noyer sans être capable de reprendre pied. J'aurais voulu rester là pour l'éternité, ne plus jamais retourner à la réalité. Tout ce qui existait dans ce monde onirique parfait était Ella, ses lèvres, ses cheveux, ses mains.

Sa bouche avait un goût de sang.

- Ella... On ne devrait pas...

La jeune fille ne parut pas m'entendre, et je la forçai à s'écarter. Quand elle chercha à nouveau mes lèvres, je détournai le visage et le sien s’échoua dans mon cou, gémissant de frustration.

- Tu n'es pas dans ton état normal, me justifiai-je, le souffle court. Tu regretteras, et tu m'en voudras de t'avoir laissée faire.

Elle ne me contredit pas, et je me demandai si elle avait pu s'endormir contre mon épaule. Mais non, ses yeux étaient à demi ouverts et me fixaient toujours aussi étrangement.

- Neeeewtie.

- Je crois qu'il est temps de retourner à la maison.

Quelqu'un pouvait arriver à tout moment et je ne me sentais plus du tout en état de me battre. Mes pensées étaient déconnectées les unes des autres, je n'arrivais pas à formuler la moindre pensée cohérente. Alors échapper à des Marqués tout en protégeant Ella, ce serait au-delà de mes forces.

Et puis je commençais à avoir peur de l'état de la jeune fille, elle semblait avoir perdu l'esprit. Cette impression se renforça encore quand elle gloussa de rire avant de m'embrasser dans le cou, me faisait sursauter puis rougir. Il valait vraiment mieux pour notre santé mentale à tous les deux que je m'éloigne d'elle au plus vite.

Sans plus attendre, je réunis tout ce qu'il me restait de volonté pour me relever, et nous téléportai loin de cette affreuse salle.

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Voilà voilà pour ce chapitre plutôt long.

Merci de bien vouloir vous inscrire ici pour la liste d'attente des tentatives d'assassinat et celle des offrandes à ma vénérable personne.

Votre Angie qui ne regrette rien

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