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10 - Rachel - Habilité

J'avais perdu toute notion du temps.

Après plusieurs heures passées dans la petite chambre où je m'étais réveillée, j'avais été déplacée dans une autre plus grande, et qui comptait un petit lit, une minuscule table ainsi qu'une chaise assortie, tous aussi blancs que le sol, les murs et le plafond. La pièce, comme la première, ne comptait pas de fenêtre mais un large miroir à côté de la porte verrouillée. Je n'avais pas eu le temps de voir grand chose pendant mon transfert, étant entourée de deux gardes, mais j'étais de plus en plus convaincue de me trouver à l'Infirmerie, à un étage inférieur.

Le temps me semblait long, surtout que la lumière artificielle m'empêchait de savoir si c'était l'après-midi, le soir ou même la nuit. D'autant plus que je n'avais rien à regarder : j'avais vite constaté que tout était parfait autour de moi, il n'y avait pas la moindre tache, la moindre poussière sur laquelle me concentrer. J'avais l'impression de détonner dans ce décor, avec mon pyjama blanc fin, mes cheveux emmêlés et les cernes sous mes yeux que le miroir m'empêchait d'oublier.

Je m'étais donc, après une très longue hésitation, décidée à utiliser les feuilles apportées par les infirmiers. Mon épuisement me permit de tomber très facilement en transe. Je tenus une bonne demi-heure en état de veille avant de lâcher prise et de ne plus lire ce que j'écrivais. Je m'éveillai comme souvent, assoupie au milieu des pages noircies. Je me relu donc.

Cinq feuilles recto-verso parlaient du rapprochement entre Dany et Noémie, ce qui me fit sourire. De presque-inconnus, leur relation était à présent plus près du couple. Cependant la jeune fille semblait souvent s'éloigner de lui, puis revenir quand elle avait besoin de lui, et je me surpris à me demander pour la première fois si elle n'était pas en train de se servir de lui.

Son père ne paraissait pas très agréable, c'était vrai, mais chaque fois elle poussait le garçon à se rebeller, ce que je ne trouvais pas être une bonne idée pour lui qui était déjà traité en paria.

Je me souvenais des pages restées chez moi, dans le tiroir de mon bureau. Dans celles de la nuit précédente, Dany avait payé à Noémie le cinéma, puis le restaurant et un parapluie. Ça ne m'avait pas vraiment frappé sur le coup, mais j'avais de plus en plus l'impression qu'elle ne restait pas avec lui parce qu'elle l'aimait, mais plutôt par intérêt.

Je ne comprenais pas ce qu'elle cherchait. À première vue, elle paraissait adorable et j'étais contente que ça aille mieux entre elle et Dany, mais maintenant je n'étais plus aussi sûre que c'était une bonne chose. Noémie allait finir par lui briser le cœur.

C'était impressionnant l'ampleur que cette histoire fictive prenait quand je n'avais qu'à ça à penser. J'étais ridicule, Dany n'était pas vivant et Noémie non plus. Au fond, ce que j'avais dit à cette infirmière après mon arrivée n'était pas aussi faux que je le pensais : mes personnages, dans ma solitude, étaient un peu devenus mes amis imaginaires. Et même s'ils étaient nombreux et de tout âge, Dany, peut-être parce que ça faisait moins de temps qu'il existait, ou alors parce que j'avais de la compassion pour lui, était un peu mon "chouchou". Et personne n'avait le droit de lui faire du mal.

Mais il était amoureux de Noémie, et plus le temps passait plus j'avais l'impression de comprendre ce sentiment. C'était sans aucun doute quelque chose de négatif : ça ne semblait apporter que des problèmes. Mais en même temps, Dany paraissait vraiment heureux quand il était avec Noémie... au point qu'il ne se rendait pas compte que ses sentiments n'était pas partagé.

Enfin, il faudrait peut-être que j'arrête de m'acharner sur elle. Ce n'était pas sa faute si elle ne pouvait pas être amoureuse, si c'était un sentiment qui avait été éradiqué de notre quotidien. Dany avait simplement un comportement déviant, tout comme moi.

Dans les vieux livres que j'avais lus, on disait qu'on pouvait aussi aimer nos amis et notre famille. Mais même si je me suis toujours bien entendue avec ma sœur, je ne croyais pas pouvoir dire l'avoir aimée. D'ailleurs, j'étais persuadée qu'elle ne s'inquiétait pas pour moi, pas plus que mes parents. On avait dû les prévenir, mais ils faisaient confiance au gouvernement. Ce n'étaient pas eux qui lanceraient des démarches pour me faire sortir d'ici, si une telle chose était possible.

Soudain, la porte s'ouvrit et je sursautai, tentant tant bien que mal de cacher les pages sur Dany.

- Mademoiselle, commença le nouveau-venu, qui devait avoir une quarantaine d'années, serait-il possible de jeter un coup d'œil à vos écrits ?

Je faillis refuser. Cette histoire était à moi, elle était presque une partie de moi. J'avais l'impression de me trahir, et Dany aussi par la même occasion. Mais je n'avais pas le choix. Les deux gardes qui suivaient l'homme en blouse étaient là pour me le rappeler.

J'observai avec un mélange de colère et de désespoir l'infirmier lire mes pages comme s'il ne s'agissait de rien de plus que d'encre sur un torchon.

Au début, son expression était contrôlée, mais petit à petit son intérêt sembla s'éveiller, pour une raison qui m'était inconnue. Finalement, il arborait un grand sourire quand il plia les feuilles pour les glisser dans sa pochette, qu'il glissa sous son bras.

- J'avais raison, dit-il fièrement à la femme brune derrière lui. Cette gamine va nous servir.

Ils s'en allèrent, me laissant dévastée. Je ne comprenais rien à ce qui s'était passé, et je n'arrivais pas à croire qu'ils m'aient pris la seule chose qui me permettait de tenir dans cet endroit horriblement parfait.

Pourtant, peu après le départ des deux infirmiers et des deux gardes, une autre femme vint me donner un énorme paquet de feuilles blanches et de stylos-bille.

J'écrivis donc à nouveau, sur Dany et une autre personnage aussi, mais on vint tout me prendre alors que j'avais à peine finit de lire.

Je cessai donc totalement.

Je ne voyais pas quel intérêt ces personnes pouvaient avoir dans mes histoires, mais je n'aimais pas ça. Ce n'était pas pour eux que je voulais écrire, mais pour moi.

L'homme qui avait le premier pris mes feuilles me visita à nouveau. Il m'ordonna de recommencer, mais je résistai. Je voulais savoir ce qu'ils en faisaient.

- Nous voulons simplement étudier tes écrits.

Je ne comprenais pas. Pour moi, n'importe qui serait capable d'écrire des choses bien plus intéressantes que ça...

- Non, tu es très spéciale. Et l'écriture est ton Habilité. Nous l'étudions pour parvenir à te soigner de ta déviance.

Je restai sceptique. Je savais que j'avais un comportement déviant du simple fait d'hésiter. Normalement, nous n'avions pas de choix à faire, puisque personne ne mentait et chacun avait une tâche précise dans la communauté. On faisait donc toujours ce qu'il y avait de mieux pour la société, sans avoir à faire de choix. C'était apaisant, sans doute. Mais je n'étais pas sûre de vouloir être "soignée". J'aimais avoir ce que dans les livres on appelait le libre-arbitre.

Quant aux émotions, la peur, la tristesse, la colère, je ne savais pas trop quoi en penser. D'un côté, je regrettais le vide bienheureux d'avant ma déviance puis ma Marque, mais d'un autre j'avais enfin une réelle impression de vivre que je ne voulais pas perdre.

Pourtant il fallut bien finir par me résigner. En effet, je n'étais pas du tout en position d'imposer mon avis, et l'arme électrique des gardes me le rappelait suffisamment.

Je me remis donc à écrire, me forçant à garder conscience afin d'être au moins sûre d'avoir lues les feuilles qu'ils me soutireraient ensuite.

Et justement, l'histoire de Dany prenait une tournure plutôt étonnante. D'abord il n'y eu que ce petit passage étrange alors qu'il était avec Noémie au collège :

Il savait bien que la jeune fille ne voulait pas qu'on les voie ensemble ici, ce qu'il comprenait au vu de leurs réputations diamétralement opposées ; mais il avait vraiment envie de la voir. Et soudain, alors qu'il l'observait de loin, il fut juste devant elle.

Cette dernière phrase n'avait aucun sens. Comment pouvait-il être loin d'elle et près d'elle à la fois ? Pourtant je ne faisais jamais de fautes...

Ensuite il y eut ceci :

- J'ai tellement faim, soupira Noémie.

- Viens, il y a un distributeur automatique là-bas, répondit son petit-ami en s'y rendant.

Pourtant en fouillant ses poches, il dut se rendre à l'évidence : il avait épuisé tout l'argent pris en cachette à sa mère. Il regardait une barre chocolatée, la préférée de la jeune fille derrière lui, quand soudain il en trouva une dans sa main. Sans chercher à expliquer ce phénomène, il alla la donner à Noémie.

Pas plus sensé que la première fois, mais ça prouvait au moins que je n'avais pas rêvé : quelque chose se passait réellement.

Puis enfin j'eus la réponse :

La Marque était apparue sur le poignet de Dany pendant la nuit. Il n'y avait aucun doute sur ce que c'était, et le garçon commençait à comprendre que ce n'était pas une infection. À vrai dire, il s'attendait à son arrivée qui ne faisait que confirmer ses derniers doutes : oui, il était différent. Oui, il avait des pouvoirs. Comme pour se le prouver à lui-même, il tendit la main vers l'ampoule du lustre de sa chambre. Lentement, elle se dévissa, plongeant la pièce dans une quasi-obscurité. Puis Dany sentit la sphère chaude dans le creux de sa paume.

J'en laissai presque tomber mon stylo.

Quand l'infirmier, que j'avais par ennui fini par renommer M. Moustache en raison de celle-ci qu'il avait noire et très fournie, finit par se montrer à nouveau, je l'attendais debout, les bras croisés.

- Est-ce que la Marque montre que nous avons des pouvoirs surnaturels ?

Hors d'ici, ma phrase aurait été vide de sens. Mais l'expression surprise de M. Moustache ne laissa aucun doute : c'était vrai. Et cette révélation me plongea dans le plus profond des chocs.

Mais si cette Habilité dont il me rabattait constamment les oreilles était un don... Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire, d'avoir l'écriture pour tel ?

~~~~~

Des avis ?
Des fautes ?
Des incohérences ?

Qu'est-ce que vous pensez du pouvoir de Rachel ?

Merci à ceux qui votent et commentent...

Mais surtout merci de lire !

AFleurDeMot

PS : oui, je n'étais pas censée publier aujourd'hui pour raison de voyage mais il se trouve que j'ai réussi à avoir de la wi-fi, alors... Tant mieux pour vous, on va dire.

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