Chapitre 27
"J'ai touché l'arbre !"
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Je retournai dans ma chambre, dépitée. Je n'avais plus aucune solution pour décrypter ce journal, ce qui voulait dire, plus aucune solution pour comprendre ce qu'il m'arrivait.
Je m'assis en tailleur sur mon lit et je lus le journal. Je tournai le bouquin dans tous les sens mais rien à faire : je ne comprenais toujours rien.
Je me laissai tomber en arrière. Je repensai à ce qu'il s'était passé hier avec mon père. Que s'était-il passé ?
Mon ventre m'avait brûlé et mon tatouage avait encore grandi mais c'était quoi cette lumière ? Était-ce de la magie ? Avais-je réussi mon premier sort ? Enfin mon deuxième puisque au début j'avais eu ces boules électriques autour de mes poings.
En tout cas, ce sort avait fait fuir Nicolas. Il fallait que je devienne indépendante et que je ne compte pas toujours sur Apollon pour me venir en aide dans des moments comme celui-là.
Je dus m'endormir puisque je fus réveillée par des coups frappés à la porte. Je regardai mon réveil : 14h08. La porte s'ouvrit et je vis Carter dans l'encadrement. C'était la première fois que je le vis utiliser la porte de ma chambre au lieu de ma fenêtre.
- Tu vas bien ? ? me demanda-t-il.
Je hochai la tête.
- Je voudrais te faire tester quelque chose, tu viens ?
Je m'assis sur mon lit, bâillai un bon coup et me frottai les yeux puis je le suivis. Il m'emmena dehors, dans la forêt.
- Où est-ce que tu m'emmènes ? demandai-je.
- C'est une surprise.
On marcha comme ça quelques minutes puis il s'arrêta devant un arbre. Il ramassa un arc et un carquois puis il me les tendit. Je lui lançai un regard interrogateur.
- Tegan et Armande m'ont dit que tu n'arrivais pas à utiliser le tir à l'arc en salle alors je voulais te montrer une autre méthode.
Je souris légèrement. Il voulait m'apprendre à tirer à sa manière. Je saisis le matériel puis j'attendis les instructions.
- Mets une flèche sur ton arc, tends la corde et essaie de viser l'arbre là-bas, me dit-il en pointant un épicéa au loin qui était assez gros.
Je mis en place la flèche, je tendis la corde puis je la lâchai. La flèche ne toucha pas l'arbre en question.
- C'est bon, laisse tomber, il n'y a aucun espoir.
J'allais poser mon arc mais Carter m'en empêcha.
- Regarde, il faut faire comme ça.
Il était collé à moi, la flèche était placée sur l'arc et il tirait la corde avec moi. Je pouvais sentir sa respiration sur moi. Comment étais-je censée me concentrer dans ces conditions ?
- Il faut que tu vois la cible à distance, en l'occurrence ici, c'est l'arbre. Il faut que tu ressentes les variations du vent parce que ça fera changer la direction de ta flèche. Il faut que tu entendes la corde se raidir près de ton oreille et quand tu es prête, tu lâches.
Il lâcha la corde et la flèche alla droit se planter dans l'épicéa se trouvant en face de nous.
- Abandonne-toi à tes sens et ne pense pas. Tu as cette magie en toi alors ça ne sert à rien d'amener des choses extérieures. Je pense que tu réfléchis trop. Essaie juste de tirer la flèche sans penser à rien, juste à l'arc, sans calculer de direction ou quoi. Fais un avec lui. Considère le comme une partie de ton corps.
J'obéis. Je pris une flèche, je tirai et je lâchai la corde directement sans avoir pris le temps de bien positionner mes jambes ou mon arc comme me l'avait appris Armande. La flèche se planta à côté de celle de Carter.
- J'ai touché l'arbre ! m'exclamai-je.
Carter rigola et il me dit de recommencer. Et la flèche se planta une nouvelle fois dans l'écorce de l'arbre. Ça y est, j'avais le coup de main ! Emplie de joie et d'excitation, je serrai Carter dans mes bras.
- Merci beaucoup !
Je sentis Carter sourire et il me rendit mon étreinte. J'étais bien dans cette école. J'étais à ma place et je pouvais compter sur mes amis.
Carter me fit continuer à tirer jusqu'à ce que le carquois soit vide. J'avais réussi tous mes tirs. On partit ramasser les flèches et on retourna dans le bâtiment pour aller manger.
J'avais tiré toute la journée et ça faisait presque deux jours que je n'avais pas mangé. J'aurai pu avaler un éléphant.
♪♪♪♪♪
- On a faim à ce que je vois Aly ! me lança Tegan en rigolant.
- Tu ne peux pas savoir à quel point !
Ça devait être la troisième assiette que j'engloutissai.
- Andrew est allé parler au jardinier, dit Armande.
- Quand ça ? demandai-je la bouche pleine.
- Il est parti il y a quelques minutes mais ça risque de barder pour le jardinier comme il t'a laissé sortir sans son autorisation.
Je m'essuyai la bouche en vitesse et je sortis du réfectoire en trombe sans faire attention à mes amis qui m'appelaient pour me retenir.
Il n'était clairement pas question que le jardinier se fasse réprimander par ma faute. J'étais la seule responsable.
Je courus jusqu'à la maison du jardinier. La lumière du salon était allumée et à l'intérieur, je pouvais voir Andrew assit face à Gabriel. Sans hésitation, j'entrai sans même frapper.
- Alyssia qu'est-ce que tu fais là ? dirent les deux en même temps mais pas du tout sur la même intonation.
Andrew avait l'air en colère alors que Gabriel était surpris de me voir ici.
- Gabriel n'a rien à voir avec ma fuite. Je lui ai seulement demandé de me dire où se trouvait les failles dans le mur de l'enceinte mais lui aussi ne voulait pas que j'y aille et disais que c'était du suicide mais je n'en ai fait qu'à ma tête. Si tu veux punir quelqu'un, punis-moi.
Andrew me regardait avec un drôle de regard et Gabriel souriait. Je ne comprenais pas. Le directeur soupira puis il commença à parler :
- Je pense qu'il y a eu un malentendu. Je suis venu voir Gabriel pour savoir justement où se trouve les failles pour les supprimer et que plus aucun intrus ne puisse entrer dans mon établissement.
Je sentis le rouge monter au joue. J'avais fait une conclusion trop hâtive de la situation. Je devais apprendre à réfléchir avant d'agir.
- Je peux vous aider ? demandai-je.
Andrew hocha la tête. Je m'assis à côté d'eux. Une carte de l'établissement avait été étendue sur la table. J'avais bien raison, c'était immense.
- Donc comme je te le disais, il y a des trous dans les murs à ces endroits-là, dit le jardinier.
Il faisait des croix sur la carte en même temps qu'il parlait. Il y avait énormément de failles en réalité.
L'école était vieille aussi et les murs n'avaient peut-être pas été rénovés depuis longtemps. Andrew parla de système de sécurité, des détecteurs de mouvement ou peut-être une armée qui patrouillerait jour et nuit.
Au bout d'une bonne heure de discussion, Andrew décida de mettre en place une patrouille plutôt que mettre des détecteurs de mouvement car cela signifieraient technologies, ce qui était interdit à Preston et si jamais il voulait le faire quand même, ça prendrait du temps à mettre en place.
Mais il avait bien précisé "en ultime recours". Pour l'instant, il ne s'occupera que des failles et si jamais il y avait encore une intrusion, il organisera une patrouille avec les élèves de la classe du soir.
♪♪♪♪♪
- Alyssia ! Viens voir deux minutes ! me cria M. Herrigan.
Je le rejoignis et je vis qu'à côté de lui, il y avait une fille brune aux cheveux bouclés et au teint métisse. Lorsque j'arrivai à sa hauteur, le professeur de sciences m'annonça :
- Voici Mia Hallega, elle va t'apprendre à utiliser ta magie. Elle a aussi un pouvoir de guérison mais d'un autre dieu que le tien, elle pourra t'aider à apprendre à utiliser ta magie. Allez dans une salle à part pour vous entraîner.
Mia partit la première et je la suivis. On repassa par les vestiaires puis on arriva dans les couloirs du sous-sol et elle entra dans une nouvelle salle que je ne connaissais pas.
Il y avait, comme dans l'autre salle, un tapis de gymnastique mais dans les coins on pouvait voir des sacs de frappe. La salle était aussi légèrement plus petite que la principale.
Mia m'invita à venir au centre du tapis, ce que je fis.
- Tu as déjà utilisé tes pouvoirs ? me demanda-t-elle.
- Non... Oui... Je ne sais pas vraiment.
Elle releva un sourcil, l'air interrogateur, attendant plus de précisions de ma part.
- J'ai déjà utilisé ma magie mais seulement quand le Dieu qui m'est attribué était dans mon corps, lui expliquai-je.
- Tu sais parler à ton Dieu ? Tu sais que personne ne sait le faire ici !?
Je hochai la tête. Elle semblait toute excitée.
- Quel type de sort tu as utilisé ?
- Mmh... Des sortes de boules électriques autour de mes poings quand je me battais à mains nues puis à un moment, une lumière a jailli de mon torse et après je me suis évanouie.
- Bien, essaie de refaire ces boules.
Je me concentrai. J'essayai de mettre toute mon énergie dans mes poings mais rien ne se passa.
- Bon, il va y avoir du boulot, fit remarquer Mia.
Elle s'attacha les cheveux en une queue de cheval. Je pus voir sur son cou son tatouage : un cercle avec un rond barré à l'intérieur, tous les deux étant violet très clair, presque blanc. Ça allait bien avec sa peau mate.
J'avais compris avec le temps que plus la couleur se rapprochait des extrémités, soit blanc et noir, plus le pouvoir était puissant.
Par exemple, le pouvoir de Carter était puissant et rare alors que le pouvoir d'Armande était simple et commun. Ça ne voulait pas dire qu'Armande était moins forte que Carter, ça dépendait de comment elle utilisait son pouvoir.
Et les couleurs blanches et noires étaient les couleurs ultimes, les plus rares, les plus puissantes.
- Bah alors ? On n'arrive pas à utiliser ses pouvoirs à ce que je vois ? Après tu te dis forte et puissante mais tu n'es rien. Tu es une simple humaine avec un tatouage et tu te crois spéciale.
À quoi jouait Mia ? Je la pensais gentille et non pas garce à ce point. Je ne lui avais rien fait, alors pourquoi commençait-elle à dire ce genre de propos ?
- Je suis sûre que tu n'es qu'une incapable, même le pouvoir le plus faible pourrait te battre à plate couture tellement tu es faible.
Je sentais que mon sang devenait chaud. Elle commençait à m'énerver, elle n'avait pas le droit de me parler comme ça. Elle ne savait rien de moi.
- Bah allez, montre moi ce que tu sais faire sale asticot, j'attends. Ah mais oui j'avais oublié, tu ne peux pas, tu es une incapable de haut niveau !
Je sentis mon sang s'accélérer. Elle m'énervait sacrément fort celle-là, j'allais lui clouer le bec en deux temps trois mouvements.
J'allais lui faire regretter ses paroles. J'allais la battre et elle ne pourra plus rien dire. Je sentis une énergie sortir de mes poings et les boules étaient présentes et je ne sentais pas la présence d'Apollon.
- Eh bien voilà, tu as réussi à utiliser ta magie. Ce n'était pas si compliqué que ça finalement.
C'était pour ça qu'elle me parlait comme ça ! Elle voulait m'énerver ce qui enclencherait ma magie. Elle était intelligente. J'avais pour la première fois utilisé ma magie sans l'aide d'Apollon.
- Alors comment tu te sens ? me demanda-t-elle.
- Étrangement bien.
Elle me sourit et je lui rendis son sourire. J'allais progresser avec elle, elle savait comment s'y prendre.
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