Chapitre 26
"Tu es im-puis-sante"
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Pardon ? Avais-je bien entendu ? Il me demandait pourquoi je ne l'appelais pas "Papa". C'était une blague. C'était quoi ce changement de comportement ? Était-il bipolaire ? Qu'est-ce qui ne tournait pas rond dans sa tête ?
- Après tout je suis ton père. Ta mère tu la tutoies bien et tu l'appelles maman.
- Elle est morte, dis-je froidement.
Je voulais qu'il sache qu'elle était morte par sa faute. Ses yeux se grossirent sous l'effet de la surprise.
- Qu'est-ce que tu as dit ?
- Tu as très bien entendu, lui répondis-je.
- Qui ? Qui a fait ça ?
Il était désormais en colère. Comment osait-il être en colère après l'avoir quitté ? Après avoir causé sa mort. Après tout ce qu'il avait pu faire. Il n'avait aucun droit d'être en colère contre ses assassins.
- Elle est morte à cause de toi.
Il me regarda avec incompréhension.
- Tu vois tout ce que tu fais endurer aux gens à cause de toi. Elle est morte parce qu'elle est la mère de ta fille ! Elle a été tuée par les Azyas parce que tu les as attaqué il y a trois siècles ! Elle a été tuée parce que tu es restée avec elle il y a longtemps !
J'explosai de rage. Il fallait que sa sorte, et ça faisait un bien fou, alors je décidai de continuer. Ça faisait un moment que j'avais besoin de déverser cette colère sur quelqu'un. Et qui de mieux que celui qui était responsable de ma colère.
- Elle est morte devant mes yeux ! Elle avait la gorge tranchée et le sang coulait à flot ! Maintenant elle me hante dans mes rêves ! C'était ma mère bordel !
- Alyssia écoute...
- Non, toi tu m'écoutes !
C'était la première fois que je le tutoyais dans une conversation mais sous l'effet de la colère, je ne fis pas attention. J'avais des larmes de rage aux coins des yeux.
- Les Azyas ont pénétré l'enceinte du bâtiment pour essayer de m'assassiner en me noyant. Je te jure que si un seul de mes amis est blessé par ta faute, je viendrais me venger, sois en sûr !
- Il me semble que Zara est morte non ? dit-il sur un ton ironique.
Il osait blaguer sur ce genre de chose ? Il n'avait pas le droit de se moquer de la mort de Zara ! Je sentis une bouffée de colère se réveiller en moi.
- Répète ce que t'as dit pour voir ! je hurle.
- Zara est morte et tu n'as encore rien fait. Pas étonnant puisque tu ne peux rien faire, tu ne sais pas utiliser ta magie. Tu es im-puis-sante.
Il appuya sur chaque syllabe de sa dernière phrase. J'avais atteint mes limites, j'allais lui faire ravaler ses paroles, j'allais lui faire regretter tout ce qu'il avait fait dans sa vie. Je me ruai sur lui en donnant des coups n'importe où, il esquivait sans difficulté ce qui accrut ma colère.
- Tu manques vraiment de maîtrise Alyssia. Tu me déçois. Tu es beaucoup moins intéressante que ce que je pensais.
Je voyais rouge. Il ne savait pas se la fermer celui-là. Je redoublai d'efforts pour essayer de l'atteindre. Je sentis alors mon esprit s'échapper de mon corps. J'étais mise en retrait de mon propre corps. Je commençai à ne plus avoir possession de celui-ci. Je ne contrôlais plus rien.
- Pourquoi tes yeux sont blancs ?
Apollon était là. Mes poings créèrent une sorte de boule électrique blanche autour de chacune de mes mains.
Mes bras frappèrent Nicolas et pour la première fois, le coup le toucha. J'étais plus rapide dans mes mouvements, et beaucoup plus précise. Il tituba mais se reprit rapidement.
- Tu m'as menti, tu sais utiliser ta magie. Tu fais semblant de ne pas savoir te battre mais au final tu es douée, dit-il.
- La ferme, grognai-je entre mes dents.
La parole était la seule chose que je contrôlais encore, comme la dernière fois où Apollon était apparu. Je pouvais parler mais je ne pouvais pas bouger de mon plein gré.
Nicolas commença à contre-attaquer. Lui aussi avaient créé des boules électriques noires autour de ses poings. Mon ventre commença à me brûler comme la veille. Je sentais mon tatouage bouger autour de mon nombril.
C'était un combat à mains nues. Personne ne lançait de sort. En même temps, ce n'était pas comme si j'en connaissais. Apollon était toujours dans mon corps et se battait toujours face à Nicolas. On avait des forces équivalentes.
Nicolas avait la puissance d'un Dieu dans un corps humain. Ce qui voulait dire que si je progressais au point d'acquérir moi aussi cette puissance, je serai deux fois plus forte que lui. Je n'avais pas l'impression que Nicolas était possédé par un Dieu à ce moment-là.
La douleur de mon ventre s'accentua. J'avais le souffle court. Je commençais à voir trouble. Je m'effondrai au sol, à genou.
Alors que Nicolas s'approchait dangereusement de moi, prêt à me donner un coup qui allait me faire voir des étoiles, je hurlai de douleur et une lumière blanche s'échappa de mon torse et illumina la salle, m'aveuglant au passage, puis ce fut le noir total.
♪♪♪♪♪
Je me réveillai et je me rendis compte que j'étais toujours dans la salle du sous-sol. Cependant, Nicolas avait disparu.
Je me souvins de ce qu'il s'était passé. Qu'est-ce qui s'était passé au juste ? Je me souvenais d'un combat, de la douleur au niveau de mon ventre et de cette lumière. C'était quoi ?
Je me relevai avec difficulté et je remontai. Aucune trace de Nicolas. Où avait-il bien pu passer ? La maison était totalement vide. D'ailleurs, ils étaient où ses amis ? Les avait-il tué pour avoir la propriété à lui tout seul ? Ça ne m'étonnerait même pas, c'était dans sa nature.
Je remontai encore un étage et je me dirigeai vers ma chambre. Je pris mon sac avec mes affaires ainsi que le journal de Athanatos et je redescendis les escaliers.
Par les fenêtres, je voyais qu'il faisait déjà nuit. Je m'arrêtai dans le hall d'entrée pour regarder l'heure. 7h09. Il était tôt. J'eus un blocage pendant un instant. Je m'étais évanouie pendant quinze heures !? J'entendis une explosion. Je sursautai. Nicolas était-il de retour ?
Il fallait que je rentre à l'école. Premièrement, parce que je n'avais rien à faire ici. Deuxièmement, parce que Nicolas ne méritait clairement pas de posséder ma magie, ce n'était qu'un homme sans cœur qui n'avait aucune compassion.
Troisièmement, parce que mes amis me manquaient. Et quatrièmement, il fallait que je décode le livre d'Athanatos.
Je sortis de la maison en faisant le moins de bruit possible lorsqu'une deuxième explosion se fit entendre, clairement plus forte que la précédente.
C'était à ce moment-là que je compris que les explosions venaient de dehors. Je vis le portail s'envoler et des personnes étaient debout derrière celui-ci.
Je priais pour que ce ne soit pas l'armée de Nicolas ou la tribu des Azyas. Mais qui d'autre ça pouvait être ? J'étais paralysée sur place. Je ne pouvais pas bouger, mes jambes ne me répondaient plus.
Les silhouettes se rapprochaient de plus en plus mais au lieu d'avoir peur, un sourire commença à apparaître sur mon visage : mes amis étaient venus me chercher.
Mes jambes m'obéirent cette fois et je courrus jusqu'à eux pour les serrer dans mes bras. Il y avait tout le monde : Carter, Armande, Hannah, Coraline, Tegan et même Aymeric. J'avais l'impression que ça faisait des lustres que je ne les avais pas vu.
- Qu'est-ce que vous faites ici ? leur demandai-je en m'écartant d'eux.
- On a vu que tu avais disparu alors on a interrogé tout le monde. Heureusement le jardinier savait où tu étais ! Ne nous refais plus jamais ça ! m'expliqua Armande.
- Désolé, je pensais que si je me rendais, ça vous laisserait la vie sauve...
- On est capable de se défendre. On ne veut pas que tu te sacrifies pour nous. D'ailleurs, il est où Nicolas ?
- Je ne sais pas. On s'est battu, puis une lumière aveuglante est apparue et je me suis évanouie.
- Tu as utilisé ta magie ?
- Oui, Apollon a pris possession de mon corps et, pour la première fois, j'ai utilisé ma magie.
Je relevai en même temps mon tee-shirt pour voir ce que mon tatouage était devenu puisque j'avais eu mal encore une fois. Il avait encore grossi. Des arabesques s'étaient dessinés autour du cercle.
- C'est quoi ça Aly ?
- Ça m'est arrivé hier dans la nuit. Je me suis réveillée avec une brûlure au ventre et mon tatouage s'était agrandi.
- Ce n'est encore jamais arrivé dans l'histoire de la magie. Il faut qu'on t'examine. On rentre vite à l'école.
Et c'était sur cette phrase qu'on fit demi-tour pour rentrer à l'école.
Je n'eus pas cours de la journée. Andrew m'avait gardé toute la matinée pour que je lui fasse un rapport complet de ce qu'il s'était passé depuis hier.
Je lui avais dit que j'avais suivi une intuition et que j'étais partie à la recherche de mon père pour essayer de faire un compromis pour qu'il laisse l'école en paix.
Puis je lui avais raconté ce qu'il s'était passé dans le sous-sol : le fait qu'Apollon ait de nouveau pris possession de mon corps, que j'avais senti une douleur au ventre et qu'une lumière aveuglante s'était échappée de ma poitrine.
Et je finis par la chose que j'estimais être la plus importante : le journal d'Athanatos.
Je sortis le bouquin de mon sac et le posa sur le bureau.
- Qu'est-ce que c'est ? me demanda Andrew.
- Le journal du premier à avoir eu un tatouage blanc. Il est écrit dans un langage que je ne comprends pas. Tu saurais le décrypter ?
Pour illustrer mes propos, j'ouvris une page au hasard et la lui montrait. Il approcha son visage du livre et resta silencieux quelques secondes.
- D'après mes connaissances, je ne pourrais pas te le traduire, ça ne semble pas être du grec ancien, mais vas voir Rosalie, elle saura sûrement.
Je hochai la tête et m'éclipsai rapidement pour gagner la bibliothèque. J'allais directement au comptoir de la bibliothécaire, le livre en main.
Rosalie n'était pas à son bureau. Elle devait ranger des ouvrages dans les rayons. Je tapotai sur la sonnette qui était posée sur le comptoir et j'attendis.
Rosalie sortit de la salle des archives et me salua avec un énorme sourire.
- Que me vaut ta visite ? me demanda-t-elle.
- Je voulais savoir si tu saurais décrypter ce journal, lui répondis-je en lui tendant le bouquin en question.
Elle le feuilleta en fronçant les sourcils pendant de longues minutes. De temps à autre, elle remontait ses lunettes sur son nez.
- Où as-tu eu ça ? me dit-elle en relevant la tête une fois arrivée au bout du bouquin.
- Je l'ai trouvé là où logeait Nicolas.
Elle hocha la tête. Elle avait dû être mise au courant par Andrew.
- Je connais tous les types de codages depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours mais ce livre n'est pas crypté avec un simple langage codé. Le livre est scellé par une puissante magie. D'après ce que je sais, seule une personne possédant la même magie que la personne qui a codé le livre pourra le décoder. Je ne peux pas t'aider pour ça, j'en suis navrée. Je te souhaite bon courage.
Retour à la case départ.
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