Chapitre 23
"Je me figeai sur place en voyant la personne entrer dans la pièce. Comment était-ce possible ?"
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Après une bonne heure d'entraînement, j'avais réussi une fois à toucher le centre de la cible, plus par chance que par savoir-faire. J'étais déprimée. J'étais censée avoir la magie du tir à l'arc, alors pourquoi je ne savais pas bien viser ?
En plus de ça, j'avais deux supers profs mais je n'évoluais pas. Peut-être que je n'avais pas de pouvoir. Peut-être que j'étais juste une fille ordinaire atteint d'une nouvelle maladie qui faisait qu'on se métamorphosait.
Peut-être que j'étais folle et que je n'avais pas réellement entendu Apollon. Peut-être qu'on s'était tous trompés sur mon compte. Armande et Tegan avaient essayé de me remonter le moral, mais rien à faire, j'étais déprimée.
Je remontai dans ma chambre en traînant des pieds. Les couloirs de l'école étaient silencieux et vides : tout le monde était encore en cours. Armande et Tegan étaient allés faire un compte-rendu à Andrew.
Qu'allaient-ils lui dire ? Qu'en réalité je n'étais rien, que je n'étais douée en rien, que je n'étais pas ce qu'il croyait que j'étais, que je n'étais pas "l'élue qui vaincra Nicolas" comme avait dit le jardinier. Je ne pouvais même pas répondre à leurs attentes.
J'entrai dans ma chambre et je m'affalai sur mon lit. Je me roulai en boule sous ma couverture, je m'y sentais bien et à l'abri. Je dus m'endormir car lorsque je sortis de dessous ma couette, il faisait déjà nuit. J'avais beaucoup d'heures de sommeil à rattraper.
Je regardai mon réveil : 18h30. Il fallait que je descende manger dans un quart d'heure. Je décidai en attendant d'étudier un peu. Même si j'étais la proie de Nicolas, je devais tout de même travailler et j'avais déjà raté pas mal de cours suite au meurtre de ma mère.
Alors que je m'approchai de mon bureau, je vis un morceau de papier posé dessus. Ce n'était pas de moi. Je le saisis et je lus : "Tu ne fais pas partie des nôtres, tu n'en feras jamais partie alors arrête de rester avec nous."
Ce n'était pas signé. Qui avait pu écrire ça ? Je ne reconnus pas l'écriture. Était-ce mes amis qui m'avaient envoyé ça parce que je n'étais qu'une incapable ? L'école était en danger à cause de moi alors qu'au final je ne représentais rien.
Ce papier était posé là quand j'étais entrée ou quelqu'un avait pénétré dans ma chambre pendant que je dormais ? Je ne savais pas et je ne saurais probablement jamais. J'aimerai tout de même découvrir qui était l'auteur de ce mot afin de lui demander des explications.
Je descendis au réfectoire pour le dîner. Tout le monde se comportait normalement. Aucun d'eux n'étaient suspects pour avoir écrit le message.
L'heure des cours du soir arriva rapidement. J'étais avec la meilleure partenaire du monde : Léna Welzgui. Qui aurait cru qu'un jour je regretterai mon ancienne partenaire Zara ?
Le professeur voulait qu'on travaille notre coup de pied. Il voulait qu'on s'assouplisse et qu'on puisse atteindre la tête de l'adversaire avec la jambe.
Je balançai ma jambe mais je n'étais vraiment pas souple, j'atteignais le torse de ma partenaire mais je n'arrivais pas à atteindre sa tête Décidément, j'étais vraiment nulle en tout. Léna y arrivait sans difficulté, et je stoppais son attaque avec mon avant-bras.
Je regardai autour de moi. Tout le monde y arrivait. Tous mes amis pouvaient envoyer leurs pieds sur la tête de leur partenaire. Pourquoi moi, je ne pouvais pas ? Je lançais mon pied avec de plus en plus de force inconsciemment. Je m'en rendis compte quand Léna me dit :
- Eh calme toi, ce n'est pas de la force dont tu as besoin mais de la souplesse.
Elle pouvait s'avérer gentille de temps à autre, c'était une surprise. À la fin de la séance, j'arrivai à toucher l'épaule de Léna mais l'objectif n'était pas encore atteint. On fit une séance de technique puis le professeur nous envoya courir dans les bois.
On se dirigea tous vers la sortie du bâtiment. Carter me rejoignit et il me dit :
- Tout se passe bien ? J'ai vu que tu avais des difficultés pour les exercices.
C'était déjà assez honteux de ne pas réussir un mouvement simple alors si Carter avait remarqué ma nullité, c'était pire que gênant.
- Oui tout se passe bien, pas la peine de t'inquiéter, lui répondis-je tout de même.
On commença à courir. Il faisait froid, plus que la vieille j'avais l'impression. De la buée sortait de ma bouche à chaque fois que j'expirai. Carter courait à côté de moi, à mon rythme.
C'était gentil de sa part mais ça devait le gêner plus qu'autre chose de se trimbaler un boulet tel que moi. Ça devait être fatigant de s'empêcher de courir à sa vitesse normale pour s'accorder à ma vitesse d'escargot.
Il fallait que je me ressaisisse. Je devais apprendre à me battre. Je devais apprendre à utiliser ma magie. Je devais modeler mon corps pour qu'il soit résistant et endurant. Je devais être à la hauteur des attentes des autres.
Mes amis avaient fait beaucoup pour moi. Ils m'avaient accueilli à bras ouverts sans savoir qui j'étais. Je leur devais de m'endurcir et d'arrêter de me morfondre. Je devais passer à l'action au lieu de me plaindre sans jamais agir.
Carter et Armande m'avaient accompagné chez ma mère, et m'avaient ramené lorsque j'étais tombée dans les pommes. Tegan et Armande avaient lu des grimoires avec moi pour pouvoir m'aider et ils m'avaient initier le tir à l'arc.
Hannah était là à chaque fois que j'avais besoin d'un conseil ou simplement de parler à quelqu'un. Tegan était le premier à avoir voulu faire ma connaissance, c'était lui qui m'avait inclu dans le groupe en quelque sorte.
Coraline, qui semblait être une personne froide et distante était en réalité une fille qui pouvait donner de très bons conseils lorsqu'on en avait besoin.
Et Aymeric... Même si j'essayai de me convaincre qu'il fallait que j'arrête de penser à lui, je ne pouvais pas m'en empêcher. C'était lui qui m'avait raconté l'histoire de la magie. C'était lui qui était là quand j'avais besoin de réponses à mes questions, il était là quand personne d'autre ne l'était et je ne pouvais pas oublier ça.
On finit notre demi-heure de course puis on monta dans nos chambres pour aller dormir. Je pris une serviette et mon pyjama et j'allais prendre une douche rapide pour enlever la sueur de mon corps puis, une fois propre, je partis me coucher.
Avant d'aller dormir, je me regardai dans le miroir. Je m'étais vite habituée à ma nouvelle apparence même si j'avais l'impression d'être une toute autre personne. Ça me démarquait des autres. Être blanche comme la neige des pieds à la tête n'était pas si désagréable en fin de compte.
♪♪♪♪♪
Je me réveillai une nouvelle fois dans cette cellule que je ne connaissais que trop bien. Pourquoi fallait-il que je fasse toujours ce cauchemar ?
Le pire dans tout ça c'était que je savais que j'étais en train de rêver mais je ne pouvais pas me réveiller pour arrêter mon cauchemar. Une fois qu'il avait commencé, il fallait qu'il se finisse.
J'attendis quelques minutes, comme à chaque cauchemar puis j'entendis des bruits de pas puis un bruit de serrure dans laquelle on faisait tourner une clé. Je me figeai sur place en voyant la personne entrer dans la pièce.
Comment était-ce possible ? J'essayai de toutes mes forces de me réveiller ou bien de me lever dans mon rêve pour partir en courant mais rien ne se passa. J'étais une simple spectatrice de la scène. Je ne pouvais pas bouger.
Ma mère était dans l'embrasure de la porte. Ma crainte s'était avérée vraie. Elle avait la gorge ouverte et le sang dégoulinait sur son cou.
Pourquoi les morts venaient-ils me voir ? Je n'étais pas là réincarnation d'un dieu des enfers ou de la mort aux dernières nouvelles, mais seulement d'un Dieu de la guérison.
Ma mère ouvrit la bouche pour me parler. Malgré le fait que sa gorge soit sévèrement sectionnée, sa voix était normale, comme celle qu'elle avait tous les jours.
- Bonjour ma chérie, tu m'as manqué. Je sais que tu culpabilises et que tu penses que c'est de ta faute si je suis morte mais ce n'est pas le cas.
Pourquoi ce ne serait pas de ma faute ? C'était moi qu'ils voulaient donc forcément c'était ma faute. La mort de Zara et la mort de ma mère étaient de ma faute.
Je commençai même à culpabiliser de m'être rétablie aussi vite de leurs morts mais le passage d'Apollon m'avait totalement guérie de mes peines.
Le passage d'Apollon... Ça signifiait que je n'étais pas folle au final, il était vraiment venu dans mon corps. Une douleur au niveau de mon ventre se manifesta. C'était comme une brûlure intense.
- Ce n'était pas de ta faute, continua ma mère.
Je ne l'entendais plus qu'à moitié, je hurlai de douleur. Que se passait-il bon sang ? Je commençai à transpirer à fortes gouttes. Mon coeur battait dans ma tête. J'avais une douleur atroce qui se manifestait au niveau de mon ventre. J'entendis tout de même ma mère dire :
- Tout ça c'est de ma faute. Je t'ai caché énormément de choses, comme l'identité de ton père mais aussi ma propre identité. Si tu es en danger aujourd'hui, c'est de ma faute. Excuse-moi ma chérie.
Je me réveillai d'un coup. La douleur au niveau de mon ventre ne s'était pas atténuée. Elle provenait de l'extérieur et non pas de mon cauchemar. J'allumai la lumière et me plaçai devant le miroir accroché derrière la porte de ma chambre. Je soulevai mon tee-shirt et ce que je vis me stupéfia.
Mon tatouage, qui avant n'était qu'un simple cercle blanc autour de mon nombril, avait évolué. Des spirales blanches formaient d'autres dessins sur mon bas ventre. J'avais même l'impression qu'elles étaient en mouvement.
D'habitude, le dessin était à l'intérieur du rond, pas à l'extérieur. Autour du cercle, il y avait comme des tentacules qui bougeaient selon un rythme qui leur était propre.
C'était quoi ce délire ? Depuis quand un tatouage ça bougeait ? En plus il me faisait un mal de chien. Le tatouage de mes amis ne bougeaient pas, et ils ne leur faisaient pas mal, et ils ne se développaient pas comme ça.
Ça, ça ne pouvait pas être une maladie. Ça ne pouvait être que de la magie. Peut-être que je m'y prenais mal. Il fallait que je travaille différemment.
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